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Brésil : 24 heures chez le peuple Munduruku

Cérémonie rituelle et balade en pirogue chez les Munduruku


Eparpillée entre différents villages, les Munduruku, ethnie d’Amazonie, a conservé un mode de vie traditionnel, tout en étant connectés au monde moderne. Près de Santarém, dans l’Etat du Pará, la communauté de Bragança abrite 80 habitants vivant de pêche, de culture du manioc et d’un peu d’artisanat. Une rencontre édifiante et instructive, pour au Brésil au cœur de la forêt.


Rédigé par Jean-François RUST le Samedi 30 Avril 2022

Autour de leur cacique (chef), les 19 familles de la communauté Munduruku de Bragança au Brésil, remercient chaque semaine leur Dieu Tupan, dans un rituel de danses et de chants autour du feu - DR : J.-F.R.
Autour de leur cacique (chef), les 19 familles de la communauté Munduruku de Bragança au Brésil, remercient chaque semaine leur Dieu Tupan, dans un rituel de danses et de chants autour du feu - DR : J.-F.R.
C'est un voyage au Brésil authentique, une aventure en soit. L’instant fut remarquable.

Alors que la nuit était tombée sur le rio Tapajos, affluent majeur de l’Amazone situé en amont de Santarém, nos canots sont soudain entrés en contact avec une poignée de pirogues des Munduruku, conduites par des populations indigènes torses nus en pagnes et couronnes de plumes.

Au milieu de l’eau et dans l’obscurité, la rencontre avec ces frêles embarcations sorties du néant aurait pu faire croire à un contact fortuit, si elle n’avait été dûment préparée par l’organisateur du voyage.

Lire aussi : Tourisme : où peut-on voyager dans le monde ?

Les Munduruku, peuple d’Amazonie d’origine amérindienne, ne constituent pas une ethnie isolée comme il en existe encore quelques-unes dans la forêt amazonienne.

Brésil : les Munduruku, une communauté ouverte aux touristes

Sur ce territoire de 6,7 millions de km², grand comme les deux tiers de l’Europe, ils sont environ 5 000, répartis entre les Etats du Pará, de l’Amazonas et du Mato Grosso.

Autour de leur cacique (chef) Mitu, 69 ans, les 19 familles (pour 80 personnes) de la communauté villageoise de Bragança, près de Santarém, remercient chaque semaine leur Dieu Tupan, dans un rituel de danses et de chants autour du feu. C’est d’ailleurs pour cela que nous sommes ici.

Les Munduruku acceptent de recevoir les voyageurs de l’Amazon Dream, petit bateau de croisière traditionnel et confortable affrété par des voyagistes européens durant la saison sèche.

Mais seulement le soir et uniquement pour ce rituel, jamais en journée - une façon de protéger leur style de vie.

La forêt tropicale protège les Munduruku

Les pirogues où nous embarquons avec eux glissent sur l’eau noire, passant sans doute à côté de caïmans (les jacaré, dont certains mesurent jusqu’à 7 m de long), qui stationnent la nuit sur les berges.

A intervalles réguliers, un piroguier émet un sifflement pour signaler sa présence. Au loin, un Munduruku du village lui répond.

Nous accostons sur un ponton fragile, accueillis par d’autres membres de la communauté qui ont allumé des feux de bienvenue.

Il reste 10 minutes de marche pour rejoindre le village, à la lueur de lampes à pétrole portées par d’autres « Indiens ».

Les Munduruku ne s’installent jamais au bord de l’eau mais toujours quelques centaines de mètres en forêt. Elle les protège, disent-ils.

Chez les Munduruku, un labyrinthe d’eau et d’arbres

Tupan les protège, aussi. Pour qu’il continue à accorder ses faveurs au village, les habitants - hommes, femmes, enfants, tous rassemblés pour l’occasion - lui dédient chants et danses.

Sous la grande case commune ouverte sur les côtés, les mélopées et les chorégraphies s’enchainent, guidées à tour de rôle par un « chef de cœur ».

Autour du feu, la cérémonie dure une trentaine de minutes. Les Munduruku en profitent pour vendre ensuite leur artisanat, bracelets, colliers, petits objets de décoration… réalisés avec des matériaux de la forêt.

Rien ne semble perverti dans ce commerce, le faible nombre de visiteurs reçus est garant d’un échange respectueux.

Balade en pirogue avec les Munduruku

Nous retrouvons les Munduruku le lendemain. Au menu, une nouvelle balade en pirogue, dans la forêt inondée.

A coups de pagaie, les frêles esquifs se glissent entre les racines aériennes, dans un labyrinthe d’eau et d’arbres humides.

D’un geste de la main, notre piroguier intime soudain l’ordre à tous de s’arrêter. Quelques mètres devant nous, une nuée de guêpes traverse la mangrove fluviale. Nous les laissons passer.

Economie d’autosubsistance

Corpulent, visiblement respecté par les autres jeunes du village, Marçio no Nato Xavier Pimientel Munduruku est venu s’installer au village il y a 4 ans, après avoir épousé la fille du cacique.

De grand-mère munduruku mais de grand-père allemand, il a quitté le bourg voisin de Belterra pour rejoindre sa femme. « Dans un mois, avec le pic de la saison sèche, il sera possible de marcher à pied ici. A l’inverse, quand l’eau monte au moment des pluies, le paysage s’uniformise et certains d’entre nous courent le risque de se perdre en pirogue », dit le jeune marié, en dirigeant la pirogue.

Pêche et chasse à l’arc

Il a appris, difficilement, à parler le munduruku, la langue de l’ethnie. Comme les autres, il partage son quotidien entre la pêche, la chasse à l’arc (certaines pointes de flèches sont taillées dans des os de tapir) et la culture du manioc, base invariable de l’alimentation.

Les produits sont régulièrement troqués, dans des villages voisins, contre du sucre et du café.

Marcio va parfois vendre l’artisanat fabriqué par les femmes à Santarém. Au sens premier du terme, les Munduruku ne travaillent pas. Ils vivent d’autosubsistance.

Jadis, l’ethnie était crainte pour ses instincts guerriers. A l’époque, pour être cacique, il fallait porter une ceinture de têtes d’ennemis tués aux combats…

Projet contesté d’exploitation du bois

A Bragança, il n’y a pas d’école mais du personnel éducatif vient donner des cours aux enfants.

Dans les maisons en bois, l’électricité provient de groupes électrogènes et le village abrite encore un chaman.

Chaque famille a en moyenne cinq enfants et pour se rencontrer entre communautés Munduruku, des fêtes sont fréquemment organisées.

Le village reçoit deux à trois fois par an la visite d’un navire-hôpital, pour des vaccins et d’autres soins et possède une barque à moteur pour les urgences.

Une nécessité quand on sait par exemple que fils de Marcio, un an et demi, souffre d’hyperthyroïdie et d’une tumeur à l’estomac et doit se faire opérer à Belém, une ville du Nord du Brésil. La FUNAI, l’organisation brésilienne qui gère les intérêts des Amérindiens financera le voyage et l’hébergement de la mère.

L’avenir immédiat est aussi un souci pour le village. Une personne, se présentant comme « roi des Munduruku », tenterait d’influencer la communauté pour lancer un projet d’exploitation forestière. Les villageois sont contre et ont saisi la FUNAI. Ils essaient de s’organiser pour manifester à Belém et porter l’affaire en justice.

Etre indigène en Amazonie n’est jamais un long fleuve tranquille…

Pratique

Vols
Paris CDG-Fortaleza avec Air France
Fortaleza-Belém avec GOL
Belém-Santarém avec Azul

Croisière au départ de Santarém à bord de l’Amazon Dream, réplique d’un bateau traditionnel. 9 cabines. Repas à bord. Bateau loué par Grands Espaces, voyagiste franco-suisse spécialiste des croisières d’exploration. Guide français et guide local francophone à bord.

Hôtel Atrium Quinta de Pedras à Belém
Etape dans la capitale du delta amazonien quasi-obligatoire. Boutique-hôtel. Chambres au charme old fashion. Piscine.
atriumhoteis.com.br

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Tags : Amazonie, Brésil
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