TourMaG.com, le média spécialiste du tourisme francophone

logo TravelJobs  





Ressources humaines : le grand défi de l’hôtellerie de plein air

La chronique de Brice Duthion


Longtemps cantonné aux problématiques d’aménagement et d’équipements, le secteur de l’hôtellerie de plein air fait désormais des ressources humaines un enjeu central. Nicolas Dayot, président de la Fédération nationale de l’hôtellerie de plein air (FNHPA) et lui-même propriétaire de deux campings en Bretagne, en est convaincu : l’avenir du camping se joue aussi dans sa capacité à recruter, fidéliser et former ses salariés.


Rédigé par le Mercredi 22 Octobre 2025

Ressources humaines : le grand défi de l’hôtellerie de plein air - Depositphotos.com Auteur packshot
Ressources humaines : le grand défi de l’hôtellerie de plein air - Depositphotos.com Auteur packshot
« Le succès du camping repose autant sur la qualité des équipements que sur celle des femmes et des hommes qui les font vivre », insiste Nicolas Dayot.

La convivialité, valeur cardinale de l’hôtellerie de plein air, ne peut exister sans une présence humaine forte. D’ailleurs, les sondages menés par la FNHPA le montrent : pour de nombreux clients, la convivialité est l’un des premiers critères de choix d’un camping.

Cette importance accrue de l’humain est relativement récente. Il y a encore vingt ans, beaucoup de campings fonctionnaient sans salarié à l’année, avec quelques renforts estivaux. Aujourd’hui, même les structures familiales ont dû se professionnaliser : accueil, animation, restauration, entretien, gestion des espaces aquatiques… Autant d’activités qui nécessitent des équipes nombreuses et qualifiées.

Dans son camping du Finistère, Nicolas Dayot emploie jusqu’à 25 saisonniers pour l’été, quand son établissement morbihannais fonctionne avec deux salariés permanents renforcés en haute saison.

La montée en gamme de l’hôtellerie de plein air a profondément changé le visage des métiers. L’hébergement est plus diversifié, les équipements plus sophistiqués, les attentes des clients plus élevées.

Résultat : la profession s’appuie aujourd’hui sur près de 50 000 contrats par an, dont 10 000 CDI et 40 000 CDD saisonniers. La FNHPA estime que 10 000 contrats supplémentaires seront nécessaires dans les prochaines années.

Les compétences ont évolué à grande vitesse. La réception, par exemple, est devenue un métier à forte dimension numérique, impliquant la gestion des réservations en ligne, le suivi des avis clients et la personnalisation de la relation.

L’entretien s’est complexifié avec les nouveaux standards de propreté et les équipements modernes. Quant aux espaces aquatiques, ils exigent désormais une expertise technique en matière de gestion des bassins, de qualité de l’eau et de maintenance des installations.

« On est passés d’un camping artisanal à une véritable hôtellerie de plein air, avec des métiers proches de ceux de l’hôtellerie classique et de nouveaux profils comme les community managers ou les yield managers », souligne Nicolas Dayot.

A lire aussi : RH et tourisme : le défi permanent des Entreprises du Voyage

Des métiers mieux identifiés

La crise sanitaire a accéléré la prise de conscience collective. Confrontée à la difficulté de recruter à la reprise, la FNHPA a lancé l’outil macarrieredanslecamping.fr, qui recense et valorise les 32 métiers de base du secteur à travers fiches métiers et capsules vidéo.

Réception, animation, restauration, entretien, mais aussi gestion des équipements extérieurs, du paysage ou de la communication digitale : les métiers du camping se rapprochent désormais de ceux d’autres branches du tourisme, avec lesquelles l l’hôtellerie de plein air partage de nombreux enjeux.

Le premier frein au recrutement reste le logement des saisonniers. Dans les zones touristiques tendues comme la Côte d’Azur, le Pays basque ou certaines stations balnéaires bretonnes, les loyers prohibitifs rendent la saison difficilement accessible aux salariés.

De nombreux gestionnaires investissent donc dans des solutions innovantes : construction de bâtiments dédiés, achat d’immeubles collectifs par plusieurs campings regroupés en SCI, recours à des financements bancaires spécifiques.

La fidélisation est l’autre grand défi. Pour éviter la fuite des talents, certains exploitants proposent des primes de fidélisation, versées après deux saisons consécutives, ou des treizièmes mois conditionnés.

Les grands groupes, eux, peuvent offrir de véritables perspectives de carrière : commencer comme saisonnier et évoluer jusqu’à des postes de siège. Huttopia a ainsi créé sa propre académie de formation, et des établissements comme le Domaine des Ormes, en Bretagne, proposent des parcours structurés.

A lire aussi : RH : les nouveaux enjeux de VVF

Hôtellerie de plein air : un avenir prometteur mais exigeant

Comme l’ensemble du tourisme, l’HPA doit se préparer à l’arrivée massive de l’intelligence artificielle. Pour l’instant, la FNHPA privilégie un rôle d’accompagnement, notamment pour les petites structures : aide à la gestion des avis clients, outils de traduction des documents d’urbanisme locaux (SCOT, PLU), automatisation de certaines réponses administratives.

« L’IA ne remplacera pas le contact humain, mais elle peut soulager les équipes et améliorer l’expérience client », observe Nicolas Dayot. Des formations commencent à être proposées pour aider les salariés à s’approprier ces outils.

La profession réfléchit à la mise en place d’un organisme de formation de branche, sans pour autant vouloir créer une structure lourde.

L’idée est plutôt de travailler avec l’AFDAS et des organismes privés en « marque blanche », pour développer des parcours adaptés aux spécificités du camping. Des MOOC, des sessions intensives de formation, ou encore des « universités de la FNHPA » repensées sont à l’étude. Une première grande semaine de formation pourrait voir le jour en 2026, avec un lancement prévu en Guadeloupe rassemblant plusieurs centaines de professionnels.

L’HPA représente déjà plus de 140 millions de nuitées chaque printemps-été, soit plus que l’hôtellerie traditionnelle. Son succès repose sur une équation simple mais exigeante : investir dans des infrastructures de qualité et maintenir un haut niveau de service grâce à des équipes formées et motivées.

« Nos clients viennent chercher des vacances conviviales, du répit, du lien. Cela ne peut se faire qu’avec des salariés bien formés et fidélisés », résume Nicolas Dayot. Entre climat, nouvelles attentes sociétales et révolution numérique, les défis sont nombreux.

Mais pour le président de la FNHPA, une certitude demeure : l’avenir du camping sera profondément humain.

Brice Duthion est président - fondateur de l'agence "Les nouveaux voyages extraordinaires" (LNVE) spécialisée en conseil, conférences et communication.

Il intervient auprès de nombreux acteurs publics et privés dans ses domaines d'expertise : le tourisme et l'hospitalité, la culture et les patrimoines, les territoires et les politiques publiques.

brice.duthion@gmail.com

Lu 472 fois

Notez

Nouveau commentaire :

Tous les commentaires discourtois, injurieux ou diffamatoires seront aussitôt supprimés par le modérateur.
Signaler un abus

Dans la même rubrique :
< >









































TourMaG.com
  • Instagram
  • Twitter
  • Facebook
  • YouTube
  • LinkedIn
  • GooglePlay
  • appstore
  • Google News
  • Bing Actus
  • Actus sur WhatsApp
 
Site certifié ACPM, le tiers de confiance - la valeur des médias