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SNCM : les réseaux de distribution rechignent à vendre la compagnie

Les réseaux attendent la décision du tribunal prévue ce lundi


Dans le dossier complexe du redressement judiciaire de la SNCM, tous les acteurs concernés s'accordent sur un point : l'activité de la compagnie doit perdurer jusqu'au mois de septembre. Que la procédure de redressement soit prolongée, ou qu'un repreneur soit désigné, le personnel et les navires doivent assurer la haute saison. Les messages de la compagnie se veulent rassurants. Pour autant, les agences de voyages font preuve de méfiance. Si certaines continuent à émettre des billets, d'autres ont stoppé les ventes depuis longtemps. TourMaG.com fait le point avec les réseaux de distribution.


Rédigé par le Dimanche 10 Mai 2015

Les réseaux de distribution attendent la décision du tribunal de commerce de Marseille, ce lundi, pour définir leur politique de vente vis-à-vis de la SNCM - DR : Capture d'écran SNCM
Les réseaux de distribution attendent la décision du tribunal de commerce de Marseille, ce lundi, pour définir leur politique de vente vis-à-vis de la SNCM - DR : Capture d'écran SNCM
A deux mois du lancement de la haute saison touristique vers la Corse et le Maghreb, la décision du tribunal de commerce de Marseille au sujet du devenir de la SNCM - prévue pour ce lundi 11 mai 2015 - revêt une importance des plus cruciales.

Quel sort sera réservé à la compagnie maritime ? La période de redressement judiciaire sera-t-elle maintenue jusqu'en septembre ? Y'aura-t-il un (ou des) repreneurs ?

La compagnie sera-t-elle liquidée ? En effet, le report de la période d'observation après la haute saison pourrait signer l'arrêt de mort de la compagnie.

Un autre scénario pourrait permettre à la SNCM de devenir une société sous-délégataire de La Méridionale, dans le cadre d'une délégation de service public (DSP).

Autant de scénarios qui laissent les salariés de la compagnie, mais aussi la direction, les partenaires, les actionnaires, dans un flou quasi total, presque improbable...

Sans oublier la position de la commission européenne, qui semble enfin décidée à accélérer le mouvement et à faciliter la reprise de la compagnie.

Les ventes de la SNCM se font plus rares en agences

Alors que les personnels de la SNCM et ses administrateurs judiciaires tentent de redresser la compagnie, comment la situation est-elle perçue par les réseaux de distribution ?

Les agences continuent-elles de vendre des traversées vers la Corse et le Maghreb ?

"Les clients ne demandent pas trop à partir avec la SNCM, témoigne Michèle Faure, directrice des agences Courtine Voyages et Cap Sud Voyages à Avignon.

Ils étaient déjà prudents depuis plusieurs saisons, à cause des grèves. Ils nous posent des questions, et bien sur, nous les laissons décider de la compagnie sur laquelle ils souhaitent embarquer.

Mais que leur répondre au sujet de la compagnie ? Nous sommes dans l'attente de savoir ce qu'il va se passer...
"

Cet autre agent de voyages, qui émet beaucoup de billetterie maritime, a choisi de ne plus vendre la SNCM depuis plusieurs mois. "Je ne veux pas prendre de risques, car en cas de liquidation, l'APST ne prendra pas en charge mes clients, puisqu'il s'agit de billets secs.

Si mes clients veulent partir en Corse, je leur propose Corsica Ferries. Ceux qui veulent se rendre en Algérie, je les fais partir avec Algerie Ferries, et pour la Tunisie, comme la CTN n'a pas de système de réservations, je les fais partir depuis Gênes avec GNV.

Enfin, ceux qui veulent absolument partir sur tel ou tel bateau de la SNCM, je les renvoie vers l'agence Aliso Voyages, car je trouve déplorable que les mandataires judiciaires ne clarifient pas la situation. Et puis, où va l'argent des billets vendus ?
".

La SNCM tente de rassurer les distributeurs

"Toutes les sommes encaissées - acompte ou totalité du voyage - sont déposées sur un compte dédié sous l'autorité des administrateurs judiciaires, jusqu'au départ de leurs clients, nous expliquait, le 7 mai dernier, Guillaume Sauzier, directeur commercial de la SNCM, dans une interview.

En cas de non-réalisation de la prestation, nous leur remboursons l'intégralité de leur règlement, conformément aux conditions générales de vente".

Pour rassurer les clients, comme les distributeurs, Guillaume Sauzier a co-signé, avec les administrateurs judiciaires, un courrier explicatif à leur attention, le 31 décembre 2014.

"Nous l'envoyons à toutes les agences qui le demandent, en contactant le service commercial ou le service clients, ajoute Guillaume Sauzier.

Nous l'avons également adressé à toutes les centrales, aux directions des réseaux partenaires, comme Selectour Afat.

Je n'ai pas envoyé un mail aux 1 200 agences, mais j'ai fait passer la note et le courrier à la direction commerciale, qui est chargée de la diffuser auprès de son réseau
".

Les réseaux sur la réserve

Pourtant, depuis le mois de décembre, le courrier n’a pas encore été relayé auprès des adhérents du réseau.

"Une communication est régulièrement faite en interne, mais nous attendons le jugement du 11 mai pour statuer sur notre politique de vente", explique une porte-parole du réseau.

Pour l'instant, nous ne donnons pas de consignes en particulier à nos adhérents, les outils de vente reste à leur disposition".

Cela n'a pas empêché les ventes de baisser de -24% entre janvier et avril 2015, par rapport à la même période en 2014, alors qu'elles avaient progressé de +10% sur cette dernière tranche, par rapport à 2013.

Cette baisse des ventes peut également être imputée à la réduction des capacités et des liaisons de la SNCM, de près de 60%, par rapport à 2014.

Du côté de Manor, la position adoptée est similaire à celle de Selectour Afat. "Les réservations se font normalement sur la Corse et l'Algérie, nous n'avons pas d'inquiétudes au sujet des ventes, précise Jean Korcia, président du réseau.

Mais nous restons toutefois prudents, nous attendons le 11 mai pour prendre une position définitive. Pour l'instant, nous n'avons pas informé nos agences au sujet de ce courrier".

Havas est actuellement en discussion pour renouveler son partenariat avec la compagnie maritime.

"Le précédent contrat s'est terminé au 31 décembre 2014, et tant qu'il n'a pas été renouvelé, nos travel planners ont ordre de privilégier nos partenaires, à savoir Corsica Ferries, à la SNCM", explique une porte-parole du groupe.

Le compte séquestre est-il fiable ?

TourCom, qui n'est pas lié par un partenariat avec la SNCM, enregistre "des ventes au compte-goutte", indique Richard Vainopoulos, président du réseau.

"Nous renvoyons nos clients vers Corsica Ferries ou La Méridionale pour les traversées sur la Corse. C'est une clientèle qui réserve des séjours, il est plus facile de leur expliquer la situation.

En revanche, sur le Maghreb, nos agents traitent avec des clientèles ethniques, qui payent souvent en espèces et ne sont pas faciles à joindre en cas de problème. Il est aussi plus difficile de les faire embarquer depuis Gênes ou Barcelone et nos agents sont angoissés, car cette clientèle est plus difficile à gérer
".

Le président du réseau ne croit pas au dépôt de bilan de la SNCM, du moins pas avant le mois de septembre, si, d'ici là, aucun repreneur n'est désigné.

Néanmoins, il évoque ses craintes à propos des sommes d'argent à avancer pour les billets. "Si la SNCM dépose le bilan, il sera très complexe de récupérer cet argent, précise-t-il.

Quand on sait que le liquidateur peut faire ce qu'il veut de l'argent de la compagnie, y compris celui qui est placé sur le compte séquestre, qui nous dit qu'il sera bien utilisé pour le remboursement des clients ?
"

"Je ne vois pas de raison juridique qui pourrait mettre en doute la parole des administrateurs judiciaires, rétorque Me Emmanuelle Llop, avocate au barreau de Paris pour le cabinet Equinoxe Avocats.

S'il est vrai que l'administrateur judiciaire, dans le cadre d'une procédure de redressement, gère les comptes, comme les contrats de l'entreprise qu'il tente de redresser, il a également des obligations.

Il travaille, en effet, sous le contrôle du tribunal du commerce, auquel il doit régulièrement rendre des comptes
".

Le moment de vérité - ou du moins des éléments de réponse - sont attendus dans la journée...

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Commentaires

1.Posté par Vincent le 11/05/2015 14:51 | Alerter
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Ben on les comprend, de grèves en arrêts de travail, séquestrations de bateaux et autres plaisanteries : tant va la cruche à l'eau ....

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