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Futuroscopie - Un touriste psychopathe : quels conseils pour le combattre ? 🔑

Le décryptage de Josette Sicsic (Futuroscopie)


A l’issue de l’article « Un touriste psychopathe peut-il contribuer Ă  sauver la planĂšte ? », nous ne pouvons pas rester sur une note nĂ©gative. En effet, malgrĂ© les freins anthropologiques Ă©numĂ©rĂ©s, il est quelques moyens disponibles pour Ă©viter que notre planĂšte brĂ»le dans les dĂ©cennies Ă  venir. Et certains sont dĂ©jĂ  expĂ©rimentĂ©s ou faciles Ă  mettre en place. Lesquels ?
Revenons Ă  « Human Psycho » et Ă  l’analyse de son auteur : SĂ©bastien Bohler.


Rédigé par le Mardi 13 Septembre 2022

Il convient de fournir Ă  l’humanitĂ© une vision de ce qu’il adviendra d’elle. Malheureusement, la grande majoritĂ© de l’humanitĂ© n’a pas de vision de l’avenir - Depositphotos.com Auteur gearstd
Il convient de fournir Ă  l’humanitĂ© une vision de ce qu’il adviendra d’elle. Malheureusement, la grande majoritĂ© de l’humanitĂ© n’a pas de vision de l’avenir - Depositphotos.com Auteur gearstd
Premier point : « La nature psychopathique de l’humanitĂ© repose sur 4 caractĂ©ristiques, dĂ©clare le chercheur : l’ego surdimensionnĂ©, le manque d’empathie, la manipulation, l’irresponsabilitĂ©. Tout traitement, poursuit-il, qui vise un rĂ©sultat devra donc traiter ces quatre symptĂŽmes ».

Prenons le premier postulat : l’humanitĂ© « civilisĂ©e » est atteinte d’une nĂ©vrose grave que l’on pourrait traduire par un terme plus simple : un complexe de supĂ©rioritĂ©.

PlacĂ©e sur un piĂ©destal par la philosophie, la littĂ©rature, la science, l’humanitĂ© se croit sortie de la cuisse de Jupiter et capable, grĂące Ă  son intelligence jugĂ©e exceptionnelle, de domestiquer et dominer l’ensemble de l’univers.



DĂ©monter l’illusion de surpuissance

Pire, les trois grandes religions monothĂ©istes (christianisme, judaĂŻsme, islam) considĂšrent et dĂ©crivent l’homme comme la crĂ©ation suprĂȘme de Dieu. Donc, celle qu’il convient de dĂ©fendre et prĂ©server Ă  tout prix. Pour y parvenir, ces religions ont inventĂ© la charitĂ© Ă  destination de la communautĂ© humaine et contribuĂ© Ă  promouvoir la notion de sauvegarde absolue des hommes et des femmes.

Ainsi, lorsqu’une catastrophe quelconque survient, son degrĂ© de gravitĂ© est estimĂ© par rapport au nombre de dĂ©cĂšs humains provoquĂ©s. Les incendies qui ont ravagĂ© la forĂȘt des Landes en Gironde n’ayant pas fait de victimes, leur gravitĂ© est jugĂ©e relative.

En revanche, dĂšs qu’une intempĂ©rie cause des morts (comme l’orage exceptionnel qui a affectĂ© la Corse et tuĂ© cinq personnes), on Ă©voque un drame.

S’inspirer des religions orientales et de leur respect du vivant

Fort heureusement, depuis quelques annĂ©es, nos religions monothĂ©istes Ă  l’origine de cette survalorisation de l’homme (et de la femme) se laissent concurrencer par les religions orientales qui, pour leur part, accordent une part trĂšs importante Ă  l’ensemble du vivant.

Ainsi, un des buts du bouddhisme est d’élargir la compassion Ă  tout ce qui vit. L’hindouisme pour sa part a toujours considĂ©rĂ© la nature et ses habitants comme indissociables des humains.

A tel point qu’une religion comme le « jainisme » qui en est dĂ©rivĂ©e et qui est considĂ©rĂ©e comme la religion de la non-violence, prĂ©conise Ă  ses millions d’adeptes de porter un soin infini Ă  la prĂ©servation de l’ensemble des insectes, animaux et autres plantes en mangeant vĂ©gĂ©tarien et portant des voiles sur la bouche pour Ă©viter de happer par inadvertance un micro ĂȘtre vivant !

Pour les jaïns « toutes les vies sont interdépendantes et se doivent un respect et une assistance mutuelle ».

Autre exemple : les vĂ©ganes de plus en plus nombreux dans nos sociĂ©tĂ©s qui refusent pour leur part la consommation de produits d’origine animale tant sur le plan alimentaire que vestimentaire. Ni Ɠuf, ni laine, ni cuir !


 Un tel essor contribue bien entendu Ă  la cause environnementale et ne peut qu’ĂȘtre saluĂ© comme un pas en avant d’autant plus important qu’il est soutenu par toutes sortes d’association et ONG dont les actions contribuent Ă  faire Ă©voluer l’opinion en faveur d’une prise en compte ontologique du vivant.

Les mobilisations citoyennes autour des arbres et autres espaces naturels sont aussi bon signe. Mais, est-ce suffisant ?

DĂ©clencher des rĂ©flexes d’empathie collective

Oui et non. En fait, pour l’auteur d’« Human Psycho », il s’agit de crĂ©er une empathie collective Ă  l’égard du vivant. Pour cela, il convient bel et bien de faire connaĂźtre et expliquer la souffrance de tous les ĂȘtres mis Ă  rude Ă©preuve par les exactions de l’humanitĂ©.

La nature, affirme-t-il, a bien une Ăąme comme les Indiens en avaient une lorsque les Espagnols les ont maltraitĂ©s sous prĂ©texte qu’ils ne croyaient pas en leur Dieu.

L’auteur considĂšre donc qu’une controverse Ă  la façon de celle de Valladolid devrait ĂȘtre organisĂ©e en faveur des animaux.

MĂȘme constat pour les fleuves, les riviĂšres, les montagnes
 des entitĂ©s gĂ©ographiques mises Ă  mal par l’industrialisation de la planĂšte avec tout le cortĂšge d’ĂȘtres vivants qu’elles abritent qui sont menacĂ©es d’érosion voire de disparition.

A tel point que, pour lutter contre ce fléau, il convient de développer ces tribunaux des droits de la nature comme il en existe déjà en Equateur, Chili, Allemagne.

« Cette voie est prometteuse car l’instrument juridique permet d’amener le psychopathe Ă  reconnaitre l’autre comme un sujet Ă  part entiĂšre ».

A lire aussi : FUTUROSCOPIE - Justice climatique : du crime au délit d'écocide

Développer la responsabilité

Autre moyen encore de progresser : la responsabilisation de l’exĂ©cutant. J’explique : quand un ouvrier est chargĂ© de couper des arbres afin de libĂ©rer une voie qui servira Ă  un tramway, il n’est pas conscient des souffrances de l’arbre et ne sait pas ce qui va advenir de cette voie et des gens qui l’utiliseront. Il est dispensĂ© de rĂ©flĂ©chir.

On lui donne des consignes. Il obĂ©it. Or, c’est tout le contraire qu’il faudrait faire. L’échange entre donneur d’ordres et exĂ©cutant est indispensable pour faire avancer la cause environnementale.

Et les responsables qui donnent des ordres doivent aussi savoir ce qui va advenir des actes qu’ils initient. Il convient de donner à toute la chaüne de travailleurs une conscience à long terme.

Penser le futur devient de plus en plus indispensable

Enfin, pour aider une sociĂ©tĂ© en proie Ă  l’éco anxiĂ©tĂ© Ă  la vue des traumatismes subis par la planĂšte, il convient de fournir Ă  l’humanitĂ© une vision de ce qu’il adviendra d’elle. Malheureusement, la grande majoritĂ© de l’humanitĂ© n’a pas de vision de l’avenir.

Elle vit dans le prĂ©sent. C’est pourquoi, Ă©crit l’auteur, « la derniĂšre tĂąche Ă  laquelle les humains devront s’atteler sera de doter leurs institutions, leurs universitĂ©s, leurs laboratoires, leurs moyens de communication
 d’une fonction d’anticipation ».

Ce qui peut sembler abstrait mais est trĂšs facile Ă  mettre en place. A condition cependant que les prĂ©dictions soient couplĂ©es Ă  l’action.

« L’esprit humain doit ĂȘtre capable de visualiser les consĂ©quences de chaque action envisagĂ©e et de la traduire par un blocage de l’action » si celle-ci est nuisible.

« La fonction anticipatrice est la condition indispensable Ă  la guĂ©rison d’une humanitĂ© psychopathe et de sa cĂ©citĂ© face au futur ».

S’unir malgrĂ© les diktats de l’économie

Dernier point : le chercheur ne dĂ©daigne pas du tout la capacitĂ© des Ă©tats Ă  s’unir et Ă  s’organiser pour faire prĂ©valoir les intĂ©rĂȘts de l’humanitĂ© sur les intĂ©rĂȘts Ă©conomiques et politiques des uns et des autres. « Aujourd’hui, il faut s’unir pour Ă©viter qu’un super prĂ©dateur mette toute notre planĂšte Ă  feu et Ă  sang » conclut SĂ©bastien Bolher. On s’en doutait. Mais cela va mieux en le disant.

Lire : Human Psycho. SĂ©bastien Bohler. Editions Bouquins.

A lire aussi : Vraiment trop bĂȘte... la cause animale l'emportera-t-elle sur le divertissement ?

Josette Sicsic - DR
Josette Sicsic - DR
Journaliste, consultante, confĂ©renciĂšre, Josette Sicsic observe depuis plus de 25 ans, les mutations du monde afin d’en analyser les consĂ©quences sur le secteur du tourisme.

AprĂšs avoir dĂ©veloppĂ© pendant plus de 20 ans le journal Touriscopie, elle est toujours sur le pont de l’actualitĂ© oĂč elle dĂ©code le prĂ©sent pour prĂ©voir le futur. Sur le site www.tourmag.com, rubrique Futuroscopie, elle publie plusieurs fois par semaine les articles prospectifs et analytiques.

Contact : 06 14 47 99 04
Mail : touriscopie@gmail.com

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