Ottawa : Rendez-vous Canada 2013, une alternative à la morosité

La demande asiatique émerge en force au Canada, et les allées du nouveau centre de Congrès d’Ottawa en témoignent.

« Mais nous dirons que c’est un peu comme la confiture sur la tartine. Nous n’oublions pas qui fournit le pain et le beurre, c’est-à-dire les USA et la France qui est notre 3e marché » affirme Paul Nursey, vice-président de la CCT. Même avec le délicieux accent local, les métaphores gourmandes ne cachent pas toujours la réalité.

Les fonds alloués par le gouvernement fédéral à la Commission ont fondu carrément de moitié. « Cela nous oblige à être plus futés. Nous mettons l’accent sur le développement d’expériences à vivre plutôt que sur les grandes campagnes d’image. » Ce qui correspond heureusement aux demandes du marché français.

Les acheteurs peuvent ainsi s’appuyer sur presque 200 programmes labellisés « Signature » qui privilégient la rencontre et l’interactivité, et sont un excellent fil rouge pour autotours.

Si les TO français présents ici reconnaissent la lenteur de leur démarrage en 2013 (-17% à fin février), à y regarder de plus près, le marché est résistant.

Les chiffres de 2011 ont frôlé le record historique de 96, et compte tenu de la morosité ambiante, la stabilité des chiffres en 2012 (455 300 voyageurs) est plutôt un bon indice. TO et compagnies aériennes sont d’ailleurs assez confiants sur un remplissage de dernière minute avant l’été.

L’entrée majoritaire par Montréal donne au Québec l’avantage dans les statistiques de fréquentation. Mais même si la province de nos « cousins » reste le premier choix du voyageur français, tous constatent une nette croissance des demandes pour l’autre Acadie, celle du New Brunswick, en produit solo ou en combiné, y compris avec les Etats américains voisins.

Ainsi qu’un appel du grand ouest, pour de plus gros budgets, mais bénéficiant des vols directs d’Air Transat et répondant à la recherche croissante d’expériences nature.

Dans ce domaine, le Canada reste une destination exceptionnelle, tout à fait dans l’air du temps. Ours de toutes les couleurs, baleines, caribous et autres castors sont garantis par des prestataires de plus en plus nombreux et aguerris aux spécificités européennes.

Parks Canada propose de nouveaux types d’hébergements pour campeurs débutants dans ses 44 parcs nationaux. Et dans les villes restées à taille humaine comme la verte capitale fédérale, la contagieuse vitalité des Canadiens emporte l’adhésion, les centres sont animés et joyeux, les musées sont des objets d’art architectural où l’interactivité pour tous les membres de la famille est de règle.

Aucune chance de s’ennuyer quel que soit le choix du produit.

Reste le problème du coût de la destination, dû à la fois au dollar et aux taxations récentes et drastiques qui mettent certains forfaits en concurrence avec les grands parcs USA.

Quelques bonnes nouvelles viennent de l’aérien, avec un nouveau partenariat entre Air France et West Jet sur 14 lignes intérieures, un accroissement des capacités estivales sur Air Canada, et une diminution de 40% des tarifs sur les vols de First Air et North Air.

Cela ne suffira sans doute pas à désenclaver les provinces du nord et du centre dans les productions généralistes, mais certains TO cherchent, et trouvent, des solutions et des niches.

Ils sont 8 TO français, généralistes et spécialistes, sur les 405 acheteurs présents, majoritairement asiatiques en effet.

Tous sont des habitués de la destination et la défendent avec passion. « C’est un pays qui a tout pour lui, la beauté de la nature, une histoire qui nous concerne aussi, des villes en croissance et surtout l’émotion qui se dégage des rencontres » constate David Chaumeilh, Maison des Amériques, qui cherche ici à nouer des partenariats high-tech avec les provinces encore peu proposées sur le marché français.

Stéphane Michel, qui a rajouté en toute confiance 18 pages canadiennes à la brochure été de Thomas Cook, insiste sur « cette notion impalpable qu’est l’accueil francophile, cette manière d’être heureux et sympa qui est la vraie richesse de ce pays ».

Pour Vacances Transat, 2012 a été une excellente année. « Nous faisons toujours 80% sur l’est mais l’ouest se développe bien grâce aux vols directs d’Air Transat, et nous augmentons les propositions à la carte » constate Eric Daudier.

Isabelle Weber, chez Comptoirs, est « toujours passionnée par la recherche de nouveaux produits malgré le contexte un peu difficile. Le Canada offre à la fois le potentiel du rêve et la possibilité de trouver des solutions inventives, notamment avec les parcs nationaux ou les loueurs de motorhomes ».

Chez le jeune TO en ligne de Erez Bousso, Partir aux Amériques, on regrette l’image un peu dégradée de la destination qu’ont donnée certains groupistes et bradeurs. « Tous les budgets sont jouables au Canada et c’est aussi dommage de se limiter au Québec. Il y a tout à voir et tout à faire encore dans ce pays qui regorge de vitalité ! »

Bien d’accord avec ce constat, Sandra Teakle, la représentante de la CCT en France rappelle le programme d’e-learning pour vendeurs, qui leur permet d’être référencés sur son site et de se rendre régulièrement sur place, notamment en 2014 où 30 d’entre eux rejoindront un groupe de 200 « Spécialistes » du Canada venus du monde entier pour échanger leurs expériences devant les chutes du Niagara.

De quoi contribuer à créer quelques-unes de ces émotions dont cette jeune nation est richement pourvue.

Prochain Rendez-vous Canada, le 38e, en mai 2014. A Vancouver, justement, direction le grand ouest !