Liste noire Tanzanie : où en est-on des vols des compagnies étrangères ?

Après l'annonce des autorités tanzaniennes d'accorder des droits de trafic à des compagnies étrangères, les vols sont-ils désormais effectifs ?

"Pour l'instant, nous n'avons pas tellement de nouvelles sur les vols mis en place par les compagnies étrangères en Tanzanie. En machine sur Sabre, nous voyons des vols Ethiopian sur Kilimandjaro et Zanzibar, mais qui ne peuvent pas encore être réservés.

Pour l'instant, les horaires indiqués – 2h30 ou 4h du matin – ne sont pas optimaux. Quant à Qatar, je ne vois rien pour l'instant" nous explique Laurent Gavache gérant de Tanganyika Expeditions, réceptif spécialiste de la Tanzanie et de Zanzibar depuis 1989.

Selon nos informations, les vols Ethiopian sur la Tanzanie (Kilimandjaro et Zanzibar) seraient bien en machine dans tous les GDS mais il n'est en effet pas encore possible d'effectuer de réservations. Les réservations devraient être ouvertes à partir du 29 juin prochain.

De son côté, Qatar Airways ne fait aucun commentaire sur ce sujet pour le moment, nous a précisé un porte-parole de la compagnie.

L'Autorité de l’Aviation Civile de Tanzanie (TCAA) a accordé le 18 juin dernier des droits de trafic additionnels, pour une période de six mois, à Ethiopian Airlines et Qatar Airways suite à l'inscription de toutes les compagnies tanzaniennes sur la liste noire des compagnies interdites en Europe.

Cependant cette annonce des autorités locales n'est pas vraiment vécue par les voyagistes comme une solution miracle. "Ces vols ne vont pas résoudre le transport des voyageurs vers les parcs du Nord. En voiture, sur les circuits du Nord, il faut rajouter un ou deux jours de transport... Et puis il faut également voir les capacités déployées, les rotations et jours d'opération et enfin le prix. Pour l'instant c'est encore un peu flou." ajoute Laurent Gavache.

Un avis partagé par les tour-opérateurs qui étaient présents au Forum du SETO en fin de semaine dernière. "Cela ne concerne que trois aéroports, cela ne va pas régler le problème pour le Serengeti, et n’est pas une solution durable. Nous sommes très préoccupés par cette possible absence d’activité," avait expliqué Hervé Tilmont Directeur général du syndicat.

"Notre problème sur la Tanzanie, ce sont les avions-taxis qui nous permettent de ramener nos clients des parcs du nord. Les avions de Qatar ou Ethiopian ne vont pas régler cela, car nous sommes sur des appareils de 12 places. Ce n’est pas simple et cela ne se règle pas en 2 jours." avait poursuivi Hélion de Villeneuve, Directeur général d'Austral Lagons. Ses équipes ont mis en place des solutions via des 4x4. Elles travaillent également avec leurs partenaires sur l'acheminement de petits avions immatriculés au Kenya, pour éventuellement combler ce manque. "Pour Zanzibar, nous travaillons avec Kenyan Airways" avait il ajouté.

Laurent Gavache, de son côté gère "les dossiers au cas par cas". "Certains annulent l'extension à Zanzibar et prolongent les safaris, d'autres effectivement gardent l'option Zanzibar et choisissent une alternative par la route.

Mais il faut savoir que l'état des routes n'est pas terrible et implique plusieurs heures de trajet"

Le Ministère de l'Europe et des Affaires Etrangères met d'ailleurs en garde les voyageurs sur les dangers du transport routier sur son site Conseils aux voyageurs.

Il indique : "la Tanzanie est le 6ème pays ayant le plus fort taux de mortalité routière au monde. L’état vétuste des routes, l’absence de signalisation et d’éclairage, les comportements imprudents des conducteurs et la présence d’animaux sur les routes augmentent le risque d’accident, et les capacités de prise en charge médicale sont sommaires. La conduite de nuit est formellement déconseillée en dehors des agglomérations".

Le Quai d'Orsay conseille d’éviter ce type de transports et de privilégier l’avion pour les trajets de longue distance. Cependant il précise aussi que l'Union européenne a porté l’ensemble des compagnies aériennes tanzaniennes sur la liste des compagnies faisant l’objet d’une interdiction d’exploitation dans l’UE... Cherchez l'erreur.

Dans ce contexte, les agences sont dans l'attente nous confirme le gérant de Tanganyika Expeditions. "Nous avons des annulations, nous essayons de reporter. Certaines agences sont aussi en train de voir avec leur assurance RCP, comment elles pourraient trouver une solution. A titre personnel, je ne pense pas que l'Europe va faire évoluer la liste noire rapidement".

Cette inscription des compagnies tanzanienne sur la liste noire des transporteurs interdits de voler en Europe concerne également d'autres marchés et pourtant, tous ne semblent pas aussi impliqués qu'en France.

"Aucun tour-opérateur espagnol n'est revenu vers nous, en Italie nous n'avons pas trop de nouvelles. En Allemagne, nous avons eu des réactions au début mais depuis cela s'est calmé. La question ne semble pas du tout préoccuper les Américains. Finalement il n'y a qu'en France vraiment que la problématique a été soulevée." conclut Laurent Gavache.

A lire aussi : Tanzanie : les compagnies aériennes sur liste noire, quelles conséquences sur les voyages ?