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Sur-tourisme Marseille : "Nous ne nous étions pas préparés à cette déferlante !"

L'interview de Marc Thepot, président de l'OMTC de Marseille


A Marseille le torchon brûle entre la Métropole et la Ville. La guerre ouverte que se livrent Benoit Payan, le maire et Martine Vassal, présidente de Marseille Métropole, vient de faire une victime collatérale : l'Office métropolitain de Tourisme et des Congrès. Marc Thepot, son président, élu il y a quelques mois dans le collège professionnel, dénonce cette situation : "les échéances électorales tendent indiscutablement le climat général et le débat sur le Tourisme n’ y échappe pas..." Verbatim.


Rédigé par le Jeudi 22 Avril 2021

Au printems et l'été dernier, les touristes avides d'espaces se sont rués sur les calanques et les îles autour de Marseille /crédit DepositPhoto
Au printems et l'été dernier, les touristes avides d'espaces se sont rués sur les calanques et les îles autour de Marseille /crédit DepositPhoto
TourMaG.com - Que pensez-vous des préconisations de la mairie de Marseille concernant l’ arrêt de la promotion de la ville par crainte de sur-fréquentation du territoire ?

Marc Thepot
: "Je n'ai pas eu une lecture aussi radicale des préconisations de la mairie. Les dysfonctionnements et la sur-fréquentation que nous avons vécus l'été dernier sont évidents et dénoncés par tous – y compris les professionnels - même si l'activité a été au rendez-vous.

Ce n’était pas le type de tourisme que nous recherchions et nous n’étions pas préparés à cette déferlante !

Sans doute, les autorités et la mairie ont-elles été, elles aussi, dépassées par cette brutale fréquentation. Depuis, nous avons appris et nous nous sommes tous préparés.

Les protocoles sanitaires qui étaient – eux aussi – facteur de tension et de rejet , sont désormais acceptés et intégrés. Les professionnels ont un rôle à jouer pour faire respecter le civisme et être – eux-mêmes exemplaires.

Il est évident qu'il ne faut pas faire d'efforts de promotion de Marseille sur ces périodes de Juillet et Aout pour consacrer nos moyens à l'accueil et au guidage des touristes.

D'ailleurs, pour éviter ces conflits liés au trafic, nous avons – justement – élaboré avec les prestataires et professionnels, des parcours alternatifs pour lisser et décongestionner les sites sur-fréquentés.

Sur-fréquentation Marseille : "Nous n’étions pas préparés à cette déferlante !"

Nous recommandons le chrono-datage de certaines visites et le personnel sera formé pour orienter les visiteurs sur les nombreuses visites qui ont été conçues.

Bien sûr, il ne s'agit pas de stopper la promotion mais plutôt de la dédier aux ailes de saison c'est à dire prioritairement à compter de fin août 2021 D'autre part et surtout, un nombre important d’ actions sont menées à l'horizon 2022 voire 2023 car beaucoup de commercialisateurs et d'intermédiaires travaillent dès aujourd’hui à cet horizon-là.

Nous avons surement à reprendre notre mission d’ information et d'explication sur nos actions 2021 et notre budget. Nous le ferons à l'adresse de la ville que nous souhaitons associer à notre réflexion – s’ ils acceptent notre main tendue."

TourMaG.com - En tant que Président de l’ OMTC étiez-vous au courant de cette intervention et de sa teneur ?

Marc Thepot
:"Pas du tout, mais je ne suis pas journaliste et cette conférence leur était dédiée exclusivement. A l'avenir nous ferons en sorte de partager nos visions pour aboutir à des actions endossées par tous et supportées par les professionnels.

Les propos qui ont été tenus – et tels qu’ils ont pu m’être rapportés –tenaient aussi beaucoup au contexte politique électoral actuel au milieu duquel nous sommes impliqués - Je ne doute pas que les points de vue vont s'ajuster et que le Tourisme et Marseille finissent par réaliser une forme de consensus et un terrain de coopération entre tous !"

TourMaG.com - L'OMTC fait-elle les frais de la guerre ouverte entre la métropole et la municipalité qui ne sont pas du même bord politique ?

Marc Thepot
: "Sans doute, mais les échéances électorales tendent indiscutablement le climat général et le débat sur le tourisme n'y échappe pas.

Mais nous – les professionnels – nous souhaitons échapper à ce calendrier et travailler à long terme dans une vision intelligente du Tourisme pour Marseille.

Nul besoin, pour cela, de dénigrer le travail ou les positions des uns ou des autres : L'OMTC doit – bien sûr – fédérer les acteurs et rassembler les intelligences.

On le doit aux personnes qui se dépensent sans compter pour l'accueil et la valorisation de Marseille, on le doit aussi aux professionnels qui – pour la plupart – sont bénévoles et engagés au service de cette belle ville et de cette industrie.

Sur-fréquentation Marseille : "Travailler à long terme dans une vision intelligente..."

Marc Thepot, élu il y a à peine quelques mois à l'Office du tourisme et des congrès, est déjà aux prises avec des enjeux et des joutes  politiques qui le dépassent /crédit dr
Marc Thepot, élu il y a à peine quelques mois à l'Office du tourisme et des congrès, est déjà aux prises avec des enjeux et des joutes politiques qui le dépassent /crédit dr
TourMaG.com - Vous avez été élu par les professionnels avec votre casquette UMIH . Votre position est-elle tenable longtemps compte tenu des enjeux politiques en cours ?

Mazrc Thepot
: "Bien sûr, les dégâts opérés par la pandémie, la détresse des professionnels qui souffrent le martyr depuis un an, tout cela est plutôt de nature à me motiver pour servir cette cause. Les politiques passent, Marseille : son attractivité, ses atouts, ses acteurs et ses actifs – eux resteront !

Les professionnels – eux aussi – ont investi de l’argent et du temps, pour de nombreuses années et leurs collaborateurs aspirent à un horizon prometteur et apaisé. Bien loin des joutes politiciennes."

TourMaG.com - Comment voyez-vous la promotion et le développement (ou pas) du tourisme dans la métropole compte tenu de la situation actuelle ?

Marc Thepot
: "Bien sûr, la notion de développement durable et responsable doit être omniprésente dans nos actions et nos offres : C'est une attente forte des touristes, des Marseillais et de nos collaborateurs . C’est – en plus- un sujet qui fédère et qui ne doit pas se limiter à des effets d'annonce ou de la cosmétique.

Il faut limiter la promotion aux actions ayant une portée à moyen et long terme et également à celles qui ciblent la fréquentation sur les ailes de saison. Et, plus que jamais , concentrer nos efforts de cet été sur l'accueil et la valorisation des parcours alternatifs. En même temps , il faut semer et prendre des positions claires pour 2022 et 2023 - C'est vital et ça fait partie de la logique de commercialisation dans ce secteur

Sans oublier cette opportunité qui doit nous réunir tous : les jeux Olympiques de 2024 qui vont mobiliser l’ ensemble des acteurs. Il ne faut pas louper ces rendez-vous !"

Jean Da Luz L'interview de Jean Da Luz Directeur de la rédaction - TourMaG.com
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Commentaires

1.Posté par Yves BROSSARD le 23/04/2021 06:33 | Alerter
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Les industries touristiques, enjeu politique, électoral, ou enjeu de l’emploi et de la qualité de vie?

Tensions électorales, dit Marc Thepot, sans doute, mais tensions politiques également, de fond, car c’est un sentiment de dépossession « de leur territoire » qui excite les élus communaux depuis la loi NOTRe. S’interrogent-ils néanmoins sur le fait que la recherche de la performance, dans le domaine des industries touristiques, n’est pas uniquement une affaire de proximité, ni de présidence ? La gouvernance ne peut pas se limiter à une simple présidence. La proximité risque de ne pas prendre en considération la dimension « régionale » des industries touristiques.

Au 1er janvier 2020, la France comptait 34 963 communes regroupées au sein de 1254 intercommunalités qui rassemblent, au total, 66,1 millions d'habitants (intercommunalités = métropoles, communautés urbaines, communautés d'agglomération, communautés de communes).

Au final la réforme des intercommunalités a peut-être fait un laissé-pour-compte : les industries touristiques. Le cadre de l’organisation administrative des collectivités a été imposé à un secteur économique dont les ressorts sont tout, sauf administratifs.

La réforme a été pensée par le ministère de l’Intérieur, en charge des collectivités territoriales, mais le sort des industries touristiques, autrefois mineures, a été négligé, maltraité, comme si c’était une affaire secondaire. Les évolutions majeures de ces industries touristiques n’ont pas été prises en compte, alors que l’occasion était rêvée pour travailler sérieusement le sujet. La gouvernance du développement des industries touristiques ne peut être l’affaire exclusive des offices de tourisme et donc des élus communaux et intercommunaux, mais une affaire mêlant acteurs des sociétés publiques, civiles et professionnelles.

C’est faire bien trop d’honneur aux offices de tourisme, dont l’étendue des pouvoirs est finalement relativement faible en matière de développement des industries touristiques, en raison d’un code du tourisme en situation de régression progressive. La performance est en réalité essentiellement liée à la gestion des PLU (Plan Local d'Urbanisme), donc communaux, ou des PLUi (Plan Local d'Urbanisme intercommunal), et à la réalisation des investissements publics sous forme d’aménagements et d’équipements.

Passer de l’OMTM, Office Municipal de Tourisme de Marseille (qui avait 24 ans d’existence) à l’OMTCM, Office Métropolitain de Tourisme et des Congrès de Marseille, passer de l’office de tourisme de Marseille à celui du territoire de la Métropole Aix-Marseille-Provence n’est pas une simple affaire d’acronyme. Le changement d’échelle a vocation à contribuer à de véritables résultats, chiffrables et publiés.

Et bien heureux sont les résidents de Métropole Aix-Marseille-Provence de disposer à la tête de son Office du tourisme d’un président issu du collèges des professionnels, car l’Office Métropolitain de Tourisme et des Congrès de Marseille est un EPIC (Établissement Public à caractère Industriel ou Commercial), et que rares sont les EPIC présidés par des professionnels. Contrairement à ce que le caractère industriel ou commercial des EPIC pourrait nous laisser présumer, il s’agit bien d’un établissement public, dont la prépondérance est institutionnellement politique.

En effet, aux termes de l’article R133-3 du code du tourisme : « La composition du comité de direction de l'office de tourisme et les modalités de désignation de ses membres sont fixées par délibération du conseil municipal ou de l'organe délibérant de l'établissement public de coopération intercommunale. »
L’article L133-2 du code du tourisme dispose que : « Le statut juridique et les modalités d'organisation de l'office de tourisme sont déterminés par le conseil municipal. » et que « Lorsque cet organisme prend la forme d'un établissement public industriel et commercial, les dispositions des articles L. 133-4 à L. 133-10 lui sont applicables. Et, selon l’article L133-5 du code du tourisme : « Les membres représentant la collectivité territoriale détiennent la majorité des sièges du comité de direction de l'office de tourisme. »

Extrait du site web : https://www.ampmetropole.fr/tourisme (Métropole Aix-Marseille-Provence)
« Avec 8 millions de touristes accueillis chaque année en Provence, soit près de 4 fois la population résidente, plus de 2,7 milliards d’euros dépensés sur notre territoire, soit 7 % du produit intérieur brut et près de 50 000 emplois directement ou indirectement liés à ce secteur, les résultats laissent déjà entrevoir l’importance de cette activité dans le développement du territoire. »
Extrait du site web : https://www.tcmagazi.com/post/tourisme-régionsud-2021
« Depuis maintenant plus d’un an, les professionnels du tourisme de Provence-Alpes-Côte d’Azur subissent de plein fouet les conséquences de la crise sanitaire. Confinements successifs, couvre-feu, restrictions de circulation, fermeture des bars, des restaurants et des lieux culturels ont sérieusement ébranlé le secteur qui constitue l’un des piliers de l'économie régionale (13% du PIB et plus de 143.000 emplois non délocalisables). »

Alors 7% du PIB pour la Métropole Aix-Marseille-Provence, et 13% du PIB pour la région Provence-Alpes-Côte d’Azur ? La question est de savoir si les offices de tourisme, si les élus publics, ont véritablement connaissance de la réalité économique du secteur des industries touristiques dont ils sont censés animer la « politique ». Savent-ils réellement comment sont composés ces 7% ou 13% du PIB direct, comment les décomposer parmi toutes les facettes de ces industries et comment évolue dans le temps chacune de ces facettes ? Et à combien doit-on chiffrer le PIB indirect généré par ces industries, PIB qui n’est jamais mesuré, sauf de manière visible et informelle en cas de crise comme celle que nous vivons ?

Alors osons dire qu’il conviendrait de modifier l’organisation actuelle des offices de tourisme, dont les fondations de 1910 sont quasi inchangées depuis, voire même ont régressé.

Osons dire que l’enjeu économique dépasse largement le cadre étroit des offices de tourisme et nécessite une coordination amplifiée avec les politiques d’aménagements et d’urbanisme, ce qui suppose une réforme du code du tourisme et du code général des collectivités territoriales.

Osons parler de l’inapplicabilité opérationnelle de l’article L133-3 du code du tourisme qui dispose que : « L’office de tourisme assure l'accueil et l'information des touristes ainsi que la promotion touristique de la commune ou du groupement de communes, en coordination avec le comité départemental et le comité régional du tourisme…. ». 3 têtes pour un seul corps !Qui dit coordination, dit « en creux » superposition des missions, interventionnisme, saupoudrage et déperdition des ressources publiques.

Et interrogeons-nous : l’enjeu de la gouvernance d’instances publiques renouvelées, orientant le développement des industries touristiques, ne passe-t-il pas au préalable par la production de statistiques économiques précises (et sérieuses) sur nos industries touristiques et leurs effets ?

Une ancienne, et brillante, ministre des Outre-mer se plaignait de ne pas avoir de préfets « développeur ». Le développement, un sujet que maîtrise parfaitement Marc Thepot. Et j’espère qu’il s’emploiera aussi à faire évoluer le cadre institutionnel, législatif, qui entrave l’action de développement en faveur de l’emploi et de la qualité de vie.

2.Posté par SERGE13 le 23/04/2021 08:18 | Alerter
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Comme si on pouvait se permettre de refuser les touristes. cette nouvelle mairie fait du grand n'importe quoi... Il ne va pas aller loin.

3.Posté par ravator13 le 23/04/2021 08:49 | Alerter
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C'est bien gentil leurs idées mais les vacances scolaires elles sont en juillet et aout.. Ils peuvent être pour ou contre à la mairie, c'est comme la gravité, cela s'applique à vous que vous soyez pour ou contre !

4.Posté par Martino180 le 23/04/2021 12:02 | Alerter
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Ils ont raison à Marseille, il n'y a que 30% de chômeurs dans la ville et le tourisme pourrait créer des emplois.

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