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Gouvernance et développement durable : et si on passait en Scop ?

Société Coopérative et Participative


L’un des leviers pour pousser le curseur du développement durable un peu plus loin, c’est de passer par un changement de gouvernance. Et, si vous vous tourniez vers la Scop ?



Rédigé par le Jeudi 13 Juillet 2023

La Scop serait-elle la meilleure manière de rendre une entreprise durable, dans tous les sens du terme ? - DR : shane-rounce pour unsplash
La Scop serait-elle la meilleure manière de rendre une entreprise durable, dans tous les sens du terme ? - DR : shane-rounce pour unsplash
Le temps change, et l’entreprise ne fait pas exception. Alors que la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) se généralise, l’un de ses piliers, lui, reste relativement intouché : la gouvernance.

Pour le ministère de la Transition écologique, « la gouvernance d’entreprise est comprise comme l’ensemble des règles et des pratiques permettant de gérer le présent et d’anticiper le futur.

À ce titre, elle se doit de considérer et d’intégrer les enjeux environnementaux dans l’orientation et la gestion de l’entreprise »
.

En 2020, dans son rapport sur la gouvernance d’entreprise durable, le Parlement européen estime que « la gouvernance d’entreprise durable constitue un pilier important, qui permet à l’Union de mettre en place une économie à la fois résiliente et durable (...) afin de préserver et d’améliorer la compétitivité internationale des entreprises ».

Processus associant les parties prenantes

Pour lui, une telle gouvernance est « essentielle à l’objectif à long terme des entreprises d’aligner leurs activités sur la réalisation des objectifs environnementaux généraux de l’Union ».

Il est nécessaire, ajoute le rapport, de prendre en compte dans la définition de l’entreprise :

« toute incidence pertinente en matière d’environnement, de droits de l’homme et de gouvernance sur la société dans son ensemble, au-delà de la création de valeur et de la performance purement financière des entreprises ».

Un changement qui « devrait être apprécié dans le cadre d’un processus associant les parties prenantes concernées ».

Et ça tombe bien : c’est justement le fonctionnement des Scop et des Scic.

Scop : partager le pouvoir avec les salariés

Une Scop, c’est une entreprise dans laquelle les salariés associés détiennent 51% du capital. Ils ont tous vocation à devenir associé.e.s dans l’entreprise.

Ils sont aussi majoritaires au Conseil d’Administration de leur entreprise et votent en suivant le principe : « une personne : une voix ».

Les dirigeants sont dès lors responsables devant leurs salariés, qui les élisent pour un mandat pouvant aller jusqu’à 6 ans.

Dans les Scic (Société coopérative d'intérêt collectif), la coopération va plus loin encore puisque le capital s'ouvre aussi aux partenaires, aux diverses parties prenantes et même aux institutions.

« Passer à une gouvernance partagée, c’est mettre de la citoyenneté dans l’entreprise, affirmait Fatima Bellaredj, déléguée générale de la Confédération générale des Scop et des Scic lors de l’anniversaire de la fédération en PACA jeudi 29 juin 2023. Avec l’urgence écologique et les préoccupations sociales, le collectif, le fait de s’écouter permet d’aller plus loin ».

Ce fonctionnement démocratique permet de faire des choix qui seront plus bénéfiques au plus grand nombre et donc plus durables - dans tous les sens du terme.

Il permet aussi d’améliorer le bien-être au travail. Une bonne chose, dans un secteur comme le tourisme où le turn-over devient un vrai problème et où le recrutement est de plus en plus difficile : d'après l'UMIH, plus de 300 000 postes restent non pourvus cet été.

Repenser sa gouvernance et faire place à plus de démocratie pourrait faire partie de la solution.

« La coopération, c’est naturel »

Mais, quand on est patron.ne de son entreprise, cela n’est pas toujours facile de ne plus être seul maître.sse à bord.

Et c’est tout le travail de la Scop CAE Mosaïque, qui accompagne les entrepreneurs dans le changement de statut. Pour sa dirigeante, Catherine Berthonneche, « une gouvernance partagée, ça fait peur aux entrepreneur.re.s parce qu’il y a une perte du pouvoir.

Notre mission, c’est d’activer une bulle de coopération avec les partenaires, les parties prenantes. On expérimente, sans donner le nom de coopérative pour ne pas faire peur et ils se l’approprient en confiance : la métamorphose »
.

Et d’ajouter : « La coopération, c’est naturel. L’empathie on l’a en chacun de nous. Mais on ne nous a pas appris à la développer au sein d’une structure.

Mais c’est revoir toute notre éducation, ça prend du temps, ça nous met en vulnérabilité, ça remue des valeurs, ça touche à l’intime individuellement et collectivement »
.

Et c’est vrai que notre société assimile l’entreprise à la concurrence plutôt qu’à la coopération. Pourtant, c’est simplement un principe démocratique : le pouvoir n’est pas concentré dans les mains d’un seul pour que le bien commun reste la priorité.

Accepter de prendre le pouvoir

Si les dirigeants doivent apprendre à « lâcher le pouvoir », les salariés doivent quant à eux accepter de partager les responsabilités.

Un mouvement qu’il n’est pas toujours simple à mettre en pratique.

« Chacun de nous doit apprendre à prendre des responsabilités et monter, analyse Cécile Monière, cogérante et cofondatrice du LICA.

Ça ne se fait pas que dans un sens : pour déconcentrer le pouvoir, il faut que ceux qui sont au-dessus en aient moins mais il faut aussi oser en prendre. Il faut aussi apprendre à se planter et revoir notre posture personnelle par rapport au pouvoir ».

Et de regarder du côté des femmes et du partage du pouvoir dans la société et dans l’entreprise. Un partage inéquitable qui a un impact sur l’environnement, comme l’indique le Conseil économique, social et environnemental (CESE) dans son rapport : Inégalités de genre, crise climatique et transition écologique (mars 2023).

Certains vont plus loin et choisissent le modèle de la sociocratie, qui propose notamment un i[vote sans candidat. C’est le choix qu’a fait la CAE Mosaïque.

« Nous avons adapté le processus en s’entraînant sur une première élection. Ça nous a permis de voir des biais, de retravailler ensemble pour corriger le tir. Plusieurs binômes sont ressortis, bien sûr certains ont eu des réticences, ou ne s’en sentaient pas capables, mais l’un d’eux a dit oui ».

Un modèle minoritaire et qui ne conviendra pas à tous, mais qui a le mérite de pousser l’expérimentation et de faire émerger ceux qui n’auraient pas pris le pouvoir d’eux-mêmes. ]i

Pour Catherine Berthonneche, la Scop - avec ou sans sociocratie - permet de « mutualiser les fonctions régaliennes et s’investir dans son métier ».

Moins de pressions sur les épaules d’un.e seul.e, plus de pouvoir entre les mains des salariés, parties prenantes et partenaires. Mieux-être au travail, emplois plus pérennes, investissement plus fort dans l’entreprise, renforcement des politiques de développement durable...

Alors, la Scop, le modèle du monde ?

Juliette Pic Publié par Juliette Pic Spécialiste rubrique Voyages Responsables - TourMaG.com
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