Jean-Michel Diaz de TotalEnergies et Victoria Morin de Transavia évoquent les enjeux de la production de SAF (carburant d'aviation durable) en France - Photo CE
« Les premiers camions de carburant d'aviation durable viennent de sortir » de la "bioraffinerie" de la Mède (Bouches-du-Rhône) a annoncé Jean-Michel Diaz, directeur Sud PACA-Corse de TotalEnergies, à l'occasion de l'évènement Impulsions organisé le 2décembre, dans le Terminal 1 de l'aéroport de Marseille - Provence.
Le site qui a démarré cet été la production de SAF (sustainable aviation fuel) a bel et bien l'intension de monter en puissance.
TotalEnergies a transformé dès 2015, la raffinerie Mède - située à seulement quelques kilomètres de l'aéroport de Marseille - Provence - pour en faire la première bioraffinerie française de taille mondiale.
L’industriel a investi un demi-milliard d’euros pour restructurer complètement ses installations. La première étape a concerné la production de carburants routiers renouvelables (HVO). La seconde, lancée récemment, concerne la production de carburants d’aviation durable.
Le site utilise exclusivement des déchets issus de l’économie circulaire - huiles alimentaires usagées et graisses animales - pour produire ce carburant qui permet une réduction significative des émissions de CO₂, pouvant atteindre 50 à 80 % sur l’ensemble du cycle de vie par rapport au kérosène fossile, à condition que la production, le transport, l’électricité utilisée et l’origine des ressources soient strictement encadrés.
Le site qui a démarré cet été la production de SAF (sustainable aviation fuel) a bel et bien l'intension de monter en puissance.
TotalEnergies a transformé dès 2015, la raffinerie Mède - située à seulement quelques kilomètres de l'aéroport de Marseille - Provence - pour en faire la première bioraffinerie française de taille mondiale.
L’industriel a investi un demi-milliard d’euros pour restructurer complètement ses installations. La première étape a concerné la production de carburants routiers renouvelables (HVO). La seconde, lancée récemment, concerne la production de carburants d’aviation durable.
Le site utilise exclusivement des déchets issus de l’économie circulaire - huiles alimentaires usagées et graisses animales - pour produire ce carburant qui permet une réduction significative des émissions de CO₂, pouvant atteindre 50 à 80 % sur l’ensemble du cycle de vie par rapport au kérosène fossile, à condition que la production, le transport, l’électricité utilisée et l’origine des ressources soient strictement encadrés.
La Mède : des unités de production d'hydrogène renouvelable et un projet d'hydrogène vert
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Face à ces enjeux, le site de la Mède souhaite pousser le curseur encore d'un cran et prépare la prochaine évolution : la création de deux unités de production d’hydrogène renouvelable avec Air Liquide et un projet d’hydrogène vert mené avec ENGIE.
« En combinant ces deux projets, nous produirons à terme 100 tonnes d’hydrogène vert et renouvelable par jour, ce qui permettra de poursuivre la décarbonation du site. Il n’y aura alors plus aucun produit fossile utilisé à la bioraffinerie de La Mède : le dernier encore en place aujourd’hui, l’hydrogène fossile utilisé pour fabriquer les biocarburants, sera remplacé par cet hydrogène renouvelable. Du surplus d’hydrogène vert pourra ensuite être mis à disposition pour les besoins du territoire.
Au final, La Mède passera de 1,2 million de tonnes de CO₂ émises lorsqu’elle fonctionnait comme raffinerie de pétrole brut, à environ 100 000 tonnes une fois la transformation achevée. » détaille Jean-Michel Diaz.
Malgré ces investissements, le développement du carburant d’aviation durable (SAF) se heurte à plusieurs autres obstacles. D’abord, son coût reste de 3 à 5 fois supérieur à celui du kérosène fossile, ce qui pèse sur des compagnies aériennes aux marges déjà faibles et renchérit potentiellement le prix des billets.
« Le défi pour les transporteurs, et notamment pour une compagnie low cost comme Transavia, est de réussir cette montée en puissance dans des conditions économiques acceptables pour les clients et compatibles avec la concurrence. Aujourd’hui, le sujet du SAF repose quasiment exclusivement sur les compagnies aériennes. L’enjeu est donc de faire de la pédagogie pour expliquer que, pour décarboner le transport aérien, il faudra que l’ensemble des acteurs participe à cet effort. » témoigne Victoria Morin, responsable développement durable de Transavia.
La compagnie à la dérive verte annonce incorporer du carburant d’aviation durable à hauteur de 2 %, « conformément à la réglementation européenne ». Victoria Morin rappelle que sa maison mère le groupe Air France - KLM vise « jusqu’à 10 % de SAF en 2030 », alors que la norme européenne imposera 6 % à cet horizon.
« En combinant ces deux projets, nous produirons à terme 100 tonnes d’hydrogène vert et renouvelable par jour, ce qui permettra de poursuivre la décarbonation du site. Il n’y aura alors plus aucun produit fossile utilisé à la bioraffinerie de La Mède : le dernier encore en place aujourd’hui, l’hydrogène fossile utilisé pour fabriquer les biocarburants, sera remplacé par cet hydrogène renouvelable. Du surplus d’hydrogène vert pourra ensuite être mis à disposition pour les besoins du territoire.
Au final, La Mède passera de 1,2 million de tonnes de CO₂ émises lorsqu’elle fonctionnait comme raffinerie de pétrole brut, à environ 100 000 tonnes une fois la transformation achevée. » détaille Jean-Michel Diaz.
Malgré ces investissements, le développement du carburant d’aviation durable (SAF) se heurte à plusieurs autres obstacles. D’abord, son coût reste de 3 à 5 fois supérieur à celui du kérosène fossile, ce qui pèse sur des compagnies aériennes aux marges déjà faibles et renchérit potentiellement le prix des billets.
« Le défi pour les transporteurs, et notamment pour une compagnie low cost comme Transavia, est de réussir cette montée en puissance dans des conditions économiques acceptables pour les clients et compatibles avec la concurrence. Aujourd’hui, le sujet du SAF repose quasiment exclusivement sur les compagnies aériennes. L’enjeu est donc de faire de la pédagogie pour expliquer que, pour décarboner le transport aérien, il faudra que l’ensemble des acteurs participe à cet effort. » témoigne Victoria Morin, responsable développement durable de Transavia.
La compagnie à la dérive verte annonce incorporer du carburant d’aviation durable à hauteur de 2 %, « conformément à la réglementation européenne ». Victoria Morin rappelle que sa maison mère le groupe Air France - KLM vise « jusqu’à 10 % de SAF en 2030 », alors que la norme européenne imposera 6 % à cet horizon.
Sécuriser les approvisionnements pour produire du SAF
Si la massification permettra aussi de réduire les coûts, selon Jean-Michel Diaz il reste d’importants investissements à effectuer, notamment pour sécuriser les approvisionnements en déchets (d’huiles alimentaires usagées, et graisses animales). « L’important pour nous et pour la France, c’est d’arriver à sécuriser ces volumes-là. » ajoute-t-il.
En effet, la disponibilité des ressources et leur durabilité constituent un autre frein, qu’il s’agisse de matières premières limitées (huiles usagées, graisses animales), ou de biomasse (bois, résidus agricoles, déchets alimentaires, effluents d’élevage, microalgues, etc.) à la logistique complexe.
Autre risque : le recours massif à des cultures dédiées qui peuvent entraîner artificialisation des sols, pression accrue sur les terres agricoles et atteintes à la biodiversité. Mal encadrées, certaines filières de SAF peuvent également générer des émissions de CO₂ importantes tout au long de la chaîne de production – changement d’usage des sols, usage d’énergies fossiles dans les usines, transport des matières premières – au point de réduire fortement le gain climatique annoncé par rapport au kérosène.
La stabilité réglementaire constitue enfin le dernier enjeu critique pour les industriels : « Il ne faut pas qu’il y ait du changement de règles du jeu notamment sur les aspects réglementaires. » poursuite le directeur régional qui ajoute :
« Il faut mettre en place une règle anti-dumping, car certains produits importés, notamment en provenance de Chine, bénéficient des mêmes subventions que ceux fabriqués sur notre territoire. L’ensemble de ces facteurs influe naturellement sur le coût du produit. »
A lire aussi : Fos-sur-Mer : 1,5 milliard d’euros pour accélérer la production de SAF
En effet, la disponibilité des ressources et leur durabilité constituent un autre frein, qu’il s’agisse de matières premières limitées (huiles usagées, graisses animales), ou de biomasse (bois, résidus agricoles, déchets alimentaires, effluents d’élevage, microalgues, etc.) à la logistique complexe.
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500 000 tonnes de SAF made in France dès 2028
Malgré ses freins, TotalEnergies, prévoit dès 2028, d'être « en capacité de produire 500 000 tonnes de SAF, ce qui est essentiel compte tenu de la rareté du produit. Cela permettra de disposer d’une filière entièrement française. Les approvisionnements seront sécurisés en France et en Europe, et l’outil de production restera implanté sur le territoire national. » affirme Jean-Michel Diaz.
Grandpuits en Seine-et-Marne doit démarrer en 2026 avec une production d’environ 240 000 tonnes de SAF, tandis que le site de Normandie à Gonfreville-l’Orcher près du Havre en fabriquera, en coprocessing*, entre 160 000 et 180 000 tonnes par an.
« Avec La Mède, Grandpuits et Normandie, nos besoins pour 2030 sont totalement sécurisés, ce qui contribue à limiter l’escalade des prix. » affirme le directeur Sud PACA-Corse de TotalEnergies.
« La technologie, elle est au point, ça marche, et surtout n'oubliez pas de manger des frites c'est bon pour la planète ! » lance t-il en guise de conclusion.
*Le coprocessing (ou co-traitement) désigne un procédé dans lequel une raffinerie introduit des matières premières “durables” (par exemple des huiles usagées ou des graisses animales) dans une unité classique de traitement du pétrole, en les mélangeant avec des ressources fossiles
A lire aussi : Carburant durable : une véritable solution d'avenir ?
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Publié par Céline Eymery 













