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Accord NDC Amadeus - Air France : "Ils se sont entendus pour que ce soient les agences qui paient", selon F. Dariot (BDV.fr)

L'interview de Fabrice Dariot, président de Bourse des vols


L'accord annoncé par Amadeus et Air France sur NDC ne satisfait pas, loin s'en faut, Fabrice Dariot, le président de Bourse de Vols. Pour lui, les deux protagonistes ont trouvé le moyen de faire payer le coût du déploiement de la NDC d'Air France par Amadeus aux agences de voyages... Interview.


Rédigé par le Jeudi 10 Septembre 2020

"La NDC, c'est la fin de l'universalité des tarifs. Entrer dans la NDC c'est renoncer à l'exhaustivité des tarifs qui est le fondement de la distribution GDS depuis la fin des années 80" - DR
"La NDC, c'est la fin de l'universalité des tarifs. Entrer dans la NDC c'est renoncer à l'exhaustivité des tarifs qui est le fondement de la distribution GDS depuis la fin des années 80" - DR
TourMaG.com - Amadeus et Air France ont annoncé avoir trouvé un accord au sujet de NDC. Sauf qu'il y aura une surcharge pour les clients des distributeurs... Comment interprétez-vous cet accord ?

Fabrice Dariot :
En fait, Air France - comme d'autres compagnies - veut abaisser ses coûts de distribution via les GDS. Les transporteurs nous expliquent que cela permettra aux agences de voyages de voir les plateaux repas en vidéo ! En réalité, ils veulent simplement abaisser les coûts de distribution.

De son côté, Amadeus n'a jamais voulu faire un effort financier et ne souhaite pas renoncer à la rémunération d'Air France.

A force de se chamailler, rappelez-vous les histoires de private channels, ils ont fini par trouver un compromis. Sauf que j'ai bien peur que ce compromis se fasse sur le dos des agences de voyages.

En gros ils nous disent "nous avons fini de nous chamailler". Ils se sont simplement entendus pour que ce soit les agences de voyages qui paient le coût qu'Amadeus a demandé à Air France pour faire son NDC qui est incomplet.

TourMaG.com - Quelles sont les conséquences concrètes selon vous pour les agences ?

Fabrice Dariot :
Jusqu'ici nous vivions dans l'universalité des tarifs. Les GDS chargeaient tous les tarifs et tout le monde vendait tous les tarifs.

La NDC, c'est la fin de l'universalité des tarifs. Entrer dans la NDC, c'est renoncer à l'exhaustivité des tarifs qui est le fondement de la distribution GDS depuis la fin des années 80.

Air France nous l'a dit : attention quand vous viendrez nous voir, nous ouvrirons certains tarifs et pas d'autres.

Par ailleurs, les agences de voyages ne toucheront plus les marges arrières des GDS indexées sur le volume généré. Avec NDC, cette rémunération disparaît.

Avec la version que nous annoncent Amadeus et Air France, nous nous retrouvons face à trois difficultés : la première concerne la version 18.2 qui est déployée selon la nomenclature internationale. Cette version n'est pas complète au niveau des fonctions d'annulation, modification et remboursement.

Donc celui qui sera connecté au NDC Amadeus - Air France aura un outil incomplet. Pour une version complète, il faudra attendre la 19.2 mais il n'y a aucune compagnie dans le monde qui a atteint ce niveau.

Deuxième point : ils nous annoncent que ce sera disponible au 1er semestre 2021, mais il faut savoir qu'Amadeus a une multitude d'outils. Si Amadeus intègre le NDC d'Air France dans Click & Sell qui est très populaire, cela ne veut pas dire que toutes les solutions y seront connectées.

Derrière l'effet d'annonce, reste une question : quand Amadeus va-t-il implanter cette NDC dans toute sa chaîne de production et ses nombreuses plateformes ? Cela va être très long !

Troisième et dernier point, et là c'est la cerise sur le gâteau : déployer la NDC d'Air France chez Amadeus coûte de l'argent, le GDS ne va pas travailler gratuitement, donc ils attendent que les agences paient ce coût de distribution.

TourMaG.com - Quand on interroge Amadeus, la réponse est : "ce n'est pas l'agence qui paiera la surcharge, mais le client final". D'ailleurs connaissez-vous le montant de cette surcharge ?

Fabrice Dariot :
Aujourd'hui, ceux qui n'ont pas NDC touchent le tarif Air France à + 24 euros.

Ils vont faire une cote mal taillée de quelques euros... D'ailleurs quand on leur demande quelques euros... ils ne le savent pas. On ne peut pas leur faire dire ce que représente "quelques". Dans nos métiers, 3 ou 4 euros ça compte. Ils sont très flous !

Tout ce que je peux dire c'est que le AirFrance.fr et le AirFrance.com qui sont des concurrents n'auront pas ces quelques euros. Avant même de prendre notre commission pour pouvoir vivre, nous serons déjà plus chers que le site maison AirFrance.fr.

Nous serons peut-être obligés de déduire cette surcharge pour rester compétitifs, il n'est pas dit que le client paie à l'arrivée.

En en plus la compagnie nous annonce que, si on trouve que la NDC Amadeus est trop chère, il n'y a qu'à prendre d'autres distributeurs...

TourMaG.com - Une annonce d'une surcharge pour les distributeurs, compte tenu du contexte actuel, qu'est-ce que cela vous inspire ?

Fabrice Dariot :
Air France m'a présenté des seuils de volumes qui faisaient apparaître une baisse d'activité de 95%...

Je leur ai dit : lorsqu'on a 95% de baisse d'activité, qu'on demande la solidarité de la distribution, est-ce que c'est bien le moment de nous sortir une NDC que nous allons devoir payer, dans laquelle nous devrons renoncer à l'exhaustivité des tarifs et qui est en plus une version 18.2 qui n'a pas l'ensemble des fonctionnalités dont on a besoin ?

Est-ce que c'est vraiment le moment de faire cela ? Air France n'a-t-elle pas autre chose à faire ? En tout cas cela ne me semble pas un bon accord pour la distribution !

Céline Eymery Publié par Céline Eymery Rédactrice en Chef - TourMaG.com
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Commentaires

1.Posté par mille sabords le 11/09/2020 12:01 | Alerter
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Ne pas perdre de vue l'adage qui dit " l arbre qui cache la forêt"
Les agences de voyages et les GDS interpréteront au vu des négociations en cours évoquées ci dessus.,
Les GDS essayent de sauver ce qui'elles peuvent sauve pour ne pas perdre leur rémunération des cies arériennes,. En bout de chaîne les agences seront pénalisées car une supposée re-facturation client les mettrait hors marché face au client qui trouvera le tarif souhaité en direct...
N' oublions pas que IATA est dans les starting block de la mise en place d' un réseau blockchain pour la ventes des sièges des cies aériennes en pratiquant le désintermédiation comme annoncé par leur président à la convention annuelle.....
Il est de plus en plus difficile d'être patron d'une agence de voyages aujourd'hui vu les contraintes juridiques d'une part , la fonte de la trésorerie , les Directives e, le code du tourisme imposant la pleine responsabilité.....

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