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Air Tahiti Nui : "Tous nos vols seront assurés en Dreamliner au 1er septembre 2019"

Rencontre avec Jean-Marc Hastings, directeur France et Europe


Diplômé en Droit, Economie et Gestion du transport aérien, et acteur dans ce secteur depuis plus de vingt ans, ce papa de quatre enfants nous reçoit dans ses bureaux du Boulevard Saint-Germain à Paris. Renouvellement de la flotte, concurrence, marchés, Jean-Marc Hastings, directeur France et Europe d’Air Tahiti Nui, répond à nos questions.


Rédigé par Christophe HARDIN le Mercredi 15 Mai 2019

Jean-Marc Hastings : "ATN est le spécialiste de la Polynésie et nous sommes donc très proches des voyagistes et des réseaux de distribution. Avec eux, la relation commerciale est forte, nous les accompagnons pour stimuler le marché" - DR : C.H.
Jean-Marc Hastings : "ATN est le spécialiste de la Polynésie et nous sommes donc très proches des voyagistes et des réseaux de distribution. Avec eux, la relation commerciale est forte, nous les accompagnons pour stimuler le marché" - DR : C.H.
TourMaG.com - Nous sommes boulevard Saint-Germain, dans vos bureaux, à quelques dizaines de mètres de Notre-Dame. Avant de parler aérien, on ne peut s’empêcher de vous demander si vous étiez là lors de cette triste soirée où la cathédrale a failli disparaître dans les flammes. Comment avez-vous vécu ces moments ?

Jean-Marc Hastings :
C’est vrai. Nous sommes juste à côté. J’étais ici, à mon bureau, et de la fenêtre que vous voyez, j’ai soudain aperçu une très grosse fumée noire envahir le ciel.

Je suis sorti et ce fut un choc (il nous montre les photos impressionnantes de la cathédrale en feu faites avec son portable.)

Je suis resté là comme tout le monde, sidéré par le spectacle, comme tous ceux à côté de moi. Le jour se levait à Tahiti, d’où j’ai reçu de nombreux appels inquiets. Ce fut vraiment un moment très particulier pour moi.

J’ai eu le sentiment de me retrouver quelques années en arrière, quand, étant enfant, j’avais assisté en 1972 à Nantes, au gigantesque incendie de la cathédrale dont le toit et la charpente avaient, eux aussi, été totalement détruits.

La cathédrale a été reconstruite à l’identique. Personnellement, c’est ce que je souhaite pour Notre-Dame.

TourMaG.com - Revenons dans les airs à présent. Une bonne nouvelle déjà, que l’on vient d’apprendre après quelques semaines de suspens. Vous avez reçu l’accord de Bercy pour défiscaliser ces deux appareils que vous avez achetés en propre. C’est un allègement considérable de vos investissements...

Jean-Marc Hastings :
Oui, nous avons eu une réponse favorable de la part de Bercy. C’est effectivement une très bonne nouvelle pour Air Tahiti Nui.

(Bercy a également donné son feu vert à la défiscalisation des deux prochains A 330 Neo achetés par Aircalin, NDLR).

La nouvelle classe Premium Economy, un vrai succès

TourMaG.com - Avez-vous réussi votre effet "Whaou" avec le B787 ?

Jean-Marc Hastings :
Nous avons effectivement de bons retours de nos passagers.

Le choix du Dreamliner, sa configuration, est le fruit d’études approfondies quant aux souhaits de nos passagers et notre volonté de leur faire profiter des dernières innovations technologies au service du confort.

De l’air purifié dans une cabine plus haute et spacieuse, un confort sonore inégalé, des éclairages led, Internet et wifi haut débit et un système de divertissement sur grand écran tactile HD (eXconnect de Panasonic).

Avec le Tahitian Dreamliner, nous introduisons également notre nouvelle classe Premium Economy "MAONA" (la couleur bleue, référence à l’océan, NDLR).

Couverture, coussin, trousse complète d’accessoires et avec ses nouveaux sièges Z535 de chez Zodiac offrant de l’espace pour les jambes et une inclinaison de 20 cm, c’est un vrai succès.

Enfin, une classe affaires avec 30 sièges lit (Parallel Diamond de Rockwell Collins) d’une longueur de 198 cm en configuration 2-2-2 et des équipements de grand confort comme un duvet épais, un coussin oreiller et une luxueuse trousse d’accessoires.

TourMaG.com - L’esprit des îles polynésiennes s’appelle le Mana, la force qui habite les êtres vivants, les lieux, les objets… On peut donc dire qu’il habite désormais les Dreamliner d’ATN ?

Jean-Marc Hastings :
Oui, c’est vrai. Air Tahiti Nui propose un voyage immersif à ses clients.

Vous vivez le Mana à bord de l’avion par l’accueil de nos équipages et l’harmonie/ambiance cabine qui vous transporte déjà à Tahiti.

Vous le voyez à l’extérieur de nos avions, où sont tatoués la vague, signe de vie, l’albatros pour la liberté, le Tiki et la baleine pour la protection et la force. Et bien sûr la fleur de Tiare sur l’empennage de l’avion.

A partir de septembre prochain, la totalité des vols sur notre réseau sera assurée en Tahitian Dreamliner, y compris vers la Nouvelle-Zélande et le Japon - DR : ATN
A partir de septembre prochain, la totalité des vols sur notre réseau sera assurée en Tahitian Dreamliner, y compris vers la Nouvelle-Zélande et le Japon - DR : ATN
TourMaG.com - Les Airbus A340 restent encore en service. Quand assurerez-vous la ligne CDG/LAX/PPT exclusivement en Dreamliner ?

Jean-Marc Hastings :
Tous nos vols Paris/Los Angeles/Tahiti et retour sont opérés en Tahitian Dreamliner depuis le 28 mars.

A partir de septembre prochain, la totalité des vols sur notre réseau sera assurée en Tahitian Dreamliner, y compris vers la Nouvelle-Zélande et le Japon.

A terme, 4 Boeing 787 remplaceront 5 Airbus A340.

TourMaG.com - Depuis un an, vous faites face à une concurrence renforcée au départ et vers les Etats-Unis avec les Dreamliner de United et surtout avec l’arrivée de French bee sur la ligne Paris Papeete qui a, en quelques mois, rencontré un succès spectaculaire, en prenant 35% de parts de marché juste derrière vous...

Jean-Marc Hastings :
La concurrence aérienne a accéléré le cycle de croissance de trafic dans lequel nous étions déjà.

Air Tahiti Nui maintient une position forte, avec 51% de parts de marché sur le trafic Paris/Tahiti entre mai et décembre 2018, 61% de parts de marché entre les USA et Tahiti (source Aéroport de Tahiti).

TourMaG.com - Il y a un an, le PDG d’Air Tahiti Nui, Michel Monvoisin, considérait l’arrivée de French bee comme un test pour le marché. Il y avait de sa part, un peu de scepticisme quant à la capacité de French bee à développer les marchés VFR et touristiques. Un an après, et avec plus de 10% de touristes supplémentaires par rapport à 2018, le pari semble gagné pour French bee ?

Jean-Marc Hastings :
La concurrence stimule tous les acteurs pour gagner et garder la confiance du client qui, au final, est celui qui décide.

Nous observons avec beaucoup d’intérêt cette phase de lancement et de conquête. L’effet nouveauté est indéniable. Il est, je crois, cependant trot tôt pour parler de "pari gagné".

Le pétrole remonte, les avions coûtent cher, les dessertes de 2 à 3 vols hebdomadaires ne permettent pas une efficacité optimum.

Le modèle low cost long-courrier est loin d’avoir prouvé sa pérennité. Les compagnies aériennes sont dans une économie de cycle où, à un moment, les coûts nous rattrapent, le pétrole en particulier.

Concernant notre concurrent low cost, c’est une structure opérationnelle où beaucoup de coûts sont supportés par la grande sœur (Air Caraïbes, NDLR).

TourMaG.com - Il est indéniable cependant qu’en plus de nouveaux clients sur la destination Polynésie, French bee a détourné à son profit une partie de votre clientèle ainsi que celle d’Air France. Quelles sont vos armes pour vous défendre ?

Jean-Marc Hastings :
Nous avons plusieurs réponses.

D’abord, et nous l’avons dit, la mise en service d’un avion performant, confortable, rapide aussi, car il faut souligner qu’avec le Dreamliner, nous diminuons le temps de vol d’une heure et demie sur un vol A/R Paris-Tahiti.

Tout le monde s’accorde à dire qu’un voyage en Polynésie est bien souvent "le voyage d’une vie", un voyage à part, unique. Il faut être à la hauteur de ce rêve…

Dés son arrivée dans notre avion, le voyageur est déjà dans le rêve polynésien : la fleur de tiaré offerte à l’embarquement à chaque passager par nos hôtesses et stewards tahitiens, comme incarnation vivante et parfumée de notre marque offerte, reproductions des œuvres de Gauguin dans chaque cabine de l’avion, couleurs chaleureuses évoquant la beauté de nos ciels et de nos lagons.

Nous avons également travaillé sur les tarifs pour répondre aux attentes du marché. Tahiti est une destination premium. Ce ne sera jamais un billet à 99 euros, quel que soit l’opérateur.

Les prix affichés par des low cost sur des destinations très long-courriers ne sont pas le prix payé au final. Sur du très long-courrier, nous partons du principe qu’il y’aura toujours des options incontournables comme, par exemple, les bagages et les repas.

Finalement, et avec nos tarifs tout compris, de la fréquence (jusqu’à 7 vols par semaine de/vers Paris, jusqu’à 14 vols/semaine entre Los Angeles et Tahiti) nous restons sur un écart de prix très acceptable. Et avec Air Tahiti Nui… c’est pension complète pendant 24 heures !

Soulignons également que notre escale de Los Angeles est bien rodée. Même si tous les passagers ont l’obligation de descendre de l’appareil, ils ne sont pas dans l’obligation de récupérer leur bagage enregistré, contrairement à ce qui se passe à San Francisco.

Enfin, ATN est le spécialiste de la Polynésie et nous sommes donc très proches des voyagistes et des réseaux de distribution. Avec eux, la relation commerciale est forte, nous les accompagnons pour stimuler le marché.

Un besoin, un souci, une question ? Nous sommes agiles, réactifs et en contact direct avec les agences.

Avec le Tahitian Dreamliner, la compagnie introduit la nouvelle classe Premium Economy "MAONA". Couverture, coussin, trousse complète d’accessoires et avec ses nouveaux sièges Z535 de chez Zodiac offrant de l’espace pour les jambes et une inclinaison de 20 cm - DR : ATN
Avec le Tahitian Dreamliner, la compagnie introduit la nouvelle classe Premium Economy "MAONA". Couverture, coussin, trousse complète d’accessoires et avec ses nouveaux sièges Z535 de chez Zodiac offrant de l’espace pour les jambes et une inclinaison de 20 cm - DR : ATN
TourMaG.com - Où en êtes-vous de la mise en place de transferts en hélicoptère à l’arrivée de vos vols à Papeete ?

Jean-Marc Hastings :
L’hélicoptère est une nécessité en Polynésie.

Pour le tourisme, mais aussi pour relier les îles, assurer des approvisionnements, des évacuations sanitaires.

Avec le groupe HBG Helicopters, nous avons créé une co-entreprise : Tahiti Nui Helicopters, qui propose déjà des vols panoramiques, des évacuations médicales et nous prévoyons effectivement de mettre en place des transferts à l’arrivée de nos vols vers Moorea dans un premier temps.

TourMaG.com - La Chine est le marché émetteur asiatique à la croissance la plus rapide. Des projets pourraient-ils se concrétiser ?

Jean-Marc Hastings :
La Chine est effectivement un marché intéressant, mais aussi complexe. Tout n’est pas encore "aligné" pour en faire un succès et notamment les capacités hôtelières.

Nous avons su, ces dernières années, organiser des vols ponctuels avec des TO locaux, mais pour l’instant, la Chine n’est pas notre actualité immédiate.

Notre priorité est de réussir notre transition de flotte. Elle est en cours, elle se passe bien, mais nous avons encore deux avions neufs à intégrer et les A340 à sortir.

100% de notre exploitation sera faite en B787-900 Tahitian Dreamliner au 1er septembre 2019.

TourMaG.com - Confirmez-vous nos informations, selon lesquelles le Dreamliner ATN pourrait pointer son élégant museau lors du salon du Bourget en juin prochain ? Et si, à cette occasion, TourMaG.com frappe à la porte pour une petite visite, vous ouvrirez ?

Jean-Marc Hastings :
Je vous confirme que le 3e Dreamliner d’Air Tahiti Nui - immatriculé F-OVAA - appelé BORA BORA - sera présent au prochain Salon International de l’air et l’espace du Bourget*. Nous vous y attendons pour une visite !

* Le 787 d’Air Tahiti Nui sera présent sur le salon du Bourget uniquement le 17 juin.

Christophe Hardin - DR
Christophe Hardin - DR
Christophe Hardin a, à son actif, de nombreuses heures de vol en tant que personnel navigant commercial.

Il est Président de l'Association des Cadres Navigant Commerciaux (A.C.N.C) et s'investit dans la formation à la Relation Client.

Il est adhérent à l'Association des journalistes professionnels de l'aéronautique et de l'espace (AJPAE) ainsi qu'à l'Association des journalistes du Tourisme (AJT).

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Commentaires

1.Posté par Marieodile POTHIER le 16/05/2019 22:15 | Alerter
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Je viens de faire un voyage Paris Los Angeles à bord du Dreamliner 787...un vrai régal..rien à dire tout est parfait

2.Posté par Lecalot le 16/05/2019 22:57 | Alerter
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Si on ne voit que le côté developpement local, c'est cohérent d'avoir chaque territoire français d'Outre Mer quelque soit son statut d'autonomie politique par rapport à la Métropole, posseder sa propre Compagnie aérienne. Mais sur le plan de la rentabilité - à part Le Groupe Air Caraïbes/Air Blue-Bee qui dispose d'un financeur privé important - le Groupe Dubreuil- toutes les autres sont publiques ou para publiques, avec des financements publiques directs ou indirects qui maintiennent artificiellement une économie équilibrée ou du moins en apparence aux frais du contribuable qui ne tiendra pas face à une concurrence sauvage et agressive. Encore une fois c'est une vision à court terme au détriment du pavillon français au global et un affaiblissement du Groupe AF en particulier. ML

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