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La contre attaque de Fabrice Dariot face à IATA ! [ABO]

Fabrice Dariot, appuyé par le liquidateur, a attaqué IATA en justice


Il était l'une des grandes gueules du secteur, capable de s’attaquer aussi bien à Google qu’à IATA. Puis, à l'été 2023, la puissante association des compagnies aériennes a exigé que Bourse des Vols dépose en garantie 80 % de son chiffre d'affaires. Dans l'incapacité de le faire, son dirigeant n'a eu d'autre choix que de procéder à la fermeture de l'entreprise. Deux ans plus tard, Fabrice Dariot revient à la charge, accompagné du liquidateur, mais cette fois-ci sur le terrain judiciaire.


Rédigé par le Mercredi 15 Octobre 2025

Fabrice Dariot, appuyé par le liquidateur, a attaqué IATA en justice - Depositphotos @zentro
Fabrice Dariot, appuyé par le liquidateur, a attaqué IATA en justice - Depositphotos @zentro
Nous n'avions plus entendu de banderilles contre IATA depuis un moment - du moins, depuis la chute de Bourse des Vols.

Créée en 1996, Viaticum, la maison mère de la plateforme a vu la lumière s’éteindre en 2023. (Depuis les marques Bourse des vols et Bourse des voyages ont été reprises par PenguinWorld NDLR)

Fin août 2023, IATA suspend la plateforme du BSP. Privée de près de 85 % de son activité, elle ne peut pas se relever sans un apport financier très conséquent.

Ainsi, l'association internationale des compagnies aériennes réclame 80 % du chiffre d'affaires de l'année 2022, "une garantie bancaire à première demande, chose qui ne nous avait jamais été réclamée en 26 ans de contrat avec eux," nous expliquait-on à l'époque.

La somme, proche de 2 millions d'euros, ne pourra pas être versée.

"Nous avons été obligés de liquider Viaticum (la société de Bourse des Vols) et de licencier 26 personnes - l’un des jours les plus difficiles de ma vie. Nous avons décidé, avec l’ensemble des actionnaires, d’assigner IATA pour des motifs précis. Le liquidateur a suivi, à notre grande surprise.

La procédure est engagée : il est demandé à IATA une indemnisation très importante, et le tribunal de commerce entend récupérer cet argent,
" a déclaré Fabrice Dariot lors du dernier congrès Manor.


IATA : "C’est un cartel !"

Le site a donc depuis fermé ses portes, avant de repartir à la faveur d'un rachat par Penguin World, la holding de Resaneo.

A lire : Pourquoi Resaneo rachète Bourse des Vols

Malgré cette chute express, en seulement 15 jours, son dirigeant n'abandonne pas la procédure lancée en plein cœur de la crise. Il entend faire condamner ce qu'il considère comme un cartel.

"C’est un cartel, dans le sens économique du terme. Cela s'explique quand des producteurs dominants se regroupent pour fixer les règles et le fonctionnement d’un marché.

Nous avions payé des centaines de BSP sans jamais avoir un jour de retour, puis, quand nous avons intégré la liasse fiscale 2022 dans la procédure de simulation, tout s’est bien passé.

C’est d’une opacité incroyable.

Le 14 juillet 2023, IATA nous annonce que nous devons déposer une caution de 80 % de notre chiffre d’affaires pour le 15 août 2023, une somme impossible à couvrir avec la trésorerie de notre agence.

Sur le coup, nous pensons que c’est une blague. Nous essayons de joindre IATA, mais il est impossible de trouver un interlocuteur. Le navire va couler, les cales pleines, avec parmi les victimes des compagnies aériennes,
" déplore son ex-dirigeant deux ans plus tard.

Des demandes d'information ont été adressées à l'association, mais à chaque fois, aucune réponse n’a été donnée. Les 12 tentatives ont été consignées, dans la procédure, sans qu’un interlocuteur ne soit désigné sur un dossier aussi sensible.

A lire : Bourse des Vols : IATA a-t-elle provoqué ou accéléré la liquidation ?

Ce qui contredit le code du commerce.

Immédiatement, Fabrice Dariot engage un bras de fer judiciaire, en attaquant IATA devant le tribunal de Nanterre. À l'époque, il est seul, tel David contre Goliath.

Les institutions ne le suivront pas dans cette guerre.

IATA attaquée pour "rupture brutale et fautive"

Deux ans plus tard, la donne a changé.

Non seulement Manor a exprimé sa volonté d’appuyer la démarche, en lui donnant sur scène la parole, mais surtout, le liquidateur a décidé de se ranger derrière Bourse des Vols.

"On demande à être rétablis dans nos droits.

Dernièrement, nous avons eu la chance que le tribunal de commerce, constatant les événements, ait décidé de transférer l’affaire devant le tribunal judiciaire - qu’on appelait autrefois le TGI - et d’assigner IATA à nos côtés pour pratiques brutales et fautives.

Il leur est demandé d'indemniser tout le monde,
en particulier les fournisseurs qui n'ont pas pu être payés, dont plusieurs compagnies aériennes,
" détaille l'ancien patron

Les parties dénoncent une rupture brutale et fautive de leur relation commerciale, vieille de 26 ans.

Et le cas de Bourse des Vols n’est pas isolé.

Lors de ce même congrès, nous apprenons qu'une agence de voyages, encore plus ancienne, a connu la même mésaventure.

En raison d'un simple changement de propriétaire, une holding a été créée pour préparer la reprise par un membre de la famille. IATA a alors exigé le paiement d'une somme à sept chiffres, sous sept jours.

Les échanges de mails, signés par des interlocuteurs anonymes - sans doute des bots -, renvoient la même réponse automatique, enjoignant le dirigeant à payer le montant.


Celui-ci effectuera finalement le virement pour éviter de connaître un sort similaire.

IATA : le tribunal de commerce se place derrière Fabrice Dariot

Ce n'est pas tout : même du côté des compagnies aériennes, IATA est loin de faire l'unanimité.

Pour Corsair, l'association est aussi un immense trou noir. Il y a quelques mois, elle aurait demandé une contre-garantie d'un montant de 13 millions d'euros, selon nos informations, afin de couvrir un risque de défaillance.

La somme aurait été prélevée directement sur les comptes du transporteur, sur la base de critères jugés "totalement obscurs, abscons et non justifiés."

Pour revenir à Bourse des Vols, il aura fallu deux ans pour que la riposte prenne une autre dimension. Le temps de la justice n'est pas celui de l'entreprise.

"Le travail de mandataire est très compliqué. Il y avait des centaines de clients, puis des salariés. La procédure de liquidation d'une entreprise est extrêmement longue et complexe.

Le liquidateur devait ensuite connaître l'ensemble des éléments constitutifs du dossier, pour être sûr qu'il n'y avait pas un aspect qui lui avait échappé. Et pour finir, il lui fallait l'accord du juge-commissaire, qui est le représentant du tribunal de commerce.

Ainsi, le juge-commissaire a assigné IATA sur proposition du liquidateur,
" nous explique-t-il

Non seulement Fabrice Dariot n'est plus seul dans sa quête de justice, mais la situation change forcément le cours des choses.

Le fait que le juge-commissaire, c'est à dire le tribunal de commerce, appuie sa démarche fait que la justice reconnaît, en quelque sorte, l’abus subi par l’entreprise à l’époque.

Une étape qui a donc valeur de victoire. "À partir du moment où vous pensez avoir été victime d'une injustice, et que le tribunal de commerce la reconnaît en demandant à un tiers, en l’occurrence IATA, de bien vouloir réparer financièrement cette injustice, alors cela veut dire que nos revendications sont crédibles.

Et qu’il a même envie de les soutenir. C'est déjà un soulagement moral et un encouragement."

"Il a fallu absorber ce choc affectif, psychologique et financier"

La procédure devrait s'étendre sur plusieurs années, d’autant plus que le syndicat des compagnies aériennes cherchera sans doute à faire durer le plaisir si la décision rendue ne va pas dans son sens.

"J'ai connu des combats dans le passé contre de grandes organisations. Ces organisations ont toujours tendance à vouloir un peu intimider, en disant : ‘Monsieur Dariot, faites bien attention à ce que vous dites.’

Monsieur Dariot fait attention à ce qu’il dit, mais Monsieur Dariot parle. Il a parlé dans le passé, il parle maintenant et il parlera demain.

Ils disent que le déréférencement est le résultat d'une procédure et non d'une action personnelle. Après, il n’est pas certain qu’ils aient eu un avis favorable sur ma personne,
" tourne poliment l’ancien responsable, pour ne pas dire qu’il a été sacrifié à cause de son franc-parler.

Suite à cette mésaventure, qui a mis 26 personnes au chômage, Fabrice Dariot garde un goût d’amertume et de revanche.

S'il a définitivement tourné la page de Bourse des Vols et se félicite que les marques aient poursuivi leur vie, il n’en a pas fini pour autant avec le secteur du tourisme.

Outre son activité d’écrivain, il met à profit son temps et ses compétences pour aider les acteurs du voyage.

"Il a fallu absorber ce choc affectif, psychologique et financier. C’est tout de même 25 ans de ma vie, avec un lien fort que j’avais avec mes salariés, que j’ai aidés au maximum à recaser pour que personne ne se retrouve sur le carreau.

En plus de ça, il y a eu la liquidation et l’assignation d’IATA : deux gros dossiers.

À partir de là, j’ai rebondi sur un sujet qui me tenait à cœur : l’intelligence artificielle. J’aide un certain nombre d’opérateurs, plutôt du tourisme ou du transport, à gérer leur réputation dans les chatbots d’intelligence artificielle francophones.

Dans le même temps, j’accompagne un très beau projet qui s’appelle Magellio, et qui propose du pré-package et du package dynamique basé sur l’IA,
" nous confie Fabrice Dariot.


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