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L’organisation actuelle du contrôle aérien européen est un non-sens !

La chronique de Jean-Louis Baroux


Les contrôleurs aériens ont remis le couvert la semaine dernière. A vrai dire on s’était déshabitué des conflits sociaux dans ce secteur depuis quelque temps, mais voilà que cette profession se rappelle à notre bon souvenir. De quoi s’agit-il ?


Rédigé par Jean Louis BAROUX le Lundi 17 Juin 2013

Au temps de la Guerre Froide, le strict contrôle de l’espace aérien de chaque Etat pouvait se concevoir, mais, que je sache, cette époque est révolue depuis plus de vingt ans.   Ne serait-il pas temps de repenser notre gestion européenne dans ce domaine ? - DR : ADP - LUIDER, Emile - LA COMPANY
Au temps de la Guerre Froide, le strict contrôle de l’espace aérien de chaque Etat pouvait se concevoir, mais, que je sache, cette époque est révolue depuis plus de vingt ans. Ne serait-il pas temps de repenser notre gestion européenne dans ce domaine ? - DR : ADP - LUIDER, Emile - LA COMPANY
Si j’ai bien compris, les contrôleurs aériens veulent s’opposer à la mise en place d’un système de contrôle européen.

Celui-ci appelé SES (Single European Sky) est à l’étude depuis de nombreuses années et devrait entrer en service avant la fin de cette décennie.

Les avantages économiques d’un ensemble plus unifié sont considérables.

Tout le monde est d’accord sur un gain moyen de 8 minutes de vol et des trajets raccourcis de l’ordre de 50 km. Ce n’est pas rien.

D’autant plus que cette réorganisation amènera une bien meilleure fluidité et des économies très importantes pour les compagnies.

Songez que le temps moyen de vol en Europe est de l’ordre de 1 heure 10 minutes, alors, gagner 8 minutes cela correspond à une économie sur les coûts directs de 11%.

La disparition des organisations nationales

Au moment où tous les transporteurs cherchent à faire des économies indolores pour leur personnel et acceptables pour les passagers, voilà une piste qu’il est impossible de négliger.

Cerise sur le gâteau, une amélioration sensible du tracé des routes aériennes aurait un effet très bénéfique sur les émissions de CO².

Il faut dire qu’on en parle un peu moins depuis quelque temps. Il semblerait que le sujet soit moins à la mode. Mais le gain de pollution serait néanmoins significatif.

Seulement, il y a un hic ! La Communauté Européenne voudrait que le nouveau système soit géré par un ensemble unique européen, c’est d’ailleurs la seule façon de réussir l’opération.

Voilà où le bât blesse. Cela signifie la disparition des organisations nationales qui devraient être fondues dans une seule entité. Et les nationalismes se déchainent.

A commencer par le Ministre des Transports français, Monsieur Frédéric Cuvillier, que j’ai bien entendu sur une des grandes radios françaises à une heure de très grande écoute.

Le Ministre a dit, sans sourcilier, qu’il soutenait l’action des grévistes et qu’il souhaitait s’opposer au projet concocté à Bruxelles, soutenu en cela a-t-il dit, par son collègue allemand.

Le temps de la Guerre Froide est révolu

Pour tout dire, les bras m’en tombent. Comment faire avancer l’Europe si chaque fois qu’il y a une nouvelle idée, les dirigeants des Etats, encore souverains, s’acharnent à la démolir.

Tous les professionnels en conviennent : l’organisation actuelle du contrôle aérien européen est un non-sens. Il est coûteux et surtout totalement inefficace.

Certes au temps de la Guerre Froide, le strict contrôle de l’espace aérien de chaque Etat pouvait se concevoir, mais, que je sache, cette époque est révolue depuis plus de vingt ans.

Ne serait-il pas temps de repenser notre gestion européenne dans ce domaine ? Les économistes nous ont montré la voie en créant l’Euro.

Voilà qui était mille fois plus audacieux, qui bougeait infiniment plus les habitudes et qui attentait fondamentalement à la souveraineté des Etats. Et pourtant cela a été fait et personne, sauf quelques archaïques, ne songerait à revenir en arrière.

Ne peut-on pas faire de même dans un secteur tout de même moins important mais tout aussi utile ?

Nos conservatismes empêchent de créer de la croissance

Bien entendu les organisations syndicales des aviations civiles et plus particulièrement les françaises sont vent debout dès qu’il s’agit de faire bouger les lignes.

Les personnels sont trop conscients de leurs avantages et ils ont peur de les perdre. Après tout, cela peut se comprendre. Mais au lieu de s’opposer à l’avancement de ce qui est de toute façon inéluctable, ne feraient-ils pas mieux de négocier leur intégration dans la mise en opération du nouveau système ?

Et puis il faut tout de même bien que les contrôleurs se rendent compte de leur devoir vis-à-vis des clients. Quel mépris pour ces derniers.

D’ailleurs, il suffit de voir le déroulement des opérations pendant la grève. Un mouvement social est annoncé en Europe avec d’ailleurs des modalités différentes et pas uniquement des arrêts de travail, pour la seule journée du 12 juin. Là-dessus les contrôleurs français prévoient un mouvement qui débutera le 11 et se terminera le 13 juin.

Les compagnies aériennes se voient imposer d’abattre au moins 50% de leur programme, ce qui n’est pas rien, on en conviendra. Et puis voilà qu’on apprend que, finalement, la grève durera un jour de moins.

Mais comment les compagnies peuvent-elles recharger leur programme avec un préavis de 24h ? Et si elles ne le font pas, elles se trouvent en défaut vis-à-vis de leurs passagers qui peuvent leur réclamer les dédommagements prévus par Bruxelles en cas de vol annulés ou retardés.

Il est bien triste de voir comment nos conservatismes nous empêchent tout simplement de créer de la croissance. Et puis on se plaindra que l’économie va mal !

Jean-Louis Baroux
Jean-Louis Baroux
Jean-Louis Baroux, est l'ancien président d'APG (Air Promotion Group) et le créateur du CAF (Cannes Airlines Forum) devenu le World Air Forum.

Grand spécialiste de l'aérien, il a signé aux éditions L'Archipel ''Compagnies Aériennes : la faillite du modèle'', un ouvrage que tous les professionnels du tourisme devraient avoir lu.

Les droits d'auteur de l'ouvrage seront reversés à une association caritative. On peut l'acquérir à cette adresse : www.editionsarchipel.com

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Tags : baroux
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Commentaires

1.Posté par mastercar2a le 18/06/2013 19:00 | Alerter
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M. Baroux, puis-je me permettre de vous dire que vous vous méprenez quand à l'action de l'ensemble des agents de la DGAC (pas uniquement les contrôleurs aériens, raccourci habituel) de la semaine dernière?

Personne ne conteste l'intérêt de SES, bien au contraire...
Par contre concernant SES2+, avec mise en concurrence obligatoire des prestataires, je ne suis pas sur que ça aille dans le sens de l'amélioration du système.

Si on résume, SES2+ pourrait proposer à plusieurs prestataires de gérer l'espace aérien français (ce qui sera toujours le cas à moins de n'avoir qu'un seul prestataire sur l'ensemble du territoire européen, ce n'est pas l'intérêt de la Commission Européenne), et prendrait le moins-disant financièrement. Il peut y avoir un risque que certains aspects aient été bâclés pour répondre à cet "appel d'offres" . Soyons clairs, malgré les clichés qu'on entend ici et là, le contrôle aérien français n'est pas le plus cher d'Europe, loin de là.

L'objet du mouvement de la semaine dernière n'est pas le rejet de l'amélioration du système aérien européen, car toutes les organisations syndicales sont d'accord pour travailler sur SES, mais bien le volet SES2+ qui veut accélérer les choses d'une manière un peu trop radicale et surtout libérale.

Ne nous leurrons pas, il s'agirait d'une DSP sur le territoire, rien de plus rien de moins, pourquoi le donner au privé? Ca ne veut pas dire que le système actuel ne doit pas chercher à s'améliorer sur ce qui existe avec le réseau de routes tel que défini avant l'arrivée de SES.

Certes, je suis subjectif, mais qui ne l'est pas sur les différents commentaires que l'on lit ici et là.

2.Posté par voyage en france le 21/06/2013 18:28 | Alerter
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les contrôleurs montent au créneaux contre une privatisation rampante ,qui favorise une baisse des couts contre la sécurité ..;Un petit rappel l'accident du lac de constance en 2002 ,une collision en suisse avec "skyguide " la société de contrôle aérien privatisé ,le contrôleur suisse n'a pas été prévenu par son collègue allemand à cause de ligne de tél défectueuse . Bilan 200 morts...

3.Posté par One ATC le 22/06/2013 11:19 | Alerter
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Au delà de l'aspect législatif porté par le SES, il serait intéressant de connaitre l'opinion de Mr Barroux sur la création d'un prestataire unique du contrôle aérien avec un statut unifié pour les personnels et un taux unitaire de service unique pour la zone géographique considérée.

Lorsqu'un tel projet a été porté par les organisations professionnelles des contrôleurs en Europe, on a assez peu entendu le soutien des compagnies aériennes, certaines affichant même leur hostilité à un taux unique y voyant une perte d'efficacité potentielle de leur lobbying sur les gouvernements, autorités de tutelle et prestataire national.

Aux grands regret des fédéralistes du contrôle aérien qui sont encore quelques uns dans la profession, le souverainisme est aussi présents chez nos clients !

4.Posté par TTS33 le 23/06/2013 12:20 | Alerter
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M. BAROUX, Il ne s'agit nullement que de s'attacher à des soi-disant avantages.
Il s'agit d'éviter une course au profit et à la libéralisation qui entrainera une rude concurrence dans un domaine où c'est la sécurité qui prime avant l'efficacité et l'environnement.
Le soi-disant gain de 8 minutes est calculé avec l'hypothèse qu'actuellement, les trajectoires ne sont jamais raccourcies. Chose qui est archi fausse ! Donner des directes, c'est notre métier. Un départ de de Gaulle est systématiquement raccourci, et gagne entre 2 et 5 minutes de vol dans les premières minutes après le décollage.
Ce qu'oublient les compagnies, c'ets qu'une fois le réseau de routes amélioré, il ne sera plus possible de "zapper" une régul, il ne sera plus possible de changer de FL au dernier moment, à cause de la sacro-sainte FLIGHT ADHERENCE d'eurocontrol... L'optimiosation de trajectoire (plan vertical) ne sera plus toujours possible, et la consommation de carburant ne sera pas forcément plus faible... (voler 8 minutes de moins a un FL non optimlal...ca peut consommer plus au final...)
Toute la latitude laissée aux controleurs afin d'accélérer et de fluidifier le trafic n'existera plus.

Une info que vous n'avez peut-etre pas, le taux de redevance unitaire est parmi les plus bas en France, ce qui n'est pas sans créer quelques problèmes de financement à la DGAC.... Nous pourrions commencer par aligner le taux de redevances sur celui de nos voisins, ce qui permettrait de remplacer le materiel vétuste utilisé encore dans le pays le plus survolé d'Europe.

Un alignement sur les autres pays ferait peut être travailler les contrôleurs français quelques heures de plus chaque mois, mais leurs salaires augmenteraient de 50%. (déjà qu'actuellement, les salaires des aiguilleurs du ciel font beaucoup de jaloux... imaginez...). Si le départ à la retraite est aligné sur l'allemagne, ça serait 52 ans au lieu de 59 en actuellement...

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