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UMIH, EDV : "Tout est possible, mais rien n'est sûr... dans le plan de relance !"

"Le plan largement lié à de l'endettement des entreprises..." selon Jean-Pierre Mas (EDV)


Le plan de relance a été annoncé et dévoilé par le Premier ministre, avec un effort de l'Etat à hauteur de 18 milliards pour le tourisme. Nous avons recueilli la réaction de Laurent Duc, le président de la branche hôtellerie de l'UMIH et de Jean-Pierre MAS, le président des Entreprises du Voyage (EDV). S'ils se montrent satisfaits, les points d'interrogation et les combats à mener restent nombreux pour sauver le tourisme en France.


Rédigé par le Jeudi 14 Mai 2020

"nous avons pris nous même cet engagement. C'est une décision des professionnels du tourisme" selon Jean-Pierre Mas - Crédit photo : Compte Facebook Edouard Philippe
"nous avons pris nous même cet engagement. C'est une décision des professionnels du tourisme" selon Jean-Pierre Mas - Crédit photo : Compte Facebook Edouard Philippe
TourMaG.com - Comment jugez-vous le plan de relance touristique ?

Jean-Pierre Mas :
C'est une réponse très positive en ligne avec nos demandes et nos besoins, que ce soit sur la prolongation du chômage partiel l'exonération des charges pour 4 mois, etc.

Il reste toutefois un point en suspens, celui des TPE dont les dirigeants ne sont pas salariés, mais mandataires sociaux.

Au niveau d'Edouard Philippe, le problème est infime, mais pour les personnes concernées la situation est délicate, car ils n'ont pas accès au fonds de solidarité ni au chômage partiel.

Même si cela ne représente que peu d'entreprises et de personnes, mais je ne peux et ne veux laisser personne en route.

TourMaG.com - Vous nous aviez affirmé que le secteur du tourisme bénéficierait d'un chômage partiel jusqu'en mars 2021, Edouard Phillipe a parlé de septembre voire décembre 2020...

Jean-Pierre Mas :
Nous avons l'engagement du gouvernement de pouvoir étendre la possibilité d'y recourir pendant un an, jusqu'en mars 2021.

Edouard Phillipe n'est pas revenu sur cet engagement, il a juste dit que le niveau de prise en charge actuel serait maintenu jusqu'en septembre 2020, alors que nous avions craint une dégradation.

Après septembre tout dépendra de l'évolution de l'activité des entreprises du secteur, aujourd'hui il est difficile de se projeter. Son annonce est positive.

TourMaG.com - L'horizon se dégage aussi un peu pour l'été 2020...

Jean-Pierre Mas :
je trouve son allocution est moyennement rassurante puisque nous n'avons pas de certitude, tout est possible, mais rien n'est sûr.

Certes nous avons un petit peu moins de brouillard, mais nous n'avons aucune visibilité.

Au niveau de l'ouverture des frontières, nous sommes même plutôt inquiets, car l'Europe, incapable d'intervenir pour la fermeture des frontières, va sans doute créer la même cacophonie lors de leurs réouvertures.

Nous sommes demandeurs d'une coordination européenne, pour fixer les modalités et un calendrier de réouvertures des frontières. Nous en avons parlé avec les autorités françaises.

TourMaG.com - Le remboursement des vacances était-il une contrepartie exigée par le gouvernement lors de l'ordonnance ?

Jean-Pierre Mas :
Non, nous avons pris nous-mêmes cet engagement. C'est une décision des professionnels du tourisme.

Nous nous engageons à rembourser systématiquement les vacances en France si elles ne sont pas rendues possibles, si jamais la zone ou le lieu n'est plus accessible en raison des risques sanitaires.

Cela concerne toutes les réservations à partir de ce jour (14 mai 2020, ndlr), pour l'été et en France.

Au niveau de la trésorerie, il n'y aura pas beaucoup d'impact, puisque les Français payeront les vacances à une agence de voyages, s'ils ne peuvent pas partir, ils seront remboursés.

Nous avons obtenu l'accord des syndicats hôteliers et des résidences de tourisme, pour que les agences ne payent pas le fournisseur.

Concernant la distribution, je déconseille d'ouvrir dans les prochains jours, une annonce sera faite le 25 mai quant aux contours que prendra peut-être la saison touristique, il faut patienter.

"Le plan, aussi positif soit-il, est largement lié à de l'endettement des entreprises..." selon Jean-Pierre Mas

TourMaG.com - Restent-ils d'autres combats à mener ?

Jean-Pierre Mas :
Bien sûr, il va falloir renforcer la capacité de résistance des entreprises.

Le plan, aussi positif soit-il, est largement lié à de l'endettement des entreprises, sauf que les entreprises vont perdre beaucoup au niveau des résultats d'exploitation.

Une intervention pour renforcer les capitaux, les fonds propres sera plus que nécessaire.

Il n'y a pas raison de procéder à cela dans l'urgence, la BPI et la Caisse des Dépôts sont mobilisées pour rentrer au capital des entreprises.

Malheureusement cela concernera plus facilement les grandes sociétés plutôt que les PME. Le combat est permanent et incessant, nous n'avons pas gagné.

La prochaine échéance importante pour nous sera de bénéficier d'une meilleure visibilité sur les frontières.

TourMaG.com - Le protocole sanitaire des EDV devait être validé aujourd'hui, est-ce bon ?

Jean-Pierre Mas :
Nous attendons toujours sa validation.

Jean Castex, chargé du déconfinement et des protocoles sanitaires au gouvernement, a totalement disparu de la circulation.

Nous ne sommes pas des professionnels de la santé, nous sommes à l'écoute, mais la pire des choses reste l'absence de réponse.

Notre objectif étant que les agences ouvrent dans une ambiance de sécurité sanitaire pour protéger aussi bien les clients que les salariés."

"Il n'a pas validé nos engagements car nous avons un problème sur la distanciation sociale" selon Laurent Duc (UMIH)

TourMaG.com - Que pensez-vous des annonces ?

Laurent Duc :
Les annonces sont plutôt positives, nous avançons en marchant et le gouvernement n'a pas reculé. Il ne faut pas cracher dans la soupe.

Il a validé tout ce que nous avons demandé.

Pour le moment, il n'a pas validé nos engagements, car nous avons un problème sur la distanciation sociale, entre ce que nous proposons et ce que réclame la haute autorité de la santé.

Ce qui est demandé aux hôtels est impossible à tenir, pour le moment. Cela découle sans doute du comportement depuis le déconfinement.

TourMaG.com - C'est à dire ?

Laurent Duc :
Je ne cesse de le dire, mais l'attitude des Français en déconfinement va générer toutes les angoisses de l'Etat, donc plus nous serons raisonnables et moins les exigences seront élevées.

Il y aurait dû faire deux phases, entre la consommation assise et debout, pour permettre à tous de pouvoir sortir. Il y a une multiplication des bars clandestins, les quais servent de comptoirs.

Le plus grand bistro de Lyon est la mairie, avec ses espaces publics. Nous avons proposé tout un tas de propositions, il est actuellement en débat dans les différents ministères, ce sont des engagements a minima.

Par exemple j'irais plus loin, dans mes établissements, en ne relouant pas une chambre à deux clients différents lors d'une même journée, la chambre restera vacances pendant une journée.

TourMaG.com - Toutefois, les restaurants et les bars devraient prochainement rouvrir...

Laurent Duc :
Nous allons rouvrir les bars et restaurants le 2 juin, seulement si les Français sont raisonnables pendant la période de déconfinement, s'il y a une contamination active, le gouvernement fera marche arrière.

J'en appelle aux maires, en leur demandant de faire respecter les lois, en interdisant de boire sur la voie publique.

Si nous n'ouvrons pas, les fêtes et les bars clandestins seront légions, je peux vous dire que les gestes barrières ne sont respects par personne, alors que nous sommes responsables.

TourMaG.com - Les mesures annoncées vont-elles dans le bon sens ?

Laurent Duc :
Nous avions demandé un chômage partiel applicable jusqu'en décembre 2020, il est assuré que nous pourrons en bénéficier de façon normale, jusqu'en septembre. C'est une bonne chose.

Concernant le remboursement des futures réservations, nous nous sommes engagés, si les vacanciers ne peuvent pas se déplacer cet été ou plus tard, nous remboursement les réservations.

Le remboursement se fera en fonction d'une décision de reconfinement par l'Etat ou une région.

C'est le pendant de l'ordonnance, sur les à-valoir, les voyageurs qui réservent maintenant le font en connaissance de cause (risque d'une annulation en cas d'épidémie, ndlr), donc nous leur promettant de rembourser.

TourMaG.com - La problématique des assureurs n'a pas été abordée, pourtant elle reste toujours d'actualité, qu'en est-il ?

Laurent Duc :
Il y a toujours la question des assureurs, contre lesquels nous menons un véritable bras de fer.

Un véritable plan de guerre est mis en place, pour que les assurances nous payent, les pertes d'exploitation.

Nous demandons que la perte d'exploitation soit payée à hauteur de 25% et ce dans tous les établissements. Ils nous font quelques propositions, mais totalement hors sujet.

"Si la crise dure 18 mois, environ un tiers de la branche disparaîtra" selon Laurent Duc

TourMaG.com - Quels sont les prochains combats ?

Laurent Duc :
Nous refusons que les logements chez un particulier, type Airbnb, partageant des commodités soient interdits, alors que dans le même temps les auberges de jeunesse restent fermées.

Autre point, soit les GAFA participent largement soit ils ne participent pas et alors nous travaillerons avec des Français, ce n'est pas à nos impôts de payer ces structures.

Nous continuerons de travailler avec eux, s'ils jouent le jeu.

TourMaG.com - Une chose est quasiment sûre les Français vont pouvoir partir cet été...

Laurent Duc :
Je me félicite que le Premier ministre ait annoncé que les Français pourront partir en vacances en juillet et août, mais je suis persuadé que dès le 2 juin il annoncera qu'il sera possible de partir en Italie et en Espagne.

Les annonces se font par étapes. Les ressortissants européens ne feront pas l'objet de quarantaine, à leur entrée sur le territoire français, la prochaine étape sera les vacances en Europe.

Si en France les étrangers représentent 20% en France, alors qu'en Italie c'est 50% et l'Espagne 65%.

Tout le monde va redoubler d'efforts pour que nous ayons une même vision de l'état sanitaire de l'Europe, afin de pouvoir vite circuler entre pays.

TourMaG.com - Les mesures suffiront-elles pour sauver la casse ?

Laurent Duc :
Toutes les mesures que nous avons prises doivent permettre aux établissements de faire la tortue, et survivre pendant un an avec une saison estivale quasiment blanche.

Si la crise dure 18 mois, environ un tiers de la branche disparaîtra.

Il faut se rendre compte que des centaines de milliers d'emplois ne seront pas créés cet été, notamment pour les étudiants. "

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