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Europe : aéroports engorgés, retards... quel ciel en 2040 ?

Rapport Eurocontrol 2018


Eurocontrol a sorti cet été son rapport sur l'Etat du ciel européen en 2040, une mise à jour de celui rendu public en 2013. Alors empêtré dans une situation délicate, l'aérien s'est depuis relevé. La croissance est repartie et les perspectives sont plus que bonnes, mais celles-ci pourraient aussi s'avérer être leurs propres limites. Nous vous proposons de vous projeter dans le ciel européen de 2040.


Rédigé par le Mercredi 22 Août 2018

En 2040, les aéroports tourneront à plein régime, les retards seront en hausse...selon Eurocontrol - Crédit photo : Pixabay, libre pour usage commercial
En 2040, les aéroports tourneront à plein régime, les retards seront en hausse...selon Eurocontrol - Crédit photo : Pixabay, libre pour usage commercial
L'aérien connaît depuis quelques années, une période faste. Il suffit de consulter TourMaG.com pour se rendre compte de la vitalité de l'industrie. Les aéroports hexagonaux, qu'ils soient situés dans des capitales régionales ou à Paris battent record sur record sans quasiment discontinuer.

La dynamique est telle que des aéroports de plus petites capacités comme ceux de Châteaudun, Châteauroux ou Deauville développent leur activité.

Et selon le rapport 2018 d'Eurocontrol (Organisation européenne pour la sécurité de la navigation aérienne), la demande devrait continuer d'alimenter les allées des aéroports européens dans les années à venir. Ainsi, près de 16 millions de vols annuels, sont attendus dans l'espace aérien d'ici 2040, d'après le scénario le plus probable, qui est aussi plutôt tempéré.

Ces rotations augmenteront alors de 53 % par rapport aux chiffres constatés en 2017, et même de 84% en prenant en compte le schéma d'une importante croissance mondiale. Pour rappel lors des deux dernières décennies, de 1998 à 2008, les vols ont doublé en Europe, pour passer de 5 à 10 millions chaque année.

Ce ralentissement de la croissance est à chercher du côté de la faible dynamique économique du continent, d'une hausse significative du carburant et d'une congestion accentuée des aéroports.

160 millions de pax ne pourront pas voyager et les retards vont se démultiplier

Cette dernière problématique apparaît à de nombreuses reprises dans les 40 pages du rapport d'Eurocontrol. Les aéroports surchargés et non adaptés seraient en passe de priver l'industrie aérienne d'une importante manne financière et par la même occasion d'une source de croissance importante.

Si près de 111 infrastructures ont prévu d'améliorer leur capacité d'environ 16%, représentant plus de 4 millions de mouvements supplémentaires chaque année, cela paraît trop peu. L'agence prévient que cette augmentation restera insuffisante au regard de la croissance constatée durant la période concernée.

En se projetant au début de la décennie 2040, 1,5 million de vols ne pourront pas se poser et être assurés en raison du manque de capacités. Ces avions sans piste pour les réceptionner, bloqueront au sol 160 millions de passagers.

Dans le même temps, le nombre d'aéroports se trouvant en flux tendu passera de 6 à 16 d'ici 2040. L'exemple de l'aéroport londonien d'Heathrow, qui utilise 80% de ses capacités pendant plus de 6 heures consécutives et ce pendant une bonne partie de l'année, deviendra une norme.

Cet engorgement et la gestion des flux vont non seulement créer un frein au développement de l'industrie, mais aussi démultiplier les retards des vols. Quand ces derniers n'étaient que de 12 minutes en moyenne par liaison à l'été 2016, il pourrait atteindre plus de 20 minutes en 2040.

Ce n'est pas tout puisque les retards compris entre 1 et 2 heures ne toucheront plus seulement 50 000 personnes par jour mais 470 000 passagers lors des périodes estivales. Une recrudescence inhérente a une sous-capacité qui devrait principalement toucher la Turquie, l'Allemagne, le Royaume-Uni et la France.

La France n'est pas le plus mauvaise élève de la classe

Les retards dans les aéroports européens vont s'accentuer - Crédit photo : Eurocontrol
Les retards dans les aéroports européens vont s'accentuer - Crédit photo : Eurocontrol
Le pays actuellement dirigé par Recep Erdogan observera une multiplication par 2,5 fois de son trafic, ce qui se répercutera sur les pays voisins en raison d'un manque notable en infrastructure.

Ainsi la Grèce, la Serbie ou Chypre verront leur trafic augmenter de plus de 80%, quand celui-ci s'accroîtra seulement de 1,5% annuellement en France, contre 1,9% en Europe.

Cette croissance inférieure à celle du continent, va tout de même générer une inflation des liaisons supérieure à 3 000 par jour dans le ciel Français, seul deux pays font mieux à savoir l'Allemagne et la Turquie.

D'ailleurs, il est intéressant de noter que le cas de la France n'est pas mis en exergue malgré les déboires rencontrés par la compagnie nationale ou le contrôle aérien en 2018.

A l'écriture de ce document prospectif, le rapport du sénateur Vincent Capo-Canellas, sur la vétusté de la navigation aérienne n'était sans doute pas encore sorti.

Si le différentiel entre la capacité et l'augmentation des vols sera supérieur à 200 000 en Turquie, l'Hexagone devra faire face à une disparité comprise entre 50 et 100 000 vols. Les infrastructures ne semblent pas être remises en question, d'autant que les observations ne font pas apparaître une dégradation des retards au-delà de la normale pour les aéroports parisiens (voir graphique ci-dessus).

Ce qui n'est pas le pas de Madrid, où l'attente pourrait dépasser les 30 minutes. Dans un secteur où la maturité du marché est attendue en 2035, il existe une réponse aux effets négatifs de son développement, mais cela passe par une réponse collective.

Des solutions à appliquer ensemble

Pour faire face, à ses nombreux défis aussi bien structurels que de gestion des flux, l'Europe va devoir harmoniser son ciel comme le préconise Eurocontrol avec la mise en place de SESAR. Le programme qui vise à moderniser le système de gestion du trafic aérien doit permettre d'atténuer les effets néfastes provoqués par l'inflation des vols.

Ce n'est pas tout, les compagnies aériennes sont aussi mises à contribution par l'agence. Il leur est demandé de lisser à l'avenir leurs horaires, en ajoutant des rotations en dehors des heures de pointes ou encore en desservant des aéroports moins congestionnés.

Pour arriver à un tel résultat l'Europe va devoir parler "concert", et regarder dans le même sens, ce qui n'est pas vraiment le cas en ce moment.

Et Jean-Pierre Sauvage président du BAR (Board of Airlines Representatives) de conclure "le ciel européen est la traduction de ce que peur être l'Europe actuellement chaque pays avance à son rythme, et avec ses propres particularités. Il n'y a ni dialogue ni uniformité."

Que ce soit en politique ou en économie, l'Europe doit repartir de l'avant.

Romain Pommier Publié par Romain Pommier Journaliste - TourMaG.com
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