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Tour du monde des réceptifs : la bière ne coule plus à flots à Dublin...

L'interview de Mylène Campalto, représentante commerciale Abbey Group


Face à une situation de confinement (presque) généralisée au niveau mondial, la rédaction de TourMaG.com s'adapte. Tandis que les tour-opérateurs sont sur le pont pour faire rentrer les voyageurs et que les agences de voyages tentent de convaincre leurs clients de reporter les séjours, les réceptifs se démènent pour leur survie, loin des aides de l'Etat Français. Nous avons décidé de prendre de leurs nouvelles. Aujourd'hui, direction Dublin et l'Irlande avec Mylène Campalto, représentante commerciale d'Abbey Group.


Rédigé par le Lundi 6 Avril 2020

TourMaG.com - Tout d'abord, quelle est la situation générale à Dublin et en Irlande ?

Mylène Campalto :
La situation est relativement la même que partout en Europe, nous sommes confinés chez nous et tout est fermé.

Pour la première fois, la Saint-Patrick a eu lieu avec des rues totalement désertes. Il n'y avait personne ni dans les bars, ni dans les restaurants, c'était impressionnant et historique.

C'est un symbole important.

Le 26 mars, le Premier ministre irlandais a annoncé une prolongation du confinement jusqu'au 19 avril 2020, pour le moment.

Dans le même temps, un plan de soutien national a été dévoilé de 3,7 milliards, sur une période de 12 semaines, donc sur les 3 prochains moins et effectif dès le 1er avril 2020.

Les entreprises bénéficieront d'une subvention sous forme de chômage partiel, avec une indemnisation à hauteur de 70% du salaire, pendant 3 mois pour le moment et une permission de réduire le temps de travail, pour éviter tout licenciement.

TourMaG.com - Quel est l'état de l'industrie touristique ?

Mylène Campalto :
Nous sommes très touchés, comme partout ailleurs je suppose. D'ores et déjà, un hôtel à Cork a mis la clé sous la porte, avant même l'annonce de ces mesures. Une centaine de personnes se retrouvent au chômage.

En Irlande, à l'heure où nous nous parlons les mesures et les décisions prises dans le secteur du tourisme n'ont pas toutes étaient précisées.

Toutefois, 200 000 emplois seraient concernés par le confinement dans le tourisme, mais personne ne sait malheureusement quel sera l'impact.

Abbey va mettre en place ces mesures de chômage partiel auprès de ses 180 salariés, par contre au Royaume-Uni les mesures sont légèrement différentes, car les employés en chômage partiel n'ont pas le droit de travailler.

Dans ces conditions, nous allons devoir fermer temporairement notre bureau à Londres, avec seulement une toute petite équipe active là-bas,et nous reprendrons la main en Irlande.

Après c'est un pays qui reconnait l'importance de l'industrie pour l'économie, donc ils ne laisseront pas tomber ce tissu très actif.

"J'aurais aimé une réponse commune au niveau de l'Europe"

TourMaG.com - Quelles sont les conséquences de la crise du coronavirus pour vous ?

Mylène Campalto :
L'impact est encore limité, car la saison commençait seulement avec la Saint-Patrick.

Si les voyages pour cet événement se font généralement en direct, nous nous occupions de groupes américains devant parader.

Notre saison va vraiment débuter fin avril ou début mai.

Quand bien même la période de confinement durera 2 mois, nous espérons limiter un peu la casse, en ayant quelques voyageurs pour la période estivale, mais ce sera à la marge.

TourMaG.com - A quoi ressemblent vos journées ?

Mylène Campalto :
Nous sommes plusieurs représentantes d'Abbey. Pour ma part, j'ai encore du travail de fond, comme les mises à jour, les traductions de produits, la préparation de brochures, etc.

Nous renégocions avec les hôtels pour essayer de garder ou même de baisser les tarifs, afin d'être attractifs.

D'un point de vue commercial, je n'ai plus aucune activité. Les webinaires de mi-mars ont été annulés, car les agents étaient soit en chômage partiel, soit dans la gestion des rapatriements ou avec leurs enfants.

Éventuellement, nous pourrons réorganiser des webinaires dans les semaines à venir. Puis, nous nous adapterons au marché, cela va dépendre aussi de la situation de chacun.

TourMaG.com - Vous n'avez aucune inquiétude sur la poursuite des activités d'Abbey ?

Mylène Campalto :
Je ne me fais pas de souci pour l'entreprise, c'est une grosse structure, leader en Ecosse, Irlande et l'un des plus importants pour le Royaume-Uni.

La direction nous a rappelé que nous avions de la trésorerie, le problème étant qu'il n'y a plus aucune recette. Les aides de l'Etat sont importantes.

Je ne comprends pas que chaque pays prenne des mesures différentes, nous avons eu l'exemple de l'Italie, j'aurais aimé une réponse commune au niveau de l'Europe.

"Nous ne savons pas si la population sera en mesure de voyager"

TourMaG.com - L'Europe a encore perdu une occasion d'intervenir...

Mylène Campalto :
Je trouve oui. Surtout que nous faisons face à un mouvement d'Est en Ouest, sans savoir à quel moment tous les pays seront en confinement.

Au Royaume-Uni, il n'y avait pas de stratégie de confinement pendant un long moment, puis du jour au lendemain, ils en adoptent une qui peut s'étendre de 3 à 6 mois.

La France a une visibilité de deux semaines en deux semaines, avec des aides mensuelles, en Irlande nous sommes sur une base trimestrielle.

Il n'y a aucune concertation, nous n'avons aucune visibilité, ni politique commune.

J'ai eu une réunion récente avec l'Office de tourisme d'Irlande, sur les futurs modes de consommation des voyageurs : vont-ils vouloir, pouvoir voyager de la même manière ? Mais nous ne savons même pas si la population sera en mesure de voyager dans les prochains mois.

TourMaG.com - Justement, comme un Office de tourisme anticipe-t-il la suite ?

Mylène Campalto :
Ils attendaient les mesures dévoilées par le gouvernement pour connaître la suite et la persistance de leur activité.

Ils sont plutôt rassurés, si l'activité commerciale est arrêtée à ce jour, les budgets actuels sont reportés à la fin de l'année. Ils ne sont pas trop inquiets notamment sur la communication et pour mener des actions commerciales dans les mois à venir.

L'idée devrait être de communiquer tout doucement auprès du grand public et du business. Puis ils sont en contact avec des TO.

Quant à nous, nous avons établi des scenarii différents selon les secteurs. Notre réflexion globale étant que le secteur du MICE sera le plus touché, mais aussi le plus lent à reprendre.

Au niveau du loisir, certains seront moins touchés économiquement que d'autres, mais notre déduction globale est un recentrage des pays sur eux-mêmes.

Si demain toutes les frontières s'ouvrent, nous voyons mal les gens partir à tout va. Tous les pays adressent le même message : rester ici pour revitaliser le pays.

Une fois le confinement terminé, les populations vont vouloir profiter, voir leurs amis, faire la fête et s'amuser, mais c'est un plaisir immédiat de proximité.

"Il ne faut pas se cacher derrière l'à-valoir"

TourMaG.com - Toutefois, vous avez un avantage : l'Irlande est un pays court-courrier ?

Mylène Campalto :
Nous avons vraiment un avantage par rapport à d'autres destinations, nous sommes proches de la France.

En Europe, nous ferons face à une grande concurrence les uns les autres. D'ailleurs, nous travaillons déjà notre brochure 2021 qui sortira beaucoup plus tôt, avec des tarifs retravaillés.

Nous voulons susciter l'appétit des individuels, en montrant que nous avons de la nouveauté et des bons tarifs.

Comme tout le monde, nous avons annulé tous nos voyages sur avril et mai 2020. Par chance, nous avons énormément de reports sur le 3e et 4e trimestre.

Clairement les GIR sont bien plus compliqués à gérer car ce qui est passé est perdu.

TourMaG.com - Il est plus facile d'anticiper un report des vacances en Irlande avec des vols d'une heure ou deux, par rapport à d'autres destinations...

Mylène Campalto :
Bien sûr, nous avons cette chance qui facilite une meilleure organisation d'un report.

Il est bien plus compliqué pour une personne qui a pris 15 jours pour aller en Thaïlande ou dans un autre pays lointain.

Après nous essayons aussi d'identifier les conséquences du bon à-valoir français sur les fournisseurs et professionnels irlandais.

Quand je vois des acteurs demander à ce que "tout le monde joue le jeu", je suis absolument d'accord avec cette affirmation, sauf que cette décision est prise en France et non dans les pays récepteurs.

Il faut se mettre à la place des hôteliers, des guides, des services de voituriers, etc.

La réaction est très différente d'une personne à l'autre et d'un pays à l'autre. Il ne faut pas se cacher derrière l'à-valoir, mais que l'ensemble des parties prenantes se mettent à la place des autres.

L'idée pour nous est aussi de demander aux prestataires de jouer le jeu, en ne gonflant pas les prix, d'autant que les vouchers vont être appliqués un peu partout en Europe.

Retrouvez le "Tour du monde des réceptifs" sur la carte interactive :


Romain Pommier Publié par Romain Pommier Journaliste - TourMaG.com
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