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S. Benillouche (Feeling Business) : « Suis-je un Uber d’Air France ? »

L’interview de Serge Benillouche, à la tête du groupe Voyages Feeling


Distribution des trains Ouigo, baisse de la commission de la SNCF, NDC… Serge Benillouche, patron du groupe Voyages Feeling et de son agence de voyages affaires Feeling Business et administrateur de Manor, revient sur les sujets forts du congrès Manor. L’événement s’est déroulé du 10 au 13 novembre 2022, à Aix-en-Provence.


Rédigé par le Mercredi 23 Novembre 2022

"Air France affirme vouloir reprendre la main sur la distribution. Ça me révolte", Serge Benillouche, patron du groupe Voyages Feeling. - DR
"Air France affirme vouloir reprendre la main sur la distribution. Ça me révolte", Serge Benillouche, patron du groupe Voyages Feeling. - DR
TourMaG.com - Avec un taux de commission de 1%, la distribution de Ouigo via les GDS reste-t-elle une bonne chose ?

Serge Benillouche :
Aujourd’hui, nous allons pouvoir intégrer les Ouigo à l’offre et les distribuer de façon normale, c’est une grande avancée. Bien que ça ne représente pas un volume important, ça répond à une nécessité pour nos clients affaires.

Il fallait faire comprendre à la SNCF qu’une ligne de train ne peut pas être uniquement dédiée au tourisme de loisirs. C’est toute la logique des low cost en général.

Quand vous vivez ou travaillez aux Ulis, par exemple, il est plus simple de se rendre en gare de Massy plutôt que d’aller à Paris pour partir à Lyon. Peu importe que le train s’appelle Ouigo ou autre.

Nous étions arrivés à une situation ubuesque, où les trains Ouigo n’étaient pas disponibles en distribution classique pour les voyageurs d’affaires. L’agence de voyages devait l’acheter sur le web, comme les particuliers avec une carte de crédit société.

Quant à la commission à 1%, c’est très peu, mais c’est mieux que zéro.

Lire aussi : SNCF : feu vert pour la distribution de Ouigo en agences 🔑

TourMaG.com - La commission de la SNCF descendra à 2,7% en 2027. Quelle est votre analyse de la situation ?

S. B. :
Cela commence à être très compliqué. C’est un seuil en dessous duquel on ne pourra pas aller. Il y a un coût de traitement, d’émission, de facturation, etc. d’un billet de train. A 2,7%, on a un souci. Le traitement et le travail de distribution devient coûteux.

Les situations monopolistiques peuvent être problématiques.

TourMaG.com - L’ouverture à la concurrence peut-elle faire évoluer les choses ?

S.B. :
C’est possible. L’avenir nous le dira. Avoir d’autres acteurs sur le marché, pouvoir se tourner ailleurs peut nous apporter quelque chose.

J’espère qu’elle réformera le réseau, notamment sur les lignes de TER. Nous avons des remontées de nombreux mécontents. Cela commence à être problématique dans certaines régions.

NDC : "Nous avons le sentiment d’être les dindons de la farce"

TourMaG.com - L’autre sujet qui a animé les débats lors du congrès concerne Air France. Quelle est votre position par rapport à NDC ?

S.B. :
Moderniser l’outil de distribution, c’est très bien. Je trouve dommage que NDC soit imposée à marche forcée, alors qu’on arrivait à une stabilité et pérennité d’un système ancien, à savoir les GDS.

Nous avons le sentiment d’être les dindons de la farce. Nous avons un outil, créé par les compagnies aériennes, qui permet de manière simple et rapide aux agents de voyages formés de proposer ce qui existe. Pour certains, il est à bout de souffle. Je ne suis pas d’accord, il a juste besoin d’être optimisé.

Air France, et plus largement les compagnies aériennes, ne sont pas satisfaites du montant qu’elles doivent payer aux GDS pour être distribuées.

Il y a des soubresauts réguliers. A plusieurs reprises, Air France a décidé de tout passer sur Internet, de se passer des agences, puis de revenir vers elles, etc.

Le problème majeur aujourd’hui est que NDC n’est pas au point.

Et puis, un environnement GDS permet d’accéder à des produits autres que l’avion : à l’instar du train, de l’hôtel, de la location de voitures. Quand vous êtes dans un environnement fermé Air France, vous ne vendez que du Air France.

"Air France affirme vouloir reprendre la main sur la distribution. Ça me révolte"

TourMaG.com - Cela bouscule-t-il la relation qui vous lie à Air France ?

S.B. :
Air France affirme vouloir reprendre la main sur la distribution. Ça me révolte. Pourquoi vouloir prendre la main sur mon entreprise ? Cela revient à de la sous-traitance ou alors je deviens une filiale ? Il y a un lien de subordination que nous n’avons toujours pas résolu.

Nous sommes des clients d’Air France qui n’est qu’un transporteur. Suis-je un Uber d’Air France ? Je fais ce qu’on me demande et récupère deux à trois euros par course, ça y ressemble un peu. Je ne suis pas d’accord.

TourMaG.com - L’avenir de la distribution vous inquiète-t-il ?

S. B :
Je suis inquiet pour toute l’industrie. Et plus encore pour la pérennité d’Air France.

La compagnie connaît depuis des années des pertes phénoménales, des erreurs stratégiques, des réorientations. On invente Hop ! on arrête, on fait de la first, des low costs…

Résultat : il y a une incompréhension forte de ce qu’est Air France pour ses utilisateurs. C’est dommage.

La compagnie investit des sommes phénoménales sur NDC, je ne vois pas où est sa rentabilité. Si elle n’était pas portée à bout de bras par l’Etat, la compagnie serait déjà tombée.

NDC : "Il y a un nouveau modèle, un partenariat à trouver"

TourMaG.com- Avec la fin des commissions GDS, c’est un changement de modèle économique qui s’opère.

S.B. :
Demain, avec NDC, entre la surcharge et la faible rémunération, ça me coûtera de l’argent d’émettre un billet, alors qu’hier j’en gagnais.

Donc je dois facturer en plus le client final. Il y a un nouveau modèle, un partenariat à trouver.

TourMaG.com - Lequel ?

S.B. :
Il en a plusieurs. La solution la plus simple serait d’être rémunéré par le transporteur.

Aujourd’hui, il y a une marge arrière comprise en 0,6 et 1,5%. Ce n’est pas zéro, mais presque, car personne n’atteint 1,5%.

Il faut remettre en place une commission, de 3 à 4% minimum. Monter entre 6 et 7% permettrait de ne pas générer de frais supplémentaires.

Le minimum est de rémunérer pour le travail qui est fait.

TourMaG.com - Manor menace d'imposer une surcharge sur les billets NDC.

S.B. :
C’est la seconde idée. Pourquoi pas imposer une surcharge de 30 euros sur chaque billet ?

Air France étant dans la difficulté cherche à trouver sa rentabilité auprès des agences de voyages. Nous avons surmonté chacune des crises, chacun des diktats des agences. Aujourd’hui, on veut dire non.

Air France offre une remise de fin d’année aux grandes entreprises, calculée sur les volumes transportés. Elle leur offre ce qu’elle refuse à la distribution. Comme quoi, il y a une marge quelque part.

Il y a une inégalité de traitement.

Lire aussi : Air France : Manor menace d'imposer une surcharge... NDC !

Feeling Business, c'est :

- une entreprise familiale créée il y a une trentaine d’années

- 6 collaborateurs

- Deux activités : le voyage d’affaires et le tourisme haut de gamme. Le business travel représente 40% du chiffre d’affaires.

Caroline Lelievre Publié par Caroline Lelievre Journaliste - TourMaG.com
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