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Disparition Boeing 777 Malaysia Airlines : malgré la cacophonie, le mystère n'a pas été résolu...

Lire l'interview de Jean Belotti, expert aérien


Cela fera 5 ans, jour pour jour, que le Vol MH370 de Malaysia Airlines, a disparu sans laisser de traces. Le mystère demeure entier quant aux raisons qui ont provoqué le crash de l'appareil qui n'a jamais été retrouvé. Notre expert aérien de l'époque, Jean Belotti, avait rappelé l'affaire lorsque on a découvert un flaperon le 29 juillet 2015 sur une plage à la Réunion, découverte suivie d'un emballement médiatique. Interview.


Rédigé par le Vendredi 8 Mars 2019

La découverte de ce morceau d’avion ne signifie pas “la fin du mystère” !  /photo dr
La découverte de ce morceau d’avion ne signifie pas “la fin du mystère” ! /photo dr
TourMaG.com - Que pensez-vous de la reprise de l’intérêt porté à la disparition du Boeing 777 de Malaysia Airlines, à la suite de la découverte de débris, faite le 29 juillet 2015 à la Réunion, alors que l’avion avait disparu le 8 mars 2014 ?

Jean Belotti
: À de nombreuses reprises j’ai donné les raisons pour lesquelles je désapprouvais ce type d’information d’heure à heure : cacophonie et succession de redites, contradictions, démentis, sources de confusions.

Si le « show » qui a duré une semaine n’a rien apporté à la manifestation de la vérité, il a, en revanche, crée le trouble dans les esprits.

TourMaG.com - Probablement du fait des contradictions que vous avez citées ?

J.B.
: Effectivement ! Le 5 août, après une journée d'analyses des enquêteurs français du débris d’une aile (« flaperon ») le procureur adjoint de la République de Paris a déclaré : « il existe de très fortes présomptions que le débris retrouvé à La Réunion appartient bien à l’appareil de la Malaysia Airlines ».

Quant au ministre Malaysien - étant donné que les experts français ont confirmé qu’il s’agissait bien du flaperon d’un Boeing 777 - il a déclaré que l’élément d’aile appartenait à celui du vol MH370 de Malaysia AL.

Il en est résulté une contradiction entre la « certitude » politique du ministre Malaysien et la « forte présomption » du vice-procureur français, qui laisse un tout petit espoir aux familles des victimes de retrouver des passagers sains et saufs !

Certes bien maigre espérance mais qui, cependant, a conduit lesdites familles à s’exprimer à la télévision pour déclarer qu’elles n’avaient plus confiance aux Autorités de leur pays..

Ces désolants constats proviennent du manque de coordination entre les différents intervenants que sont les politiques, les enquêteurs techniques (BEA) et les enquêteurs judiciaires, dont les objectifs sont différents.

De plus, cette précipitation à divulguer des informations non vérifiées et hypothèses ne peut qu’aggraver la douleur des familles des victimes.

Si des commentateurs (Jules Roy, Michel Polacco) ont bien compris que la justice française devait logiquement se montrer prudente, d’autres s’en sont étonnés et ont même émis des critiques.

Ce faisant, ils ont montré leur méconnaissance des procédures judiciaires.

En effet, le procureur ne pourra confirmer la certitude de l’appartenance du flaperon au Boeing777 de Malaysia AL que lorsqu’aura été découverte une preuve irréfragable telle que, par exemple, une plaque d’identification (SN « serial number »).

TourMaG.com - Il a été déclaré que la découverte de ce morceau d’avion signifiait “la fin du mystère” !

J.B. :
C’est un titre accrocheur, mais qui n’a aucun sens. En fait, il ne s’agit que d’une première découverte qui permet de débuter la phase de l’enquête technique.

Or, sauf si les analyses en cours montrent qu’il y a eu explosion en vol ou destruction par missile, elles ne pourront que confirmer que la pièce fait bien partie d’un B777, voire de celui de Malaysia AL. Cela étant dit, elles ne permettront pas de connaître ce qui s’est passé à l’intérieur de cet avion ?

TourMaG.com - Bien sûr, ce qui ne pourra se faire que lorsque les boîtes noires auront été retrouvées...

J.B.
: En effet, seules les deux boîtes noires apporteront de précieuses informations sur le déroulement de ce vol. En attentant, aucune des diverses hypothèses émises ne peut être validée.

Certes, un avion qui vole pendant 8 heures et tombe en mer étant à court de carburant ne peut pas être sous le contrôle d’un kamikaze suicidaire qui aurait logiquement poussé le manche en avant jusqu’à l’impact. Mais alors, pourquoi l’avion a-t-il changé de cap ?

Pourquoi le transpondeur a t-il été mis sur « Off » ? Pourquoi le système de transmission par satellites des “accars” a-t-il été déconnecté, ce qui ne peut être fait que par des initiés ? Présence de kamikazes en cabine ? Pilote lui-même kamikaze, mais ayant perdu le contrôle de l’avion ?

TourMaG.com - Quelle suite sera donnée après cette première fausse espérance de connaître la vérité, alors que le coût des recherches déjà engagées est déjà très élevé ?

J.B. :
Vous savez que des recherches ont été déclenchées à proximité de l’île de La Réunion, en vue de découvrir d’autres morceaux de l’avion.

Quant à la localisation du lieu du crash, le directeur du BEA et Michel Polacco ont rappelé que la prise en compte des courants marins n’était pas une bonne piste de recherche, comme cela a été constaté à la suite du crash du Rio/Paris, à la suite duquel les boîtes noires ont été retrouvées en dehors desdits courants marins.

Ils ont également expliqué que la dérive des pièces dépendait certes des courants marins, lesquels agissent sur la partie immergée, mais également des vents sur la partie non immergée.

Il en résulte que la zone d’incertitude estimée couvre une surface d’environ 800 km2. Force est donc d’admettre qu’ici il ne s’agit pas de chercher une épingle dans une botte de foin, mais de rechercher la botte de foin !

Or, bien que la probabilité de retrouver les boîtes noires soit bien faible, on ne peut écarter une découverte providentielle... “Cross fingers” !

TourMaG.com - Une conclusion ?

J.B. :
S’armer de beaucoup de patience, laisser les enquêteurs faire leurs recherches. Cessons de reformuler les mêmes hypothèses, des heures durant, pour ne rien dire qui contribue à la manifestation de la vérité, tout en jetant le trouble et en remuant le couteau dans la plaie des familles des victimes, augmentant leur traumatisme, alors que depuis plus d’un an, elles n’ont pas encore pu commencer leur travail de deuil !

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