"Ce qui est certain est que le mot "zoo" est entaché aujourd'hui d'une image vieillotte et représente un concept repoussoir lié à une captivité coupable, qui ferait des fortunes sur l'exploitation de pauvres animaux sauvages. C'est un cliché qui a la vie dure, et qui est de mon point de vue une injure pour ceux qui font bien leur travail." - Depositphotos.com FamVeldman
Futuroscopie - Êtes-vous d’accord avec l’analyse selon laquelle les zoos sont amenés à disparaître ?
P.G : Pas vraiment. Votre analyse est biaisée par le bruit de fond de notre crise de civilisation face aux enjeux environnementaux, et ces dernières années, par des lobbies "anti" qui ont trouvé, grâce aux réseaux sociaux, un écho inédit.
Et c'est bien là tout le problème actuel des parcs zoologiques : justifier leur existence dans un monde qui bouge, et qui ces dernières années, bouge vite.
Le plus important à comprendre est que les zoos n'exploitent pas les animaux, mais exploitent, ou plutôt répondent au besoin des hommes de voir des animaux.
Notre espèce est en permanente interaction avec une myriade d'autres espèces, et cela depuis la nuit des temps. Il y a bien sûr des fonctions utilitaires comme la chasse, la sécurité ou l'alimentation, mais il y a aussi une fonction d'agrément. Quelques exemples : la domestication du chien date de plus de 15 000 ans et les premières traces de loups associés aux groupes humains sont datées de près de 125 000 ans ! Les Égyptiens avaient des guépards à la cour des Pharaons. Les peuples autochtones vivent avec des animaux sauvages apprivoisés, singes et perroquets au fin fond de l'Amazonie, kangourous en Australie etc.
Ainsi notre espèce est profondément sociale, à la recherche d'interactions avec nos semblables, mais également avec d'autres espèces, et même au-delà, avec notre "environnement". Les parcs zoologiques sont une réponse à ce besoin qui est éternel et aura besoin de réponse.
Mais de quoi parle-t-on ? Le "parc zoologique" n'est pas un concept figé, bien au contraire, il est très adaptable et a énormément évolué au cours des années, pour s'adapter aux évolutions de la société !
En revanche bien sûr, il y a des concepts radicalement différents, et des manières de travailler très différentes entre des établissements de même nom ! Il y a surtout de très bons établissements et de mauvais.
Ce qui est certain est que le mot "zoo" est entaché aujourd'hui d'une image vieillotte et représente un concept repoussoir lié à une captivité coupable, qui ferait des fortunes sur l'exploitation de pauvres animaux sauvages. C'est un cliché qui a la vie dure, et qui est de mon point de vue une injure pour ceux qui font bien leur travail.
P.G : Pas vraiment. Votre analyse est biaisée par le bruit de fond de notre crise de civilisation face aux enjeux environnementaux, et ces dernières années, par des lobbies "anti" qui ont trouvé, grâce aux réseaux sociaux, un écho inédit.
Et c'est bien là tout le problème actuel des parcs zoologiques : justifier leur existence dans un monde qui bouge, et qui ces dernières années, bouge vite.
Le plus important à comprendre est que les zoos n'exploitent pas les animaux, mais exploitent, ou plutôt répondent au besoin des hommes de voir des animaux.
Notre espèce est en permanente interaction avec une myriade d'autres espèces, et cela depuis la nuit des temps. Il y a bien sûr des fonctions utilitaires comme la chasse, la sécurité ou l'alimentation, mais il y a aussi une fonction d'agrément. Quelques exemples : la domestication du chien date de plus de 15 000 ans et les premières traces de loups associés aux groupes humains sont datées de près de 125 000 ans ! Les Égyptiens avaient des guépards à la cour des Pharaons. Les peuples autochtones vivent avec des animaux sauvages apprivoisés, singes et perroquets au fin fond de l'Amazonie, kangourous en Australie etc.
Ainsi notre espèce est profondément sociale, à la recherche d'interactions avec nos semblables, mais également avec d'autres espèces, et même au-delà, avec notre "environnement". Les parcs zoologiques sont une réponse à ce besoin qui est éternel et aura besoin de réponse.
Mais de quoi parle-t-on ? Le "parc zoologique" n'est pas un concept figé, bien au contraire, il est très adaptable et a énormément évolué au cours des années, pour s'adapter aux évolutions de la société !
En revanche bien sûr, il y a des concepts radicalement différents, et des manières de travailler très différentes entre des établissements de même nom ! Il y a surtout de très bons établissements et de mauvais.
Ce qui est certain est que le mot "zoo" est entaché aujourd'hui d'une image vieillotte et représente un concept repoussoir lié à une captivité coupable, qui ferait des fortunes sur l'exploitation de pauvres animaux sauvages. C'est un cliché qui a la vie dure, et qui est de mon point de vue une injure pour ceux qui font bien leur travail.
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Futuroscopie - Mais avons-nous tort d’avoir de telles préoccupations ?
P.G : j'aimerais répondre "en partie"... En réalité, je suis très favorable à l'expression de ces préoccupations : elles traduisent bien la crise identitaire de notre société et les interrogations que nous avons face au monde animal qui lui-même est ambassadeur du monde "sauvage", qui disparait comme peau de chagrin sous les développements irraisonnés de l'humanité. D'une certaine manière, poser cette question sur l'avenir des zoos, c'est bien montrer que le sujet est important, et que les zoos ont une responsabilité sociale.
Si le modèle actuel commence à être dépassé, c'est un constat qu'il faut entendre car il traduit une évolution de l'attente (pas du besoin) qui doit permettre d'évoluer vers la forme suivante. C'est positif !
Toutefois il faut aussi que la société civile produise un effort de compréhension face les missions des zoos, qui sont multiples et complexes : loisirs, pédagogie, conservation et recherche scientifique.
Le procès sur l'exploitation commerciale des animaux est par exemple, mal fondé. Il faut bien des ressources économiques pour financer leurs missions. La question du bien-être animal dépasse notre compréhension intuitive parce que nous fonctionnons tous de la même manière : nous projetons par anthropomorphisme notre propre situation face à un animal dans un enclos. Ce filtre, sans connaissance de l'éthologie, la sociologie, la psychologie de l'espèce, conduit à des jugements très partiaux, et donc souvent très faux. Ainsi un visiteur pourrait penser qu'un animal est "très bien soigné" parce que l'enclos est grand et beau et qu'il a beaucoup d'espace, alors qu'en pratique l'espèce vit dans un milieu différent, et en groupe, donc tout le contraire...
Autre exemple : les spectacles sont maintenant très critiqués, car ils sont liés à l’idée que l’on maltraite les animaux en les affamant ou en leur faisant faire des numéros de cirque. En réalité, l'ennui est le pire ennemi des animaux (nous en premier, voyons comment le confinement est anxiogène), et les activités type "spectacle" peuvent être bénéfiques aux animaux en captivité.
P.G : j'aimerais répondre "en partie"... En réalité, je suis très favorable à l'expression de ces préoccupations : elles traduisent bien la crise identitaire de notre société et les interrogations que nous avons face au monde animal qui lui-même est ambassadeur du monde "sauvage", qui disparait comme peau de chagrin sous les développements irraisonnés de l'humanité. D'une certaine manière, poser cette question sur l'avenir des zoos, c'est bien montrer que le sujet est important, et que les zoos ont une responsabilité sociale.
Si le modèle actuel commence à être dépassé, c'est un constat qu'il faut entendre car il traduit une évolution de l'attente (pas du besoin) qui doit permettre d'évoluer vers la forme suivante. C'est positif !
Toutefois il faut aussi que la société civile produise un effort de compréhension face les missions des zoos, qui sont multiples et complexes : loisirs, pédagogie, conservation et recherche scientifique.
Le procès sur l'exploitation commerciale des animaux est par exemple, mal fondé. Il faut bien des ressources économiques pour financer leurs missions. La question du bien-être animal dépasse notre compréhension intuitive parce que nous fonctionnons tous de la même manière : nous projetons par anthropomorphisme notre propre situation face à un animal dans un enclos. Ce filtre, sans connaissance de l'éthologie, la sociologie, la psychologie de l'espèce, conduit à des jugements très partiaux, et donc souvent très faux. Ainsi un visiteur pourrait penser qu'un animal est "très bien soigné" parce que l'enclos est grand et beau et qu'il a beaucoup d'espace, alors qu'en pratique l'espèce vit dans un milieu différent, et en groupe, donc tout le contraire...
Autre exemple : les spectacles sont maintenant très critiqués, car ils sont liés à l’idée que l’on maltraite les animaux en les affamant ou en leur faisant faire des numéros de cirque. En réalité, l'ennui est le pire ennemi des animaux (nous en premier, voyons comment le confinement est anxiogène), et les activités type "spectacle" peuvent être bénéfiques aux animaux en captivité.
Futuroscopie - C’est osé non comme argument ! Et ce n’est pas vraiment ce que disent les vétérinaires ?
P.G : Il faut comprendre que dans la nature, la première activité des animaux est la recherche de nourriture, puis les interactions sociales. Ainsi, proposer des activités aux animaux, récompensées par de la nourriture, est une bonne chose "pour eux", dès lors qu'on les occupe, qu'on les stimule, qu'on les oblige à bouger, à se dépenser, à faire travailler leur intelligence, à interagir entre eux ou avec nous etc.
Est-ce que cela doit prendre la forme d'une présentation devant un public, pourquoi pas ?
L'acceptabilité éthique est dans notre regard, pas dans le besoin des animaux. Attention, je ne défends surtout pas le perroquet à vélo ou l'idée du spectacle avec des paillettes ou des cerceaux en feu ! Je suis bien heureux que notre société n'accepte plus cela aujourd'hui, ce sont des activités d'un autre temps. Je souligne juste qu'il faut s'intéresser aux besoins des animaux, et comment y répondre au mieux, et ne pas projeter un avis qui n'est finalement fondé que sur notre sentiment de gêne.
J'entends déjà l'argument suivant, qui consiste à dire qu'on n'aurait pas besoin de tout cela si les animaux étaient simplement en liberté et pas en captivité. Ces questions sont passionnantes, parce que lorsqu'on les analyse, on se rend compte qu'elles parlent en fait de "nous".
La critique du zoo est en réalité la critique de l'effet miroir qu'il nous renvoie. Les zoos sont des boucs émissaires. Nous avons rompu notre relation à la nature, nos comportements partout sont la cause de la 6ème extinction de masse. Alors oui, pour certains, voir une girafe dans un zoo peut les mettre inconsciemment face à ces réalités, et que ce soit insupportable. C'est facile, c'est confortable, c'est à la mode (et c'est parfois totalement justifié !) de critiquer les zoos. Bien plus facile que de modifier son comportement et de faire les choix radicaux nécessaires pour changer les choses.
P.G : Il faut comprendre que dans la nature, la première activité des animaux est la recherche de nourriture, puis les interactions sociales. Ainsi, proposer des activités aux animaux, récompensées par de la nourriture, est une bonne chose "pour eux", dès lors qu'on les occupe, qu'on les stimule, qu'on les oblige à bouger, à se dépenser, à faire travailler leur intelligence, à interagir entre eux ou avec nous etc.
Est-ce que cela doit prendre la forme d'une présentation devant un public, pourquoi pas ?
L'acceptabilité éthique est dans notre regard, pas dans le besoin des animaux. Attention, je ne défends surtout pas le perroquet à vélo ou l'idée du spectacle avec des paillettes ou des cerceaux en feu ! Je suis bien heureux que notre société n'accepte plus cela aujourd'hui, ce sont des activités d'un autre temps. Je souligne juste qu'il faut s'intéresser aux besoins des animaux, et comment y répondre au mieux, et ne pas projeter un avis qui n'est finalement fondé que sur notre sentiment de gêne.
J'entends déjà l'argument suivant, qui consiste à dire qu'on n'aurait pas besoin de tout cela si les animaux étaient simplement en liberté et pas en captivité. Ces questions sont passionnantes, parce que lorsqu'on les analyse, on se rend compte qu'elles parlent en fait de "nous".
La critique du zoo est en réalité la critique de l'effet miroir qu'il nous renvoie. Les zoos sont des boucs émissaires. Nous avons rompu notre relation à la nature, nos comportements partout sont la cause de la 6ème extinction de masse. Alors oui, pour certains, voir une girafe dans un zoo peut les mettre inconsciemment face à ces réalités, et que ce soit insupportable. C'est facile, c'est confortable, c'est à la mode (et c'est parfois totalement justifié !) de critiquer les zoos. Bien plus facile que de modifier son comportement et de faire les choix radicaux nécessaires pour changer les choses.
Futuroscopie - Donc on fait quoi ?
P.G : Eh bien, on continue à évoluer, en acceptant les critiques et en se remettant en cause perpétuellement. Le zoo est un outil social complexe et utile. L'urgent n'est pas de fermer les zoos mais de réunir toutes les énergies disponibles pour lutter contre les grands maux qui nous menacent.
Il faut plus d'exigence de toutes parts, aussi bien des sociaux-professionnels qui doivent faire la police dans leurs rangs que des services de l'État qui doivent être plus présents dans le suivi des obligations réglementaires.
Cela dit, je pense qu'il y a un enjeu de communication autour des actions réalisées par les zoos. Faire, c'est bien. Faire savoir, c'est essentiel. Les zoos sont des acteurs de la conservation de la nature, mais ne savent pas bien aujourd'hui le faire savoir.
Futuroscopie - Les zoos sauveront ils la planète ?
P.G : Non, bien évidemment ! Aucun parc animalier ni zoo n'a cette prétention ou ambition. Pour autant, en réseau, ils jouent un rôle, celui d'une plateforme de connexion entre les visiteurs et les animaux, mais aussi entre les visiteurs et les actions de conservation. Ce n'est pas neutre, ce n'est pas une goutte d'eau, ce n'est pas vain.
P.G : Eh bien, on continue à évoluer, en acceptant les critiques et en se remettant en cause perpétuellement. Le zoo est un outil social complexe et utile. L'urgent n'est pas de fermer les zoos mais de réunir toutes les énergies disponibles pour lutter contre les grands maux qui nous menacent.
Il faut plus d'exigence de toutes parts, aussi bien des sociaux-professionnels qui doivent faire la police dans leurs rangs que des services de l'État qui doivent être plus présents dans le suivi des obligations réglementaires.
Cela dit, je pense qu'il y a un enjeu de communication autour des actions réalisées par les zoos. Faire, c'est bien. Faire savoir, c'est essentiel. Les zoos sont des acteurs de la conservation de la nature, mais ne savent pas bien aujourd'hui le faire savoir.
Futuroscopie - Les zoos sauveront ils la planète ?
P.G : Non, bien évidemment ! Aucun parc animalier ni zoo n'a cette prétention ou ambition. Pour autant, en réseau, ils jouent un rôle, celui d'une plateforme de connexion entre les visiteurs et les animaux, mais aussi entre les visiteurs et les actions de conservation. Ce n'est pas neutre, ce n'est pas une goutte d'eau, ce n'est pas vain.
Futuroscopie - Vous n’êtes donc pas soucieux sur leur avenir touristique ?
P. G : Non, au contraire. Nous observons d'une part un besoin grandissant de reconnexion à la nature, et d'autre part la professionnalisation des établissements zoologiques. Les éléments de l'équation sont favorables aux zoos, non ? Bien sûr certains modèles sont obsolètes, et d'autres vont le devenir, sans doute assez rapidement au regard des évolutions en cours des mentalités.
Ils seront remplacés par de nouveaux modèles, plus en adéquation avec les aspirations et les enjeux de l'époque. Lorsque je regarde les évolutions depuis 20 ans, il y a de quoi être fier du travail accompli. On peut se nourrir de cette fierté pour aborder un nouveau cycle d'évolution, qui ira forcément dans le bon sens.
A lire aussi : Vraiment trop bête... la cause animale l'emportera-t-elle sur le divertissement ?
P. G : Non, au contraire. Nous observons d'une part un besoin grandissant de reconnexion à la nature, et d'autre part la professionnalisation des établissements zoologiques. Les éléments de l'équation sont favorables aux zoos, non ? Bien sûr certains modèles sont obsolètes, et d'autres vont le devenir, sans doute assez rapidement au regard des évolutions en cours des mentalités.
Ils seront remplacés par de nouveaux modèles, plus en adéquation avec les aspirations et les enjeux de l'époque. Lorsque je regarde les évolutions depuis 20 ans, il y a de quoi être fier du travail accompli. On peut se nourrir de cette fierté pour aborder un nouveau cycle d'évolution, qui ira forcément dans le bon sens.
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