TourMaG.com, le média spécialiste du tourisme francophone
TourMaG.com, 1e TourMaG.com, 1e

logo AirMaG  



Tourisme spatial : l'Europe prend le virage de l'investissement privé

la chronique de Michel Messager


L'Agence spatiale européenne (ESA) a pris un nouveau virage en s'ouvrant désormais aux investissements privés. Une nouvelle directrice a été nommée : Géraldine Naja.


Rédigé par Michel Messager le Mardi 2 Novembre 2021

« Nous maîtrisons tous les savoir-faire nécessaires à la production et au lancement des satellites, au voyage habité et à l’exploration scientifique interplanétaire. C’est un atout majeur puisque tout dans le monde ou presque se fait désormais en impliquant les technologies spatiales : télécommunications, transport de marchandises et de personnes, observation de l’environnement et des espèces, applications numériques ».

L’auteur de ces propos est Jean-Luc Mélenchon lors de son voyage en Guyane au mois d’octobre. Bien entendu, il y a beaucoup de "mais" dans son discours, sur le spatial notamment concernant le "new space". Néanmoins cette reconnaissance montre l’avancée dans cette réalité qu’est devenue l’Industrie Spatiale et le Tourisme Spatial.

Cette prise de position arrive au moment même où le Royaume-Uni est sur le point de se lancer dans le secteur des voyages spatiaux après que les autorités écossaises aient approuvé la construction d’une rampe de lancement à Sutherland, dans la péninsule d’A’Mhoine, au large de la côte nord de l’Écosse.

L’idée est de promouvoir jusqu’à 12 sorties par an !

Ces deux exemples, sans aucun doute, sont les prémisses des dernières prises de positions du nouveau président, Josef Aschbacher de l'Agence spatiale européenne (ESA) qui promet dorénavant de soutenir davantage l'investissement privé dans le secteur spatial.

Tout comme la Nasa, l'ESA veut désormais favoriser l'investissement privé dans le spatial. La direction de cette véritable révolution culturelle a été confiée à la française Géraldine Naja, ingénieur de Polytechnique, diplômée de Sciences po et bénéficiant d'une expérience de trente ans dans l'univers de la politique spatiale européenne.

Il était plus que temps pour l’Europe de prendre cette nouvelle direction

Habituée au temps très long, trop long, des programmes étatiques, c’est un virage de près de 180°, puisque désormais l'ESA reconnaît dans un communiqué que : « les approches New Space ont ouvert la voie au développement de satellites plus petits et plus ciblés, parallèlement à une réduction des coûts de lancement et donc à l'émergence de nouveaux acteurs. Pour tirer le meilleur parti de la croissance de l'économie spatiale européenne, l'ESA doit contribuer au succès des start-up et des entreprises, en adoptant une démarche plus affirmée, plus dynamique et plus réactive ».

On est bien loin des précédentes déclarations du même Josef Aschbacher lorsqu’il n’était que Directeur général de l’ESA et qui il y a à peine quelques mois affirmait encore au 36e Symposium sur l’espace à Colorado Springs en août 2021 : « Le tourisme spatial est bon pour l’espace en général, mais l’Agence spatiale européenne (ESA) ne prévoit pas actuellement de le développer »

Il était donc temps et primordial que l’Europe se ressaisisse en matière de tourisme spatial, elle qui dans les années 1980 était en avance avec la navette habitée Hermes que devait lancer Ariane 5, et... qui abandonna le projet en 1992 faute de volonté politique.

Il est en effet indispensable que l’Europe recolle au peloton notamment en ce qui concerne le tourisme spatial.
Comme l’a écrit Véronique Guillermard dans un récent article du Figaro : « envoyer l’homme dans l’espace en toute autonomie devient un enjeu de souveraineté. Or, l’Europe dépend des États-Unis et de la Russie ».

En ce domaine, force est de constater que nous sommes en retard sur un grand nombre de pays : les États-Unis et la Russie bien entendu, mais aussi la Chine avec les programmes Shenzhou-13 et NGV, l’Inde qui prévoit de faire voler sa capsule habitée Gaganyaan en 2023 et l’Iran dont le programme Kavoshgar prévoit son premier vol habité en 2022.

La France devra sensibiliser l'Europe aux enjeux du secteur

Géraldine Naja - DR
Géraldine Naja - DR
Pour que l’Europe reste attractive dans une économie mondialisée, lancer un programme de vol habité serait un signe visible et concret du génie et du savoir-faire européen. L’Europe doit montrer qu’elle est encore capable de faire rêver.

« Le vol habité est d’abord un enjeu de prestige », résume Arthur Sauzay contributeur à l'Institut Montaigne sur les questions spatiales.

Enfin, et comme nous l’avons largement commenté dans de précédents articles, ne pas suivre cette voie, c’est se passer de centaines de milliers d’emplois directs et indirects dans un marché qui devrait atteindre 1 100 milliards de dollars en 2040.

N’oublions pas non plus que les vols habités pourraient révolutionner le transport aérien, comme le soulignent déjà depuis des années de nombreux experts pour qui des fusées ou avion-fusées pourraient remplacer les avions long-courriers au cours de vols suborbitaux ou orbitaux en reliant les grandes villes mondiales en moins de 30 minutes.

Fort de ces constats, c’est sans doute pourquoi Emmanuel Macron, dans son discours de présentation du plan de France 2030, « souhaite que la France prenne toute sa part à la nouvelle aventure dans le contexte du New Space qui est en train de se construire beaucoup plus vite qu’on ne le croyait, avec de nouveaux acteurs qui ont émergé ».

N’hésitant pas à citer SpaceX, le chef de l’Etat a souligné que « ces nouveaux acteurs ne sont pas arrivés par la grâce ou le hasard, mais souvent avec l’investissement massif d’agences d’Etat et d’argent fédéral, auquel se sont ajoutées des innovations de rupture portées par des acteurs innovants, qui changent les pratiques et les habitudes industrielles ».

Cette prise de conscience et cette nouvelle politique spatiale pour la France et l’Europe, aura l’occasion de se voir confirmer au début de l’année par le sommet spatial que compte organiser la France le 16 février 2022 à Toulouse et par la réunion des ministres de l’Espace européens en novembre 2022.

La France ayant la Présidence de l’Europe, aura donc la mission de sensibiliser les chefs d'Etat aux enjeux du secteur, et affiner certaines options, notamment sur la reprise des vols habités européens dans l'espace.

Lire : Tourisme spatial : E. Macron espère voir la France "prendre part à l'aventure spatiale"

L’année 2021 sera-t-elle la renaissance européenne au niveau du Tourisme Spatial ?

Le proche avenir nous le dira et il faut l’espérer, l’Europe en a les moyens techniques et logistiques, reste plus que la volonté politique.

Tourisme spatial : l'Europe prend le virage de l'investissement privé
Michel MESSAGER est directeur associé de Consul Tours, société de conseil travaillant pour une clientèle privée et institutionnelle dans les secteurs du tourisme.

Il est Membre Fondateur de l’Institut Européen du Tourisme Spatial et de l’AFST (Association Française des Seniors du Tourisme).

Il est l’auteur de deux livres sur le Tourisme Spatial, le premier publié en 2009 à la documentation française et le second sorti en 2021, "Histoire du Tourisme Spatial de 1950 à 2020" chez Amazon, ainsi que de nombreux articles sur le sujet.

Il est considéré actuellement comme l’un des spécialistes en la matière. Il intervient fréquemment sur ce sujet à la radio et à la télévision, ainsi qu’au travers de conférences dans de nombreux pays, notamment au Canada où il réside quelques mois par an.

Il conseille notamment des entreprises du "new space" et des fonds d’investissements sur les projets financiers en matière du Tourisme Spatial.

Lu 2214 fois

Notez

Nouveau commentaire :

Tous les commentaires discourtois, injurieux ou diffamatoires seront aussitôt supprimés par le modérateur.
Signaler un abus

Dans la même rubrique :
< >




































TourMaG.com
  • Instagram
  • Twitter
  • Facebook
  • YouTube
  • LinkedIn
  • GooglePlay
  • appstore
  • Google News
  • Bing Actus
  • Actus sur WhatsApp
 
Site certifié ACPM, le tiers de confiance - la valeur des médias