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BSP : "IATA refuse toute négociation", selon Eric Drésin (ECTAA)

L'ECTAA veut que la Commission européenne crée un fonds européen afin de soutenir l'industrie


Le compte à rebours est lancé. Dans quelques heures, l'ensemble des agences de voyages va devoir payer le BSP. Alors que Jean-Pierre Mas, président des Entreprises du Voyage soumet la proposition d'un montant placé sous séquestre, qu'en est-il des tractations entre l'association de représentation des compagnies aériennes et l'ECTAA ? Eric Drésin, le secrétaire général, nous dresse un bilan fataliste, mais garde espoir.


Rédigé par le Lundi 30 Mars 2020

L'ECTAA veut que la Commission européenne crée un fonds européen afin de soutenir l'industrie - Crédit photo : Depositphotos @londondeposit
L'ECTAA veut que la Commission européenne crée un fonds européen afin de soutenir l'industrie - Crédit photo : Depositphotos @londondeposit
Il y a 15 jours, Eric Drésin, le secrétaire général de l'ECTAA, se voulait combatif, alors que la crise s'ouvrait dans l'industrie touristique, face à la vindicte populaire réclamant le remboursement de leurs voyages.

Deux semaines plus tard, la voix est plus basse et le "bonjour" un peu moins énergique.

"Le flux est tel qu'il ne faut absolument pas décrocher, même quelques heures", lâche le responsable en charge de représenter la distribution et la production du côté de Bruxelles.

Alors que la bataille pour les vouchers a été plus ou moins remportée, même s'il manque une clarification de la position de la Commission européenne, le nouveau front ouvert est plus problématique : celui du BSP.

"C'est simple, IATA refuse toute négociation. La seule solution concrète que nous propose l'association étant de faire un lobbying commun pour sauver l'industrie", souffle-t-on dans la capitale européenne.

Et la problématique n'est pas propre à notre continent, puisque partout ailleurs dans le monde, la réponse est la même.

Que peuvent faire les agences ?

Les compagnies affichent de telles pertes que IATA ne sourcille pas au moment de discuter avec l'ECTAA et campe sur ses positions.

Alors que le paiement doit passer dans une première vague ce lundi 30 mars, puis dans une seconde mardi 31 mars 2020, des actions sont menées sur le marché français.

Les Entreprises du Voyage proposent une mise sous séquestre des sommes concernées. Jean-Pierre Mas, président du syndicat nous confirme avoir reçu copie de plus de 300 courriers envoyé à Alexandre de Juniac, président de l'IATA.

"Et il a dû en recevoir au moins le double", nous confie-t-il, suite à l'appel des EDV d'envoyer un courrier signé par les agences agréées IATA pour demander à l'association internationale du transport aérien de retirer des relevés payés le 31 mars l’ensemble des billets non volés.

Du côté de la capitale belge, ces actions sont connues, il y en aurait d'autres en Espagne et en Belgique, avec des réponses différentes.

"Il n'y a pas de réponse uniforme. IATA contrôle les marchés de façon isolée pour éviter les actions de groupes," explique Eric Drésin. Diviser pour mieux régner, telle serait la devise de l'organe de représentation des compagnies.

A quelques heures de l'échéance, la marge de manœuvre pour les agences de voyages est plus que limitée. "La seule option est de demander à l'association de faire un ajustement entre les sorties et les entrées, au niveau du BSP."

En cas de refus par l'IATA, les agences de voyages doivent demander un arbitrage au commissaire européen dédié aux agences de voyages.

Les compagnies font un lobby pour la mise en place d'un voucher...

Si les négociations sont impossibles entre les deux parties, les compagnies ne se laissent pas abattre pour autant et discutent avec les gouvernements pour la mise en place d'un voucher et non d'un remboursement.

"IATA pousse pour une suspension temporaire du règlement européen sur l'obligation de remboursement en cash, sans proposition d'un fonds de garantie. Ce qui représenterait une série de problèmes majeurs, pour nous" analyse le secrétaire général.

La fameuse garantie aérienne est un autre sujet sur lequel la Commission européenne ne souhaite pas se prononcer, pour le moment.

Avec en moyenne une faillite par mois depuis trois ans rien qu'en Europe, comment les agences de voyages vont-elles pouvoir organiser les prochains voyages à forfait alors que l'ensemble des compagnies aériennes sont exsangues ?

Se posera aussi la question de la bonne utilisation de l'à-valoir en BtoB et des tarifs des billets à l'avenir ?

La situation financière est telle que Lufthansa vient de mettre 27 000 employés sur 35 000 au chômage partiel (90%) jusqu'au 31 août 2020. La saison estivale paraît d'ores et déjà compromise outre-Rhin.

Pour répondre à l'IATA, la Commission européenne a sondé ses pays membres avant d'appeler au vote, pour une suspension du remboursement obligatoire des compagnies. Une idée validée par l'administration française et belge.

Le lobby doit continuer pour les compagnies afin de faire infléchir l'institution européenne.

L'ECTAA plaide pour la création d'un fonds européen

Quant aux agences de voyages, il y a 15 jours, le secrétaire général de l'ECTAA espérait une suspension de la directive européenne du voyage à forfait dans toute l'Europe. Malheureusement, la Commission a simplement ouvert la possibilité d'utiliser les bons à-valoir.

"D'une certaine façon, elle reconnait que ce n'était pas prévu par la loi, mais elle les autorise. Les Etats membres doivent donc juger par eux-mêmes de son application."

Cinq pays appliquent dorénavant la mesure initiée par l'Italie, à savoir la France, la Belgique, les Pays-Bas et la Pologne.

Une petite victoire pour le responsable de l'ECTAA, qui souhaite maintenant que l'instance communique à tous ces Etats membres, pour que cette solution soit adoptée par tous.

Toutefois, le bon à-valoir n'est pas une fin en soi.

"C'est un pis-aller. Une procédure qui nous permettra de nous sauver pendant quelques semaines, idéalement il faut une injection d'argent dans le système," plaide le secrétaire général.

Afin de remettre de l'huile dans les rouages d'une industrie totalement sclérosée, l'ECTAA s'en remet une nouvelle fois aux instances européennes.

Si la Commission ne peut pas sortir de l'argent pour soutenir une industrie, elle peut créer un fonds de garantie à disposition des Etats membres.

"Nous travaillons sur la mise en place d'un fonds d'urgence à l'attention des différents pays de l'Union qui devront choisir eux-mêmes de l'utiliser ou non."

Toutefois, dans cette bataille, une épine s'est plantée dans le pied des entreprises du tourisme : les consommateurs.

"Ce qui nous surprend énormément dans ce dossier, c'est le mutisme des associations de consommateurs.

Le remboursement des clients ne sera possible que si les entreprises ont une pression financière moindre. Pour mener ce travail de lobby, nous avons aussi besoin d'eux.
"

Mais personne ne bouge de ce côté.

En attendant, les entreprises du secteur ne peuvent plus rembourser et quelques faillites ont déjà été enregistrées, notamment en Irlande.

Les OTA pas mieux loties

En attendant de compter les pertes et les disparus, puisque toute l'industrie a été placée sous la cloche de l'à-valoir, il est un secteur qui subit de plein fouet la crise : les agences de voyages en ligne.

"De nombreux acteurs, comme partout ailleurs, sont à l'agonie." Avec des marges tirées vers le bas, le business model sera une nouvelle fois mis à l'épreuve.

Surtout que certains de ces acteurs ont tendance à tirer sur le service après-vente, pour permettre une gestion à moindre coût, mais face à des clients bloqués aux quatre coins du monde, la contre-publicité est terrible.

"Je me demande même comment ils vont récupérer leurs clients, d'autant que la saison estivale s'annonce très compromise partout dans le monde," prophétise Eric Drésin, le secrétaire général de l'ECTAA.

Alors que la planète entière entre en confinement, que les frontières se referment, durant l'été les Français voyageront sans doute majoritairement en France. Une déclinaison que l'on observera partout.

"Une fois la crise terminée, je pense que les agences de voyages physiques tireront un peu plus leur épingle du jeu, car elles ont une présence humaine contrairement aux OTA," espère le responsable.

En espérant une fois encore, que la casse soit plus que limitée pour l'ensemble de l'industrie, OTA et compagnies aériennes comprises.

Romain Pommier Publié par Romain Pommier Journaliste - TourMaG.com
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