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Voyamar : "Aujourd'hui nous pouvons prévoir l'été 2021" selon Aurélien Aufort

Interview d'Aurélien Aufort, le directeur général du groupe Marietton


En cette première semaine de novembre, la France est de nouveau reconfinée. Les tour-opérateurs se retrouvent à ne plus pouvoir faire partir leurs clients, mais ils doivent aussi se projeter sur la saison prochaine. Alors que le conseil scientifique de l'Elysée prédit le pire, comment anticiper l'été 2021 ? Et que proposer aux clients ? Nous avons appelé Aurélien Aufort, le directeur général du groupe Marietton. Si Héliades va se développer, pas nécessairement dans la production des clubs, quel est l'avenir de Voyamar et de la profession ? Eléments de réponses avec un patron qui se veut optimiste, mais réaliste.


Rédigé par le Lundi 2 Novembre 2020

Pour Aurélien Aufort, la véritable reprise sera en septembre 2021, avec pour objectif d'atteindre entre 40 et 50% du volume d'affaires de 2019 - DR
Pour Aurélien Aufort, la véritable reprise sera en septembre 2021, avec pour objectif d'atteindre entre 40 et 50% du volume d'affaires de 2019 - DR
TourMaG.com - En ce premier jour de travail du 2e confinement, comment est l'ambiance au sein de Marietton et des tour-opérateurs du groupe ?

Aurélien Aufort :
Nous avons l'avantage de ne pas être tous confinés, puisque les salariés qui ne sont pas en chômage partiel, viennent au bureau. Tout en respectant les mesures barrières, nous sommes une petite équipe présente sur place.

C'est la première fois, depuis un long moment, qu'il y a autant de monde dans les bureaux, puisque j'ai rappelé le service de production. Après si vous regardez dans les rues, il y a quand même pas mal de monde, ce n'est pas équivalent au 1er confinement.

L'ambiance est différente.

TourMaG.com - En quoi différente ?

Aurélien Aufort :
Je trouve qu'il n'est pas aussi dur que le précédent.

Nous voyons que ce confinement a été fait pour que l'économie puisse tourner un minimum.

Le 1er est arrivé en pleine saison et à l'improviste. Nous avions à l'époque beaucoup de clients à gérer, chose que nous n'avons pas aujourd'hui.

Que ce soit nous ou les autres tour-opérateurs, nous avons très peu de clients sur le départ ou à destination. Nous avons entre 300 et 400 voyageurs en dehors de la France, ce qui est peu.

Puis je préfère qu'il y ait un confinement en ce moment, plutôt qu'en début d'année 2021, voire même après. J'aimerais bien que l'année prochaine soit une page blanche pour le tourisme, que nous repartions sur de bonnes bases.

Donc ce confinement ne change pas grand-chose, car nous avions une activité très basse. Nous avons tous fait une croix sur 2020, nous sommes tous focus sur 2021.

"En 2020, nous n'avons pas pu concurrencer la France, c'était très compliqué"

TourMaG.com - 2020 étant bientôt terminée et sera quasi nulle, vous travaillez sur la production 2021 ?

Aurélien Aufort :
Oui, nous voulons que la production soit adaptée à ce que les clients demanderont, à savoir des destinations assez proches de la France.

C'est notre vision. Je suis assez positif sur l'année prochaine, car 2020 a été tellement mauvaise, que nous ne pouvons faire que mieux.

En fait, nous n'avons pas pu nous préparer pour l'été 2020, notre production n'était pas adaptée. Nous n'avons pas pu concurrencer la France, c'était très compliqué. Les incertitudes sur les tests, les frontières européennes, tous ces sujets n'existeront pas en 2021.

La position des pays européens sera plus claire, je suppose. Notre stratégie est de nous réengager sur la partie Grèce, avec Héliades et Voyamar. Nous croyons dans la Grèce en 2021. C'est une destination proche, elle a été dynamique l'été dernier et elle est sécurisante d'un point de vue sanitaire.

TourMaG.com - La France va-t-elle avoir une place à part ?

Aurélien Aufort :
Nous n'allons pas travailler sur la France, car ce n'est pas notre métier. Vous avez des acteurs très solides, comme Belhambra, le Club Med, etc. Je ne vois pas ce que nous pouvons apporter sur la France, même si avec notre package dynamnique nous pouvons la faire.

La Corse restera aussi un point fort, nous aurons des hôtels sur l'Île de Beauté.

Nous allons axer notre production sur l'Europe, avec l'Espagne, l'Italie, et le bassin méditerranéen, avec la Tunisie. Nous allons mettre le paquet sur ces destinations, avec une offre flexible, francophone et qualitative.

Nous voulons développer nos clubs. Nous sommes en phase de négociations pour ouvrir 4 ou 5 villages-clubs supplémentaires, soit un par destination proche que sont l'Espagne, l'Italie en Croatie et Grèce, pour Voyamar.

Aujourd'hui nous pouvons prévoir l'été 2021. Les Français auront envie de voyager. Ils choisiront la facilité, la sécurité et la proximité. Sur la partie circuit ce sera pareil, nous allons viser l'Europe et le bassin méditerranéen.

TourMaG.com - Donc l'objectif pour Voyamar est d'être perçu comme un tour-opérateur spécialiste de l'Europe ?

Aurélien Aufort :
Nous avons toujours eu une production européenne, mais nous voulons l'augmenter, notamment par une offre hôtelière plus complète.

Je pense aussi que le redémarrage se fera par l'hébergement. Demain, les clients ne vont pas plébisciter les circuits. Partir dans un bus en 2021 ne va malheureusement pas attirer les foules.

Nous pensons que l'année prochaine, les Français auront besoin de partir et qu'ils choisiront un vol puis un hôtel, avec une organisation qui s'occupe de tout ça.

"J'estime que nous ferons environ 40 ou 50% de l'activité de 2019 en 2021"

TourMaG.com - Vous prenez des engagements aériens pour 2021 ?

Aurélien Aufort :
Pour tout vous dire, nous venons de signer un accord aérien vers la Grèce de presque 5 millions d'euros. Nous avons pour l'année prochaine, un grand nombre de groupes inscrits, des réservations à tenir.

Nous ne partons pas de 0. Il existe un petit matelas de réservations qui nous permet de nous projeter. Je tiens aussi à saluer les agences de voyages, car elles ont joué le jeu en réservant à nouveau chez le même TO.

Aujourd'hui les reports ont été faits dans 40 ou 50% des cas, il reste à convaincre les 50% restants de repartir. Il y aura de l'offre c'est une certitude, avec des frontières plus ouvertes qu'elles ne l'ont été.

Là où je suis incertain, c'est de savoir quand nous pourrons repartir. Il y aura du business l'été prochain, sinon globalement l'industrie sera dans le dur. En 2020, nous ne savions pas où partir, ni comment, ni quand... Il n'y avait rien, mais nous avons pu faire du chiffre d'affaires .

Je vise le double voire même le triple au niveau de l'activité. J'estime que nous ferons environ 40 ou 50% de l'activité de 2019 en 2021. C'est vraiment faisable, l'enjeu n'est pas tant le chiffre d'affaires, que la marge.


Si c'est pour avoir des reports avec des frais fixes plus élevés, ça n'a pas de sens. D'après ce que j'ai vu actuellement, il n'y a pas de hausse des prix de la part des compagnies et des hôteliers.

Tout le monde joue le jeu pour 2021.

TourMaG.com - Malgré le flou ambiant, l'incertitude financière, les compagnies arrivent à se projeter ? Et vous mettez en place des charters ?

Aurélien Aufort :
Aujourd'hui, rien ne nous empêche de mettre en place des charters pour l'année prochaine, avec des compagnies comme Transavia, Volotea ou Tunisair.

Nous prévoyons tout, comme si le redémarrage aura lieu, avec une marge de sécurité de 30%. Les charters débutent en avril, donc nous avons un peu de temps, puis nous avons les réservations des groupes et les reports.

Notre métier consiste à faire des estimations. Après les hôteliers et les compagnies ne demandent pas énormément d'acomptes, ils se montrent tous très flexibles.

TourMaG.com - Comment prévoyez-vous le plan d'attaque de l'année prochaine ?

Aurélien Aufort :
Actuellement nous négocions notre offre. Nous avons un mois de travail pour tout finaliser.

Ensuite, nous sortirons une brochure en janvier, elle contiendra toutes les destinations que nous considérons comme vendables en 2021. Après le plan de communication dépendra de l'actualité.

Pour résumer, si ça redémarre, nous mettrons les moyens.

Ces moments difficiles comme nous les vivons peuvent jouer en quelque sorte en notre faveur. Je pense que les gens après plus de 3 mois de confinement cumulés dans l'année auront envie de bouger et donc plus l'effet de reprise sera fort.

"Dans notre business plan, nous prévoyons une réelle reprise pour septembre 2021"

A propos d'Héliades : "Nous voulons développer et moderniser l'image. Héliades doit être le leader de la Grèce, avec une certaine montée en gamme, pour aller chercher les clients que nous perdons en BtoC" - Depositphotos.com Maugli
A propos d'Héliades : "Nous voulons développer et moderniser l'image. Héliades doit être le leader de la Grèce, avec une certaine montée en gamme, pour aller chercher les clients que nous perdons en BtoC" - Depositphotos.com Maugli
TourMaG.com - Vous semblez assez optimiste, malgré tout...

Aurélien Aufort :
Je pense que nous avons touché le fond, il se peut qu'il y ait quelques mois difficiles jusqu'en mars, avril 2021.

Les Français vont s'habituer au virus, les frontières vont s'ouvrir avec toutes les précautions pour protéger les populations, mais il y aura du tourisme. Je ne pense pas que cette crise sanitaire remette en question totalement le schéma de production, il y aura assez peu de changements.

Nous devons être positifs, car si nous ne faisons pas de business en 2021, alors cela signifiera que tout sera fermé et que nous ne parlerons plus du tourisme.

TourMaG.com - Allez-vous demander de nouvelles mesures au SETO pour préparer au mieux la prochaine saison ?

Aurélien Aufort :
Le syndicat se bat très bien pour sauver la profession et la représenter. Nous avons aussi un président très actif à ce niveau là.

Je pense que la profession s'est très bien battue. Je pense que cela aurait pu être pire par rapport à ce que cela aurait pu être, sans l'avoir. Nous sommes bien aidés par l'Etat, je vous le dis en connaissant la situation ailleurs.

Pour une fois, la profession a été assez unie. Je suis peut être positif, mais avec ce que nous avons vécu cette année, je ne vois pas comment nous pouvons connaître pire.

Après stratégiquement nous faisons énormément attention à la gestion au sein du groupe. A la réservation, il n'y a pour le moment pas besoin d'y avoir du monde, car les agences sont fermées.

Les services commerciaux sont off, le transport est opérationnel pour gérer les reports et remboursements. Nous avons laissé les gens au chômage partiel, pour les services non indispensables, cela nous permet de sauvegarder les emplois de demain.

TourMaG.com - Vous craignez une fuite des talents ?

Aurélien Aufort :
Nous allons en perdre c'est une certitude. Paradoxalement, nous avons assez peu de départs, car le climat général n'est pas propice. Tous les secteurs sont en difficultés.

Mais je ne me fais pas d'illusion. Nous perdrons des collaborateurs démotivés que nous ne pourrons pas retenir. Après, je ne pense pas que ce sera une saignée si importante, car les professionnels du tourisme sont des passionnés, ils auraient déjà eu l'occasion de partir bien avant.

Aujourd'hui, nos salariés pensent à un avenir diffèrent, mais ils repoussent l'échéance.

TourMaG.com - A combien estimez-vous le chiffre d'affaires de l'année ?

Aurélien Aufort :
Nous avons fait un peu de départs entre le début de l'année et le 15 mars, puis cet été aussi, avec pas mal de Tunisie et de Grèce.

J'estime que notre volume d'affaires sera de l'ordre de 20 à 25%. Ce n'est pas bon, mais ce n'est pas zéro. Dans notre business plan, nous prévoyons une réelle reprise pour septembre 2021.

Héliades : "Héliades doit ...montée en gamme, pour aller chercher les clients que nous perdons en BtoC"

TourMaG.com - Comment une industrie peut tourner avec des revenus de 20 ou 30 % pendant plusieurs saisons ?

Aurélien Aufort :
Les trois premiers mois de l'année 2021 seront décisifs, ainsi que le maintien du chômage partiel.

Si demain, nous savons que cette dernière mesure est arrêtée, avec une reprise qui se fait toujours attendre, ce sera très compliqué. L'Etat n'abandonnera pas la profession.

Il y aura certainement de la casse, après quelle sera l'ampleur de celle-ci je ne sais pas. S'il n'y a pas de reprise dans le 1er semestre de l'année 2021, alors je pense que certains vont abandonner, au-delà même de la situation financière.

La profession, telle qu'elle est, peut passer le cap et la crise.

Il y aura et il y a déjà une réduction des effectifs. Il n'y a pas 50% des agences et 50% des tour-opérateurs qui fermeront, je n'y crois pas. Il nous suffit d'un petit redémarrage et d'ondes positives.

Je ne crois pas en une disparition de la profession, ni au changement complet du mode de consommation.

TourMaG.com - A quoi ressemblera Héliades en 2021 ?

Aurélien Aufort :
Nous créons des liens entre Héliades et Voyamar, sans parler de fusion. C'est plutôt un travail au niveau du backoffice, mais pas encore sur l'opérationnel.

Héliades est une marque forte sur la Grèce et nous voulons qu'elle le reste.

Nous voulons développer et moderniser l'image. Héliades doit être le leader de la Grèce, avec une certaine montée en gamme, pour aller chercher les clients que nous perdons en BtoC.

La Grèce fait rêver et nous devons délivrer une image moderne du pays, avec les locations de villas. Le développement du TO ne se fera pas seulement sur les clubs, mais aussi avec le sur-mesure.

Nous faisons un peu tout et rien sur la Grèce, je veux que nous donnions des idées aux voyageurs, les orienter sur ce que nous voulons leur faire découvrir de la destination.

Nous voulons proposer des hébergements moins standardisés, comme la croisière, les villas. Nous souhaitons offrir quelque chose de plus authentique, moins mass market.

Romain Pommier Publié par Romain Pommier Journaliste - TourMaG.com
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Commentaires

1.Posté par Aldebert le 08/11/2020 22:09 | Alerter
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N'importe quoi 2021 sera bien pire que 2020 c'est évident, tous les propos scientifiques vont dans ce sens. Le secteur du tourisme que nous aimions tant (moi le 1er) est mort. Il faut s'y résoudre. La société des loisirs c'est fini.

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