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Wilma et les autres : qui réglera l'addition ?

Des assureurs frileux


Alors que les dégâts se calculent désormais en milliards de dollars après le passage de Wilma, chaque pays tente de reconstruire au plus vite pour limiter le manque à gagner. Pour les voyagistes, la facture est également très lourde et les surcoûts engendrés tout au long de cette saison chaotique se chiffrent également en millions d’euros. Qui va payer la note au final alors les assureurs se montrent de plus en plus frileux. Aujourd’hui, ils ne sont plus que 2 à assurer la profession…pour combien de temps encore ?


Rédigé par Herve Ducruet - herve.ducruet@tourmag.com le Jeudi 27 Octobre 2005

Des compagnies d'évaluation des risques ont estimé que les dégâts aux biens assurés risquaient de représenter jusqu'à 10 milliards de dollars dans le sud-ouest de la Floride.
Des compagnies d'évaluation des risques ont estimé que les dégâts aux biens assurés risquaient de représenter jusqu'à 10 milliards de dollars dans le sud-ouest de la Floride.
2005, annus horibilis ? On n’en est pas loin. Débutée par des tsunamis meurtriers, cette année qui tarde à finir a connu plus que son lot de catastrophes. Si les pertes humaines sont à chaque fois insupportables, le bilan financier des destructions s’avère également immense. Dernière de ce chaos, Wilma qui a semé la désolation du Mexique à la Floride.

Des compagnies d'évaluation des risques ont estimé que les dégâts aux biens assurés risquaient de représenter jusqu'à 10 milliards de dollars dans le sud-ouest de la Floride. En Louisiane, à la Nouvelle Orléans, la reconstruction est en route mais la facture dépasse les 8 milliards de dollar

A Cancùn, une première estimation économique générale des dommages des zones et installations touristiques est en cours d'élaboration. Selon le Ministre du Tourisme, Rodolfo Elizondo Torres, les réparations et le manque à gagner pourra coûter 800 millions de dollars.

« Si l'on fait un décompte rapide en prenant en considération que ce n'est pas la haute saison, les pertes d'exploitation s'élèvent en moyenne 15 millions de dollars par jour », a déclaré le ministre.

Un manque à gagner de plusieurs millions

Pour les TO, la note aussi s’annonce salée. « Ils ont pris tout de suite les dispositions qui s’imposaient. Les voyagistes ont supporté tous les risques et ce ne fut pas facile », explique René Marc Chikli, le président du Cercle d’Etude des Tour Opérateurs.

Désormais rompu aux crises, malheureusement récurrentes, ils ont su immédiatement réagir et faire leur travail en rapatriant leurs clients dans des conditions précaires et pas toujours comprises par les clients. Mais aujourd’hui, vient l’heure des comptes. A combien se soldera ce branle bas de combat ? Difficile encore de le dire.

« Il est encore trop tôt pour se faire une idée précise du bilan financier, nous en saurons plus la semaine prochaine», explique-t-on chez Kuoni.

« Si l’on ne comptabilise que l’aérien, chaque cyclone nous a coûté environ 500 000 € », explique Rémy Vénitien, chef de projet chez vacances Transat. De son côté, Marsans chiffre à environ 1 M € la perte occasionnée par les passages successifs de Katrina, Rita et autre Wilma.

« Les assurances nous ont répondu que c’est une catastrophe naturelle et donc non couverte, nous y sommes totalement de notre poche dans cette histoire », explique Bruno gallois, le directeur de Marsans.

Réassurer les assureurs

« Il y a encore quelques années, on recensait plusieurs dizaines d’assureurs prêts à garantir la profession. Aujourd’hui, il n’y en a plus que 3 : Gan et Genérali qui doivent se partager environ 80 % du marché et, dans une moindre mesure Axa », explique Axel de Contenson pour l’Européenne d’Assurances (filiale de Munich Re, 1er réassureur mondial).

Selon lui, l’explication de ce désengagement régulier correspond à l’accroissement successif de la responsabilité de l’agent de voyages. « Ils sont exactement dans la même situation que les chirurgiens qui peinent aujourd’hui à s’assurer. Résultat, ils n’opèrent plus car la prime d’assurance est devenue trop chère face à leur responsabilité entière et totale. »

Pour Axel de Contenson, le problème ne se situe pas au niveau de l’assurance elle même mais à sa réassurance auprès d’autres compagnies. « Le vrai risque est là car le coût d’une réassurance est énorme. Et le marché est étroit, on compte 4 à 5 compagnies dans le monde, pas plus. » précise-t-il.

Conscient de ce problème, le Snav a inscrit sur son cahier des charges la négociation d’une assurance RCP collective pour la profession. « La loi nous donne l’obligation d’être assuré. Si nous ne trouvons personne pour nous assurer, nous ne pourrons plus exercer », résume Georges Colson le président du Snav. « Au lendemain des tsunamis de décembre, l’assureur du Club Med a rendu son tablier », confirme René Marc Chikli, le président du Ceto.

Des décrets à charge

Et quand elles assurent malgré tout, les compagnies n’assurent pas tout, et le moindre prétexte est bon pour ne pas payer la note. Ainsi, certains hôtels dévastés par les vagues de décembre se sont entendus dire par leurs assureurs qu’ils se trouvaient dans une zone à tsunami (sic) et que la garantie ne pouvait jouer car ils étaient construits en bordure de plage.

On peut même aller plus loin avec les cyclones. Certaines brochures de voyagistes mentionnent que l’automne est une saison propice au cyclone. Dans ce cas, un assureur pointilleux et frileux peut très bien prétexter que le sinistre était prévisible…pour ne pas rembourser. « C’est vrai qu’on marche sur la tête avec des polices d’assurances dont les primes grimpent sans cesse », reconnaît Axel de Contenson.

A quand le point de rupture ? Il peut intervenir des deux côtés, assureur ou agence de voyages. Car face à l’impossibilité de payer qui plane sur ces derniers, les premiers ont également les mêmes raisons de jeter l’éponge.

« Le secteur ‘’tourisme’’ ne représente pas une grosse part dans leur activité globale. Sans doute quelques %. Et si la rentabilité de cette part négligeable n’est plus assurée, la décision ne sera pas longue à prendre. »

Et la balance risque de plier encore plus avec la parution prochaine des décrets d’application et la responsabilité de plein droit qui pèse comme une épée de Damoclés sur les agences de voyages.

Pourtant, avant l’été, les professionnels avaient trouvé une oreille attentive auprès de leur autorité de tutelle. « Notre ministère du tourisme était d’accord pour réduire le champs de l’article 23. Et c’est le ministère de la justice qui a refusé. Maintenant que le ministre de la justice est désormais passé aux transports et au tourisme, peut-être va-t-il changer d’avis », ironise Bruno Gallois.

Une ironie et un humour de façade car, aux dernières informations, la réduction de la responsabilité des agences de voyages abordée dans le fameux article 23 ne semble pas vraiment à l’ordre du jour du côté du ministère. Une mauvaise nouvelle de plus.

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