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Laurent Abitbol : "Selectour ? Une belle maison, j'y reste… sans être d'accord !"

L'interview de Laurent Abitbol, président du directoire de Marietton Investissements


Rachat d'Havas, commissions TTC de Selectour, vente de Transat, Laurent Abitbol semble être sur tous les fronts. Loin des hypocrisies de la politique et des faux semblants, il parle. Et dans son regard, un objectif clair : l'avenir de la profession, dont il a déjà anticipé l'évolution et dont il veut être l'un des acteurs majeurs !


le Lundi 25 Janvier 2016

Laurent Abitbol : "Selectour ? Une belle maison, j'y reste… sans être d'accord !"
TourMaG.com - Transat France est en vente. Êtes-vous intéressé par ce rachat ?

Laurent Abitbol :
Transat est un beau groupe, il a de belles marques, l'équipe dirigeante est super, Patrice Caradec est un type formidable. C'est une entreprise qui est en vente "clés en main", un peu comme Havas.

Bien évidemment nous regardons le dossier. Vous savez, chaque fois qu'une entreprise de tourisme est à vendre, on vient me voir !

Maintenant, rien n'est fait et nous en sommes très loin. Nous devons déjà examiner ça avec nos banques. Si le dossier est intéressant, je me battrai avec elles pour les convaincre.

Encore une fois, rien n'est fait, nous n'avons pas encore examiné ce dossier et il est bien trop tôt pour présenter une offre. Mais c'est surement cher, puisque c'est une belle boite. Il faut voir si c'est dans nos moyens.

En même temps, les vendeurs (les Canadiens, ndlr) veulent que cette vente soit connue, de façon à avoir le maximum d'acheteurs potentiels. Et je sais que nous aurons de la concurrence, avec certains fonds d'investissements notamment ou d'autres… Nous, nous aurons un projet industriel que les fonds n'ont pas.

Je vais me battre : j'aime bien la marque, j'aime bien l'équipe et c'est totalement cohérent avec ce que nous faisons, ne serait-ce qu'au niveau du long courrier. Mais c'est une question d'argent : si j'ai la somme, oui je ferai tout pour l'emporter !

Encore une fois, je le répète, nous n'avons pas encore ouvert le dossier. Et compte tenu de la valeur de l'équipe, des marques, ça doit être cher.

D'autant que le Canadien (Jean-Marc Eustache, PDG de Transat, ndlr) ne semble pas décidé à faire de cadeau.

Si nous faisons une offre, ce ne sera pas avant trois mois…

TourMaG.com - Quand vous dites cher, vous pensez à quelle somme ?

Laurent Abitbol :
Il faut savoir ce que l'on veut acheter. Vous savez, c'est toujours à la fin que le prix se décide. Mais il faudra tout prendre, Transat France et la partie réceptive en Grèce.

TourMaG.com - Peut-on imaginer un MBO Transat management d'un côté et Marietton ensemble ?

Laurent Abitbol :
Non, mais on peut faire comme avec Havas. Encore une fois, il faut que les banques nous suivent et c'est loin d'être garanti. Même si je le voulais fortement, je ne suis pas sûr d'avoir les capacités financières de le faire.

"Je me battrai pour convaincre les banques dans le rachat de Transat..."

TourMaG.com - Mais n'est-ce pas avoir les yeux un peu plus gros que le ventre ?

Laurent Abitbol : Non. Si les banques suivent. Moi, je dois les convaincre et pour l'instant, dans les neuf rachats que nous avons effectués, elles ont toujours eu confiance. Je vous rappelle que le dernier "achat" (Havas, ndlr) est gros. Très gros !

TourMaG.com - En même temps, si les banques vous ont suivi, c'est qu'elles y trouvent un intérêt ?

Laurent Abitbol :
Bien sûr. Que veulent-elles ? Qu'on leur rembourse la dette. Sur Havas, nous avons une dette sur 7 ans. Une somme très correcte, parce que nous avons bien fait les choses.

Le problème est de savoir si nous avons les moyens d'avoir une autre dette. Tout dépend des bilans de Look/Transat. Pourront-ils financer cette dette ?

TourMaG.com - Passons au rachat d'Havas. Le référencement des fournisseurs va-t-il changer ?

Laurent Abitbol :
Important : nous avons créé avec Selectour Afat un GIE 50% Havas, 50% Selectour Afat. Le directeur général du GIE est Jean-Marie Seveno, entouré de deux présidents, Michel Dinh pour Havas et Laurent Maucort pour Selectour Afat et quatre administrateurs : deux chez Selectour Afat, deux chez Havas.

Ce GIE travaille sur tous les contrats "Affaires". Les acheteurs des deux entités travaillent ensemble et nous mettons en place des contrats pour deux ans. Et croyez-moi, ensemble nous devenons très forts. Par exemple, nous devenons le premier émetteur de la SNCF, bien avant Carlson ou Amex.

TourMaG.com - Et dans ce nouveau contrat, pourrait-il y avoir des sorties ?

Laurent Abitbol :
Non, au contraire. On garde tout le monde… même Lufthansa !

TourMaG.com - Le nouveau concept des agences Havas continue-t-il à être développé ?

Laurent Abitbol :
Bien sûr. Il y a 1,7 M€ d'investissement prévu chaque année sur une période de trois ans. Nous accélérons même le processus, de façon à avoir environ 35/40 agences par an.

TourMaG.com - Vous allez poursuivre aussi le développement des franchises Havas ?

Laurent Abitbol :
Bien sûr. C'est très important pour nous. En fait, nous poursuivons la politique initiée par Michel Dinh et nous l'accélérons.

TourMaG.com - Mais entre les agences Havas et les agences Selectour, il va y avoir concurrence, non ?

Laurent Abitbol :
Attention : chez Havas, c'est un réseau intégré. Donc la politique sera suivie, tandis que chez Selectour (je suis des deux côtés), nous sommes en coopérative, donc chaque agence peut faire ce qu'elle veut…. Donc chez Havas, on ne touche à rien, nous avons même accueilli à nouveau Transat cette année…

TourMaG.com - C'est un hasard…

Laurent Abitbol :
C'est un copain. Tous les problèmes du passé ont été réglés !

Selectour : c'est une belle maison et j'y reste !

TourMaG.com - Expliquez-moi comment on peut vivre en étant à la fois président d'Havas et membre de Selectour ?

Laurent Abitbol :
La position est très claire. J'ai 80 agences chez Selectour, ce qui fait un poids important. Mais j'y suis depuis longtemps, très longtemps et j'y reste !

Mon père et mon oncle y ont adhéré il y a vingt ans, c'est une belle maison, aux structures solides, même si on n'est pas forcément d'accord avec certaines petites choses.

Les gens changent mais la maison reste ! Et nous avons décidé d'y rester d'autant que nous avons un lien fort avec le GIE…

TourMaG.com - Justement, ce GIE concerne la partie "affaires". Mais ce GIE ne pourrait-il pas basculer sur le côté Loisirs et permettre ainsi certains "aménagements" sur certains contrats que semblent dédaigner certains gros fournisseurs (la commission brut client, ndlr) ?

Laurent Abitbol
: Bon, on ne va pas se mentir. Bien sûr, les dirigeants de Selectour Afat ont tout intérêt à se servir de cette solution. Ils sont terriblement embêtés. Et pourtant, je les avais prévenus.

Vous savez, Selectour, c'est une coopérative et on n'écoute pas les "gros" adhérents. C'est dommage, mais c'est ainsi.

Encore une fois, c'est une très belle maison, l'équipe "opérationnelle", les salariés de ce réseau sont très performants et connaissent leur métier sur le bout des doigts…

Alors, sur cette histoire de commission "brute", l'idée est louable. Vous ne pouvez pas savoir ce que l'on a comme "arnaques" sur les factures…

De là à passer tout sur le TTC, je n'étais pas d'accord. J'avais proposé à l'époque de tout mettre à 13%HT.

Promo ou pas promo. Le Conseil d'Administration a refusé. Ils sont allés trop loin, mais c'était trop tard. Et revenir en arrière, c'est compliqué. Et ça l'est toujours…

TourMaG.com - Donc, vous seriez presque le recours…

Laurent Abitbol :
Ah non, le GIE est à 50% ! En revanche, je pense que des TO "hors normes", genre TUI, pourraient entrer dans le GIE. Des petits TO comme nous (Voyamar, ndlr)… D'un autre côté, il n'y a plus le choix. Il faut se sauver…

TourMaG.com - Il faut sauver les meubles ?

Laurent Abitbol :
Eh… Je pense que nous avons besoin des TUI et leurs homologues. Il faut les faire rentrer. Comme on peut… ou plutôt comme ils peuvent !

TourMaG.com - Les électeurs de Selectour Afat ne vous ont pas élu en tant qu'administrateur. Une bêtise ?

Laurent Abitbol :
En fait, ce sont les petits adhérents qui ont peur. N'oublions pas que, dans cette coopérative, malgré les quelques agences que je représente, je n'ai qu'une seule voix.

Dans l'équipe qui est au conseil d'administration, beaucoup ont voté pour moi. Du moins, c'est ce qu'ils disent. Il est sûr que, si j'avais été au Conseil d'Administration, jamais je n'aurais accepté cette décision. Il n'y a aucun professionnel (tour-opérateur, ndlr) au sein de ce Conseil.

Mais, c'est la démocratie, j'accepte leur décision et je ferai comme ils disent ! Après tout, si je ne suis pas content, je m'en vais, sinon, je reste. Et j'ai décidé de rester !

En fait, je pense qu'ils ne connaissent pas le marché du tour-operating. Si Fram ou Transat dégageaient des 100 M€ de bénéfices, on pourrait sans problème commissionner sur le TTC. C'est loin d'être le cas.

C'est comme si on demandait à une banque que les taux d'intérêts soient à 0% et que l'on paie des frais de 3% sur les comptes bancaires !

Ce qui me fait de la peine c'est que des petits TO ont cédé. Mais ils n'ont pas le choix. Ce n'est pas bien, ce n'est pas propre, ce n'est pas fait de façon correcte. En fait, c'est plus du gagnant-gagnant…

Et tout va être à refaire : il va vraiment falloir reconstruire l'amour entre Selectour Afat et les fournisseurs. Et ce sera la tâche du prochain conseil d'administration. Ce sera un vrai boulot !

"Je suis un cumulard !"

TourMaG.com - C'est pour cette raison que vous allez vous représenter aux suffrages ?

Laurent Abitbol :
Mais je ne serai pas élu, comme d'habitude. Hélas, ils ont peur et ils sont bêtes. J'utilise la force de mon chiffre d'affaires pour le bien de tous.

Ils me considèrent comme un danger, alors que c'est loin d'être le cas, bien au contraire. Rester chez Selectour Afat n'est pas mon intérêt et pourtant je reste… Et avec plaisir !

Je pense cependant qu'ils auraient dû m'écouter. Ils ne l'ont pas fait. Ils ne pensaient même pas que certains TO allaient quitter le réseau.

Personne n'a besoin de rien aujourd'hui et chacun peut se débrouiller tout seul ! Selectour Afat, ce sont 500 patrons qui peuvent traiter en direct avec des TO qui y sont prêts… Le rôle du prochain conseil d'administration sera de retrouver cette notion de "win-win".

Parce qu'après tout, ce grand bazar n'est fait que pour remonter la part de commissionnement des promos. On veut que les promos soient en linéaires… mais pas en TTC. C'est de la folie.

En fait, lorsque je me suis présenté, ils m'ont classifié dans un camp, alors que je me fiche éperdument de leurs clans.

Je suis un homme d'affaires et j'essaie de travailler pour l'ensemble de la profession. Je me fous des clans politiques, je suis d'accord avec des idées. Et quand elles sont bonnes, je vote "pour".

Cette idée du TTC est mauvaise et beaucoup d'élus pensent comme moi !

TourMaG.com - En fait, vous pensez qu'il faudrait confier la barre aux salariés, aux permanents et laisser les élus "contrôler" ?

Laurent Abitbol :
Exactement. Chez Selectour Afat, il y a une équipe formidable, des gens qui connaissent leur boulot et qui ont une véritable notion de l'entreprise.

Pour tout vous dire, il faudrait supprimer les présidents de commission et que ces dernières soient gérées par les personnels du réseau. Le rôle du conseil d'administration consiste seulement à vérifier que tout aille bien.

Nos salariés sont des professionnels, ils doivent gérer. Nous avons un directeur général, un type exceptionnel, je ne sais pas à quoi il sert. Demain, s'il est à la tête du réseau, on lui demandera des résultats. Il sera responsable, c'est son métier ! Pas des administrateurs qui n'ont pas de rôle.

En clair, les commissions doivent être gérées par les permanents et non pas par les administrateurs de Selectour.

Mais encore une fois, j'aime beaucoup le réseau, j'y suis fidèle. Le problème c'est qu'il a beaucoup de problèmes politiques, ses clans, ses egos...

Supprimons tout ça, laissons des gestionnaires salariés faire le boulot et tout ira bien.

Cette entreprise possède du personnel, des cadres, des employés, un DG : ils doivent contrôler, pas diriger. L'administrateur doit contrôler, pas gérer !

TourMaG.com - Pour en revenir à votre groupe, avez-vous une stratégie plus claire après le rachat d'Havas ?

Laurent Abitbol -
La stratégie c'est l'EBITDA, c’est-à-dire gagner le plus d'argent possible. Après avoir racheté Havas, nous avons quelque 450 agences de voyages.

Le but, c'est que le TO maison (Voyamar, ndlr) puisse absorber 10% de la production. Ça permet de payer le rachat d'Havas. C'est bien, ça laisse 90% pour les autres TO. Pas mal, non ?

TourMaG.com - Vous faites aussi partie du Cediv…

Laurent Abitbol :
Je suis effectivement administrateur du Cediv, pour une période de cinq ans, et je ne rate pas une réunion, contrairement à ce que pouvaient prétendre certaines mauvaises langues.

C'est un groupement qui est encore petit, qui marche très fort, avec une présidente au dynamisme exceptionnel.

Il n'y a pas de politique. En deux semaines, nous avons accueilli 22 nouvelles agences, dont les Galeries Lafayette. Ce réseau veut monter, prendre son indépendance et il va y arriver…

TourMaG.com - Mais quand même, président d'Havas Voyages, adhérent de Selectour, administrateur au Cediv… ?

Laurent Abitbol :
Je suis cumulard !

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Commentaires

1.Posté par mille sabords le 26/01/2016 13:00 | Alerter
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sans aucun lien avec l'article , une réflexion que presque toute la profession se fait dans sa tête ..suite à l' appétit des financiers Marietton investissement , Il était une fois une fable de Lafontaine....la Grenouille qui veut se faire aussi grosse que le Boeuf ....

2.Posté par Le touriste lointain le 26/01/2016 16:40 | Alerter
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Pour répondre à mille sabords, je dirais juste que je connais une grenouille qui a réussi sans que personne ne dise grand chose à avaler Selectour.
Quand à Laurent Abitbol, si je n'ai pas toujours été d'accord avec ses choix et ses positions dans la profession, je ne peux que reconnaître la force de son travail et lui souhaite bon vent dans la suite de ses aventures.

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