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Aigle Azur : comment les pros vivent et s'adaptent au redressement judiciaire

Les réactions des professionnels du tourisme


Aigle Azur s'annonce comme le feuilleton de la fin de l'été. Après la "guerre" au niveau de la direction, la compagnie aérienne a demandé son placement en redressement judiciaire. Alors que l'inquiétude sociale est grande du côté des 1 150 salariés de la compagnie, les professionnels du tourisme se confient.


Rédigé par le Lundi 2 Septembre 2019

"Nous ne faisons plus de réservation sur Aigle Azur à moyen terme..." Jean Pariente, gérant de Massilia Voyages - Crédit photo : Aigle Azur
"Nous ne faisons plus de réservation sur Aigle Azur à moyen terme..." Jean Pariente, gérant de Massilia Voyages - Crédit photo : Aigle Azur
Les jours passent et Aigle Azur s'enfonce toujours plus dans une crise non seulement managériale, mais maintenant financière.

Alors que les rebondissements autour de sa direction ont animé les colonnes des journaux français, la compagnie vient de passer un cap, en demandant l'ouverture d'une procédure de redressement judiciaire.

Ce lundi 2 septembre 2019, un comité d’entreprise extraordinaire était convoqué avec pour thème "information-consultation sur l’ouverture d’une procédure de redressement judiciaire."

Si la situation devient de plus en plus alarmante, pour le moment la compagnie assure que l'ensemble de son activité reste inchangée et que les vols sont maintenus.

Comment les professionnels du tourisme réagissent-ils face à ce nouvel épisode ? Des décisions ont-elles été prises pour se prémunir ?

"Tout le monde s'y attendait..." - Amine Lagoune, gérant d'Algérie Tours

"Tout le monde s'y attendait malheureusement. Nous avons l'habitude depuis quelques années, que les rumeurs circulant autour d'une compagnie soient corroborés dans les faits, cela annonce une fin proche.

Le problème, pour une entreprise comme la nôtre, spécialisée sur l'Algérie, est que nous n'avons pas beaucoup de choix de compagnies. Si Aigle Azur disparaît, tout le monde va se rabattre sur Air Algérie et ce sera la panique.

Nous risquons de voir les prix flamber. Et rien ne dit qu'il y aura de la place pour tout le monde.

Nous n'avons pas beaucoup de solutions de repli, peut-être qu'Air France va récupérer les slots (créneaux horaires, ndlr). Nous sommes dans l'attente.

Depuis quelques semaines, nous nous organisons pour ne pas être dépendants d'une catastrophe, nous avons arrêté de travailler avec Aigle Azur. Le problème étant que l'on risque de se retrouver avec une seule compagnie, il faut toujours de la concurrence sur les routes.

Aigle Azur a apporté de la concurrence et a poussé Air Algérie à s'améliorer. Mais si la première tombe, rien ne dit que la compagnie algérienne va poursuivre ses efforts,
" nous a expliqué Amine Lagoune, gérant d'Algérie Tours.

"C'est embêtant, très dérangeant, mais il y a toujours un espoir... " - René-Marc Chikli, président du SETO

"Nous avons un comité exécutif jeudi et nous allons en parler.

Ce n'est plus possible de faire des commentaires sur une situation aussi rocambolesque, entre la nomination de l'un et le départ de l'autre. Un actionnaire avec de l'argent venait, on le met de côté, puis on met un représentant de je ne sais qui.

Je ne comprends pas quel serait l'intérêt du ciel français de mettre 1 150 employés sur le carreau. Je vois que le Comité interministériel de restructuration industrielle (CIRI) se met en place, c'est le début d'un grand feuilleton.

Cela me rappelle l'histoire de FRAM, avec des administrateurs qui se mettent en piste. Par la suite l'entreprise a connu des rebondissements récurrents, avec des fins annoncées.

Pour les tour-opérateurs une seule chose compte : que les vols soient assurés à l'aller comme au retour, puis nous allons voir comment le futur s'organise. Les TO veulent terminer la saison telle qu'ils l'ont prévue, avec Aigle Azur ou d'autres compagnies.

Nous sommes attentistes, c'est tout ce que nous pouvons faire. Il est évident que depuis quelques semaines, les plans de transport évoluent en temps réel, pour faire face aux difficultés de la compagnie. Nous sommes dans la popote quotidienne.

Le vrai potentiel d'Aigle Azur réside dans ses assets (atouts, ndlr), ils auront des expressions d'intérêt je n'en doute pas. Après nous allons nous intéresser au nom du futur repreneur, et nous espérons qu'il aura une grande surface financière.

Pourquoi la compagnie en est-elle arrivée là ? Je ne sais pas, mais ça me fait vaguement penser à l'aéroport de Toulouse, avec un rachat par des Chinois qui ont disparu.

Les tour-opérateurs sont évidemment inquiets et cela ne date pas d'aujourd'hui. Heureusement pour nous, septembre ce n'est pas août, et la rentrée est passée.

C'est embêtant, très dérangeant, mais il y a toujours un espoir qu'un repreneur de haut niveau se positionne et relance Aigle Azur.

Après je ne connais pas les finances de l'ensemble des tour-opérateurs. Mais un acteur qui a payé un acompte sérieux pour les vols à venir risque de se retrouver en difficulté. Cela fait partie des risques du métier.

Quant au compte séquestre, il ne vaut plus rien, nous avions inventé ça avec César Balderacchi (ancien président du SNAV, ndlr), mais ça ne vaut que pour les émissions IATA,"
explique René-Marc Chikli, président du SETO.

"Nous ne faisons plus de réservation sur Aigle Azur à moyen terme...", Jean Pariente, gérant de Massilia Voyages

"Très honnêtement, je ne suis pas plus au courant de la situation d'Aigle Azur que vous, même si nous sommes un très gros client de la compagnie.

Quand j'appelle le commercial, il me dit de ne pas écouter la presse professionnelle, et quand je vous lis, nous apprenons que le transporteur va déposer le bilan prochainement.

Vendredi dernier, nous avons eu un mail pour nous rassurer sur la situation. Nous sommes obligés de les croire.

Ce message nous disait : "Chers partenaires, voici notre dernière communication. Aigle Azur a connu ces derniers jours des événements particuliers inédits, de nombreuses informations ont circulé sur la gouvernance de la compagnie.

Nous tenons à vous rassurer, vous informer que la situation est stabilisée, sous le contrôle d'une autorité neutre provisoire.

Toutes les équipes d'Aigle Azur sont mobilisées pour assurer la continuité des activités." C'est la seule communication que j'ai reçue.

Après dans la réalité, Aigle Azur m'a planté sur le Sénégal, cela m'a coûté 2 000 euros, mais sur l'Algérie ils ont assuré tous leurs vols, avec énormément de retards.

Je pense qu'il faut être dans les hautes sphères de la compagnie pour savoir ce qu'il se passe. Ils ont peut-être un problème avec leurs fournisseurs d'avions qui souhaitent récupérer leurs appareils ? Comme la compagnie loue ses avions, les prestataires ont sans doute peur de ne pas être payés jusqu'au bout.

Pour tout vous dire, je suis très prudent sur les ventes, je ne fais aucune vente à long ou moyen terme. Les clients qui viennent pour les vacances d'octobre, je les mets sur Air Algérie. Vous savez cet été, nous avons eu jusqu'à plus de 24h de retard.

Nous n'avons que des communiqués par mail, j'ai essayé d'avoir un responsable, il ne répond pas. Je ne les boycotte pas, mais j'évite les réservations.

Si sur l'Algérie, je n'ai rien à redire car tous nos clients sont rentrés, sur Dakar, ils se sont sabordés.

Je suis arrivé à un tel point que sur la ligne Marseille-Moscou ouverte en même temps par Aeroflot, nous choisissons directement la compagnie russe pour ne pas être embêtés.

Je serais Aigle Azur, j'engagerais une armée de commerciaux sur l'IFTM Top Resa pour échanger et rassurer les agents de voyages,"
confie Jean Pariente, gérant de Massilia Voyages.

"Les Entreprises du Voyage se rapprocheront de IATA...", Jean-Pierre Mas, président des EDV

"Je ne ferai pas de commentaire sur la situation d'Aigle Azur en l'état.

Bien sûr, les Entreprises du Voyage se rapprocheront de IATA, quand nous connaîtrons exactement la gravité de la situation.

Nous ne nous trouvons pas dans le même cas qu'une cession d'activité immédiate, une fois la décision du tribunal de commerce connue, nous irons voir IATA de manière à protéger les agents de voyages et les recettes versées à l'avance dans le cadre du BSP
", explique Jean-Pierre Mas, président des Entreprises du Voyage.

Romain Pommier Publié par Romain Pommier Journaliste - TourMaG.com
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