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Croisières : la réponse musclée d'Erminio Eschena (CLIA) à Jean-Baptiste Lemoyne

Le patron de la CLIA est mécontent de l’absence de réponse apportée par le Secrétaire d’Etat


Si le tourisme va mettre énormément de temps à repartir, il est un secteur qui paraît être encore plus à la peine que les autres : la croisière. Après un début d’année marqué par les scandales sanitaires des « croisières covid » argument soulevé par Jean-Baptiste Lemoyne pour ne pas relancer les voyages des mastodontes des mers, Erminio Eschena le président de la CLIA France est monté au créneau. Il souhaite une reprise d’activité, alors que le flou le plus total demeure, même après les multiples réunions avec le Secrétaire d’Etat en charge du Tourisme.


Rédigé par le Mardi 13 Octobre 2020

"Les protocoles sanitaires mis en place par les compagnies de croisières ont montré leur robustesse et efficacité aussi bien dans la prévention et la détection de la Covid-19 que dans la maitrise de toute la chaine, à quai comme à bord ainsi qu’à terre avec uniquement des excursions « bulle ». " Photo Depositphoto.com
"Les protocoles sanitaires mis en place par les compagnies de croisières ont montré leur robustesse et efficacité aussi bien dans la prévention et la détection de la Covid-19 que dans la maitrise de toute la chaine, à quai comme à bord ainsi qu’à terre avec uniquement des excursions « bulle ». " Photo Depositphoto.com
TourMaG.com - Nous avons eu vent de votre exaspération suite à l’interview de Jean-Baptiste Lemoyne sur TourMaG.com, notamment sur la question des croisières. Que reprochez-vous au Secrétaire d’Etat ?

Erminio Eschena :
Effectivement j'ai souhaité rebondir à l'interview de M. Lemoyne publiée sur votre site. Le problème c'est que Monsieur le Secrétaire d’Etat esquive totalement votre question et n’apporte aucun élément concret au débat.

Il ne répond absolument pas à votre question (voir ci-dessous). Un ministre qui apporte une réponse uniquement en réaction à une amplification médiatique qui s'est déroulée il y a 8 mois, cela révèle une myopie qui est inquiétante.

Interview J.-B. Lemoyne : rappel de la question sur les croisières

TourMaG.com - La France a instauré une jauge relativement pénalisante pour la croisière et les navires de Costa ou MSC Croisières. Quand permettrez-vous à ces entreprises de pouvoir repartir depuis la France ?

Jean-Baptiste Lemoyne :
Si les croisières ont repris pour des compagnies françaises, avec des jauges adaptés, pour autant il y a une grande vigilance car au début de la crise, des situations assez dramatiques ont été médiatisées.

Les discussions et le travail se poursuivent avec le monde de la croisière, des protocoles renforcés ont été étudiés. La réouverture de ce secteur ne se fera que progressivement.

Cette crise est évolutive et nos réponses aussi, elle incite à beaucoup d'humilité.

Lire l'interview dans son intégralité : J.-B. Lemoyne : PGE, Ordonnance... "nous travaillons à éviter le mur de la dette dans un an"

TourMaG.com – Jean-Baptiste Lemoyne a tout de même félicité les opérateurs de la croisière et la CLIA. Que vous dit-il concernant la croisière ?

Erminio Eschena :
Il y a des échanges réguliers.

Je participe au comité de filière tourisme et je dois dire que cette initiative est tout à son honneur, c’est un point important pour notre secteur. Cela nous permet de faire un bilan de la situation et de lui faire remonter des idées de mesures pour protéger le tourisme.

Concernant la croisière, nous disposons d’un niveau d’interlocution très fluide et juste. Il possède toutes les informations relatives aux protocoles sanitaires des différents armateurs, qui émanent d’une directive européenne.

Celle-ci a été reprise et sanctuarisée par la CLIA qui engage l’ensemble des compagnies à le mettre en pratique. De plus depuis la mi-août, il a l’ensemble des retours d’expériences des acteurs comme MSC Croisières et Costa, ayant pu reprendre la mer.

Aucun cas n’est à déplorer chez les passagers ainsi que chez les membres d’équipage.

« Il est indispensable de rétablir l’offre des producteurs »

Erminio Eschena - DR
Erminio Eschena - DR
TourMaG.com – Malgré ça, rien ne bouge et rien n’avance ?

Erminio Eschena :
Lundi matin le comité interministériel du tourisme se tenait et rien ne bouge.
Les protocoles sanitaires mis en place par les compagnies de croisières ont montré leur robustesse et efficacité aussi bien dans la prévention et la détection de la Covid-19 que dans la maitrise de toute la chaine, à quai comme à bord ainsi qu’à terre avec uniquement des excursions « bulle ».

De plus, la position de la France n’est pas la bonne en se basant sur une jauge en valeur absolue, les fameux 250 passagers. Cette mesure n’est pas correcte, car elle ne prend pas en compte la diversité de l’offre des croisiéristes.

D’ailleurs la jauge relative, préconisée par les instances européennes, est déjà appliquée par les autres pays, dont l’Italie, sauf en France.

Il ne faut pas que le gouvernement oublie que l’industrie a une contribution économique majeure en France, se chiffrant en milliards d’euros par an et en dizaines de milliers d’emplois directs et indirects.

TourMaG.com – Et donc de relancer le tourisme ?

Erminio Eschena :
Toutefois, je tiens à rappeler que l’exécutif français a déployé des moyens considérables aux distributeurs, mais le temps est venu d’une vision à moyen et long terme.

Il est indispensable de rétablir l’offre des producteurs, sinon une deuxième crise va s’abattre sur les agences de voyages. Si elles n’ont plus de produits, elles n’auront plus rien à proposer à leurs clients.

Il est venu le temps de restructurer l’offre et les croisières contribuent copieusement à remplir les étals, permettant de sauver les agences.

Elles peuvent offrir à leurs clients, un embarquement de proximité. Les croisiéristes sont parmi les plus gros contributeurs aux rémunérations des agences. La commission des croisiéristes est double par rapport à la moyenne du tour-opérating classique.

Même le débat sur les tests antigéniques que tout le monde souhaite voir débarquer en France et bien cela fait des mois que les bateaux de croisières en sont dotés. Aujourd’hui, ils sont réclamés dans les aéroports français.

Il ne faut pas faire amalgame entre les mesures prises, la situation sanitaire et la reprise des croisières.

Voici un argument que l’on me rétorque souvent : comment voulez-vous que l’on puisse dire aux Marseillais ou Parisiens qu’ils ne peuvent pas aller boire un café dans le bar en bas de chez eux, mais sur un bateau de croisières.

« Un serveur à bord a dû passer 3 fois le test PCR… »

TourMaG.com – Cela vous choque ?

Erminio Eschena :
C’est un amalgame qu’il n’y a pas lieu d’être. Il n’y a pas de médecin, d’infirmière, de machine de tests dans les bars, alors qu’il en a sur les paquebots.

Un serveur pour vous apporter votre café sur un bateau, il a dû passer 3 fois le test PCR, et entre les différents tests, il passe quand même 14 jours en quarantaine par prévention. Les passagers sont aussi tous testés.

Les paquebots sont devenus des endroits extrêmement sécurisés. Il est bien dommage que la France ne considère pas ces éléments pour avoir une approche sur une reprise solide.

La reprise doit être graduelle et raisonnée. Les armateurs ont pris le temps de la réflexion, de l’élaboration et de la vérification des protocoles.

Bien évidemment le risque 0 n’existe pas, mais la robustesse ne peut pas se démontrer par apport au risque 0, mais par rapport à la faculté de celui-ci à détecter, isoler et soigner les personnes atteintes de la covid-19.

TourMaG.com – Que demandez- vous à Jean-Baptiste Lemoyne ?

Erminio Eschena :
Tout simplement qu’il revoit sa position sur une reprise raisonnée et graduelle des croisières en prenant en compte tous ces éléments.

« Nous ne savons pas qu’elles sont les conditions pour une reprise… »

TourMaG.com – Pourquoi cela bloque ?

Erminio Eschena :
Il ne nous donne pas d’autres réponses que celles citées dans votre papier.

Nous ne savons pas qu’elles sont les conditions pour une reprise alors même que la pandémie reprend en France.

Je ne suis pas là pour donner des leçons et je comprends la complexité de la situation, mais il faut donner des perspectives aux croisiéristes.

Lier la reprise d’un secteur aussi solide que celui de la croisière, sur ce qu’il s’est passé au Japon, il y a 8 mois, c’est interpelant. (Le Diamond Princess qui avait été placé en quarantaine au large de Tokyo en février, les autorités japonaises avaient refusé de débarquer les passagers. ndlr).

TourMaG.com – Les compagnies de croisières réfléchissent-elles à un futur boycott de la France ?

Erminio Eschena :
La question ne se pose absolument pas dans ces termes car la France est un pays majeur dans le développement de l’industrie de la croisière.

Il y a ici une longue histoire pas seulement au sujet des escales, mais notre secteur est présent dans toutes les latitudes de l’économie française, avec les escales, les ports de départs et la construction.

Romain Pommier Publié par Romain Pommier Journaliste - TourMaG.com
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Commentaires

1.Posté par Pierre le 14/10/2020 10:14 | Alerter
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Le non débarquement des passagers du diamond princess en février par les autorités japonaises est tout simplement de la non assistance à personne en danger . Cela a été scandaleux et c’est une grave faute du gouvernement japonais qui a mis en danger tous les passagers de cette croisière . Ce gouvernement montre le peu de compassion et d’importance qu’il a de la condition humaine au travers de cet événement. Et il a fait de ce fait beaucoup de tort à toute l’industrie des croisières qui est en pointe sur tous les process de sécurité sanitaires ou autres à bord . Aujourd’hui nous avons besoin de bulles de confort et de détente et la croisière est exactement ce qu’il faut aujourd’hui pour rassurer les voyageurs et donc ne pas le comprendre est puéril .

2.Posté par girard alain le 14/10/2020 21:49 | Alerter
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Le risque de contamination à bord d'un bateau de croisière a effectivement été fortement diminué par les procédures mises en place par la plupart des compagnies. On peut estimer qu'il est bien inférieur à celui encouru dans bien d'autres endroits, mais on ne peut pas nier qu'en vase clos comme l'est un bateau, le risque de propagation augmente exponentiellement avec le nombre de personnes.
Le principal problème qui subsiste est le risque de rester coincé à bord en raison d'un seul cas de contamination. Plusieurs cas récents (Hurtigruten, Gauguin) ont montré que les meilleures procédures pouvaient avoir leurs failles, sinon dans leur conception, mais dans leur mise en oeuvre. On doit comprendre que les clients potentiels n'ont pas envie de se retrouver confinés dans une cabine de 16 m2 (parfois sans hublot) et errer de port en port jusqu'à ce qu'une solution soit trouvée et pendant que le virus se propage à bord.
Il faudrait donc que les compagnies puissent répondre de façon claire à la question: comment seront traités les passagers si un cas se déclare à bord? modalités d' évacuation, de test, de quarantaine, de rapatriement?
La façon dont certaines grandes compagnies de croisière gèrent leurs relations clientèle en cas de réclamation ne plaide pas non plus en leur faveur. La façon dont certaines ont augmenté leurs tarifs pour les croisières de remplacement non plus.

3.Posté par girard alain le 16/10/2020 07:39 | Alerter
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Une très mauvaise nouvelle pour les propos optimistes de M.Eschena : le Costa Diadema, affrété par le voyagiste Français TMR vient d'interrompre sa croisière musicale en Méditerranée.
Les raisons de cette interruption sont très obscures.
Costa déclare "compte tenu de la situation épidémiologique en France, nous avons décidé de mettre fin prématurément à la croisière Costa Diadema , que Costa opère pour le compte d'un voyagiste français, avec uniquement des passagers français à bord. Ce choix responsable a été fait afin de permettre aux passagers de rentrer en toute sécurité dans leur pays d'origine et d'assurer la santé de nos équipages et des communautés que nous visitons »
Comment cela va t'il se passer pour les clients, qui ont déjà subi un pénible transport en bus Marseille-Gènes?
Comment sera géré le problème de leurs transports, organisés par eux à une date différente? Comment seront ils indemnisés des jours de croisière perdus?
En tous cas on est loin des affirmations de M.Eschena.

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