Chemise Ă carreaux et tresses noires, Tracey Klettl accueille en souriant ses visiteurs dans son ranch nommĂ© « Painted Warriors », câest Ă dire « Guerriers peints » en français.
Ce ranch se trouve dans le ComtĂ© de Mountain View, Ă une heure trente de voiture au nord de Calgary, la capitale de la province canadienne de lâAlberta. Autrement dit entre les contreforts des cĂ©lĂšbres Rocky Moutains (les « montagnes Rocheuses ») et les grandes plaines de lâOuest qui nâen finissent pas.
« Par chance, dit dâemblĂ©e Tracey, il a plu, ici, au printemps. Cet Ă©tĂ©, nous nâavons donc pas souffert des incendies ». Si les Français ont souvent entendu parler des grandes plaines de lâOuest canadien âet aussi amĂ©ricain-, jusquâĂ lâĂ©tĂ© dernier, la plupart ignoraient tout de lâAlberta.
Ils ont dĂ©couvert lâexistence de cette province canadienne parce que les incendies gĂ©ants qui y ont ravagĂ© quelque 3,5 millions d'hectares de forĂȘts, envoyant leurs fumĂ©es jusquâĂ New-York, Ă lâautre bout du continent amĂ©ricain, ont fait la « une » des journaux tĂ©lĂ©visĂ©s du monde entierâŠ
En ce dĂ©but dâautomne, quelques nuages au-dessus des Montagnes rocheuses confirment que tous les feux ne sont pas Ă©teints, mais le ciel est grand bleu entre Calgary et Edmonton. Les vastes forĂȘts de peupliers virent au jaune dâor et, comme dâhabitude, dans les champs de cĂ©rĂ©ales Ă perte de vue, les moissons se terminent Ă peine. « Ici, observe Tracey, la belle saison est trĂšs courte. Il peut neiger dĂšs la mi-octobre ».
En tous cas, dans les bois de « Painted Warriors », le temps reste idĂ©al pour faire du glamping dans les tentes rigides semblables Ă celles des trappeurs dâautrefois - le confort en plus- amĂ©nagĂ©es par Tracey Klettl et son compagnon Tim Mearns. Une cabane en dur, bien isolĂ©e, attend ceux qui veulent tenter lâaventure lâhiver.
Ce ranch se trouve dans le ComtĂ© de Mountain View, Ă une heure trente de voiture au nord de Calgary, la capitale de la province canadienne de lâAlberta. Autrement dit entre les contreforts des cĂ©lĂšbres Rocky Moutains (les « montagnes Rocheuses ») et les grandes plaines de lâOuest qui nâen finissent pas.
« Par chance, dit dâemblĂ©e Tracey, il a plu, ici, au printemps. Cet Ă©tĂ©, nous nâavons donc pas souffert des incendies ». Si les Français ont souvent entendu parler des grandes plaines de lâOuest canadien âet aussi amĂ©ricain-, jusquâĂ lâĂ©tĂ© dernier, la plupart ignoraient tout de lâAlberta.
Ils ont dĂ©couvert lâexistence de cette province canadienne parce que les incendies gĂ©ants qui y ont ravagĂ© quelque 3,5 millions d'hectares de forĂȘts, envoyant leurs fumĂ©es jusquâĂ New-York, Ă lâautre bout du continent amĂ©ricain, ont fait la « une » des journaux tĂ©lĂ©visĂ©s du monde entierâŠ
En ce dĂ©but dâautomne, quelques nuages au-dessus des Montagnes rocheuses confirment que tous les feux ne sont pas Ă©teints, mais le ciel est grand bleu entre Calgary et Edmonton. Les vastes forĂȘts de peupliers virent au jaune dâor et, comme dâhabitude, dans les champs de cĂ©rĂ©ales Ă perte de vue, les moissons se terminent Ă peine. « Ici, observe Tracey, la belle saison est trĂšs courte. Il peut neiger dĂšs la mi-octobre ».
En tous cas, dans les bois de « Painted Warriors », le temps reste idĂ©al pour faire du glamping dans les tentes rigides semblables Ă celles des trappeurs dâautrefois - le confort en plus- amĂ©nagĂ©es par Tracey Klettl et son compagnon Tim Mearns. Une cabane en dur, bien isolĂ©e, attend ceux qui veulent tenter lâaventure lâhiver.
Peuples autochtones : un séduisant cocktail

Peuples autochtones : discussion autour d'un feu de bois, Ă "Painted Warriors". Au centre, Tracey Klettl (Photo PB).

Tous deux sont des descendants de ces « PremiĂšres Nations ». Tracey est originaire de la rĂ©gion qui constitue aujourd'hui le parc national Jasper, Ă lâouest de lâAlberta. Tim, lui, vient du Saskatchewan, la province qui jouxte dâun cĂŽtĂ© lâAlberta et de lâautre, le Manitoba,la troisiĂšme des provinces canadiennes dites « des Prairies ».
TrĂšs fiers de leur hĂ©ritage ojibway, cri, michel et mohawk, tous deux en connaissent les us et coutumes et ils sâefforcent de les partager. On ne sâennuie donc pas une minute à « Painted Warriors » !
En leur compagnie, on essaie, par exemple, dâallumer du feu dans une poignĂ©e dâherbe sĂšche oĂč lâon a, au prĂ©alable, glissĂ© quelques gouttes de rĂ©sine prĂ©levĂ©e sur un pin : pour rĂ©ussir, il suffit de faire jaillir des Ă©tincelles en frottant deux tiges de mĂ©tal lâune contre lâautre.
AprĂšs sâĂȘtre rĂ©galĂ© de grillades cuites au feu de bois, comme les autochtones jadis, lâheure vient de monter Ă cheval. Une fois sellĂ©es, les bĂȘtes sont dirigĂ©es vers un manĂšge couvert oĂč Tracey et Tim, cavaliers Ă©mĂ©rites et moniteurs en Ă©quitation, ne sont pas avares dâexplications sur la maniĂšre de monter Ă cheval, de se familiariser avec lâanimal, de le diriger en tirant sur la bride.
S'essayer au tir Ă l'arc

Tracey Klettl qui a gagné des concours nationaux de tir à l'arc excelle dans cette discipline (Photo PB)
Un peu plus tard, souvent pour la premiĂšre fois de leur vie, les visiteurs sont invitĂ©s Ă tirer Ă lâarc.
Tracey a, tout comme Tim, dĂ©jĂ gagnĂ© des championnats nationaux. Et tous deux sont Ă©galement des moniteurs en tir Ă lâarc. Ils savent donc mieux que quiconque expliquer la (bonne) maniĂšre de placer ses pieds dans lâaxe de ses hanches, de mettre lâarc Ă lâĂ©paule, de glisser la flĂšche dans lâencoche adĂ©quate, de bander la corde qui doit ĂȘtre au niveau du menton, enfin, de viser le centre de la cible.
AprÚs plusieurs essais sur un pré, viennent des exercices dans les bois, cette fois sur des cibles animaliÚres en plastique. Quelques essais plus tard, le novice, un peu aguerri, réussit à planter la flÚche dans la périphérie de la cible, sinon dans son milieu⊠Hourrah !
« Question de technique et dâentraĂźnement », expliquent Tim et Tracey, prompts Ă rappeler que, jadis, les peuples autochtones du Canada se procuraient une bonne partie de la nourriture en chassant avec arc et flĂšches.
AprĂšs toutes ces activitĂ©s, le jour, dĂ©jĂ , dĂ©cline. Il est alors temps de refaire du feu et de prĂ©parer le dĂźner, toujours en plein air. Quitte Ă sâinterrompre au milieu du repas, pour filer avec Tim et son pick -up, guetter Ă la lisiĂšre dâun champ lâapparition dâun grizzli.
Malheureusement, ce soir-lĂ , le claquement dâun coup de fusil met fin Ă lâespoir dâen voir un. MĂȘme le wapiti sorti prudemment du bois pour brouter les chaumes frais, a disparu dâun bond.
MalgrĂ© cette dĂ©convenue, la promesse de Tracey et Tim est tenue : tous deux veulent en effet « faire redĂ©couvrir la nature autrement » Ă ceux qui passent du temps à « Painted Warriors », les aider à « se reconnecter Ă la terre », leur faire « acquĂ©rir une nouvelle façon de voir : le plein air, notre culture et vous-mĂȘme. C'est le cadeau que nous promettons », disent-ils.
Tracey a, tout comme Tim, dĂ©jĂ gagnĂ© des championnats nationaux. Et tous deux sont Ă©galement des moniteurs en tir Ă lâarc. Ils savent donc mieux que quiconque expliquer la (bonne) maniĂšre de placer ses pieds dans lâaxe de ses hanches, de mettre lâarc Ă lâĂ©paule, de glisser la flĂšche dans lâencoche adĂ©quate, de bander la corde qui doit ĂȘtre au niveau du menton, enfin, de viser le centre de la cible.
AprÚs plusieurs essais sur un pré, viennent des exercices dans les bois, cette fois sur des cibles animaliÚres en plastique. Quelques essais plus tard, le novice, un peu aguerri, réussit à planter la flÚche dans la périphérie de la cible, sinon dans son milieu⊠Hourrah !
« Question de technique et dâentraĂźnement », expliquent Tim et Tracey, prompts Ă rappeler que, jadis, les peuples autochtones du Canada se procuraient une bonne partie de la nourriture en chassant avec arc et flĂšches.
AprĂšs toutes ces activitĂ©s, le jour, dĂ©jĂ , dĂ©cline. Il est alors temps de refaire du feu et de prĂ©parer le dĂźner, toujours en plein air. Quitte Ă sâinterrompre au milieu du repas, pour filer avec Tim et son pick -up, guetter Ă la lisiĂšre dâun champ lâapparition dâun grizzli.
Malheureusement, ce soir-lĂ , le claquement dâun coup de fusil met fin Ă lâespoir dâen voir un. MĂȘme le wapiti sorti prudemment du bois pour brouter les chaumes frais, a disparu dâun bond.
MalgrĂ© cette dĂ©convenue, la promesse de Tracey et Tim est tenue : tous deux veulent en effet « faire redĂ©couvrir la nature autrement » Ă ceux qui passent du temps à « Painted Warriors », les aider à « se reconnecter Ă la terre », leur faire « acquĂ©rir une nouvelle façon de voir : le plein air, notre culture et vous-mĂȘme. C'est le cadeau que nous promettons », disent-ils.
Canada : changer les mentalités
« Painted Warriors » nâest pas un cas isolĂ©. Depuis quelques annĂ©es, les propositions les plus diverses dâaccueil touristique par des membres des PremiĂšres nations se multiplient, relayĂ©es par lâAssociation ITA (Indigenous Tourism Alberta) en Alberta mais aussi, au niveau national, par lâITAC (Association touristique autochtone du Canada) et, dĂ©sormais, par lâOffice de tourisme du Canada.
Ce mouvement sâinscrit dans celui, plus profond, plus vaste, dâune meilleure reconnaissance par le Canada des « peuples autochtones » (ils Ă©taient 1,8 million en 2021, soit 5 % de la population totale) (1). Non seulement, en 1982, la Constitution a confirmĂ© leurs droits, mais elle a reconnu, parmi eux, trois groupes distincts : les Inuits, les MĂ©tis et les « PremiĂšres Nations ».
Ces PremiÚres Nations comptent quelque 630 communautés différentes au Canada - 46 en Alberta. Si elles possÚdent souvent leurs propres coutumes et langues, elles ont en commun une relation à la « Terre mÚre » qui tranche avec celle qui a sous-tendu la colonisation du Canada par les Européens et la Couronne britannique.
Pour les peuples autochtones, le lien perdu avec la nature est Ă l'origine des maux dont souffrent aujourd'hui les humains et la Terre : crises, mĂ©sentente, afflictions, maladies, dĂ©rĂšglements et dĂ©sordres en tous genres. A leurs yeux, la nature nâest pas faite pour ĂȘtre « dominĂ©e », « privatisĂ©e » et « exploitĂ©e », elle doit au contraire ĂȘtre « respectĂ©e ». En dâautres termes, les humains « doivent prĂ©lever juste ce dont ils ont besoin pour vivre ».
Ce nâest probablement pas une mince gageure pour les peuples autochtones de lâAlberta de faire partager ces valeurs. Ils vivent en effet dans une province qui pratique lâĂ©levage bovin et la culture des cĂ©rĂ©ales et des olĂ©agineux dans dâimmenses exploitations agricoles conventionnelles. Et qui fournit 80 % de la production canadienne de pĂ©trole, ce qui lui vaut le sobriquet de « Oilberta ». D'ailleurs, malgrĂ© les feux de forĂȘt dĂ©vastateurs de lâĂ©tĂ© dernier, consĂ©quences du rĂ©chauffement climatique, la course à « lâor noir » ne semble pas prĂȘte dây ralentirâŠ
« Le tourisme autochtone contribue beaucoup Ă changer les mentalitĂ©s des Canadiens », assurent nĂ©anmoins dâune mĂȘme voix Tracey Klettl et Tim Mearns.
En ce domaine, tous deux ont de lâexpĂ©rience : avant de voler de leurs propres ailes en fondant « Painted Warriors », ils ont longtemps aidĂ© Brenda Holder, la sĆur de Tracey, Ă animer des camps pour enfants dans un autre coin de lâAlberta. LĂ aussi, il sâagissait de partager lâhistoire et la culture autochtones que, pendant quatre siĂšcles, le Canada et la Couronne britannique se sont employĂ©s Ă faire disparaĂźtre.
Ce mouvement sâinscrit dans celui, plus profond, plus vaste, dâune meilleure reconnaissance par le Canada des « peuples autochtones » (ils Ă©taient 1,8 million en 2021, soit 5 % de la population totale) (1). Non seulement, en 1982, la Constitution a confirmĂ© leurs droits, mais elle a reconnu, parmi eux, trois groupes distincts : les Inuits, les MĂ©tis et les « PremiĂšres Nations ».
Ces PremiÚres Nations comptent quelque 630 communautés différentes au Canada - 46 en Alberta. Si elles possÚdent souvent leurs propres coutumes et langues, elles ont en commun une relation à la « Terre mÚre » qui tranche avec celle qui a sous-tendu la colonisation du Canada par les Européens et la Couronne britannique.
Pour les peuples autochtones, le lien perdu avec la nature est Ă l'origine des maux dont souffrent aujourd'hui les humains et la Terre : crises, mĂ©sentente, afflictions, maladies, dĂ©rĂšglements et dĂ©sordres en tous genres. A leurs yeux, la nature nâest pas faite pour ĂȘtre « dominĂ©e », « privatisĂ©e » et « exploitĂ©e », elle doit au contraire ĂȘtre « respectĂ©e ». En dâautres termes, les humains « doivent prĂ©lever juste ce dont ils ont besoin pour vivre ».
Ce nâest probablement pas une mince gageure pour les peuples autochtones de lâAlberta de faire partager ces valeurs. Ils vivent en effet dans une province qui pratique lâĂ©levage bovin et la culture des cĂ©rĂ©ales et des olĂ©agineux dans dâimmenses exploitations agricoles conventionnelles. Et qui fournit 80 % de la production canadienne de pĂ©trole, ce qui lui vaut le sobriquet de « Oilberta ». D'ailleurs, malgrĂ© les feux de forĂȘt dĂ©vastateurs de lâĂ©tĂ© dernier, consĂ©quences du rĂ©chauffement climatique, la course à « lâor noir » ne semble pas prĂȘte dây ralentirâŠ
« Le tourisme autochtone contribue beaucoup Ă changer les mentalitĂ©s des Canadiens », assurent nĂ©anmoins dâune mĂȘme voix Tracey Klettl et Tim Mearns.
En ce domaine, tous deux ont de lâexpĂ©rience : avant de voler de leurs propres ailes en fondant « Painted Warriors », ils ont longtemps aidĂ© Brenda Holder, la sĆur de Tracey, Ă animer des camps pour enfants dans un autre coin de lâAlberta. LĂ aussi, il sâagissait de partager lâhistoire et la culture autochtones que, pendant quatre siĂšcles, le Canada et la Couronne britannique se sont employĂ©s Ă faire disparaĂźtre.
Pas seulement une opportunité économique

Selon Timl et Tracey, l'accueil touristique permet de tisser des ponts entre les cultures (Photo PB)
En effet, non contents de coloniser les terres ancestrales des peuples autochtones et de ne pas respecter les nombreux traitĂ©s (notamment les traitĂ©s 6, 7 et 8 sur le territoire de lâAlberta) quâils ont signĂ©s avec eux, les colons europĂ©ens les ont massacrĂ©s avant de discriminer les survivants.
Ceux-ci ont Ă©tĂ© enfermĂ©s dans des RĂ©serves, se sont vus interdire de pratiquer leurs religions et leurs cultures traditionnelles, ont Ă©tĂ© obligĂ©s de sâassimiler et aussi dâenvoyer leur progĂ©niture dans des « Residential Schools », des pensionnats tenus par des communautĂ©s religieuses chargĂ©es de les Ă©duquer de force « Ă lâoccidentale » et de « tuer l'Indien dans l'enfant ».
Ce nâest pas de lâhistoire ancienne, puisque la derniĂšre « Residential Schools » a fermĂ© seulement Ă la fin des annĂ©es 1990. Depuis, mĂȘme sâils restent victimes de racisme et de discrimination, mĂȘme sâils sont plus nombreux que les autres Canadiens Ă vivre sous le seuil de pauvretĂ©, les Peuples autochtones ont entrepris de reconquĂ©rir leur identitĂ©.
« A ceux que nous accueillons, nous racontons notre histoire et notre vĂ©ritĂ©, sans filtre », confient dâune mĂȘme voix Tracey Klettl et Tim Mearns. Dans leur bouche, pas dâagressivitĂ© malgrĂ© les innombrables blessures du passĂ©. Le mot « rĂ©conciliation » revient sans cesse.
Bien sĂ»r, insistent-ils, « lâaccueil touristique est une opportunitĂ© Ă©conomique, reconnaissent-ils, mais il nâest pas que cela. Il permet vraiment de construire des ponts entre les cultures et dâaboutir Ă une meilleure comprĂ©hension ».
Ceux-ci ont Ă©tĂ© enfermĂ©s dans des RĂ©serves, se sont vus interdire de pratiquer leurs religions et leurs cultures traditionnelles, ont Ă©tĂ© obligĂ©s de sâassimiler et aussi dâenvoyer leur progĂ©niture dans des « Residential Schools », des pensionnats tenus par des communautĂ©s religieuses chargĂ©es de les Ă©duquer de force « Ă lâoccidentale » et de « tuer l'Indien dans l'enfant ».
Ce nâest pas de lâhistoire ancienne, puisque la derniĂšre « Residential Schools » a fermĂ© seulement Ă la fin des annĂ©es 1990. Depuis, mĂȘme sâils restent victimes de racisme et de discrimination, mĂȘme sâils sont plus nombreux que les autres Canadiens Ă vivre sous le seuil de pauvretĂ©, les Peuples autochtones ont entrepris de reconquĂ©rir leur identitĂ©.
« A ceux que nous accueillons, nous racontons notre histoire et notre vĂ©ritĂ©, sans filtre », confient dâune mĂȘme voix Tracey Klettl et Tim Mearns. Dans leur bouche, pas dâagressivitĂ© malgrĂ© les innombrables blessures du passĂ©. Le mot « rĂ©conciliation » revient sans cesse.
Bien sĂ»r, insistent-ils, « lâaccueil touristique est une opportunitĂ© Ă©conomique, reconnaissent-ils, mais il nâest pas que cela. Il permet vraiment de construire des ponts entre les cultures et dâaboutir Ă une meilleure comprĂ©hension ».
Approche holistique
Câest Ă©galement la passion de partager la culture et la spiritualitĂ© des peuples autochtones qui anime Carrie Armstrong âsa mĂšre et celle de Tracey Ă©taient cousines.
Au dĂ©but de sa vie professionnelle, Carrie a travaillĂ© dans lâindustrie des cosmĂ©tiques. Puis, elle a repris des Ă©tudes pour pouvoir enseigner Ă lâAmiskwaciy Academy, lâĂ©cole secondaire autochtone dâEdmonton.
Câest lĂ que cette descendante dâune longue lignĂ©e de femmes mĂ©decins cries, a rĂ©alisĂ© combien il Ă©tait important de « mettre en valeur la beautĂ© de sa culture ancestrale ».
Depuis, elle a créé « Mother Earth Essentials », une fabrique artisanale de cosmétiques bio à base des plantes des prairies utilisées jadis pour se soigner par les Autochtones. Ils sont vendus dans sa jolie boutique à Edmonton, et aussi en ligne.
Pour faire connaĂźtre l' approche holistique -empreinte de spiritualitĂ©- que les peuples autochtones ont de la personne et de sa santĂ©, Carrie Armstrong a Ă©galement publiĂ© un vĂ©ritable best-seller sur les plantes, leurs propriĂ©tĂ©s et les « roues de la mĂ©decine » (des sortes de cercles de guĂ©rison). Ses connaissances, elle les a acquises avec sa grand-mĂšre, dâautres « aĂźnĂ©s » et aussi des mĂ©decins, mais pas avec sa mĂšre ou sa tante qui, Ă©duquĂ©es dans des « Residential Schools », avaient largement oubliĂ© les savoirs ancestrauxâŠ
Au dĂ©but de sa vie professionnelle, Carrie a travaillĂ© dans lâindustrie des cosmĂ©tiques. Puis, elle a repris des Ă©tudes pour pouvoir enseigner Ă lâAmiskwaciy Academy, lâĂ©cole secondaire autochtone dâEdmonton.
Câest lĂ que cette descendante dâune longue lignĂ©e de femmes mĂ©decins cries, a rĂ©alisĂ© combien il Ă©tait important de « mettre en valeur la beautĂ© de sa culture ancestrale ».
Depuis, elle a créé « Mother Earth Essentials », une fabrique artisanale de cosmétiques bio à base des plantes des prairies utilisées jadis pour se soigner par les Autochtones. Ils sont vendus dans sa jolie boutique à Edmonton, et aussi en ligne.
Pour faire connaĂźtre l' approche holistique -empreinte de spiritualitĂ©- que les peuples autochtones ont de la personne et de sa santĂ©, Carrie Armstrong a Ă©galement publiĂ© un vĂ©ritable best-seller sur les plantes, leurs propriĂ©tĂ©s et les « roues de la mĂ©decine » (des sortes de cercles de guĂ©rison). Ses connaissances, elle les a acquises avec sa grand-mĂšre, dâautres « aĂźnĂ©s » et aussi des mĂ©decins, mais pas avec sa mĂšre ou sa tante qui, Ă©duquĂ©es dans des « Residential Schools », avaient largement oubliĂ© les savoirs ancestrauxâŠ
« Lâhistoire est une sĂ©rie de nuances de gris »

Avant de partir en randonnée, Keith Diakin noue autour de la taille de ses clients la ceinture traditionnelle des Métis (Photo DR)
La mĂȘme volontĂ© de partage anime Keith Diakin. Ce jour de fin septembre, ce guide de randonnĂ©e qui a fondĂ© Talking Rock Tours, propose une belle randonnĂ©e dans le Parc national Elk Island autour du lac Moss.
Expert en gĂ©ologie, il est incollable sur la maniĂšre dont la derniĂšre glaciation a façonnĂ© le paysage local fait de collines sablonneuses et de dĂ©pressions remplies dâeau, sur la faune et la flore des prairies et des forĂȘts alentours, et bien sĂ»r les innombrables barrages construits par les castors qui tronçonnent lâĂ©normes arbres avec leurs puissantes dents.
Cela nâempĂȘche pas, bien au contraire, Keith Diakin de proposer Ă ses interlocuteurs de faire, tout en cheminant, « un pas en arriĂšre pour comprendre la vraie histoire du Canada ».
« Lâhistoire nâest pas blanche ou noire, elle faite dâune sĂ©rie de nuances de gris. Celle du Canada est faite de mĂ©tissages », explique ce blond aux yeux bleus qui se dit « trĂšs fier » de ses origines Ă la fois autochtones, françaises et ukrainiennes.
Avant dâentamer la randonnĂ©e, Keith Diakin propose dâailleurs Ă ses interlocuteurs de nouer autour de leur taille un « Sash », une de ces larges ceintures de laine tissĂ©es « au doigt » avec des motifs flĂ©chĂ©s de couleurs vives.
Ces ceintures sont devenues le symbole de la Nation MĂ©tis dont la Constitution canadienne a, aprĂšs une longue bataille, confirmĂ©, en 1982, lâexistence et les droits, en mĂȘme temps que ceux des PremiĂšres Nations et des Inuits.
En Alberta, les premiers mĂ©tis sont nĂ©s dĂšs le XVIIe siĂšcle des unions entre les commerçants en fourrure et autres « coureurs des bois » dâorigine française et des femmes autochtones. Les mĂ©tissages ont continuĂ© jusqu'au XIXe siĂšcle avec les colons anglais. Les MĂ©tis parlaient le mitchif, un mĂ©lange de crĂ©ole franco-cri peu Ă peu remplacĂ© par l'anglais.
Expert en gĂ©ologie, il est incollable sur la maniĂšre dont la derniĂšre glaciation a façonnĂ© le paysage local fait de collines sablonneuses et de dĂ©pressions remplies dâeau, sur la faune et la flore des prairies et des forĂȘts alentours, et bien sĂ»r les innombrables barrages construits par les castors qui tronçonnent lâĂ©normes arbres avec leurs puissantes dents.
Cela nâempĂȘche pas, bien au contraire, Keith Diakin de proposer Ă ses interlocuteurs de faire, tout en cheminant, « un pas en arriĂšre pour comprendre la vraie histoire du Canada ».
« Lâhistoire nâest pas blanche ou noire, elle faite dâune sĂ©rie de nuances de gris. Celle du Canada est faite de mĂ©tissages », explique ce blond aux yeux bleus qui se dit « trĂšs fier » de ses origines Ă la fois autochtones, françaises et ukrainiennes.
Avant dâentamer la randonnĂ©e, Keith Diakin propose dâailleurs Ă ses interlocuteurs de nouer autour de leur taille un « Sash », une de ces larges ceintures de laine tissĂ©es « au doigt » avec des motifs flĂ©chĂ©s de couleurs vives.
Ces ceintures sont devenues le symbole de la Nation MĂ©tis dont la Constitution canadienne a, aprĂšs une longue bataille, confirmĂ©, en 1982, lâexistence et les droits, en mĂȘme temps que ceux des PremiĂšres Nations et des Inuits.
En Alberta, les premiers mĂ©tis sont nĂ©s dĂšs le XVIIe siĂšcle des unions entre les commerçants en fourrure et autres « coureurs des bois » dâorigine française et des femmes autochtones. Les mĂ©tissages ont continuĂ© jusqu'au XIXe siĂšcle avec les colons anglais. Les MĂ©tis parlaient le mitchif, un mĂ©lange de crĂ©ole franco-cri peu Ă peu remplacĂ© par l'anglais.
Hommage à la culture métisse

Le centre culturel Métis Crossings'est équipé d'une dizaine de dÎmes à ciel ouvert pour les amateurs de nuit sous les étoiles (Photo PB)
Câest Ă leur culture, toujours bien vivante, quâest tout entier dĂ©diĂ© le Centre de rencontres et dâinterprĂ©tation MĂ©tis Crossing.
DirigĂ© par Juanita Marois, ce Centre est installĂ© Ă 120 km au nord dâEdmonton, prĂšs de la ville de Smoky Lake, sur la route appelĂ©e « Victoria Trail ». Une localisation judicieuse. Jadis, cette route faisait partie dâun rĂ©seau plus vaste, la piste Carlton reliant le Fort Garry de Winnipeg au Fort Edmonton, sur laquelle circulaient, dâabord Ă pied, ensuite avec des charrettes, les MĂ©tis qui sâĂ©taient fait commerçants, guides, interprĂštes, etc.
Câest dans la derniĂšre portion du trajet, prĂšs de la riviĂšre Saskatchewan âsur une rive, vivaient les PremiĂšres nations, sur lâautre, des MĂ©tis-, que se trouvait le Fort Victoria, un important poste de traite de la Compagnie de la Baie d'Hudson, qui permettait aux uns et aux autres de commercer, souvent en faisant du troc.
La construction prĂšs de cet endroit de MĂ©tis Crossing est donc un bel hommage Ă lâimportante prĂ©sence mĂ©tisse dans cette rĂ©gion. Lâarchitecte mĂ©tisse Tiffany Shaw-Collinge a dâailleurs conçu des bĂątiments contemporains en sâinspirant des savoir-faire traditionnels et des maisons de lâĂ©poque de la traite des fourrures du milieu des annĂ©es 1800.
Au final, les vastes installations de MĂ©tis Crossing abritent un lodge de 40 chambres spacieuses avec vue sur la riviĂšre Saskatchewan, des salles de rĂ©union, des salles de cours, un petit musĂ©e, une cuisine, une grande salle de restaurant capable dâaccueillir pour les dĂźners de galas de la communautĂ© mĂ©tisse locale et aussi, depuis peu, dans une prairie toute proche, une dizaine de dĂŽmes Ă ciel ouvert pour les amateurs de nuit sous les Ă©toiles.
Construits avec des structures rigides, bien isolĂ©s, Ă©quipĂ©s d'une salle de bain, d'une cuisinette et d'une chambre, ces dĂŽmes permettent dâobserver les aurores borĂ©ales, mais aussi les Ă©toiles et les constellations. Les plus curieux sâoffriront en sus une session d'interprĂ©tation du ciel nocturne pour apprendre comment les MĂ©tis se guident avec les Ă©toiles.
MĂ©tis Crossing propose bien dâautres expĂ©riences Ă qui veut se familiariser avec lâhistoire, la culture, lâart, lâartisanat traditionnels et la musique des mĂ©tis. Câest, par exemple, un lieu idĂ©al pour apprendre Ă taper des pieds au rythme du violon et dâune dĂ©monstration de gigue ou de danse Ă claquettes.
Les amateurs de nature y sont comblĂ©s aussi : lors des visites guidĂ©es organisĂ©es dans le vaste territoire qui dĂ©pend de MĂ©tis Crossing, il est Ă©galement possible de voir, par exemples, d âĂ©normes wapitis et des bisons bruns et aussi, suite Ă une hybridation soigneusement travaillĂ©e, blancs.
DirigĂ© par Juanita Marois, ce Centre est installĂ© Ă 120 km au nord dâEdmonton, prĂšs de la ville de Smoky Lake, sur la route appelĂ©e « Victoria Trail ». Une localisation judicieuse. Jadis, cette route faisait partie dâun rĂ©seau plus vaste, la piste Carlton reliant le Fort Garry de Winnipeg au Fort Edmonton, sur laquelle circulaient, dâabord Ă pied, ensuite avec des charrettes, les MĂ©tis qui sâĂ©taient fait commerçants, guides, interprĂštes, etc.
Câest dans la derniĂšre portion du trajet, prĂšs de la riviĂšre Saskatchewan âsur une rive, vivaient les PremiĂšres nations, sur lâautre, des MĂ©tis-, que se trouvait le Fort Victoria, un important poste de traite de la Compagnie de la Baie d'Hudson, qui permettait aux uns et aux autres de commercer, souvent en faisant du troc.
La construction prĂšs de cet endroit de MĂ©tis Crossing est donc un bel hommage Ă lâimportante prĂ©sence mĂ©tisse dans cette rĂ©gion. Lâarchitecte mĂ©tisse Tiffany Shaw-Collinge a dâailleurs conçu des bĂątiments contemporains en sâinspirant des savoir-faire traditionnels et des maisons de lâĂ©poque de la traite des fourrures du milieu des annĂ©es 1800.
Au final, les vastes installations de MĂ©tis Crossing abritent un lodge de 40 chambres spacieuses avec vue sur la riviĂšre Saskatchewan, des salles de rĂ©union, des salles de cours, un petit musĂ©e, une cuisine, une grande salle de restaurant capable dâaccueillir pour les dĂźners de galas de la communautĂ© mĂ©tisse locale et aussi, depuis peu, dans une prairie toute proche, une dizaine de dĂŽmes Ă ciel ouvert pour les amateurs de nuit sous les Ă©toiles.
Construits avec des structures rigides, bien isolĂ©s, Ă©quipĂ©s d'une salle de bain, d'une cuisinette et d'une chambre, ces dĂŽmes permettent dâobserver les aurores borĂ©ales, mais aussi les Ă©toiles et les constellations. Les plus curieux sâoffriront en sus une session d'interprĂ©tation du ciel nocturne pour apprendre comment les MĂ©tis se guident avec les Ă©toiles.
MĂ©tis Crossing propose bien dâautres expĂ©riences Ă qui veut se familiariser avec lâhistoire, la culture, lâart, lâartisanat traditionnels et la musique des mĂ©tis. Câest, par exemple, un lieu idĂ©al pour apprendre Ă taper des pieds au rythme du violon et dâune dĂ©monstration de gigue ou de danse Ă claquettes.
Les amateurs de nature y sont comblĂ©s aussi : lors des visites guidĂ©es organisĂ©es dans le vaste territoire qui dĂ©pend de MĂ©tis Crossing, il est Ă©galement possible de voir, par exemples, d âĂ©normes wapitis et des bisons bruns et aussi, suite Ă une hybridation soigneusement travaillĂ©e, blancs.
Une cuisine trÚs sophistiquée

Au Grey Eagle Resort, le chef Brandor Daschnay revisite avec talents la cuisine traditionnelle es Autochtones (Photo PB)
Avec ces balades, les visiteurs se retrouvent, une fois de plus, au coeur de lâhistoire des Peuples autochtones dont le mode de vie dĂ©pendait Ă©troitement des bisons : cet animal Ă©tait leur nourriture de base, sa peau et sa laine leur servaient Ă se vĂȘtir, Ă confectionner des tipis et ses bouses sĂ©chĂ©es, Ă se chauffer.
Au XVIIe siĂšcle, 50 Ă 70 millions de bisons paissaient -et migraient -dans les grandes plaines herbeuses du continent nord-amĂ©ricain. A la fin du XIXe siĂšcle, il en restait Ă peine quelques centaines. Ils avaient Ă©tĂ© massacrĂ©s par les colons europĂ©ens pour affaiblir et forcer Ă la reddition les peuples autochtones qui gĂȘnaient la « conquĂȘte de lâOuest ».
Depuis quelques annĂ©es, au Canada âcomme aux Etats-Unis-, les bisons sont de retour. A lâĂ©tat sauvage. Mais aussi dans de grandes fermes oĂč ils sont Ă©levĂ©s pour leur viande. Longtemps considĂ©rĂ©e comme « rustique », la cuisine des Autochtones a dĂ©sormais retrouvĂ© ses lettres de noblesse.
Ainsi, Ă Edmonton, le chef Scott Jonathan Iserhoff a-t-il créé Pei Pei Chei Ow. Ainsi devenu traiteur, crĂ©atif et gourmand, il revisite avec talent les classiques de la cuisine autochtone et nâa pas son pareil pour faire des grillades avec du bois de feuillus, bien sec. « Le bois de rĂ©sineux ne sert quâĂ noircir la viande », regrette-t-il, non sans rappeller que « le feu, câest aussi un esprit, une Ă©nergie ».
Ainsi, Ă Calgary, Brandor Daschnay, le chef du restaurant installĂ© au sein du Grey Eagle Resort and Casino, sur le territoire de la nation Tsuutâina, excelle-t-il dans des "assemblages trĂšs sophistiquĂ©s" Ă base de saumon Kuterra, de bĆuf braisĂ© au geniĂšvre, de pattes de faisan confites et bien sĂ»r de viande de bison. AccommodĂ©e de diverses maniĂšres, en sauce ou en saucisson, cette viande est aussi servie Ă qui le demande au petit-dĂ©jeuner, en effilochĂ©, avec des Ćufs au plat et des baies. Savoureux.
Si on trouve dĂ©sormais le bison sur de bonnes tables, le retour de cet animal sur le territoire du Canada a aussi une portĂ©e symbolique forte. Câest le cas Ă MĂ©tis Crossing, en Alberta comme dans la province voisine du Saskatchewan, prĂšs de la ville de Saskatoon.
Au XVIIe siĂšcle, 50 Ă 70 millions de bisons paissaient -et migraient -dans les grandes plaines herbeuses du continent nord-amĂ©ricain. A la fin du XIXe siĂšcle, il en restait Ă peine quelques centaines. Ils avaient Ă©tĂ© massacrĂ©s par les colons europĂ©ens pour affaiblir et forcer Ă la reddition les peuples autochtones qui gĂȘnaient la « conquĂȘte de lâOuest ».
Depuis quelques annĂ©es, au Canada âcomme aux Etats-Unis-, les bisons sont de retour. A lâĂ©tat sauvage. Mais aussi dans de grandes fermes oĂč ils sont Ă©levĂ©s pour leur viande. Longtemps considĂ©rĂ©e comme « rustique », la cuisine des Autochtones a dĂ©sormais retrouvĂ© ses lettres de noblesse.
Ainsi, Ă Edmonton, le chef Scott Jonathan Iserhoff a-t-il créé Pei Pei Chei Ow. Ainsi devenu traiteur, crĂ©atif et gourmand, il revisite avec talent les classiques de la cuisine autochtone et nâa pas son pareil pour faire des grillades avec du bois de feuillus, bien sec. « Le bois de rĂ©sineux ne sert quâĂ noircir la viande », regrette-t-il, non sans rappeller que « le feu, câest aussi un esprit, une Ă©nergie ».
Ainsi, Ă Calgary, Brandor Daschnay, le chef du restaurant installĂ© au sein du Grey Eagle Resort and Casino, sur le territoire de la nation Tsuutâina, excelle-t-il dans des "assemblages trĂšs sophistiquĂ©s" Ă base de saumon Kuterra, de bĆuf braisĂ© au geniĂšvre, de pattes de faisan confites et bien sĂ»r de viande de bison. AccommodĂ©e de diverses maniĂšres, en sauce ou en saucisson, cette viande est aussi servie Ă qui le demande au petit-dĂ©jeuner, en effilochĂ©, avec des Ćufs au plat et des baies. Savoureux.
Si on trouve dĂ©sormais le bison sur de bonnes tables, le retour de cet animal sur le territoire du Canada a aussi une portĂ©e symbolique forte. Câest le cas Ă MĂ©tis Crossing, en Alberta comme dans la province voisine du Saskatchewan, prĂšs de la ville de Saskatoon.
Alberta : le retour trĂšs symbolique des bisons
PrĂšs de Saskatoon, dans la maison du Parc du patrimoine Wanuskewin oĂč une exposition permanente raconte, superbes photos et objets Ă l'appui, lâhistoire des peuples autochtones installĂ©s dans la rĂ©gion depuis plus de 6400 ans, sont organisĂ©s des confĂ©rences, des Ă©vĂ©nements et proposĂ©es diverses balades-dĂ©couvertes. Parmi celles-ci, les plantes sauvages et les bisons tiennent la vedette.
En effet, deux anciens prĂ©cipices Ă bisons utilisĂ©s jadis par les Autochtones ont Ă©tĂ© dĂ©couverts Ă proximitĂ©. Surtout, aprĂšs 150 ans dâabsence, le bison est de retour dans ce parc : un petit troupeau a Ă©tĂ© introduit en 2019. Et, depuis, des bĂ©bĂ©s bisons y sont nĂ©s.
Ce retour, jugĂ© indispensable pour prĂ©server les Ă©co-systĂšmes des prairies en voie de disparition, est aussi le symbole de la revitalisation de la culture des peuples autochtones que les touristes en visite au Canada ont dĂ©sormais, pourvu quâils soient un peu curieux, de nombreuses occasions dâexpĂ©rimenter.
En effet, deux anciens prĂ©cipices Ă bisons utilisĂ©s jadis par les Autochtones ont Ă©tĂ© dĂ©couverts Ă proximitĂ©. Surtout, aprĂšs 150 ans dâabsence, le bison est de retour dans ce parc : un petit troupeau a Ă©tĂ© introduit en 2019. Et, depuis, des bĂ©bĂ©s bisons y sont nĂ©s.
Ce retour, jugĂ© indispensable pour prĂ©server les Ă©co-systĂšmes des prairies en voie de disparition, est aussi le symbole de la revitalisation de la culture des peuples autochtones que les touristes en visite au Canada ont dĂ©sormais, pourvu quâils soient un peu curieux, de nombreuses occasions dâexpĂ©rimenter.

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