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Environnement : F. Pilloud, "mais papa c’est pas ton travail de vendre des billets d’avion ?"

La série (verte) de l'été 2019 par TourMaG.com


Le sur-tourisme, le transport aérien et maintenant la croisière sont montrés du doigt depuis quelques mois. En cause : leur impact sur l'environnement et leur implication dans le réchauffement climatique. Comment se positionnent les professionnels du tourisme et leur entreprise pour face à cette vague verte ? Nous leur avons posé la question. Aujourd'hui la parole à Frédéric Pilloud, directeur digital de Misterfly.


Rédigé par le Jeudi 18 Juillet 2019

"Ne tournons pas autour du pot, nous sommes très loin d’en faire assez", explique Frédéric Pilloud - DR : Misterfly
"Ne tournons pas autour du pot, nous sommes très loin d’en faire assez", explique Frédéric Pilloud - DR : Misterfly
TourMaG.com - Avec la montée en puissance de "l’avion bashing", avez-vous honte de prendre l’avion cet été ? Et où partez vous ?

Frédéric Pilloud :
Je pars 15 jours en Ecosse en famille début août en avion et je suis impatient.

Cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas avoir conscience de ce que l’on fait et de l’empreinte écologique que cela représente. Je considère les voyages comme une éducation et une découverte des autres, primordiale pour mes enfants.

A titre personnel, je préfère clairement renoncer à ma voiture (mais c’est facile à dire en étant Parisien).

Il faut aussi remettre les choses en perspective : les voyages en avion ne représentent « que » 2% des émissions de carbone mondiales (chiffre officiel de l’OACI, Organisation de l’Aviation Civile Internationale). Et grâce aux versions remotorisées de Boeing et Airbus, IATA confirme qu’un vol produit moitié moins de CO2 aujourd’hui que le même vol en 1990.

Cela ne doit pas empêcher les acteurs du tourisme de s’engager dans des démarches éco-responsables.

"J’avoue avoir eu un choc en regardant un reportage sur l'avion bashing avec ma fille de 9 ans..."

TourMaG.com - Sur-tourisme, pollution du transport aérien, des croisières… Le tourisme a été pointé du doigt cette année. Pensez-vous que 2019 est une année charnière en matière de prise de conscience du grand public et des professionnels ?

Frédéric Pilloud :
Oui et c’est une très bonne chose. Chaque secteur de l’économie doit prendre conscience de son impact et aussi l’expliquer de façon transparente à ses clients.

J’avoue avoir eu un choc en regardant un reportage sur l'avion bashing avec ma fille de 9 ans quand elle s’est retournée vers moi pour me dire : "mais papa, c’est pas ton travail de vendre des billets d’avion ?" Cette question n'est pas anodine, elle me faisait la remarque de façon indirecte : "mais t’es un gros pollueur toi."

Et me trouver sans réponse en face d’elle… Donc depuis j’ai potassé le sujet à fond, en particulier les modes de calcul du taux d’émission de CO2.

Cela ne veut pas dire que j’ai trouvé des solutions magiques à la contradiction fondamentale que mon métier reste d’envoyer des gens en vacances à l’étranger et que l’on a créé une entreprise qui fait travailler plus de 400 personnes en France grâce à cela.

TourMaG.com - Pensez-vous qu’il faille revoir la façon dont on consomme "le tourisme" ?

Frédéric Pilloud :
Il est clair que l’on a pas le choix.

Mais tous les acteurs doivent se sentir concernés et œuvrer ensemble vers des solutions plus éco-responsables : utiliser davantage les ressources locales au lieu d’importer, investir dans les véhicules électriques partout où c’est possible, proposer des solutions de transport disruptives…

Il faut aussi compenser les émissions de CO2 autant que faire se peut. Beaucoup d’associations existent et les clients y sont de plus en plus sensibles.

Toute la difficulté va aussi être d'éviter de faire entrer le tourisme dans une activité réservée uniquement à une classe supérieure qui aura les moyens de payer les droits d’entrée et autres taxes. C’est un vrai débat de société qui se cache derrière tout cela.

" ne tournons pas autour du pot, nous sommes très loin d’en faire assez..."

TourMaG.com - Et comment l’appliquez-vous ou qu’envisagez-vous pour votre entreprise ?

Frédéric Pilloud :
Tout d’abord par un tas de petites choses de notre quotidien et une implication de toutes les équipes.

Depuis la création de MisterFly, il y a 4 ans, nous avons un groupe de travail « Miss Terre Fly » qui se réunit régulièrement pour essayer d’améliorer notre empreinte écologique.

Par exemple, nous trions tous nos déchets, nous avons banni tout ce qui n’est pas réutilisable.

Nos discussions sur le sujet en interne sont assez virulentes entre ceux qui veulent aller loin et ceux qui ramènent les pieds sur Terre à cause des budgets que cela représente.

Il est toujours beaucoup plus simple de se dire écologique quand on est très rentable et que l’on peut consacrer un budget important à la cause ; mais ce n’est pas forcément encore le cas quand l’on sort à peine du statut de start-up.

Les 2 thématiques du moment sont au sein de Misterlfy sont : comment compenser les émissions de CO2 de nos clients ? et comment diminuer significativement notre dépense énergétique en interne ?

Nous soutenons aussi la démarche des EDV sur le sujet ; Nicolas (Brumelot, président de Misterfly ndlr) a co-signé la tribune de EDV publiée par Le Monde le 21 mai dernier.

Mais ne tournons pas autour du pot, nous sommes très loin d’en faire assez, ce n’est pas pour autant qu’il ne faut pas commencer et avancer.

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