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Robert Chad (IATA) : "Nous ne soutenons pas la création d’une caisse de garantie..."

Interview avec le responsable France de Iata


Prise à partie, questionnée, pour ne pas dire souvent attaquée par les responsables du secteur touristique français après les semaines de turbulences que ce dernier vient de connaître, l’Association internationale du transport aérien (Iata) est restée jusqu’à présent discrète. Robert Chad, responsable France, Belgique et Pays-Bas de la grande instance aéronautique mondiale, répond à nos questions.


Rédigé par le Mercredi 13 Novembre 2019

La création d’une caisse ou d'un fonds de garantie ? "Les coûts supplémentaires du fonds feront grimper les prix des billets d’avion pour tous", selon Robert Chad © Iata
La création d’une caisse ou d'un fonds de garantie ? "Les coûts supplémentaires du fonds feront grimper les prix des billets d’avion pour tous", selon Robert Chad © Iata
TourMaG.com - Attaquons par le vif du sujet. Quelle vision avez-vous de la faillite de Thomas Cook ? Y-a-t-il à votre connaissance des compagnies très impactées économiquement par cette défaillance ? Toutes les garanties nécessaires avaient-elles été bien demandées ?

Robert Chad
: Ce fut une journée très triste pour les employés et les clients de la compagnie. Thomas Cook Airlines n'était pas membre de l'IATA et n'a pas participé au plan de facturation et de règlement (BSP) de l'IATA.

En ce qui concerne le réseau d'agences de voyages Thomas Cook, l'IATA a suivi les procédures décrites dans nos résolutions.

Le BSP est exposé à la faillite de Tomas Cook pour un montant de 15,1 millions USD. Nous ne divulguons pas d’informations sur l’exposition individuelle des compagnies aériennes aux défaillances.

TourMaG.com - Sont survenus aussi les crashs quasi-simultanés d’Aigle Azur puis de XL Airways. Comment avez-vous vécu ces deux énormes faillites dans le ciel français ? 

Robert Chad
: Nous pensons tout d’abord aux milliers d’employés des compagnies aériennes qui ont été licenciés et aux clients dont les projets de voyage ont été perturbés.

Ces échecs, ainsi que d’autres, confirment le fait que le secteur du transport aérien est très complexe et concurrentiel, même en ces temps relativement favorables.

Mais c’est aussi un secteur qui crée une valeur énorme pour l’économie. En France, la contribution économique de l’aviation, y compris la valeur du tourisme, s’élève à plus de 100 milliards d’euros, soit 4,2% du PIB.

Malheureusement, au lieu de soutenir le secteur de l'aviation pour lui permettre de continuer à accroître les avantages qu'il offre, les mesures prises récemment par le gouvernement, telle la nouvelle taxe prévue sur l'environnement, auront pour effet d'augmenter les coûts et de rendre le secteur de l'aviation française encore moins compétitif.

En ce qui concerne les activités faisant suite aux faillites de compagnies aériennes, celles-ci ont été menées conformément aux résolutions et politiques applicables du secteur.

"IATA ne soutient pas la création d'une caisse de garantie"

TourMaG.com - Justement, concernant les taxes d’aéroport relatives aux billets non volés, où se trouvent maintenant ces sommes ? Sont-elles rendues aux agences de voyages ? 

Robert Chad
: Le prix des billets comprend de nombreux éléments en plus du tarif. Il s’agit des taxes, redevances et suppléments que la compagnie aérienne perçoit le plus souvent pour d’autres (et qui peuvent normalement être remboursés même dans le cas de billets non remboursables).

Toutefois, dans le cas exceptionnel d'une faillite, il n'y a pas de telle différenciation et le prix du billet est ou n'est pas intégralement remboursé, en fonction des règles administratives en matière de faillite.

TourMaG.com - Plusieurs sources assurent que IATA aurait récupéré 2 millions d’euros correspondant au BSP de la 2e quinzaine d’août destinés à XL et conservés malgré le dépôt de bilan de la compagnie. Qu’en est-il ? 

Robert Chad
: Après suspension, l’IATA gère tous les fonds associés à la compagnie aérienne conformément aux résolutions convenues contractuellement par les compagnies aériennes et les agents participant au BSP.

L’IATA ne peut commenter les particularités d’un cas particulier toujours en cours, mais agit comme prévu par les résolutions dans chaque cas.

TourMaG.com - Quelle est votre vision sur une éventuelle caisse de garantie des compagnies aériennes pouvant mieux protéger les passagers ? Quid d’une participation des compagnies en fonction de leurs bilans financiers ? Y a t-il des discussions en ce sens du côté de IATA ?

Robert Chad
: L'IATA ne soutient pas la création d’une "caisse ou d'un fonds de garantie" pour un certain nombre de raisons.

Les coûts supplémentaires du fonds feront grimper les prix des billets d’avion pour tous. En outre, de nombreux voyageurs aériens ont déjà accès à des produits d’assurance voyage largement disponibles sur le marché.

Dans de nombreuses juridictions, les voyageurs peuvent bénéficier d'une protection contre le remboursement s'ils paient via leur carte de crédit.

C'est aussi une solution à la recherche d'un problème. Malgré toute la publicité, la Commission européenne a estimé qu'entre 2011 et 2020, seuls 0,07% des passagers pourraient être touchés par la faillite d'une compagnie aérienne et que 12% seulement auraient besoin d'aide pour rentrer chez eux.

Enfin, les coûts d’administration pourraient être élevés. Pas moins de 85% de l’argent total dans le fonds, selon une estimation.

"D'autres turbulences ne devraient pas être surprenantes"

TourMaG.com - Que préconisez-vous ?

Robert Chad :
Il y a une meilleure réponse. En 2014, l’IATA a mis en œuvre l'assistance au rapatriement librement consenti pour les passagers bloqués à la suite de la défaillance financière d'une autre compagnie aérienne, plus communément appelée "tarifs de sauvetage" ou "rescue fares".

Dans le cadre de cette initiative, les compagnies aériennes membres de l’IATA desservant l’UE mettent leurs meilleurs efforts pour offrir le rapatriement aux passagers bloqués en raison de la défaillance financière d'une autre compagnie aérienne.

Lorsque le système est activé, les passagers bloqués sont transportés, dans la limite des capacités disponibles, à leur point d'origine ou à l'aéroport le plus proche desservi par une compagnie aérienne membre de l’Iata, à un tarif réduit. Cette assistance est disponible jusqu'à deux semaines après la date de défaillance de la compagnie aérienne concernée.

TourMaG.com - Que répondez-vous à ceux qui parlent d’un caractère déséquilibré et inéquitable des relations de IATA avec les agences de voyages ? Ce que demande IATA aux agences de voyages ne devrait-il pas être aussi demandé aux compagnies aériennes ? 

Robert Chad
: Il est important de se rappeler que les compagnies aériennes sont les principales responsables des relations avec les agents de voyages et ne détiennent pas de fonds en fiducie pour les agents.

Des protections plus strictes sont donc requises des agents, à qui sont confiés des fonds qui sont la propriété des compagnies aériennes. Ce statut juridique différent est essentiel pour comprendre pourquoi les compagnies aériennes et les agents ont accepté le traitement existant de chaque groupe dans les résolutions.
 
Cependant, nous surveillons la situation financière des compagnies aériennes et agissons conformément aux résolutions BSP lorsqu'elles rencontrent des difficultés financières - nous retenons certaines assurances d'une compagnie aérienne si nous constatons qu'elle est en difficulté financière, en voie de réorganisation, ou a déposé une demande de mise en faillite.

Nous sommes également engagés dans un examen de ce sujet au sein du groupe de travail sur la gestion des risques (ISSRMWG). De plus, dans de nombreux pays (et certainement dans l'UE), le gouvernement contrôle la stabilité financière des compagnies aériennes, qui est autorisé à retirer leur licence d'exploitation en cas de problème.

En Europe, cela est régi par le règlement 1008/2008.

TourMaG.com - Enfin, à la vue des comptes des compagnies aériennes et des difficultés rencontrées par certaines d’entre elles, en particulier en Europe, doit-on s’attendre à d’autres faillites ces prochains mois ? 

Robert Chad
: Le secteur du transport aérien reste très concurrentiel et très fragmenté dans plusieurs régions, notamment en Europe où il souffre de niveaux de taxation élevés, d'infrastructures coûteuses et inefficaces dans de nombreux endroits, ainsi que d'une réglementation extrêmement coûteuse et mal conçue en matière de protection des consommateurs.

Bien que l’IATA ne dispose d’aucune information spécifique, de telles conditions ne sont pas propices à la stabilité et, par conséquent, la survenue d’autres turbulences ne devrait pas être surprenante.

Pétition Caisse de garantie : déjà plus de 15 000 signataires... et vous ?

Pour signer la pétition "Faillites Compagnies aériennes : pour la création d'une assurance qui garantit les passagers !", cliquez sur ce lien.

Pierre Georges Publié par Pierre Georges Journaliste - TourMaG.com
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Commentaires

1.Posté par blablablabla le 14/11/2019 08:38 | Alerter
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Parler pour ne rien dire, c'est un vrai métier !

2.Posté par simonagent le 14/11/2019 09:02 | Alerter
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Un modèle de langue de bois.

Aucun remise en question du système, aucune question posée sur la viabilité des compagnies aériennes et surtout pas de réponse sur l'argent d'XL du mois d'août de peur d'être obligée de le restituer aux agences de voyages qui ont payé des billets à l'avance et non volés (enfin si ! volés par IATA, hi ! hi ! hi !).

3.Posté par Christian Jean le 14/11/2019 09:52 | Alerter
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Bonjour,
Le discours de M. Robert Chad n’a rien de surprenant, bien au contraire, il est dans son rôle, il est payé pour ça. Il n’empêche que les mensonges peuvent courir vite et longtemps, mais la vérité finira toujours par les rattraper.
Cordialement.

4.Posté par Pierre le 14/11/2019 09:56 | Alerter
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IATA sert uniquement a la représentation,pour l'action si vous n'avez besoin de rien vous êtes immediatement servi.

5.Posté par francois le 14/11/2019 10:04 | Alerter
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et je continue de vivre heureux de mon job en or !!
énorme on parle pour rien et les clients eux reste au sol,
le "rescue fare" !!! reste a discrétion des Cies et ne garantie rien celui la n'a pas du être bien cher a mettre en place c'est sur

6.Posté par agvfan le 14/11/2019 10:28 | Alerter
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dans l'aérien , les gros refusent la création d'une caisse de garantie car les "gros paieraient pour les petits" ; dans le voyage, cette caisse existe, mais suite faillite TC , ce sont les petits qui vont payer pour le gros ( cf cotisation apst qui va augmenter de 30%) - l'univers du travel nage vraiment dans l'absurde...

7.Posté par mille sabords le 14/11/2019 13:20 | Alerter
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" Robert Chad : Après suspension, l’IATA gère tous les fonds associés à la compagnie aérienne conformément aux résolutions convenues contractuellement par les compagnies aériennes et les agents participant au BSP."
Ces propos relèvent d' une honte magistrale, il faut rappeler que les résolution IATA sont quasiment imposées aux agences de voyages signataires du BSP . Sur ce sujet on se pose la question : que font nos instances EDV - service juridique - , CETO ...et autres quant aux débats et discussions sur les résolutions IATA modifiées chaque année au 1 er juin en défaveur des agences de voyages signataires ?? ( doivent aller chercher les nouvelles résolutions sur le site IATA qui signe pour le compte des agences de voyages non informées ???)
Sauf erreur, à ce jour RIEN n'a été modifié, IATA continue à imposer ses diktats chaque premier juin de chaque année.
Quid de la clause de" non recours" qui protège honteusement IATA de toute procédure faisant office de bouclier face aux agences de voyages...? Cette clause est abusive, elle s'articule sur une position dominante .
Nos instances professionnelles abordent elles les vrais sujets, lisent et analysent - elles les résolutions IATA pour défendre la profession d'agent de voyages ??
Quid des discussions et accords entre IATA et agences participantes au BSP France ?
La profession est mal équipée pourtant elle paye des cotisations. La gestion de nos boutiques et du juridique façon années 60/80 est terminée..

Au USA les billets sont payés une fois consommés... Le BSP France encaisse tout billet émis à l 'avance because fiabilisation place et tarif..... La pieuvre IATA a de l 'imagination à revendre pour " faire de l'argent' sur le dos des clients et des agences de voyages sans vouloir mettre en place une caisse de garantie sous prétexte que les prix augmenteraient ?
Foutage de "gueule ", les cotisation APST sont payées par les agences de voyages pas par les clients , et vont augmenter un nom de la solidarité....
Quid de la suite de la déconfiture en marche de l'APST si elle ne trouve pas des fonds ?
Tout ça parce que la profession a laissé mettre en place une garantie financière illimitée pour du voyage loisir en 2016 !.? ( pas de réaction des instances officielles de la profession suite à la jurisprudence 2013 qui a fait naître la Directive de Bruxelles) .
A la suite de cette Directive , avec l'effet domino l 'APST à exigé des garanties réelles sur des biens personnels pour pouvoir travailler ! ??
On marche sur la tête depuis des années dans cette profession... Et tout le monde est content. ." Il y a le feu dans les écuries , madame la marquise, mais tout va bien ..."
A côté de cela les cies aériennes membres IATA ont inventé le yield management et la fiabilisation pour se servir à l 'avance dans la poche des agences de voyages maintenant tous les 15 jours ...On est proche pour partie de l' enrichissement sans cause, IATA gardant en outre en cas de défaillance l'argent des billets émis non consommés renvoyant le consommateur à la protection de l'assurance de la carte de crédit??!!
Pas étonnant de lire:
" Plusieurs sources assurent que IATA aurait récupéré 2 millions d’euros correspondant au BSP de la 2e quinzaine d’août destinés à XL et conservés malgré le dépôt de bilan de la compagnie"..
IATA a horreur de perdre... et fera tout pour ne pas dépenser un penny , C'est la philosophie IATA.

Désolé de le dire mais nous sommes encore des rêveurs dans cette profession...

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