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Vraiment trop bête... la cause animale l'emportera-t-elle sur le divertissement ?

Le décryptage de Josette Sicsic (Futuroscopie)


Malgré l’avis de Pierre Godlewski, la disparition des zoos, des cirques, des safaris et autres spectacles mettant en scène des animaux est peut être plus inévitable qu’on le pense. Certes, tous ces lieux ne sont pas comparables et la maltraitance des animaux n’est pas toujours prouvée. Au contraire. Mais, malgré des progrès certains, il est tout de même des braises en train de s’enflammer indiquant que le vent tourne en faveur d’une protection de plus en plus vigilante des animaux. Et cela, dans de nombreux pays. Le secteur touristique en serait alors fortement pénalisé.


Rédigé par le Lundi 8 Février 2021

En France, l’introduction de la sensibilité animale dans le code civil en 2015 représentait aussi un événement législatif majeur - Depositphotos.com kmizina
En France, l’introduction de la sensibilité animale dans le code civil en 2015 représentait aussi un événement législatif majeur - Depositphotos.com kmizina
Huit dauphins et cinq otaries vont bientôt quitter les piscines du parc Astérix et contribuer à tirer le rideau d’une forme de divertissement qui n’est plus de notre temps.

Malheureusement, ces animaux vogueront vers une autre forme de captivité puisque leur réinsertion dans leur milieu naturel semble compliquée voire impossible.

Exemplaire, cette décision n’est probablement pas seulement de nature éthique. Elle est concomitante à la proposition de loi sur la protection animale concernant les chiens, chats, équidés et les nouveaux animaux de compagnie, durcissant les sanctions contre la maltraitance, avec trois ans d'emprisonnement et 45.000 euros en cas de mort de l'animal…



Outre de nombreuses décisions, la loi prévoit aussi de supprimer « les animaux sauvages en captivité dans les cirques en itinérance » à échéance de cinq à sept ans. La détention de cétacés en captivité pour les montrer au public et la reproduction seront également interdites.

L'interdiction de détention entrerait en vigueur deux ans après la promulgation de la loi pour les orques, sept ans pour les dauphins et autres. Les élevages de visons seront aussi fermés sous cinq ans…

Une alerte déjà ancienne

En fait, dès 2015, dans une intervention pour la DGE (Direction Générale des Entreprises), concernant le tourisme en 2050, j’alertais sur le fait que bientôt les spectacles d’animaux vivants risquaient de disparaitre de la carte des divertissements.

A l’appui de cette alerte, des signaux de plus en plus forts émis par les associations de défense des animaux mais aussi par d’associations de citoyens excédés par le martyre infligé aux bêtes dans les corridas, les cirques, les parcs aquatiques…et par les gouvernements d’états de plus en plus nombreux.

En France, l’introduction de la sensibilité animale dans le code civil en 2015 représentait aussi un événement législatif majeur. En reconnaissant leur sensibilité, les animaux enfin ne pouvaient plus être considérés comme des biens ordinaires…

Par ailleurs, rappelons surtout, le coup de tonnerre qui retentit dans l’univers des delphinariums, lorsqu’au cours d’un spectacle d’orques à Sea World en 2014, un mammifère avait agressé et tué une jeune animatrice.

Un drame qui déchaîna les réseaux sociaux. En faveur de qui ? En faveur de l’orque ! Une réaction inédite et pourtant totalement dans l’air du temps. Enfin, la suprématie de l’humain était contestée et la cause animale prenait le dessus. A tel point que SeaWorld, très mal en point sur les cours de la bourse, du changer de stratégies et faire disparaître de ses attractions les animaux vivants.

En Asie, malgré des situations différentes d’un pays à l’autre, les activistes se battent depuis longtemps pour soustraire les animaux notamment les éléphants, les primates ou les tigres aux mauvais traitements. De nouvelles lois allègent désormais leur peine et pénalisent les contrevenants. Tandis que les exploitations touristiques d’animaux ont tendance à se tarir. Il faut dire que face au stress occasionné sur l’animal, les touristes font parfois n’importe quoi !

Ainsi, en 2015, lors d'un séjour en Tanzanie organisé par un tour opérateur britannique Africa Travel Resource, un retraité français a eu le bras arraché par un lion. Le T.O a dû le dédommager ! Selon le World Organisation for Animal Health (OIE), il y a donc beaucoup à faire surtout contre l’ignorance.

Les animaux robots et les hologrammes

Mais, les animaux gardent de leur charme et de leur attractivité vis-à-vis de tous les publics. Grands et petits. Alors pour éviter leur disparition pure et simple des spectacles et activités de loisirs, autant chercher des solutions de remplacement. Elles arrivent.

Basé en Allemagne, le cirque Roncalli a développé une solution moins onéreuse pour laisser la faune en paix : il projette lors de ses spectacles d'immenses hologrammes d'éléphants, de chevaux et de poissons géants. Une démarche imitée par le cirque Bouglione qui vient de remplacer ses spectacles traditionnels par un hologramme d’ours. Et cela a plu.

Autres solutions : les Animatronics qui sont des robots animaux développés par l'entreprise américaine Edge Innovations fondée au début des années 1990.

Recouvertes de silicone, ces marionnettes électroniques ressemblent à s'y méprendre à de vrais mammifères marins. Edge Innovations se targue d'ailleurs d'avoir travaillé sur un grand nombre de superproductions cinématographiques : Sauvez Willy, Anaconda, La Vie rêvée de Walter Mitty… Mais attention, le coup de ces animaux censés remplacer ceux des zoos est exorbitant : plusieurs millions de dollars.

Un débat passionné qui n’est pas près de se tarir

Évidemment, de telles décisions condamnant à court terme une grande partie de l’activité des opérateurs de loisirs que sont les zoos, les parcs animaliers, aquariums et autres parcs à thèmes ne va pas sans controverses.

Pour l’EAZA ( Association européenne de zoos et aquariums), ces entités font leur devoir de protection et de reproduction tout en assurant une mission de transmission, de pédagogie et de sensibilisation à la cause animale.

Ce qui n’est pas faux d’autant que de nombreux travaux de recherche permettant de mieux connaître le règne animal et que de toutes façons, comme le souligne toujours la vétérinaire Nathalie Mellick, il y a des normes, un encadrement et un contrôle exercés par les pouvoirs publics en faveur de l’amélioration et de la survie de ces lieux.

Mais, tous ne sont pas comparables. Et les animaux en captivité comme les orques ou les dauphins sont très probablement plus malheureux que dans leur milieu naturel. Par ailleurs et surtout, il y zoo et zoo. Et certains, sont effectivement nettement plus vertueux que les autres !

Un tourisme menacé ?

En tout cas, en France, Marineland qui tire ses revenus du spectacle aquatique et qui est bien sûr vent debout contre le projet de loi voté par le parlement, a du souci à se faire. Il faut dire que le parc attire 800 000 visiteurs et dégage un chiffre d'affaires de 25 millions d’euros.

Autres chiffres spectaculaires : en France seule, les parcs animaliers et zoos reçoivent 21 millions de visiteurs par an. En Europe, 140 millions de visiteurs annuels se déplacent dans les quelque 300 établissements membres de l’Association européenne des zoos et aquariums, soit un Européen sur cinq. La menace sur une filière touristique n’est donc pas négligeable. Elle se chiffrerait en milliards d’euros de recettes.

En ce qui concerne les cirques cependant, la problématique est différente. Le transport quotidien, la détention en cages rendent les animaux de cirque bien plus vulnérables que ceux des zoos. Voilà pourquoi, explique Nathalie Mellick, vétérinaire, les animaux désertent les cirques, lesquels évoluent vers d’autres formes de spectacles.

De plus l’opinion est là : 67% des Français préfèrent les cirques sans animaux. En France, 356 communes ont d’ores et déjà pris position localement pour des cirques sans animaux, dont Strasbourg, Montpellier, Grenoble, Lille ou encore Paris. Et ce n’est pas fini.

Quant aux corridas, c’est encore un autre sujet. En fait, le bien-être animal est un sujet complexe, car déjà entre animaux sauvages et d’élevage, les différences de traitement sont énormes et ne peuvent être comparées. Il conviendrait aussi d’ajouter que d’un pays à l’autre, les spécificités culturelles peuvent agir. Alors combat d’arrière-garde ou d’avant-garde ? Un avenir proche le dira.

LIRE AUSSI : La défense de la cause animale va-t-elle tuer les zoos ?

Rédigé par Josette Sicsic.
Futuroscopie. Journaliste, consultante, conférencière. Spécialiste des comportements touristiques et de la prospective tourisme

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