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Bernard de la Villardière salue la création des Trophées du Voyage Responsable

l'interview de Bernard de la Villardière


Découvrez l'interview exclusive de Bernard de la Villardière, présentateur du programme Enquête exclusive sur M6 qui nous parle de sa vision du tourisme responsable.


Rédigé par Didier Audebert le Mercredi 13 Décembre 2023

Bernard de la Villardière - Photo : ©Benjamin DECOIN M6
Bernard de la Villardière - Photo : ©Benjamin DECOIN M6
Bernard de la Villardière est un cas particulier dans le paysage audiovisuel Français.

D’enquêtes sur le terrain, en enquête exclusive, il sillonne la planète depuis des dizaines d’années.

Ce « Tintin » de M6, a un sens aigu de l’observation et une expérience hors pair. Il nous livre sa vision du tourisme responsable !

Attachez vos ceintures, BDV est aux commandes.

TourMaG : Pour vous c’est quoi « voyager responsable ?

Bernard de la Villardière
: Cela commence par respecter les lieux, les habitants et les codes sociaux des pays visités. Il faut aussi veiller à ne pas « singer » les autochtones. Ce terme aussi appelé le syndrome « Trudaud » du nom du premier ministre Canadien, fait référence au tour du monde que Justin Trudaud avait réalisé en portant les tenues de chaque pays dans lesquels il se rendait. Il s’était ridiculisé. Il faut savoir rester soi-même et assumer le fait d’être un étranger hors de son pays. Quand la démarche du voyageur manque de sincérité, cela se ressent. Il faut essayer de comprendre la destination, sans se travestir en pensant s’y intégrer plus facilement et en voulant absolument partager artificiellement des coutumes et des traditions.

TourMaG : Dans quel pays étranger avez-vous voyagé pour la première fois ?

Bernard de la Villardière
: C’était en Inde et c’est la parfaite illustration de ce que je viens de décrire. Nous étions à la fin des années 70, j’avais une vingtaine d’années. Il y avait des touristes ou des hippies avec la tête rasée, habillés avec une tenue orange de bonze Bouddhiste. Je considérais que c’était une sorte de moquerie de cette religion ancestrale. L’habit ne fait pas le moine et on n’acquiert pas la connaissance et la sagesse en un jour, alors qu’il faut des années pour étudier et appliquer des préceptes religieux !

TourMag : En parlant de tenue, on vous reproche parfois vos chemises impeccables, que vous portez même au cœur d’un bidonville…

Bernard de la Villardière
: Ce n’est pas parce que je vais au fin fond d’une favélas que je vais me déguiser et mettre un tee-shirt sale et un pantalon délavé. J’essaye de rester moi-même, quel que soit l’interlocuteur, que je sois à Washington, à New Delhi, ou au fin fond de Soweto en Afrique du sud.

TourMag : Vous avez lancé « Réel », un nouveau média numérique et généraliste, tourné vers l’humain, pourquoi ?

Bernard de la Villardière
: Parce que je n’en peux plus, qu’on nous abreuve sans cesse de mauvaises nouvelles. Je voulais offrir aux gens un média positif, qui mette en avant des reportages qui traitent de sujets réjouissants : l’innovation, la solidarité, l’engagement pour le bien commun. « Réel » met en avant des reportages sur les belles initiatives en France comme à l’étranger. Nous pouvons faire des sujets très divers, pendant la semaine Green, ou en Indonésie pour traiter du réchauffement climatique et de ses conséquences sur le pays.

TourMag : Vous êtes obligés de vous déplacer sans cesse pour les besoins de vos reportages, vous portez une attention particulière à votre empreinte carbone ?

Bernard de la Villardière
: Bien sûr. Je voyage moins qu’avant et j’essaye, quand c’est possible, de grouper au maximum les plateaux, les reportages ou les présentations, dans la même zone géographique comme je viens de le faire pour plusieurs sujets aux Etats-Unis. Cela m’évite d’effectuer des allers retours à chaque fois. C’est davantage d’organisation, mais c’est important que chacun fasse des efforts.

Bernard de la Villardière : "A cette époque nous étions seuls au monde"

TourMaG : Il y a un phénomène de tourisme de masse qui contribue à mettre en danger certaines destinations. Y avez-vous déjà été confronté ?

Bernard de la Villardière
: En général, je ne vais pas dans les destinations concernées par ce genre de tourisme. J’ai pourtant le souvenir à Rio, de l’assaut du « Pain de sucre » par une foule de touristes. Je m’étais ensuite rendu en Amazonie, pour un reportage avec les « kayapos », une peuplade isolée, c’était il y a quinze ans. A cette époque nous étions seuls au monde. En y retournant récemment, j’ai eu la surprise de voir que des touristes arrivent à présent par dizaine en hélicoptère. Les voyageurs sont de plus en plus à la recherche d’exotisme et de sensations fortes. Certaines destinations préservées deviennent très fréquentées car elles sont intégrées à des circuits d’agences de voyages peu responsables.

TourMaG : Comment sortir les voyageurs des circuits classiques ?

Bernard de la Villardière
: Il existe des merveilles méconnues et les mettre en valeur serait important. Il n’y a pas que Venise, Pompéi, la Tour Eiffel, le Mont-Saint-Michel ! Ce sont des icônes, tout comme le Machu Picchu, le Mont-Blanc, et d’autres lieux emblématiques mais il faut désormais s’inscrire, patienter, attendre son tour. Bientôt il faudra attendre des mois pour recevoir l’autorisation de visiter un endroit en particulier, comme la basilique Saint-Pierre. Certaines villes, à l’image de Barcelone sont soumises à une telle pression touristique, qu’elles ont déjà prié les touristes d’aller voir ailleurs ou de revenir l’année d’après.

TourMag : Que pensez-vous des quotas imposés par certains sites touristiques ?

Bernard de la Villardière
: Quand il n’y a pas d’autres solutions, je dis : oui !

TourMag : Des voix s’élèvent également en faveur d’une limitation du nombre de voyages long-courrier par personne ? Jean-Marc Jancovici plaide pour "4 vols dans une vie", Greenpeace pour un vol long-courrier tous les ans…

Bernard de la Villardière
: Je trouve que c’est absurde. Les écolos radicaux vont me traiter de « techno-solutionniste ». Mais je suis persuadé que par l’innovation, l’inventivité humaine, nous trouverons bientôt le moyen de limiter la consommation de carburant des avions grâce notamment à l’hydrogène, aux avions solaires etc. avec l’objectif à terme, du zéro rejet. C’est la préoccupation première des fabricants et des compagnies qui ont déjà baissé drastiquement leurs émissions, avec des moteurs plus efficients.

TourMaG : Les réseaux sociaux ont fait surgir des destinations « instagrammables », quel est votre sentiment à ce sujet ?

Bernard de la Villardière
: Les gens sont prêts à tout pour la bonne photo ou vidéo qu’il ne faut pas rater. Chaque année, il y des dizaines de morts dans le monde à cause de selfies ou d’autres prises de vues périlleuses. Mais Instagram et les réseaux sociaux participent aussi à la notoriété d’un pays, d’un endroit, et à son développement.

TourMaG : Quand on est dans un endroit extraordinaire, ne vaudrait-il pas mieux le garder pour soi au lieu de le partager à toutes la planète en moins de 2 secondes ?

Bernard de la Villardière
: C’est un peu le serpent qui se mord la queue, il faut savoir être raisonnable car justement Instagram en proposant des alternatives désengorgent des destinations phares.

"Le Covid a eu la fonction improbable, d’assainir la planète, en privant les gens de voyager"

TourMaG : Dans quel pays avez-vous constaté dernièrement une dégradation accélérée à cause du tourisme ?

Bernard de la Villardière
: Je n’ai pas d’idée précise sur les pays les plus dégradés, mais une chose est sûre, le Covid a eu la fonction improbable, d’assainir la planète, en privant les gens de voyager. Cela a eu pour effet de régénérer les lieux touristiques et de provoquer une certaine prise de conscience. Il y a eu un avant et un après. Les gens sont à présent plus sensibles à l’écologie, au tourisme vert, à une « green attitude ». On a Nous avons assisté aussi à l’interdiction des paquebots à Venise. D’autres mesures ont été prise qui étaient nécessaires. On se souvient en Thaïlande de la fermeture de la plage du tournage du film : « The Beach », qui avait permise de la sauver. Il faut savoir prendre ce genre de bonnes décisions.

TourMaG : Pourriez-vous mettre à l’honneur le tourisme responsable comme thème central de votre émission « Enquête Exclusive » que vous présentez sur M6 ?

Bernard de la Villardière
: Oui mais alors sur le tourisme responsable au sens large ! Il faut savoir le définir plus précisément. La responsabilité du touriste est à plusieurs niveaux et pas seulement celui de décarboner ses déplacements, mais aussi dans son comportement et son rapport à l’autre en voyageant.

TourMaG : Quel est votre meilleur souvenir de voyage qu’il soit professionnel ou personnel ?

Bernard de la Villardière
: Les meilleurs souvenirs sont toujours les premiers ou les derniers. J’ai découvert grâce à un reportage, la Colombie que j’aime beaucoup. Je vais y retourner bientôt car c’est un pays magnifique et je porte d’ailleurs un petit bracelet Colombien qu’un ami m’a offert en venant récemment à Paris. Je dois le garder au poignet, au moins jusqu’à ma prochaine venue en 2024 car il m’a fait promettre d’aller le voir.

TourMaG : Quand vous êtes en vacances en mode personnel, où allez-vous ?

Bernard de la Villardière
: Je vais souvent en Isère où nous avons une maison de famille et l’été dernier, j’étais au Canada. J’aime aussi découvrir des pays plus proches comme la Pologne. J’ai visité Cracovie et cette ville mérite le détour. J’aimerais aussi aller en Ecosse ou au Pays de Galle bientôt.

TourMaG : Vous êtes franco-argentin. L’Argentine, vous semble-t-elle plus préservée que d’autres pays ?

Bernard de la Villardière
: Ah malheureusement non ! Ce pays est dans un contexte terrible, à cause de la corruption et du clientéliste. Au fur et à mesure que l’état révèle son incompétence, il étend ses bras. Il y a une inflation de plus de 100% par an et j’ai d’ailleurs renoncé à y partir cette année. Le niveau de pauvreté et le désespoir des Argentins m’a fait tellement de peine la dernière fois que je m’y suis rendu, que je n’ai pas voulu y retourner.

TourMaG : Il y a pourtant dans ce pays des perles environnementales !

Bernard de la Villardière
: Oui Ushuaïa, la Patagonie c’est impressionnant, tout comme le Perito Moreno. C’est un glacier gigantesque, avec des pans de glace de la taille d’immeubles qui fondent chaque année et s’abattent dans le lac en contrebas.

TourMaG : Finalement quelles sont les solutions pour que le tourisme devienne plus responsable ?

Bernard de la Villardière
: On parle beaucoup de sauver la planète, c’est d’abord l’humanité qui doit être sauvé. Il faut comprendre aussi pourquoi nous interagissons dans le même creuset avec le même destin et ce qui est responsable c’est d’apprendre à se connaître et d’arrêter de dire « qu’on a fait un pays » quand on y est resté deux jours sans rien comprendre, en cochant une destination avec une épingle sur une carte.

Le côté « cocher les cases » sans autre préoccupation et considération que la frime, cela m’exaspère ! Pour ma part, j’ai conscience de ma chance, celle d’avoir une carte de presse qui me permet de rencontrer des gens extraordinaires partout où je vais, que ce soit des personnes démunies ou des leaders. En fait, je suis tout autant passionné de relations humaines, que de voyages !


TourMaG : TourMaG a créé les trophées du voyage responsable qu’en pensez-vous ?

Bernard de la Villardière
: C’est une très bonne chose, il faut saluer toutes les initiatives qui encouragent les professionnels, les entreprises, les collectivités et par résonnance le grand public à donner plus de sens à sa mobilité.

Découvrez les Trophées du Voyage Responsable TourMaG !

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