Tourisme à Venise : selon les estimations, ce week-end de 3 jours a vu défiler chaque jour environ 120 000 visiteurs, dont 40 000 de proximité - Depositphotos.com Auteur mikdam
A Venise, durant le week-end de PĂąques, les journaux ont tous titrĂ© sur le retour massif de la clientĂšle touristique : « Venise prise dâassaut » titrait Venezia Today, avec pour sous titre « Un week end de PĂąques dĂ©lirant » !
Ils ont aussi tous affichĂ© en une des images terrifiantes du Rialto et de la Place Saint Marc ployant sous le poids de lĂ©gions dâindividus cherchant Ă se frayer un passage dans la cohue. A 11 heures du matin, le samedi, tous les parkings de Mestre Ă©taient complets, un pont Ă©tait fermĂ©, les navettes maritimes saturĂ©es et les files dâattente interminables devant les « vaporetto ».
Quant aux chambres chez lâhabitant plus que les hĂŽtels, elles Ă©taient occupĂ©es pour la soirĂ©e alors quâĂ Mestre les tarifs hĂŽteliers sâenvolaient autour de 200 euros la nuit ! Mieux, la citĂ© des doges annonçait ĂȘtre dĂ©sormais complĂšte jusquâĂ la fin du mois dâavril.
Selon les premiĂšres estimations, ce week-end de 3 jours a vu dĂ©filer chaque jour environ 120 000 visiteurs, dont 40 000 de proximitĂ© ! Pour une ville de moins de 50 000 habitants dont la population dĂ©croit dâannĂ©e en annĂ©e, câest beaucoup. Enfin, câest trop !
AprĂšs un hiver mitigĂ© durant lequel port du masque et protocoles sanitaires freinaient la plupart des voyageurs, La SĂ©rĂ©nissime qui se flatte de retrouver des niveaux de frĂ©quentation de 2019, ne donne donc pas le bon exemple. Et lâopposition municipale de sâindigner « Câest le chaos, câest comme avant !. »
Ils ont aussi tous affichĂ© en une des images terrifiantes du Rialto et de la Place Saint Marc ployant sous le poids de lĂ©gions dâindividus cherchant Ă se frayer un passage dans la cohue. A 11 heures du matin, le samedi, tous les parkings de Mestre Ă©taient complets, un pont Ă©tait fermĂ©, les navettes maritimes saturĂ©es et les files dâattente interminables devant les « vaporetto ».
Quant aux chambres chez lâhabitant plus que les hĂŽtels, elles Ă©taient occupĂ©es pour la soirĂ©e alors quâĂ Mestre les tarifs hĂŽteliers sâenvolaient autour de 200 euros la nuit ! Mieux, la citĂ© des doges annonçait ĂȘtre dĂ©sormais complĂšte jusquâĂ la fin du mois dâavril.
Selon les premiĂšres estimations, ce week-end de 3 jours a vu dĂ©filer chaque jour environ 120 000 visiteurs, dont 40 000 de proximitĂ© ! Pour une ville de moins de 50 000 habitants dont la population dĂ©croit dâannĂ©e en annĂ©e, câest beaucoup. Enfin, câest trop !
AprĂšs un hiver mitigĂ© durant lequel port du masque et protocoles sanitaires freinaient la plupart des voyageurs, La SĂ©rĂ©nissime qui se flatte de retrouver des niveaux de frĂ©quentation de 2019, ne donne donc pas le bon exemple. Et lâopposition municipale de sâindigner « Câest le chaos, câest comme avant !. »
La fausse guerre du maire de Venise
Pourtant, Ă peu prĂšs au mĂȘme moment, le maire de la SĂ©renissime, Luigi Brugnaro confirmait avec sa verve habituelle partir en guerre contre le sur-tourisme et annonçait ĂȘtre sur le point de mettre en place les fameux portiques ouvrant un accĂšs payant Ă la ville pour la clientĂšle de « day trippers ». Tarif prĂ©vu : 10 euros avec un dĂ©gressif certains jours.
Mois de mise en place : Juin 2022. Pour une expĂ©rimentation de 6 mois. Et lâĂ©dile en quĂȘte de popularitĂ© de sâexclamer que la loi votĂ©e en 2018 fera de « Venise la premiĂšre ville du monde Ă mettre en place de telles mesures ! » Dâautant que les billets dâentrĂ©e dans la ville seront accompagnĂ©s de quelques « incentives sous la forme de billets promotionnels pour les musĂ©es⊠».
Ainsi, poursuit encore le maire, « on limitera la frĂ©quentation Ă environ 50 000 visiteurs par jour ». Bonne volontĂ© ? Sauf que tout le monde nâest pas convaincu de la bonne foi de lâĂ©quipe municipale taxĂ©e dâhypocrisie.
A lire aussi : Tourisme Ă Venise : vivre ou mourir ?
Mois de mise en place : Juin 2022. Pour une expĂ©rimentation de 6 mois. Et lâĂ©dile en quĂȘte de popularitĂ© de sâexclamer que la loi votĂ©e en 2018 fera de « Venise la premiĂšre ville du monde Ă mettre en place de telles mesures ! » Dâautant que les billets dâentrĂ©e dans la ville seront accompagnĂ©s de quelques « incentives sous la forme de billets promotionnels pour les musĂ©es⊠».
Ainsi, poursuit encore le maire, « on limitera la frĂ©quentation Ă environ 50 000 visiteurs par jour ». Bonne volontĂ© ? Sauf que tout le monde nâest pas convaincu de la bonne foi de lâĂ©quipe municipale taxĂ©e dâhypocrisie.
A lire aussi : Tourisme Ă Venise : vivre ou mourir ?
La guerre contre le commerce informel
Pendant que Venise a Ă©tĂ© prise dâassaut, Florence lâa Ă©tĂ© aussi, mais un peu moins. La presse locale annonce un taux dâoccupation de 70%. Soit quasiment un retour Ă la normale.
Avec cependant toujours des embouteillages dans le centre, et dans la cĂ©lĂšbre galerie des offices. A SĂ©ville en revanche, durant la cĂ©lĂšbre « Semana santa » les taux dâoccupation se sont envolĂ©s Ă plus de 80%. Un phĂ©nomĂšne commun Ă lâensemble de lâAndalousie qui a enregistrĂ© 878 000 arrivĂ©es, un record historique de plus de 9% par rapport Ă lâannĂ©e 2019.
Et pour prouver ses capacités à fournir des statistiques quasiment instantanées, la municipalité indique que les caméras ont enregistré plus de 2 millions de mouvements de personnes tandis que le métro a transporté 655 000 passagers. Encore plus précis, on estime la dépense moyenne par jour et par personne à 72,4 euros !
Quant Ă Paris, elle a aussi bĂ©nĂ©ficiĂ© dâune forte affluence qui, en lâabsence de chiffres prĂ©cis, se mesurait dâun simple coup dâĆil dans les quartiers traditionnellement prisĂ©s des touristes : Montmartre, la place du TrocadĂ©ro, les bords de Seine, lâesplanade du LouvreâŠ
Les bateaux mouches pour leur part Ă©taient bondĂ©s, les bus de sight-seeing aussi. Et, les spots habituels submergĂ©s par des marĂ©es dâindividus bien chaussĂ©s, le smarphone solidement en main, impatients de grimper sur la Tour Eiffel ou de sâĂ©taler sur les marches du SacrĂ© CĆur le temps de dĂ©vorer un sandwich et dâinstagrammer un selfie.
Selon Frank Delvau, prĂ©sident de lâUmih de Paris Ăle-de-France, citĂ© par France Info « les touristes sont "quatre Ă cinq fois" plus nombreux par rapport Ă la mĂȘme pĂ©riode lâan dernier ». On retrouve donc des niveaux de 2019 !
Avec cependant toujours des embouteillages dans le centre, et dans la cĂ©lĂšbre galerie des offices. A SĂ©ville en revanche, durant la cĂ©lĂšbre « Semana santa » les taux dâoccupation se sont envolĂ©s Ă plus de 80%. Un phĂ©nomĂšne commun Ă lâensemble de lâAndalousie qui a enregistrĂ© 878 000 arrivĂ©es, un record historique de plus de 9% par rapport Ă lâannĂ©e 2019.
Et pour prouver ses capacités à fournir des statistiques quasiment instantanées, la municipalité indique que les caméras ont enregistré plus de 2 millions de mouvements de personnes tandis que le métro a transporté 655 000 passagers. Encore plus précis, on estime la dépense moyenne par jour et par personne à 72,4 euros !
Quant Ă Paris, elle a aussi bĂ©nĂ©ficiĂ© dâune forte affluence qui, en lâabsence de chiffres prĂ©cis, se mesurait dâun simple coup dâĆil dans les quartiers traditionnellement prisĂ©s des touristes : Montmartre, la place du TrocadĂ©ro, les bords de Seine, lâesplanade du LouvreâŠ
Les bateaux mouches pour leur part Ă©taient bondĂ©s, les bus de sight-seeing aussi. Et, les spots habituels submergĂ©s par des marĂ©es dâindividus bien chaussĂ©s, le smarphone solidement en main, impatients de grimper sur la Tour Eiffel ou de sâĂ©taler sur les marches du SacrĂ© CĆur le temps de dĂ©vorer un sandwich et dâinstagrammer un selfie.
Selon Frank Delvau, prĂ©sident de lâUmih de Paris Ăle-de-France, citĂ© par France Info « les touristes sont "quatre Ă cinq fois" plus nombreux par rapport Ă la mĂȘme pĂ©riode lâan dernier ». On retrouve donc des niveaux de 2019 !
La pollution permanente
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Mais, si les professionnels du tourisme ont le sourire, on ne peut en dire autant dâune partie des visiteurs particuliĂšrement dĂ©sappointĂ©s par lâaffluence que certains ont eu la naĂŻvetĂ© de ne pas attendre. Croyant toujours Ă lâeffet « pandĂ©mie », ils avaient supposĂ© Paris tranquille. Or, « ce fut tout le contraire », nous ont-ils dĂ©clarĂ©.
Certes, le beau temps a arrangĂ© les choses mais il a contribuĂ© Ă conjuguer population rĂ©sidente et touristique dans certains espaces comme les quais de Seine et les pistes cyclables oĂč il nâĂ©tait pas particuliĂšrement plaisant de devoir jouer des coudes, harcelĂ©s qui plus est, par des nuĂ©es de chauffeurs de vĂ©hicules roulants de plus en plus divers, pressĂ©s de vendre des visites « sauvages » de la capitale.
Câest que cyclo pousses traditionnels ou Ă©lectriques, Beer-Bikes, trottinettes et autres bicyclettes encombrent dĂ©sormais les rues et les trottoirs et contribuent Ă augmenter les pollutions touristiques. Pollutions auxquelles il faut lier les effectifs plĂ©thoriques des malheureux vendeurs Ă la sauvette.
Ceux- lĂ mĂȘme qui, trimant de longues heures pour vendre une Tour Eiffel fabriquĂ©e Ă Hong-Kong ou un chapeau, sous la menace permanente dâĂȘtre arrĂȘtĂ©s par une police, se retrouvent sur tous les sites touristiques du monde et sont devenus depuis quelques jours la nouvelle cible du maire de Venise.
Pour en revenir Ă Venise, le maire de la ville a en effet profitĂ© des vacances de PĂąques pour annoncer son intention de parfaire son dispositif anti tourisme en luttant contre les petits commerces de souvenirs plus ou moins sauvages ne provenant pas de la production locale vĂ©nitienne. Câest-Ă -dire que les masques par exemple et autres dĂ©guisements et bijoux non fabriquĂ©s dans la rĂ©gion devaient plier bagage et laisser la place Ă des marchandises purement vĂ©nitiennes.
« Durant les trois prochaines annĂ©es, rapporte le Corriere della la sera, dans toutes les zones oĂč l'on enregistre un grand trafic piĂ©ton et oĂč l'on trouve des Ă©difices protĂ©gĂ©s, il n'y aura plus d'autorisations pour ouvrir de nouveaux commerces qui vendent de la marchandise de mauvaise qualitĂ© » !
Mais ne sâagit-il pas encore dâun effet dâannonce ? Car, il y a quelques annĂ©es, Florence avait aussi voulu engager une chasse aux boutiques de Kebab et autres sandwicheries vendant des produits non apparentĂ©s Ă la culture culinaire toscane et nâa toujours pas gagnĂ© la partie. Il nâempĂȘche que Luigi Brugnaro a fait parler de lui et a remis sur le tapis un problĂšme majeur pour le tourisme de demain auquel tout le monde devrait sâatteler.
Mais qui le fera ?
Quand le sociologue Marc AugĂ© dans son ouvrage « Non lieux » comparait les villes touristiques Ă des parcs Ă thĂšmes et quand la gĂ©ographe Sylvie Brunel dĂ©nonçait la « disneylandisation du monde », ils nâexagĂ©raient pas le trait. Ils Ă©taient lucides face Ă un flĂ©au que lâon ne semble pas vraiment prĂȘts Ă vouloir combattre avec les bonnes armes.
Certes, le beau temps a arrangĂ© les choses mais il a contribuĂ© Ă conjuguer population rĂ©sidente et touristique dans certains espaces comme les quais de Seine et les pistes cyclables oĂč il nâĂ©tait pas particuliĂšrement plaisant de devoir jouer des coudes, harcelĂ©s qui plus est, par des nuĂ©es de chauffeurs de vĂ©hicules roulants de plus en plus divers, pressĂ©s de vendre des visites « sauvages » de la capitale.
Câest que cyclo pousses traditionnels ou Ă©lectriques, Beer-Bikes, trottinettes et autres bicyclettes encombrent dĂ©sormais les rues et les trottoirs et contribuent Ă augmenter les pollutions touristiques. Pollutions auxquelles il faut lier les effectifs plĂ©thoriques des malheureux vendeurs Ă la sauvette.
Ceux- lĂ mĂȘme qui, trimant de longues heures pour vendre une Tour Eiffel fabriquĂ©e Ă Hong-Kong ou un chapeau, sous la menace permanente dâĂȘtre arrĂȘtĂ©s par une police, se retrouvent sur tous les sites touristiques du monde et sont devenus depuis quelques jours la nouvelle cible du maire de Venise.
Pour en revenir Ă Venise, le maire de la ville a en effet profitĂ© des vacances de PĂąques pour annoncer son intention de parfaire son dispositif anti tourisme en luttant contre les petits commerces de souvenirs plus ou moins sauvages ne provenant pas de la production locale vĂ©nitienne. Câest-Ă -dire que les masques par exemple et autres dĂ©guisements et bijoux non fabriquĂ©s dans la rĂ©gion devaient plier bagage et laisser la place Ă des marchandises purement vĂ©nitiennes.
« Durant les trois prochaines annĂ©es, rapporte le Corriere della la sera, dans toutes les zones oĂč l'on enregistre un grand trafic piĂ©ton et oĂč l'on trouve des Ă©difices protĂ©gĂ©s, il n'y aura plus d'autorisations pour ouvrir de nouveaux commerces qui vendent de la marchandise de mauvaise qualitĂ© » !
Mais ne sâagit-il pas encore dâun effet dâannonce ? Car, il y a quelques annĂ©es, Florence avait aussi voulu engager une chasse aux boutiques de Kebab et autres sandwicheries vendant des produits non apparentĂ©s Ă la culture culinaire toscane et nâa toujours pas gagnĂ© la partie. Il nâempĂȘche que Luigi Brugnaro a fait parler de lui et a remis sur le tapis un problĂšme majeur pour le tourisme de demain auquel tout le monde devrait sâatteler.
Mais qui le fera ?
Quand le sociologue Marc AugĂ© dans son ouvrage « Non lieux » comparait les villes touristiques Ă des parcs Ă thĂšmes et quand la gĂ©ographe Sylvie Brunel dĂ©nonçait la « disneylandisation du monde », ils nâexagĂ©raient pas le trait. Ils Ă©taient lucides face Ă un flĂ©au que lâon ne semble pas vraiment prĂȘts Ă vouloir combattre avec les bonnes armes.
Journaliste, consultante, confĂ©renciĂšre, Josette Sicsic observe depuis plus de 25 ans, les mutations du monde afin dâen analyser les consĂ©quences sur le secteur du tourisme.
AprĂšs avoir dĂ©veloppĂ© pendant plus de 20 ans le journal Touriscopie, elle est toujours sur le pont de lâactualitĂ© oĂč elle dĂ©code le prĂ©sent pour prĂ©voir le futur. Sur le site www.tourmag.com, rubrique Futuroscopie, elle publie plusieurs fois par semaine les articles prospectifs et analytiques.
Contact : 06 14 47 99 04
Mail : touriscopie@gmail.com
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