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Respect loi Airbnb : Marseille encore border line, selon l'UMIH !

"Les maires ont peur de ne pas être réélus"


La France vient de rentrer dans une période particulière : la dernière ligne droite avant les élections municipales de 2020. Pendant que les élus investissent les budgets restants pour réaliser d'ultimes travaux, l'UMIH sillonne la France avec pour objectif de réguler le marché des meublés touristiques. Le syndicat a notamment fait escale à Marseille, qui se distingue une nouvelle fois par son application toute particulière de la loi ALUR...


Rédigé par le Mercredi 6 Novembre 2019

Pour l'UMIH, la mairie de Marseille serait en dehors des clous sur les contrôles des Airbnb - Crédit photo : Depositphotos @lustra
Pour l'UMIH, la mairie de Marseille serait en dehors des clous sur les contrôles des Airbnb - Crédit photo : Depositphotos @lustra
Les municipales 2020 arrivent à grands pas.

Alors que les maires jettent leurs dernières forces dans la bataille électorale et barrent leurs villes d'échafaudages pour un ultime lifting, d'autres en profitent pour faire du lobby.

Il ne faut pas se cacher : si l'Union des Métiers et des Industries de l'Hôtellerie (UMIH) tenait une conférence de presse à Marseille, mercredi 6 novembre 2019, ce n'est pas pour sensibiliser le pouvoir en place, qui d'ailleurs "nous ignore totalement," selon Bertrand Marty, le président général de l'UMIH 13, mais plutôt pour attirer l'attention des candidats.

Mais pourquoi organiser une conférence à Marseille ? Parce que, comme souvent, l'équipe en place possède une grille de lecture particulière des lois.

Alors que la loi ALUR, impose aux villes de plus de 200 000 habitants d'opérer par décret un changement d'usage des résidences principales pour les obliger à les déclarer comme meublés touristiques, Marseille fait sa rebelle.

Cela ne la change pas...

"Marseille ne met pas assez de moyens dans la question de l'habitat"

Si Paris est passée à l'action, notamment par la volonté d'un homme, l'élu communiste Ian Brossat, plus au Sud, la majorité laisse prospérer un petit commerce très envahissant.

"Dans l'agglomération marseillaise, il y aurait environ 50 000 meublés touristiques, soit une ville comme Martigues, qui échappent à tout contrôle et 100 000 personnes qui ne peuvent pas se loger," se désole Laurent Duc, le président de la branche hôtellerie de l'UMIH.

Et rien que 19 000 pour la seule Cité phocéenne, dont 26% seraient loués à l'année.

Certes un délibéré a été pris en juin 2019, mais le dispositif n'est toujours pas appliqué.

"Nous voulons forcer la ville à mettre en place le numéro d'enregistrement des meublés. Il faut contrôler ce phénomène de prolifération des meublés touristiques, » appuie Bertrand Marty, le patron du syndicat marseillais.

Une volonté qui n'a pas plu du côté d'AIrbnb "le changement d’usage est obligatoire, la mise en place d’un système de numéros d’enregistrement ne l’est pas" précise un attaché presse de la plateforme.

Alors que le quartier de Noailles célébrait tristement l'anniversaire de l'effondrement de deux immeubles, rue d'Aubagne, l'UMIH met en lumière une ville qui "ne met pas assez de moyens dans la question de l'habitat," soit par copinage ou clientélisme.

Mais aussi par peur "de ne pas être réélu", ce qui ne sera pas le cas de Jean-Claude Gaudin, puisque ce dernier ne se représentera pas. Cet argument ne devrait toutefois pas être une préoccupation générale.

"Airbnb a entraîné un nouveau système, car l'achat immobilier est devenu une opportunité de gagner, sauf que cela ne profite pas aux populations locales," précise Laurent Duc, le patron de la branche hôtelière de l'UMIH.

À Cannes, toujours selon le syndicat, seulement 8% des meublés seraient la propriété des Cannois et cette situation serait le cas dans de nombreuses autres villes françaises ou européennes.

"Cela leur coûterait trop cher"

Pour pousser la Cité phocéenne à se mettre en conformité avec la loi, le syndicat se propose même "d'aider la ville à mettre en place le numéro d'enregistrement", plaide Nicolas Guyot, le vice-président de l'UMIH 13.

D'autant que cette simple manœuvre a déjà porté ses fruits avec une dégringolade importante du nombre de meublés touristiques enregistrés, aussi bien à Lyon qu'à Paris. Marseille, elle, a vu son parc augmenter de 5% sur le simple mois d'octobre 2019 par rapport au même mois en 2018.

Sauf que même cette main tendue est repoussée ou même laissée ballante par l'équipe de Jean-Claude Gaudin.

A chaque rencontre, la réponse est indéniablement la même : "ils n'ont pas le personnel pour contrôler et cela leur coûterait trop cher. Cet argument est faux" peste Nicolas Guyot.

Entre les amendes prévues par la loi et les taxes de séjour collectées au réel, ce qui n'est pas le cas à Marseille, cette division de contrôle serait facilement rentabilisée.

Si rien ne bouge dans les mois à venir, alors les représentants des hôteliers n'hésiteront pas à utiliser tous les moyens possibles pour faire bouger la mairie, pensant même à saisir le Tribunal de Commerce.

"Nous ne voulons pas la mort d'Airbnb, mais une régulation"

"Nous voulons pousser la mairie de Marseille à adopter le numéro d'enregistrement des meublés touristiques", indique Bertrand Marty, responsable de l'UMIH 13 - DR
"Nous voulons pousser la mairie de Marseille à adopter le numéro d'enregistrement des meublés touristiques", indique Bertrand Marty, responsable de l'UMIH 13 - DR
Si Marseille cristallise toutes les dérives d'une ubérisation non contrôlée de l'hébergement touristique, le syndicat soulève un problème plus global.

Avec le développement d'Airbnb et des autres plateformes de location, les grandes villes européennes ont vu leurs centres historiques vidés de leurs populations pour laisser place à l'accueil des touristes.

"Si nous ne faisons rien, il se passera ici et dans d'autres villes, la même chose qu'à Venise ou Barcelone," prédit Laurent Duc. "Dans cette dernière, la situation est telle que la mairesse a décidé d'arrêter la construction d'hôtels et la mise en location d'appartements."

Si depuis les métropoles européennes ont décidé de sévir, dont Paris, la problématique se pose dorénavant dans les villes de province.

Outre le fait de vider les villes, en France, le manque à gagner avec la collecte de la taxe de séjour ne serait pas équitable.

Ainsi, les 550 000 chambres d'hôtels réparties sur l'ensemble de l'Hexagone collectent 360 millions d'euros, contre 40 millions pour les 2 millions de meublés touristiques.

Sans oublier les normes d'hygiène, de sécurité et du salariat qui ne s'appliqueraient pas non plus aux propriétaires de ces hébergements touristiques.

"Nous ne voulons pas la mort d'Airbnb et de ses concurrents, car ils correspondent à une demande, mais nous souhaitons une régulation de leur activité et plus de transparence," cadre le responsable du syndicat.

Pourtant le pouvoir législatif français n'est pas en reste pour mettre des bâtons dans les roues de ce business florissant.

"Notre propre organisation sociétale n'est pas capable de s'imposer contre Airbnb"

Outre la taxe GAFA, obligeant ces géants du numérique à payer 3% d'impôts, les plateformes doivent donner le listing complet des hébergements.

Existe aussi le dernier décret du Sénat qui permettra aux maires de baisser à 60 le nombre de jours de location des particuliers.

Des initiatives qui vont dans le bon sens.

"C'est génial, j'adorerais que ça passe mais je peine à y croire,"explique le patron de l'UMIH.

"Quand on voit que le changement d'usage des logements peine à être contrôlé, alors ce dispositif sera encore plus kafkaïen." Surtout que le décret doit repasser devant l'Assemblée nationale et que le gouvernement s'est prononcé contre.

La frilosité des élus serait maintenue par un fort lobby des plateformes numériques. Chose que l'on a pu voir lors de nos précédents articles sur Airbnb. Que ce soit la DGE ou Bercy, chacune des instances ne souhaite pas se mettre à dos les représentants de la plateforme.

A lire : Airbnb est-elle hors des clous dans sa façon de collecter la taxe de séjour ?

"Il y a un lobby de folie en face. Imaginez un peu : Airbnb ne paye que 120 000 euros d'impôts en France, car l'entreprise n'est imposée que sur sa société commerciale, souffle Laurent Duc.

La régularisation s'avère difficile. Autre exemple, une responsable de la taxe de séjour d'une grande ville française rapporte que la DGE lui a dit que la collecte de l'impôt était trop compliquée pour la plateforme.

En résumé, "notre propre organisation sociétale n'est pas capable d'imposer quoique ce soit à ces entreprises."

Si tout n'est pas parfait, les mentalités changent, il est possible de le voir avec le tourisme durable.

Et comme le business d'Airbnb est né d'un besoin des consommateurs de découvrir une ville et ses habitants au plus près, ces mêmes consommateurs ont le pouvoir de faire évoluer les choses.

Réponse d'Airbnb

« Il s’agit encore d’une nouvelle tentative du lobby hôtelier français de répandre de fausses informations afin de protéger son activité.

La loi indique clairement que l’enregistrement peut être mis en place par les villes de plus de 200 000 habitants et aux villes de la petite couronne parisienne - si et uniquement si elles le jugent nécessaire.

Airbnb travaille avec Marseille à des solutions efficaces pour légitimer l’économie de partage, éviter les abus et rassurer les hôtes Marseillais qui partagent leur logement ou voyagent avec Airbnb.

L’UMIH mène une guerre injuste et dépassée contre la communauté d’hôtes Airbnb, alors que nous avons tous à gagner d’un travail commun pour attirer de nouveaux visiteurs dans les destinations françaises et favoriser un tourisme authentique.

Preuve de cet intérêt partagé, depuis début 2018, Airbnb propose ses services aux hôtels de charme, au travers des nouvelles catégorie Boutique hôtels et hôtels. Une nouvelle option plébiscitée par de plus en plus d’établissements hôteliers pour accroître leur visibilité et leur activité.
»

Romain Pommier Publié par Romain Pommier Journaliste - TourMaG.com
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