Béatrice Bazot (Evasion Intense) : "Agent de voyages : c’est un vrai métier, qui nécessite de se former régulièrement. Qui oblige à être ouvert à la géopolitique globale ; créer et vendre des voyages c’est un travail. C’est s’engager pour produire un service de qualité en toute sécurité" - DR Raf
A l’heure où les métiers du tourisme vont être placés (enfin) sous les feux des projecteurs durant une semaine, du 3 au 9 avril 2023, échanger avec Béatrice Bazot à la tête de son mini réseau Evasion Intense est l’occasion d’éclairer aussi les bas-reliefs du si joli métier d’agent de voyages.
Béatrice est une spécialiste du voyage à la carte et dirige 3 agences, à Mâcon, Charlieu et Paray le Monial.
Alors, justement qu’est-ce que cela signifie, en 2023 être un agent de voyages ? Elle botte en touche avec une pirouette élégante : « Je ne peux pas répondre vraiment car moi je suis passionnée par les voyages, les rencontres et découvrir le monde. J’aime transmettre et faire rêver mes clients. Je suis de la "vieille école" ».
Comment ça ? « Je me suis aperçue avec tristesse que notre métier ne fait plus rêver. Il est même parfois regardé avec un peu de dédain. En effet, à l’occasion d’un départ en congés maternité d’une collaboratrice, j’ai cherché à recruter…Or j’ai bien lu dans le regard des jeunes surtout qu’ils venaient là, juste pour un job pas pour s’impliquer dans un métier.
Le développement digital continue de faire croire aux gens qu’ils sont capables de tout faire eux-mêmes, en trois clics. Mais c’est faux. Agent de voyages : c’est un vrai métier, qui nécessite de se former régulièrement. Qui oblige à être ouvert à la géopolitique globale ; créer et vendre des voyages c’est un travail. C’est s’engager pour produire un service de qualité en toute sécurité. »
Béatrice est une spécialiste du voyage à la carte et dirige 3 agences, à Mâcon, Charlieu et Paray le Monial.
Alors, justement qu’est-ce que cela signifie, en 2023 être un agent de voyages ? Elle botte en touche avec une pirouette élégante : « Je ne peux pas répondre vraiment car moi je suis passionnée par les voyages, les rencontres et découvrir le monde. J’aime transmettre et faire rêver mes clients. Je suis de la "vieille école" ».
Comment ça ? « Je me suis aperçue avec tristesse que notre métier ne fait plus rêver. Il est même parfois regardé avec un peu de dédain. En effet, à l’occasion d’un départ en congés maternité d’une collaboratrice, j’ai cherché à recruter…Or j’ai bien lu dans le regard des jeunes surtout qu’ils venaient là, juste pour un job pas pour s’impliquer dans un métier.
Le développement digital continue de faire croire aux gens qu’ils sont capables de tout faire eux-mêmes, en trois clics. Mais c’est faux. Agent de voyages : c’est un vrai métier, qui nécessite de se former régulièrement. Qui oblige à être ouvert à la géopolitique globale ; créer et vendre des voyages c’est un travail. C’est s’engager pour produire un service de qualité en toute sécurité. »
La période du COVID a laissé son empreinte
Elle est convaincue et pourtant elle non plus ne se destinait pas à faire ce métier, une profession qu’elle a découvert en suivant ses passions. Et pour laquelle elle s’est battue.
En effet, la période du COVID a laissé son empreinte. Entre virus et ruptures, elle va perdre en quelques semaines : son père, son mari, son associé. Affaiblie mais pas complètement à terre, pour l’amour de ses trois filles et le profond respect de ses équipes, Béatrice évoque à ce moment-là, sa volonté de reprendre, elle seule, une partie des agences de voyages qu’elle avait dans le groupe avec son associé.
Agitation générale de la part des thuriféraires à sa suite pour l’en dissuader : trop risqué, tu es une « femme » (SIC), tu divorces (pardon, quel rapport ?), tu ne vas pas y arriver, ne sois pas trop ambitieuse (No Comment).
On préfère quand les gens vont mal. Puis vint le combat du pot de terre contre le pot de fer pour la garantie financière. Parfois vouloir ne suffit plus. Les épreuves s’enchaînent les unes derrière les autres. Il y a de quoi perdre la foi et abandonner.
Car oui créer une agence de voyages en France, en province, sans réseaux ou connections, relève d’une gageure financière et administrative.
Elle va s’accrocher, Béatrice, parce qu’au fonds elle avance avec conviction, dans la plus grande des humilités. Elle a juste envie de faire le métier qui lui plait et de réunir autour d’elle ceux en qui elle croit. Cette énergie-là, personne ne vous l’enlève.
Elle vous donne des ailes et vous confère une ténacité à toute(s) épreuve(s). Grâce à des amis auprès desquels elle se tournait pour des énièmes conseils, elle obtiendra gain de cause et verra son projet aboutir.
En effet, la période du COVID a laissé son empreinte. Entre virus et ruptures, elle va perdre en quelques semaines : son père, son mari, son associé. Affaiblie mais pas complètement à terre, pour l’amour de ses trois filles et le profond respect de ses équipes, Béatrice évoque à ce moment-là, sa volonté de reprendre, elle seule, une partie des agences de voyages qu’elle avait dans le groupe avec son associé.
Agitation générale de la part des thuriféraires à sa suite pour l’en dissuader : trop risqué, tu es une « femme » (SIC), tu divorces (pardon, quel rapport ?), tu ne vas pas y arriver, ne sois pas trop ambitieuse (No Comment).
On préfère quand les gens vont mal. Puis vint le combat du pot de terre contre le pot de fer pour la garantie financière. Parfois vouloir ne suffit plus. Les épreuves s’enchaînent les unes derrière les autres. Il y a de quoi perdre la foi et abandonner.
Car oui créer une agence de voyages en France, en province, sans réseaux ou connections, relève d’une gageure financière et administrative.
Elle va s’accrocher, Béatrice, parce qu’au fonds elle avance avec conviction, dans la plus grande des humilités. Elle a juste envie de faire le métier qui lui plait et de réunir autour d’elle ceux en qui elle croit. Cette énergie-là, personne ne vous l’enlève.
Elle vous donne des ailes et vous confère une ténacité à toute(s) épreuve(s). Grâce à des amis auprès desquels elle se tournait pour des énièmes conseils, elle obtiendra gain de cause et verra son projet aboutir.
"Je me sens à ma place"
Deux ans d’épreuves rapprochées lui ont enseigné beaucoup de choses. « J’ai pris avec le recul ces échecs et les épreuves de la vie comme une expérience, à présent je me moque complètement de ce que pensent les autres. Sauf mes clients et mes équipes »
J’admire sincèrement la simplicité joyeuse avec laquelle elle semble balayer tous ces revers de la main. « J’avance dans une nouvelle vie. Ces étapes ont coupé mes attaches mais aussi mes chaînes finalement. Cela m’a ouvert les yeux et les portes vers une nouvelle forme d’indépendance et de liberté. Je n’aurais jamais pensé en être capable. A présent, Je suis heureuse, confiante et je me sens à ma place » dit-elle avec un large sourire tandis que la surprise la gagne elle aussi, d’un seul coup, d’avoir presque l’audace incongrue de m’avouer cela.
Il faut dire que parler avec pudeur de son bonheur simple semble être devenu anachronique voir déplacé dans un monde où il est de bon ton de se plaindre.
J’admire sincèrement la simplicité joyeuse avec laquelle elle semble balayer tous ces revers de la main. « J’avance dans une nouvelle vie. Ces étapes ont coupé mes attaches mais aussi mes chaînes finalement. Cela m’a ouvert les yeux et les portes vers une nouvelle forme d’indépendance et de liberté. Je n’aurais jamais pensé en être capable. A présent, Je suis heureuse, confiante et je me sens à ma place » dit-elle avec un large sourire tandis que la surprise la gagne elle aussi, d’un seul coup, d’avoir presque l’audace incongrue de m’avouer cela.
Il faut dire que parler avec pudeur de son bonheur simple semble être devenu anachronique voir déplacé dans un monde où il est de bon ton de se plaindre.
Sophie Baillot - photo Maya Angelsen
Entrepreneuse, directrice générale du tour-opérateur UOC - Un Océan de Croisières, de CUNARD France et de l’agence de communication SO BETWEEN, Sophie Baillot est la créatrice du « Mag-Effets de style/Créateur de Tentations ».
Engagée au sein de différentes instances du tourisme (SETO, EDV, Visit USA, CLIA…), Sophie participe à l’association Femmes du Tourisme. Elle rédige régulièrement des chroniques dans MANAGEMENT et CAPITAL et rejoint TOURMAG pour une galerie de portraits de femmes de l’industrie du tourisme et des loisirs.
Retrouvez tous les portraits de Sophie de Baillot
Engagée au sein de différentes instances du tourisme (SETO, EDV, Visit USA, CLIA…), Sophie participe à l’association Femmes du Tourisme. Elle rédige régulièrement des chroniques dans MANAGEMENT et CAPITAL et rejoint TOURMAG pour une galerie de portraits de femmes de l’industrie du tourisme et des loisirs.
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