TourMaG.com, le média spécialiste du tourisme francophone

logo Futuroscopie  




USA : les cent jours qui ébranlent le monde [ABO]

L'édito de Josette Sicsic (Futuroscopie)


Rien n’est sûr. L’avenir, comme nous l’avons souvent écrit, est plus que jamais incertain. Entre de multiples forces ennemies, l’Etat le plus puissant de la planète n’en finit pas de tirer les ficelles malfaisantes d’une croisade contre le progrès social et les valeurs qu’il avait contribué à façonner. Au bout de 100 jours de gouvernance sans partage, le démiurge de la Maison Blanche ébranle le monde* et s’en félicite. Au risque de ternir l'image de son pays et de refouler les envies d’Amérique de bien des visiteurs.


Rédigé par le Lundi 5 Mai 2025

Alors que d’ores et déjà les performances touristiques des Etats-Unis s’étiolent, c’est à la fois l’économie et l’image du pays qui sont en train de s’écorner - DepositPhotos.com, JaviGhersi
Alors que d’ores et déjà les performances touristiques des Etats-Unis s’étiolent, c’est à la fois l’économie et l’image du pays qui sont en train de s’écorner - DepositPhotos.com, JaviGhersi
Vous pouvez acheter cet article à l'unité pour le prix de 3,99 € en cliquant ICI ou vous abonner pour 133€ TTC par an.

Bien que tout le monde n’ait pas eu la chance de pouvoir sauter dans un train ou un avion pour prendre le large, le très beau temps dont la météo a gratifié les Français a réenchanté le quotidien de beaucoup d’entre nous.

Qui dit ciel bleu et températures estivales dit forcément farniente, plein air, humeur oisive. Sans compter que la tradition des brins de muguet au coin des rues, contribue immanquablement à rappeler que le bonheur est accessible à tous, moyennant quelques euros.

Certes, les défilés joyeux célébrant les luttes des travailleurs sont de plus en plus souvent perturbés par une violence absurde et inacceptable, nous rappelant que le monde change et ne change pas forcément en mieux.

En deuxième ligne, derrière l’actualité de tous les jours, une actualité géopolitique dominée, elle aussi, par l’incohérence, n’a pas de quoi réjouir les esprits. Parmi les conflits auxquels nous sommes désormais habitués, il est de multiples signes émis essentiellement par la plus grande puissance internationale, qui devraient de plus en plus nous émouvoir et nous alerter.

Que dire des coupes sombres dont sont victimes les fonctionnaires américains ? Que dire du renvoi pur et simple des enseignants et chercheurs qui, du jour au lendemain, ne peuvent plus exercer leur métier et contribuer à faire progresser l’humanité dans tous les domaines, notamment la santé et l’énergie (7 projets solaires et 11 d’éoliennes ont été annulés !) ?

Que dire encore de la suppression pure et simple d’une politique environnementale au profit d’une industrie fortement polluante mais rapportant gros à quelques magnats peu scrupuleux ?

Quand on sait que les USA avaient inventé le concept de parcs naturels nationaux afin d’y préserver la nature et sa biodiversité et qu’aujourd’hui, il dégraisse son personnel, on se rend bien compte que l’humanité ne progresse pas toujours. Elle régresse.


« Vous n’avez encore rien vu ! »

Même constat sur le monde de la culture particulièrement inquiet par les décisions à l’emporte-pièce d’un homme qui ne lit pas et fait fort peu de cas du raffinement de la pensée et de l’intelligence, obsédé par les milliards qu’il pourrait y avoir à gagner et à faire gagner à ses amis les « prédateurs » qu’évoque l’écrivain italien Guiliano Da Empoli dans son dernier ouvrage « L’heure des prédateurs ».

Alors que Donald Trump se glorifie d’avoir « mené les cent premiers jours les plus réussis de toute administration dans l’histoire du pays » et clame haut et fort : « Vous n’avez encore rien vu ! », beaucoup tremblent tous les matins de crainte qu’une nouvelle idée farfelue et dangereuse ait encore traversé l’esprit de ce diable d’homme qui a également juré de priver les États-Unis des multiples organismes humanitaires et solidaires permettant à des millions d’individus de se soigner, de s’éduquer, de sortir en partie de leur misère.

Vilipendant les immigrés qui font pourtant tourner la machine économique du pays en acceptant des emplois difficiles et sous-payés, il les expulse à la va vite provoquant des drames familiaux qui l’indifférent.

Inutile de revenir sur la guerre économique engagée avec ses partenaires traditionnels qui n’en finit pas d’assombrir l’avenir de la planète tout entière, pour qui la patrie de l’oncle Sam constituait vraiment le modèle de société le plus enviable malgré ses inégalités.

Lire aussi : USA : l'industrie touristique sombre dans le rouge écarlate

Le soft power mis à mal

Alors que d’ores et déjà ses performances touristiques s’étiolent, comme le démontre le dernier baromètre EDV-Orchestra, qui souligne une baisse de 17% des départs en avril et surtout de 28% de réservations, c’est à la fois l’économie et l’image du pays qui sont en train de s’écorner.

Désormais incarné également par un Elon Musk œuvrant à sa propre réussite et par autant de milliardaires désireux de dominer le monde via leurs nouvelles intelligences, que restera-t-il bientôt d’une littérature, une musique et un septième art ayant largement influencé la quasi-totalité de l’humanité et développé un imaginaire universel représentant le bien commun culturel et moral utile à sa bonne entente ?

Alors que ces mêmes milliardaires de la Silicon Valley s’offrent des bunkers dans lesquels se mettre à l’abri du chaos qu’ils sont en train de créer, le Président américain s’imaginerait bien en prix Nobel de la paix, dans un délire d’arrogance et d’aveuglement dont nous subissons en catimini les atteintes.

Dernier point : le baromètre de la liberté de la presse, qui vient de paraître, n’est guère réjouissant. Jetez-y un coup d’œil et vous découvrirez que les USA sont à la 57e place du classement et la France à la 25e. Ce qui n’est pas de nature à nous rassurer.

Désinformation, faux, manipulations des images, « nous n’avons peut-être encore rien vu ! »


* Ce titre est une référence au livre de John Reed : « Les dix jours qui ébranlèrent le monde ». Paru en 1919, ce livre est consacré à la révolution d’Octobre.

Josette Sicsic - DR
Josette Sicsic - DR
Journaliste, consultante, conférencière, Josette Sicsic observe depuis plus de 25 ans, les mutations du monde afin d’en analyser les conséquences sur le secteur du tourisme.

Après avoir développé pendant plus de 20 ans le journal Touriscopie, elle est toujours sur le pont de l’actualité où elle décode le présent pour prévoir le futur. Sur le site www.tourmag.com, rubrique Futuroscopie, elle publie plusieurs fois par semaine les articles prospectifs et analytiques.

Contact : 06 14 47 99 04
Mail : touriscopie@gmail.com

Lu 724 fois

Tags : futuroscopie
Notez

Nouveau commentaire :

Tous les commentaires discourtois, injurieux ou diffamatoires seront aussitôt supprimés par le modérateur.
Signaler un abus

Dans la même rubrique :
< >













































TourMaG.com
  • Instagram
  • Twitter
  • Facebook
  • YouTube
  • LinkedIn
  • GooglePlay
  • appstore
  • Google News
  • Bing Actus
  • Actus sur WhatsApp
 
Site certifié ACPM, le tiers de confiance - la valeur des médias