
La fiscalité est le moyen le plus direct de guider le choix des voyageurs vers des destinations nécessitant des moyens de transport moins carbonés - DepositPhotos.com, AndreyPopov
Les scientifiques ont de nouveau sonné l'alarme sur l’état du réchauffement climatique qui menace nos conditions de vie. Le dépassement du seuil de +1,5°C est désormais inéluctable.
Alors que les émissions des différents moyens de transport commencent à baisser en Europe, en lien avec les politiques d’électrification, les émissions du secteur aérien continuent, elles, à augmenter rapidement.
Elles retrouveront en 2025 leur niveau d’avant-covid et les projections de croissance du trafic prévues par le secteur promettent de poursuivre cette tendance.
C’est l’exact inverse du mouvement que devrait emprunter le secteur pour réduire ses émissions à zéro. Sans compter l’impact climatique des traînées de condensation qui double l’impact du secteur aérien.
Lire aussi : Évolution de la pollution des transports : faut-il s’alarmer ?
Alors que les émissions des différents moyens de transport commencent à baisser en Europe, en lien avec les politiques d’électrification, les émissions du secteur aérien continuent, elles, à augmenter rapidement.
Elles retrouveront en 2025 leur niveau d’avant-covid et les projections de croissance du trafic prévues par le secteur promettent de poursuivre cette tendance.
C’est l’exact inverse du mouvement que devrait emprunter le secteur pour réduire ses émissions à zéro. Sans compter l’impact climatique des traînées de condensation qui double l’impact du secteur aérien.
Lire aussi : Évolution de la pollution des transports : faut-il s’alarmer ?
La fiscalité pour guider le choix des voyageurs

D’autres leviers existent comme l’optimisation des trajectoires de vol et le développement des avions électriques, mais leur potentiel de décarbonation d’ici 2050 reste marginal.
Le renouvellement des flottes est un levier sur lequel il y a peu de marge de manœuvre, les compagnies aériennes cherchant naturellement à l’actionner pour économiser du carburant et être ainsi plus compétitives. Reste donc principalement la maîtrise du niveau de trafic et les carburants alternatifs.
Dans la modélisation que nous avons faite, nous montrons que, une fois compté l’effet du renouvellement des flottes, la maîtrise du niveau de trafic doit contribuer pour 80% des efforts de décarbonation en 2030, et 51,2% en 2040.
Le reste des efforts de décarbonation est assuré par les carburants alternatifs et les avions électriques, dont la contribution est progressive.
On voit donc l’importance première de la maîtrise du trafic dans la décarbonation de l’aérien.
La taxation de l’aérien est un moyen indispensable pour maîtriser le niveau de trafic. Le critère de prix est central dans le choix d’un voyage ou de vacances et les vols pour le loisir représentent le trois-quart des émissions.
La fiscalité est le moyen le plus direct de guider le choix des voyageurs vers des destinations nécessitant des moyens de transport moins carbonés.
Autrement dit, comment espérer que les voyageurs privilégient le train tant que le billet d’avion coûte moins cher ?
Lire aussi : Train plus cher que l’avion : "une question de volonté politique"
Taxation de l'aérien : encore des blocages au niveau européen
Aujourd’hui, le train est en moyenne 2,5 fois plus cher que l’avion sur les liaisons européennes.
Sans cette maîtrise du niveau de trafic rendue possible par la taxation, il y aura toujours plus de passagers. Sans taxation, le renouvellement des flottes et la production de carburants alternatifs ne pourraient au mieux que contenir les émissions à leur niveau actuel.
La théorie économique indique que cette taxation serait idéalement appliquée au niveau international. Mais parier uniquement sur cet échelon en l’absence de consensus revient concrètement à défendre le statu quo. De même au niveau européen où les discussions patinent depuis des années sur la taxation du kérosène.
En attendant que ces échelons se débloquent, et pour y contribuer, l’action au niveau national trouve toute sa pertinence et l’on voit d’ailleurs les principaux pays européens opter pour cette approche avec les Pays-Bas, l’Allemagne et le Royaume-Uni en tête.
L’utilisation de la taxe sur les billets d’avion, (TSBA) payée par toutes les compagnies aériennes pour les vols effectués au départ de France est ainsi un moyen pertinent de contribuer à la décarbonation du secteur français et constitue un prérequis pour envisager d’embarquer encore d’autres pays dans cette dynamique.
Fixée en fonction de la destination finale du voyageur et exonérant les passagers en correspondance, elle limite drastiquement le risque de fuite carbone sur d’autres aéroports limitrophes.
Si les transporteurs français s'opposent avec virulence à la hausse de la TSBA, rappelons que le déficit de compétitivité des compagnies européennes qu'ils invoquent vient avant tout de la politique de libéralisation européenne des droits de service aérien, qui ont donné des créneaux sans limite aux compagnies étrangères.
Sans cette maîtrise du niveau de trafic rendue possible par la taxation, il y aura toujours plus de passagers. Sans taxation, le renouvellement des flottes et la production de carburants alternatifs ne pourraient au mieux que contenir les émissions à leur niveau actuel.
La théorie économique indique que cette taxation serait idéalement appliquée au niveau international. Mais parier uniquement sur cet échelon en l’absence de consensus revient concrètement à défendre le statu quo. De même au niveau européen où les discussions patinent depuis des années sur la taxation du kérosène.
En attendant que ces échelons se débloquent, et pour y contribuer, l’action au niveau national trouve toute sa pertinence et l’on voit d’ailleurs les principaux pays européens opter pour cette approche avec les Pays-Bas, l’Allemagne et le Royaume-Uni en tête.
L’utilisation de la taxe sur les billets d’avion, (TSBA) payée par toutes les compagnies aériennes pour les vols effectués au départ de France est ainsi un moyen pertinent de contribuer à la décarbonation du secteur français et constitue un prérequis pour envisager d’embarquer encore d’autres pays dans cette dynamique.
Fixée en fonction de la destination finale du voyageur et exonérant les passagers en correspondance, elle limite drastiquement le risque de fuite carbone sur d’autres aéroports limitrophes.
Si les transporteurs français s'opposent avec virulence à la hausse de la TSBA, rappelons que le déficit de compétitivité des compagnies européennes qu'ils invoquent vient avant tout de la politique de libéralisation européenne des droits de service aérien, qui ont donné des créneaux sans limite aux compagnies étrangères.
Fiscalité : le transport aérien continue de jouir d’une situation privilégiée
De plus, le secteur aérien bénéficie d’exonérations fiscales massives, que nous avons évaluées à plus de 5 milliards d’euros en 2025 pour la France*. Il n’y a pas de taxe sur le kérosène ni de TVA sur les vols internationaux.
Alors que l'État s’engage dans une cure d’austérité, ce mode de transport polluant continue de jouir d’une situation privilégiée.
La transition écologique de nos économies demande des efforts à tout le monde et ces efforts sont d’autant mieux acceptés que la population en ressent une juste répartition.
Comment accepter que les passagers d’un vol à Bali ne payent aucune taxe sur le kérosène, ni de TVA quand vous êtes un ménage modeste et que vous payez 60€ de taxe sur votre plein d’essence pour vos trajets quotidiens ?
La taxation de l’aérien permet non seulement de décarboner ce secteur, mais également de réparer cette injustice fiscale qui fragilise la cohésion sociale.
Lire aussi : Transport aérien : la FNAM réclame un moratoire fiscal
* Actualisation du chiffre de 6,1 mds€ documenté dans le rapport de T&E avec la dernière hausse de la TSBA adoptée début 2025.
Alors que l'État s’engage dans une cure d’austérité, ce mode de transport polluant continue de jouir d’une situation privilégiée.
La transition écologique de nos économies demande des efforts à tout le monde et ces efforts sont d’autant mieux acceptés que la population en ressent une juste répartition.
Comment accepter que les passagers d’un vol à Bali ne payent aucune taxe sur le kérosène, ni de TVA quand vous êtes un ménage modeste et que vous payez 60€ de taxe sur votre plein d’essence pour vos trajets quotidiens ?
La taxation de l’aérien permet non seulement de décarboner ce secteur, mais également de réparer cette injustice fiscale qui fragilise la cohésion sociale.
Lire aussi : Transport aérien : la FNAM réclame un moratoire fiscal
* Actualisation du chiffre de 6,1 mds€ documenté dans le rapport de T&E avec la dernière hausse de la TSBA adoptée début 2025.
Jérôme du Boucher a rejoint T&E France en mars 2023, où il est en charge du programme aviation, en lien avec l’équipe basée à Bruxelles.
Il apporte son expertise aux décideurs politiques et industriels sur les questions de transformation du secteur aérien.
Auparavant, il a œuvré au lancement des Licoornes, une alliance d’entreprises coopératives engagées.
Diplômé de Sciences Po et des Arts et Métiers, il a eu l’occasion, pendant ses études, de travailler notamment à l’Assemblée nationale et à ArianeGroup.
T&E (Transport & Environment) est l’organisation de référence sur la décarbonation des transports en Europe. Indépendante des partis politiques et du secteur privé, l'organisation publie de nombreux rapports, analyses et recommandations sur les leviers industriels, sociaux et économiques de la décarbonation des transports.
Il apporte son expertise aux décideurs politiques et industriels sur les questions de transformation du secteur aérien.
Auparavant, il a œuvré au lancement des Licoornes, une alliance d’entreprises coopératives engagées.
Diplômé de Sciences Po et des Arts et Métiers, il a eu l’occasion, pendant ses études, de travailler notamment à l’Assemblée nationale et à ArianeGroup.
T&E (Transport & Environment) est l’organisation de référence sur la décarbonation des transports en Europe. Indépendante des partis politiques et du secteur privé, l'organisation publie de nombreux rapports, analyses et recommandations sur les leviers industriels, sociaux et économiques de la décarbonation des transports.