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Réduction des vacances scolaires : "C’est un sujet atomique"

Valérie Boned a ouvert le Congrès des Entreprises du Voyage à Taghazout


L'année 2025 s'annonce tout sauf ordinaire. Et c’est à Taghazout, au Maroc, que près de 400 professionnels du tourisme se sont retrouvés pour tenter de décrypter de quoi sera fait l’avenir. Dans un contexte très mouvant et marqué par une instabilité impulsée par les messages du Président américain sur les réseaux sociaux, Valérie Boned a passé en revue l'actualité de l'industrie du tourisme.


Rédigé par le Vendredi 16 Mai 2025

Valérie Boned a ouvert le Congrès des Entreprises du Voyage à Taghazout - CE
Valérie Boned a ouvert le Congrès des Entreprises du Voyage à Taghazout - CE
C’est sous les applaudissements d’une salle comble que Valérie Boned a ouvert le congrès des Entreprises du Voyage, jeudi 15 mai 2025.

Après la France l'année passée, près de 400 professionnels du secteur se retrouvent à Taghazout, l’une des destinations montantes du Maroc, pour plusieurs jours d’échanges et de réflexions.

"Pourquoi le Maroc ? Parce qu’il y a tout ici : la culture, le patrimoine, les paysages, l'hospitalité... Pour un visiteur, ce sont des atouts très importants pour nous. Nous avons construit un congrès sur-mesure.

Les chiffres prouvent que nous avons eu raison : entre le 1er janvier et le 11 mai 2025, les demandes d’informations sur Taghazout sont multipliées par dix par rapport à la même période en 2024. Les réservations suivent la même dynamique.

Nous sommes heureux d'être ici, bien que dans un contexte particulier,
" a déclaré avec enthousiasme la présidente des EDV.

Etats-Unis : " Il y a un désamour des Français"

Ces mots tranchent avec la situation mondiale que nous connaissons. Depuis l'investiture de Donald Trump, toutes les certitudes des Occidentaux volent en éclats. Le tourisme est, lui aussi, emporté dans ce tourbillon.

"On ne s’attendait pas à faire face à une situation aussi bouleversée. Et cela nous touche. Il y a un désamour des Français pour la destination. Concernant l’envie de voyager et de s’évader, nous ressentons une incertitude.

Nous sommes attentifs à ces points.
D'une façon générale, nous sentons une tension,
" poursuit la maîtresse de cérémonie.

Du côté du SETO, Donald Trump a marqué au fer rouge le début de l'année. Selon les tour-opérateurs, les réservations sont en baisse de 20 à 25%, un retard qui sera en partie rattrapé, estime René-Marc Chikli, le président du syndicat, mais probablement pas dans son intégralité.

Il y a d'ores et déjà un phénomène de vases communicants. La désaffection des États-Unis entraine une hausse de la demande par ailleurs.

D'un point de vue général, le premier trimestre a été bon, la saison estivale est encore incertaine. "Les gens anticipent moins, tout reste à faire pour l’été à venir. Nous allons enregistrer des réservations dans les prochaines semaines, et nous avons bon espoir de réaliser un été au moins égal à celui de l’année dernière, voire peut-être meilleur," espère le président sortant du SETO.

Par chance et malgré l'ambiance anxiogène, les Français sanctuarisent le budget dédié aux vacances. Une dynamique installée durant la crise sanitaire, qui perdure.

Stop Arnaque Voyage : "Nous allons recommencer et enfoncer le clou"

Alors qu'il ne peut rien faire sur la scène internationale pour faire revenir à la raison Donald Trump, le tourisme peut influer au niveau national.

"Nous n'avons pas grand-chose à demander aux ministres en ce moment, si ce n’est au sujet de la taxe sur les billets d’avion, projet qui pourrait être reconduit, puis la réforme de la directive du voyage à forfait et les plans ministériels de simplification," poursuit Valérie Boned.

Dans un contexte fortement marqué par la politique internationale, le tourisme durable est relégué très loin dans les préoccupations des dirigeants du secteur.

Les Entreprises du Voyage ne comptent pas pour autant abandonner ce sujet. Après un premier congrès en France, le second sous la présidence de l’ancienne secrétaire générale se tient dans une destination moyen-courrier.

Ce sont deux messages adressés à l’industrie, mais pas les seuls. "J’ai rencontré Jean-Marc Jancovici, très critique à l’égard du tourisme, nous avons tout à gagner à dialoguer.

Nous allons créer un groupe de travail, et j’invite les chefs d’entreprise à s’engager à nos côtés pour construire des parcours, un imaginaire autour d’offres durables que nous pourrons proposer aux clients,
" annonce la présidente des EDV.

Une initiative qui sera réalisée en partenariat avec Carbone 4.

Ce n'est pas la seule lutte active du syndicat. Mi-janvier, il a lancé la campagne "Stop Arnaque Voyage" pour lutter contre l’exercice illégal de la profession.

"Nous avons tenté à plusieurs reprises de trouver une solution pour informer les clients sur les obligations des pros, sauf que c’est un thème un peu anxiogène. Nous avons pensé que cette campagne digitale, avec une marque forte, serait impactante. Nos adhérents attendent ça de nous et c’est une vraie réussite. Nous allons recommencer et enfoncer le clou," dévoile la présidente.

Après avoir engendré 4 millions de vues sur les réseaux sociaux, une campagne nationale serait en préparation.

Rythmes scolaires : "Nous allons creuser les inégalités sociales" sur les départs en vacances

Mais l'industrie vit un autre tournant majeur, moins visible et rarement à la une, sauf dans TourMaG : les baby-boomers qui ont façonné le tourisme partent progressivement à la retraite.

La transmission est donc un enjeu majeur à ne louper, "j'en entends parler tout le temps", a souligné Valérie Boned.

Autre actualité à mettre en exergue en ce moment : l'annonce de la convention citoyenne sur les rythmes scolaires. Le président de la République - ce n'est pas la première fois - se montre favorable à une réduction des vacances estivales.

"C’est un sujet atomique, c'est extrêmement sensible de toucher à cela. Pour notre secteur, c’est une réflexion importante. Inévitablement, cela aura un impact. Je ne veux pas parler d'un manque à gagner pour la profession, ce n'est pas le sujet de cette réforme.

En revanche, si la période des congés scolaires est raccourcie, nous allons creuser les inégalités sociales pour ceux qui ont moins de moyens pour partir en vacances, car cela coûtera plus cher, puisque tout le monde partira en même temps.

Nous aimerions avoir plusieurs zones, comme pour le reste de l’année. C’est un sujet très sensible. Nous allons interroger la ministre du Tourisme à ce propos. Tout le monde doit monter au créneau. Si l’on réduit la voilure, même d’une semaine, cela signifie que des Français ne partiront pas en vacances,
" prédit Valérie Boned.

APST : "les défaillances en hausse de 24% sur le 1er trimestre 2025"

Après la présidente des Entreprises du Voyage, c'est celui de l’APST qui est monté sur scène pour faire un point d’étape.

L'occasion de revenir sur le déménagement - et de le justifier - à l’approche des 60 ans de l’association, qui seront célébrés le 18 juin 2025.

"Nous avons été contraints de vendre notre siège social à cause de l’affaire Thomas Cook. Nous avons dû déménager et acheter de nouveaux locaux, car nous sommes une association, donc nous ne récupérons pas la TVA. Ainsi, nous aurions versé des loyers majorés de 20%, ça n'aurait pas été logique.

Nous avons acheté ces bureaux grâce à notre trésorerie, de façon rapide et surtout monnayable,
" affirme Mumtaz Teker.

L'APST affiche une meilleure santé financière que par le passé. Une situation positive qui ne doit pas faire oublier qu’une catastrophe peut vite survenir.

Malgré tout, l’association serait en mesure de faire face à un nouveau cas Thomas Cook. La trésorerie s'établit à 53 millions d'euros et les fonds propres à 30 millions d'euros.

"Nous nous portons bien, mais ce n'est jamais assez. En 2024, nous avons enregistré plus de défaillances qu’en 2023. Sur le premier trimestre 2025, nous enregistrons une hausse de 24%. Fin avril, nous sommes à +1%. Nous ne sommes pas inquiets, mais nous restons prudents : ce n’est pas une année facile.

Il n’y a pas d’alerte pour le moment. Je tiens à dire que nous ne sommes pas plus durs pour les nouveaux candidats, nous refusons en moyenne 5% des dossiers déposés,
" a conclu Paul Mumtaz Teker, le président de l'APST.

Le congrès des Entreprises du Voyage s’ouvre donc dans une atmosphère à la fois de crainte de subir les soubresauts du monde et d’envie de croire en des jours meilleurs.


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