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Nomade Aventure : à eux de vous faire préférer le train !

interview de Fabrice Del Taglia, DG de Nomade Aventure.


La mobilité douce a le vent en poupe... De plus en plus d’agences de voyages et de tour-opérateurs se tournent vers des offres de séjours autour de la randonnée et du vélo et cherchent des alternatives pour l'empreinte la moins négative possible. Nomade Aventure fait partie de ces opérateurs. Le voyagiste propose une offre incitative à voyager en train vers 60 destinations en Europe et commercialise depuis tout récemment des séjours vélos. Nous avons fait le point avec Fabrice Del Taglia, Directeur Général de Nomade Aventure, qui valorise de plus en plus les mobilités douces.



Rédigé par le Mercredi 14 Juin 2023

Nomade Aventure veut nous faire préférer le train - DR : Nomade Aventure
Nomade Aventure veut nous faire préférer le train - DR : Nomade Aventure
TourMaG.com - La mobilité douce, vous connaissez déjà chez Nomade Aventure ?

Fabrice Del Taglia :
 La majorité de nos séjours ne sont accessibles qu’en avion, mais à destination oui c’est la mobilité douce qui prédomine. On propose de la randonnée, des treks... Mais aussi du voilier, du canoë, du kayak de mer, des promenades à cheval, chameaux, âne...

TourMaG.com - Et en vélo aussi ?

Fabrice Del Taglia :
 C’est vrai que l’offre explose aujourd’hui.

C’est une offre qui existe depuis longtemps et se développe réellement depuis 3 ou 4 ans. Avec la crise covid, il y a eu un essor pour les déplacements quotidiens et naturellement, les gens tendent vers le vélo pour les vacances.

On voit un fourmillement de l’offre autour du vélo en ce moment, que ce soit chez les agences de voyages et les TO ou dans les offres d’hébergement Accueil Vélo mais aussi un nombre presque trop important de fabriquants de vélo...

Le vélo était déjà ben développé en Europe centrale mais la France se rattrape avec de belles véloroutes. C’est vraiment un axe en plein essor il y a un réel dynamisme.

Des voyages à vélo 100% sur mesure

Fabrice Del Taglia
Fabrice Del Taglia
TourMaG.com - Et depuis peu vous en avez fait un véritable axe ?

Fabrice Del Taglia :
 Le vélo est proposé à destination depuis de nombreuses années, sur une offre similaire à celle qu’on peut faire en randonnée : du VTT pour la découverte en pleine nature, en petit groupe.

C’est naturel pour nous d’en faire une véritable proposition que nous avons lancé là, en mars 2023. Des voyages à vélo 100% sur mesure, avec 60 propositions dont environ la moitié en France et le reste en Europe.

Ce sont des séjours tout public, d’ailleurs les toutes premières clientes en France étaient deux dames de 75 ans. En Europe, le premier voyage à vélo, c’était en Norvège et via un trajet en train.

Avion : "l’absorption c’est un vrai sujet"

TourMaG.com - Pourtant, l’avion reste votre premier mode de transport ?

Fabrice Del Taglia :
 Nous sommes beaucoup sur du long-courrier donc oui, la majorité de nos voyages ne peuvent se faire qu’en avion. Nous ne voulons pas nous replier sur la France et l’Europe.

Faire un long-courrier ça n’est pas qu’une question de trajet, nous avons un vrai rôle social aussi. Il y a, sur place, des impacts positifs. Le tourisme, ce sont des recettes, des échanges, qui se répercutent sur l’économie.

Oui, c’est une activité émettrice, mais l’utilité sociale du tourisme n’est pas négligeable. On doit continuer à voyager, mais plus raisonnablement.

Mais nous sommes conscients que c’est un sujet. Depuis deux ans, nous absorbons 100 % de nos émissions CO2 par le financement de plantation de mangrove, en Indonésie et en Inde pour l’essentiel. Nous passons par le calculateur de l’ADEME et son option plus exigeante qui tient compte des traînées de condensation, ce qui change considérablement la donne.

Même si les appareils sont moins émetteurs, l’absorption, c'est un vrai sujet, pour nous comme pour tout le groupe Voyageurs du Monde.

Aérien : "on envisage d’absorber à plus de 100%"

TourMaG.com - Qu’est-ce que vous répondez à ceux qui objectent que ces plantations vont mettre des années à pousser et que l’impact est limité ?

Fabrice Del Taglia :
 Quelle autre solution ? Il n’y a pas d’alternative simple.

Nous avons choisi la mangrove parce qu’elle pousse plus vite et qu’elle est plus dense qu’une forêt tropicale. Et par ailleurs, nous faisons cela depuis 15 ans et nous envisageons d’absorber à plus de 100 % en faisant appel au volontariat des clients.

Il y a aussi beaucoup moins de risque de destruction (pas d’incendie et aucun intérêt industriel). Indépendamment du bénéfice sur le carbone, la mangrove protège les sols de l’érosion et de la salinisation et abrite une grande biodiversité. Tout cela impacte aussi sur les populations locales.

Une soixantaine de destinations accessibles en train

TourMaG.com - Vous lancez aussi des voyages en train, pourquoi et comment en êtes-vous arrivez à aller vers le train ?

Fabrice Del Taglia :
 Le déclic s’est fait en 2019. Jusqu’à il y a 3 ans, tous nos voyages étaient en avion. Et puis on m’a interpellé lors d’une interview et on s’est rendu compte qu’on avait négligé cette piste.

On incite à prendre le train là où c’est possible. Il y a une problématique d’interconnexion. Les réseaux ferrés sont perfectibles, mais suffisants. En revanche, on évite de multiplier les escales. Pour le moment, Paris-Athènes, c'est encore compliqué. Et jusqu’à preuve du contraire, les îles ne sont pas accessibles en train ! (Sauf la Sicile, qu’on propose).

Mais on a quand même une soixantaine de destinations disponibles et c’est amené à augmenter.

Pour le moment, c'est une incitation, on laisse le choix, mais on garde en tête que peut-être un jour, on pourra abandonner l’offre en avion sur ces destinations.

Train : "l’intérêt du public est là"

TourMaG.com - L’offre est relativement récente, vous savez combien de personnes ont déjà choisi cette option et pourquoi ?

Fabrice Del Taglia :
 L’année dernière, 15 % des voyageurs ont préféré prendre le train (pour reprendre un vieux slogan de la SNCF), et ce sans avoir communiqué dessus. C’est déjà un très bon chiffre.

Devant ce succès cette année, nous avons doublé le nombre de propositions, et sur les destinations qui étaient déjà pratiquées l’année précédente, nous sommes à 20 %, une belle augmentation.

Nous parlons beaucoup de la jeunesse, mais elle n’est pas forcément aussi mobilisée qu’on croit, ce que nous voyons n’est pas toujours représentatif. En tout cas de notre côté il y a une forte diversité de public, y compris des familles, ce qui nous a étonnés (prendre le train sur la durée avec des enfants ça n’est pas toujours simple).

L’intérêt du public est là et c’est totalement cohérent avec notre promesse.

Il y a une limite de temps avec la durée du voyage, et cela ne concerne qu’une partie de l’Europe, mais là où c’est déclinable, je suis persuadé que la demande va augmenter significativement. Pourquoi pas à 30 % l’an prochain ?

Prendre le train : l’environnement, la simplicité, l’expérience

TourMaG.com - Est-ce que vous avez une visibilité sur leurs motivations ?

Fabrice Del Taglia :
 Nous n'avons pas fait de sondage à proprement parlé, mais nous avons des éléments de réponse.

La première raison est environnementale, et concerne presque tous les publics, pas forcément de la part la plus engagée. Il y a presque toujours une deuxième motivation, qui varie.

Nous n’avions pas pris en compte cette donnée, mais on a une nouvelle clientèle : celle des gens qui ont peur de prendre l’avion ! La toute première cliente était phobique de l’aéroport.

Il y a aussi la simplicité d’accès : on part du centre-ville, on n’a pas besoin de se déplacer jusqu’à un aéroport des heures en amont.

Nous parlons aussi du confort : un siège dans un train, c'est toujours plus confortable qu’une classe éco en avion.

Enfin, il y a l’immersion dans le voyage dès le trajet. En allant en Écosse, on traverse toute l’Angleterre, en allant en Albanie, on voit une grande partie de l’Italie… On regarde défiler les paysages, c’est déjà un voyage dans le voyage.

On l’a d’ailleurs utilisé dans notre baseline : « Plus de paysages, moins de CO2 », en mettant l’argument paysage avant le CO2. C’est la raison pour laquelle nous proposons plutôt les trains de jour : on peut en profiter pour prendre le temps de la rencontre, le temps de lire, de regarder.

Voyager en train : dire "c’est possible" ne suffit pas : "il faut le faire"

TourMaG.com - Si les voyageurs plébiscite le train, est-ce que vous avez le sentiment que le secteur du tourisme fait de même, est-ce qu’il y a un vrai changement de regard sur le transport ?

Fabrice Del Taglia :
 Il y a moins d’un an, voire, quelques mois à peine, j’aurais dit que cela ne bougeait pas tellement. C’était très très calme parce que les confrères ne voyaient que les difficultés.

Mais depuis peu, on voit surgir des offres.

Il y a des communications opportunistes, qui se contentent de dire « tel voyage est accessible en train » mais sans proposer l’offre. Nous enfonçons des portes ouvertes, cela ne marche pas comme ça. Dire « c’est possible » ne suffit pas : il faut le faire, c’est ça notre métier.

À côté, nous avons de très jeunes start-ups qui se sont lancés ces derniers mois et qui proposent des sites avec des solutions de voyages, des conseils, surtout adaptés aux jeunes.

Ce n’est pas du clé-en-main, c’est normal, ils ne sont pas TO, il y a le lien pour réserver, mais cela reste compliqué. Cependant, ce sont de bonnes initiatives, avec des informations très précieuses.

Ça bouge. Ce n’est pas évident que ça prenne. L’ensemble du secteur voit l’enjeu, mais se dit que son cœur de business, c’est d’aller loin et que pour cela, pas le choix, cela passe par l’avion. À part quelques proclamations radicales, de niches, qui se distinguent, mais la majorité voit d’abord les freins.

Compliqué, l’offre en train ? "C’est justement notre valeur ajoutée"

TourMaG.com - Vous pensez au prix par exemple ?

Fabrice Del Taglia :
 Il y a un début de prise de conscience, nous l'avons vu avec le fonds de dotation du SETO récemment. Mais pour beaucoup de TO, ce n’est pas la priorité, « c’est trop compliqué, c’est trop cher ».

Mais de mon point de vue, le prix n’est pas un frein pour le train. À séjour équivalent, l’Écosse est 8 % plus cher et l’Albanie 15 %, cela ne joue pas tant que ça dans la décision. L’objection du prix ne tient que très modérément et ce n’est pas rédhibitoire, d’autant que les billets d’avion commencent déjà à augmenter.

Quant à la complexité... C’est vrai qu’il n’existe pas à ce jour d’outil efficace, équivalent à ce que fait un GDS dans l’aérien, mais cette offre ne risque pas de se développer sans l’offre des TO.

Et cette complexité, c’est justement notre valeur ajoutée : le travail d’un TO c’est justement de simplifier au maximum la vie du client et de rendre facile ce qui est compliqué.

Le fait que ce soit compliqué est un avantage et un argument.

Juliette Pic Publié par Juliette Pic Journaliste - rubrique Voyages Responsables - TourMaG.com
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