Jeudi 14 décembre 2023, lors d'un évènement parisien, Atout France, en partenariat avec le cabinet de conseil One Point, a présenté les conclusions de sa réflexion prospective sur le tourisme de demain, en présence d’une centaine de décideurs politiques et institutionnels.
Il y a eu d’un côté l’énoncé de quatre scénarios sur le futur du tourisme à horizon 2040 ; et de l’autre la mise en place de deux tables rondes évoquant respectivement les actions des professionnels sur le court terme, ainsi que les prises de risque en matière d’investissement sur le long terme.
On notera l’intervention magistrale de François Gemenne, le rapporteur du GIEC, venu parler de l’incidence du réchauffement climatique sur les problématiques touristiques.
Autrement dit, une après-midi aussi dense que riche, censée dessiner « le futur crédible » de l’industrie du tourisme.
Il y a eu d’un côté l’énoncé de quatre scénarios sur le futur du tourisme à horizon 2040 ; et de l’autre la mise en place de deux tables rondes évoquant respectivement les actions des professionnels sur le court terme, ainsi que les prises de risque en matière d’investissement sur le long terme.
On notera l’intervention magistrale de François Gemenne, le rapporteur du GIEC, venu parler de l’incidence du réchauffement climatique sur les problématiques touristiques.
Autrement dit, une après-midi aussi dense que riche, censée dessiner « le futur crédible » de l’industrie du tourisme.
Atout France : « Se préparer aux différents futurs, si possible désirables »
Cédric Audenis, Commissaire général à la stratégie et à la prospective (France Stratégie). ©David Savary
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Comme l’a rappelé en introduction Caroline Leboucher, la directrice générale d’Atout France, alors que « nous sommes entrés dans le siècle des menaces », il s’agit de « se préparer aux différents futurs, si possible désirables, pour la filière tourisme".
Il en va, a-t-elle précisé, de « notre responsabilité collective » avec les travaux et réflexions nourris par Atout France et One Point qui ont pour « vocation d’être déclinés dans les territoires ».
Venu en grand témoin, Cédric Audenis, Commissaire général à la stratégie et à la prospective, n’était pas de trop pour rappeler que contrairement à d’autres secteurs d’activité comme le numérique ou l’immobilier, « le tourisme n’est pas un sujet d’intérêt pour les économistes », pas plus qu’il n’est « un secteur d’activité au sens de la statistique publique ».
Par contre, a-t-il rappelé, « c’est une activité riche en emplois, 6,7% de l’emploi français », avec aussi un excédent de « 14 milliards d’euros sur la balance commerciale ».
De quoi justifier de faire de la prospective sur cette industrie. « Mais attention, a prévenu Cédric Audenis, la prospective n’est pas une prévision. Une prospective n’est pas fait pour être vérifiée ».
Il en va, a-t-elle précisé, de « notre responsabilité collective » avec les travaux et réflexions nourris par Atout France et One Point qui ont pour « vocation d’être déclinés dans les territoires ».
Venu en grand témoin, Cédric Audenis, Commissaire général à la stratégie et à la prospective, n’était pas de trop pour rappeler que contrairement à d’autres secteurs d’activité comme le numérique ou l’immobilier, « le tourisme n’est pas un sujet d’intérêt pour les économistes », pas plus qu’il n’est « un secteur d’activité au sens de la statistique publique ».
Par contre, a-t-il rappelé, « c’est une activité riche en emplois, 6,7% de l’emploi français », avec aussi un excédent de « 14 milliards d’euros sur la balance commerciale ».
De quoi justifier de faire de la prospective sur cette industrie. « Mais attention, a prévenu Cédric Audenis, la prospective n’est pas une prévision. Une prospective n’est pas fait pour être vérifiée ».
Des possibilités d’agir sur « des sujets qui nous dépassent »
Décrits par Hugo Alvarez, sous-directeur Observation, Prospective et Stratégie chez Atout France, les quatre scénarios qui ont été élaborés pour éclairer les transformations de la filière ne se réaliseront peut-être pas, mais l’idée est surtout de convaincre les décideurs qu’il existe encore des leviers, des possibilités d’agir sur « des sujets qui nous dépassent ».
Ces quatre scénarios sont les suivants. Tout d’abord un « village mondialisé » avec en 2040 l’avènement d’un tourisme durable, mondialisé et démocratisé.
Ensuite, les « élites globalisées », un scénario qui voit un tourisme mondialisé, réservé à une élite dans un monde ouvert mais hostile.
Troisième scénario, des « territoires communautaires » qui prônent un tourisme démocratisé et fortement régionalisé.
Enfin, une « archipellisation du monde » avec en 2040 un tourisme contraint, régulé et limité à la proximité.
Rappelons-nous bien qu’il n’existe pas de bonne réponse aux enjeux de demain, uniquement des possibilités.
Sans avoir vraiment été discutés lors de cet évènement Atout France, ces scénarios sont traduits en impact avec des estimations de flux touristiques compris, selon les cas, entre 30 millions et 120 millions de touristes internationaux en France. Et de 180 millions à 375 millions voyages domestiques en France.
Les participants sont repartis avec un document synthétique devant leur permettre « d’ouvrir des pistes de réflexion pour anticiper des évolutions possibles, de s’y préparer et d’en décliner des plans d’action pour se positionner sur les trajectoires les plus souhaitables ».
Ces quatre scénarios sont les suivants. Tout d’abord un « village mondialisé » avec en 2040 l’avènement d’un tourisme durable, mondialisé et démocratisé.
Ensuite, les « élites globalisées », un scénario qui voit un tourisme mondialisé, réservé à une élite dans un monde ouvert mais hostile.
Troisième scénario, des « territoires communautaires » qui prônent un tourisme démocratisé et fortement régionalisé.
Enfin, une « archipellisation du monde » avec en 2040 un tourisme contraint, régulé et limité à la proximité.
Rappelons-nous bien qu’il n’existe pas de bonne réponse aux enjeux de demain, uniquement des possibilités.
Sans avoir vraiment été discutés lors de cet évènement Atout France, ces scénarios sont traduits en impact avec des estimations de flux touristiques compris, selon les cas, entre 30 millions et 120 millions de touristes internationaux en France. Et de 180 millions à 375 millions voyages domestiques en France.
Les participants sont repartis avec un document synthétique devant leur permettre « d’ouvrir des pistes de réflexion pour anticiper des évolutions possibles, de s’y préparer et d’en décliner des plans d’action pour se positionner sur les trajectoires les plus souhaitables ».
« Le tourisme en France peut transformer le monde »
Dans un contexte de dérèglement climatique entrainant un impératif d’évolution et d’innovation vers des modes de production plus durables, François Gemenne, le rapporteur du GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) tout juste rentré de la COP28 à Dubaï, a donné sa vision d’un tourisme en mutation.
« Aucun scénario ne va se réaliser, notre futur sera mâtiné d’un peu des quatre » a-t-il déclaré. Avant de conter « une petite histoire qui montre à quel point le tourisme en France peut transformer le monde ».
Cette histoire débute à La Rochelle dans les années 70 avec la mise en place du vélo en libre-service. Un concept auquel personne ne croyait et qui s’est avéré être un succès. À tel point que Rennes imitée ensuite par Lyon, laquelle sera copiée plus tard par Paris développent à leur tour le vélo en libre-service.
« Et le fait que Paris soit la première destination touristique mondiale a permis de transformer une petite innovation sociale en un levier de transformation gigantesque dans la mobilité urbaine mondiale, avec aujourd’hui des vélo en libre-service quasiment partout dans les grandes villes dans le monde » résume François Gemenne qui souhaite que l’on envisage le tourisme, « comme un levier de transformation vers une économie décarbonée face au changement climatique ».
« Aucun scénario ne va se réaliser, notre futur sera mâtiné d’un peu des quatre » a-t-il déclaré. Avant de conter « une petite histoire qui montre à quel point le tourisme en France peut transformer le monde ».
Cette histoire débute à La Rochelle dans les années 70 avec la mise en place du vélo en libre-service. Un concept auquel personne ne croyait et qui s’est avéré être un succès. À tel point que Rennes imitée ensuite par Lyon, laquelle sera copiée plus tard par Paris développent à leur tour le vélo en libre-service.
« Et le fait que Paris soit la première destination touristique mondiale a permis de transformer une petite innovation sociale en un levier de transformation gigantesque dans la mobilité urbaine mondiale, avec aujourd’hui des vélo en libre-service quasiment partout dans les grandes villes dans le monde » résume François Gemenne qui souhaite que l’on envisage le tourisme, « comme un levier de transformation vers une économie décarbonée face au changement climatique ».
« Notre futur climatique dépend des autres »
À condition, souligne l’expert, de nous inscrire dans « une coopération internationale car notre futur climatique dépend des autres. Autrement dit, ailleurs dépend d’ici et ici dépend d’ailleurs ».
Autre observation : le climat de la Côte d’Azur qui va se transformer. « Je n’exclus pas que d’ici 20 ou 30 ans, on en revienne à un tourisme d’hiver, comme c’était à l’origine, plutôt qu’un tourisme d’été.
Ce n’est pas une catastrophe en soi mais cela demande d’adapter l’offre touristique, notamment en matière d’hébergement » explique François Gemenne, convaincu que « plus tôt le secteur touristique se saisira de cette question des impacts, plus il sera gagnant à l’avenir ».
S’efforçant de montrer qu’un modèle d’économie décarbonée est possible, l’expert se dit « parfois navré de ces séjours lointains dans des clubs de vacances où les gens n’y vont que pour la plage et le soleil sans jamais sortir de leur hôtel ».
« N’est-ce pas là la négation même du tourisme » poursuit François Gemenne qui insiste sur l’idée de la connaissance d’un pays, et surtout « la connaissance de l’autre qui doit devenir un axe fondamental de l’offre touristique ».
Lire aussi : Climat : "il n’y aura pas de retour à la normale" François Gemenne 🔑
Autre observation : le climat de la Côte d’Azur qui va se transformer. « Je n’exclus pas que d’ici 20 ou 30 ans, on en revienne à un tourisme d’hiver, comme c’était à l’origine, plutôt qu’un tourisme d’été.
Ce n’est pas une catastrophe en soi mais cela demande d’adapter l’offre touristique, notamment en matière d’hébergement » explique François Gemenne, convaincu que « plus tôt le secteur touristique se saisira de cette question des impacts, plus il sera gagnant à l’avenir ».
S’efforçant de montrer qu’un modèle d’économie décarbonée est possible, l’expert se dit « parfois navré de ces séjours lointains dans des clubs de vacances où les gens n’y vont que pour la plage et le soleil sans jamais sortir de leur hôtel ».
« N’est-ce pas là la négation même du tourisme » poursuit François Gemenne qui insiste sur l’idée de la connaissance d’un pays, et surtout « la connaissance de l’autre qui doit devenir un axe fondamental de l’offre touristique ».
Lire aussi : Climat : "il n’y aura pas de retour à la normale" François Gemenne 🔑
Les investisseurs regardent désormais la qualité de l’air
De gauche à droite, Catherine Gouttefarde, DG du CRT Grand Est ; Cécile Wandling, sociologue ; Stéphane Le Bihan, DG de VVF Villages ; et Christian Mantei, Président du conseil d'administration d'Atout France. ©DS
Cette dernière remarque fait écho à l’attractivité d’un territoire avec aujourd’hui des critères qui ont complètement changé, comme l'a expliqué lors d’une table ronde Cécile Wandling, sociologue des risques et prospectiviste.
Selon elle, les investisseurs regardent désormais « la qualité de l’air, s’il est pur, s’il est pollué ».
En réalité, « nous sommes passés d’une approche de volume à une approche de valeur » poursuit la spécialiste qui cite l’exemple d’une forêt possédant une valeur de décarbonation avec la possibilité d’y construire des écolodges, qui vont ensuite apporter des expériences uniques aux visiteurs.
Saluant dans une vidéo enregistrée les travaux d’Atout France, Franck Gervais, directeur général du groupe Pierre & Vacances - Center Parcs, invoque à son tour « le quali plus que le quanti » avec « des expériences immersives au cœur de la nature ».
Sur les quatre scénarios échafaudés par Atout France et One Point, il pense lui aussi qu’aucun ne sera vrai car « d’ici 2040, il se passera beaucoup de choses dans le tourisme », mais ils ont le mérite d’exister, d'avoir « du matériel pour une réactualisation dans trois ou cinq ans ».
Pour agir, il faut se poser et réfléchir. Atout France a jeté les bases.
Selon elle, les investisseurs regardent désormais « la qualité de l’air, s’il est pur, s’il est pollué ».
En réalité, « nous sommes passés d’une approche de volume à une approche de valeur » poursuit la spécialiste qui cite l’exemple d’une forêt possédant une valeur de décarbonation avec la possibilité d’y construire des écolodges, qui vont ensuite apporter des expériences uniques aux visiteurs.
Saluant dans une vidéo enregistrée les travaux d’Atout France, Franck Gervais, directeur général du groupe Pierre & Vacances - Center Parcs, invoque à son tour « le quali plus que le quanti » avec « des expériences immersives au cœur de la nature ».
Sur les quatre scénarios échafaudés par Atout France et One Point, il pense lui aussi qu’aucun ne sera vrai car « d’ici 2040, il se passera beaucoup de choses dans le tourisme », mais ils ont le mérite d’exister, d'avoir « du matériel pour une réactualisation dans trois ou cinq ans ».
Pour agir, il faut se poser et réfléchir. Atout France a jeté les bases.