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Climat : "Les modèles classiques du tourisme ont été chamboulés" selon Olivia Grégoire

Le bilan positif sans "mais" d'Olivia Grégoire, la ministre en charge du Tourisme


L'industrie touristique est passée par toutes les couleurs, de vert foncé au début du printemps, face à des réservations historiques, à orange, suite à l'arrêt des demandes en mai-juin, puis au gris suite aux émeutes de l'été. La saison aurait pu être bien pire, elle a été finalement "très bonne", dans un contexte qui a grandement inquiété Olivia Grégoire. Les Français sont partis, mais surtout s'adaptent au changement climatique.


Rédigé par le Mardi 29 Août 2023

Le bilan positif sans "mais" d'Olivia Grégoire, la ministre en charge du Tourisme - Depositphotos @serrnovik
Le bilan positif sans "mais" d'Olivia Grégoire, la ministre en charge du Tourisme - Depositphotos @serrnovik
La France du tourisme peut souffler.

La saison estivale, cruciale pour bon nombre d'acteurs, a été bonne. Elle n'a sans doute pas été à la hauteur des attentes de tous, avec des disparités très fortes selon les territoires, mais la première destination mondiale a globalement sauvé sa saison.

Dans une forme de psychanalyse à grande échelle, Olivia Grégoire a décidé de ne retenir que le positif d'une des rares industries françaises à ne pas perdre son leadership planétaire.

"Nous avons connu une très bonne saison, nos compatriotes ont sacralisé les vacances, 7 Français sur 10 sont partis en vacances et 88% ont choisi la France.

Le tourisme doit être considéré à hauteur de la puissance des recettes qu'il génère,
" a introduit la ministre en charge du Tourisme.

Elle a aussi tenu à alerter les professionnels sur les mutations dues au changement climatique, car notre tourisme ne sera plus comme avant.

D'ailleurs, Olivia Grégoire a tenu à remettre les acteurs du secteur face à leurs responsabilités, notamment au regard de la hausse vertigineuse des prix.

Retour sur un cours de méthode Coué et les bons chiffres de l'été 2023.

Olivia Grégoire : "Les recettes touristiques devraient être records"

"Nous avons connu une très bonne saison touristique, dans la lignée de celle de l'année 2022.

Si les Français ont sacralisé les vacances, les clientèles internationales sont aussi de retour avec une hausse de 22% pour les vols long-courriers. L'augmentation des réservations est de 22% pour les Américains, +8% pour les Canadiens et +118% chez les clientèles asiatiques.

L'année 2023 devrait dépasser les recettes touristiques de 2022 (58 milliards d'euros), une année record. Les premières estimations font état de recettes internationales liées au tourisme situées entre 64 et 67 milliards d'euros.

L'arrière-saison s'annonce généreuse, avec des carnets de commandes remplis, +4% pour l'hôtellerie classique, +26% pour celle de plein air, +20% pour les plateformes de location touristique en septembre.

Pour autant, derrière ces chiffres, nous assistons à des mutations profondes, nous n'en sommes qu'aux prémices. Cette année marque plus que les autres un changement dans les comportements des touristes.

Le voyageur est plus court-termiste, mais aussi dépendant de la météo. La météo a été très instable. Elle a incarné les changements climatiques en cours. Les modèles classiques du tourisme ont été chamboulés.

Le tourisme a été beaucoup plus homogène qu'à l'accoutumée, puisque nous constatons la montée en puissance de la montagne : +13,2% de chiffre d'affaires pour les Alpes du Nord, +7% dans les Pyrénées. Le tourisme de montagne a aussi été rejoint par celui de la campagne.

Le choix se fait de plus en plus à la dernière minute. Les touristes n'hésitent pas à changer en fonction des épisodes climatiques. Le tourisme très centralisé sur le littoral se remplit en son centre, puis la diagonale du vide touristique se remplit peu à peu,
" se félicite la ministre en charge du Tourisme.

Inflation : "Je vais appeler à la responsabilité de tous," selon Olivia Grégoire

"Les Français ont décidé de partir, ils ont fait des choix dans la façon de consommer les vacances.

Face à des prix jugés élevés, le comportement a évolué, les Français sont allés au restaurant, mais consommant un peu moins et autrement, l'hôtellerie de plein air et le locatif ont connu une forte augmentation par rapport à 2022, respectivement +2% et 11,8%.

L'hôtellerie classique a connu un retrait de 2%, mais le revenu par nuitée a été de +30% dans certaines régions par rapport à 2019. Le RevPar a été de +21,9% par nuitée.

S'il y a eu un rééquilibrage par rapport à la flambée des prix de l'énergie, c'est compréhensible, mais les excès, ça l'est moins.

Je vais appeler à la responsabilité de tous en matière de prix, alors que nous allons recevoir dans quelques jours la Coupe du Monde de Rugby et dans quelques mois les JO.


D'ici à la fin de l'année, nous allons mettre en place un observatoire des prix sur les locations présentes sur les plateformes, permettant d'indiquer si certaines locations ont des pratiques commerciales trompeuses, avec des prix trop élevés par rapport aux services rendus.

Je tiens aussi à noter l'allongement du temps des vacances : nous partons plus souvent, mais moins longtemps. Les fameuses grandes vacances de juillet et août, laissent place à une saison touristique allant de mai à octobre.

Cette plus grande disparité dans le temps est intéressante, cela signifie beaucoup sur le rapport au travail et notre société.

Nous avons de grands chantiers à mener pour que la France reste la première destination mondiale. La politique du tourisme est une politique de l'offre, nous devons avec les acteurs du tourisme travailler à de nouvelles offres plus diversifiées et adaptées aux nouvelles envies.

Nous sommes aux prémices des grandes mutations des offres touristiques, nous ne pouvons pas continuer comme avant,
" a expliqué Olivia Grégoire.

Atout France : "Nous pourrons retrouver les niveaux prépandémiques en 2024"

"L'été 2023 a été marqué par la locomotive qu'a été la clientèle internationale, avec le retour des voyageurs des destinations moyen et long-courriers, des arrivées aériennes internationales en hausse, mais en retrait de 17% en juillet et 20% en août par rapport à 2019.

L'attraction de la France a été très forte sur les destinations nord-américaines, avec des hausses de 5% et 8% par rapport à 2022. Nous notons un retrait de seulement 40% sur l'Asie et une accélération marquée de la clientèle chinoise, même si elle est en recul de - 69% par rapport à 2019.

La fréquentation des clientèles européennes a poursuivi sa progression : +15% de nuitées internationales sur juillet et +18% sur les premières semaines d'août. Les Britanniques sont bien revenus en France.

L'arrière-saison se présente également bien. L'attractivité reste forte, mais nous avons des concurrents. Sauf évènement majeur, l'année devrait bien se terminer,
" a indiqué Caroline Leboucher, la directrice générale d'Atout France.

Hugo Alvarez, le sous-directeur de l'observation, la prospective et la stratégie d'Atout France a pris à son tour la parole sur le bilan de l'année en cours.

"Si tout va bien, nous devrions atteindre entre 78 et 82 millions d'arrivées internationales, grâce aux clientèles de proximité, avec en tête le trio : Allemagne, Royaume-Uni et Belgique. Ces pays dépasseront les niveaux de 2019.

Nous devrions dépasser les 4 millions d'arrivées des Amériques, soit autant ou plus que 2019. Les trajectoires sont optimistes, nous pourrions retrouver les niveaux prépandémiques en 2024.

Sur le 1er semestre, nous sommes à +20% de dépenses internationales, malgré le retrait de la clientèle, en raison d'un effet prix, mais aussi une offre attractive pour les clientèles internationales ayant beaucoup d'épargne,
" a annoncé Hugo Alvarez.

Lire aussi : Grand Paris : le bilan estival frise les chiffres de 2019

ADN Tourisme : "Le touriste n'accepte plus d'être trompé"

"La saison estivale 2023 confirme que les Français sont attachés aux vacances.

En juillet et août, 67% des Français sont partis en vacances ou en weekend, +3 points par rapport à 2022. Il y a une érosion des comportements post Covid, avec des Français qui repartent à l'étranger.

Le littoral et la montagne sont les grands gagnants. Dans le paysage urbain, le bilan est plus contrasté, avec certaines villes qui ont particulièrement performé comme Bordeaux, Dijon, Saint-Malo ou Caen.

33% des Français ne sont pas partis, dont 40% en raison d'un manque de moyens financiers. Nous constatons une légère baisse de la durée du séjour, 8 nuits contre 9 en 2022. Le rapport qualité-prix devient l'arbitrage central pour les vacances.

Nous ne devons pas céder au tourisme bashing, à chaque problème, il existe des solutions.

L'activité de septembre et octobre s'annonce bien plus élevée, puisque l'envie de départ est de 6 points plus élevée qu'en 2022.

Nous avons enregistré 306 millions de nuitées des Français, un chiffre stable, nous pouvons être satisfaits de ce bilan. Le touriste n'accepte plus d'être trompé, nous devons être attentifs aux prix et aux services,
" a commenté François de Canson, le président d'ADN Tourisme.

Lire aussi : François de Canson : "Nous devons faire très attention au tourisme bashing"

Sud de La France : "Mutation ne signifie pas baisse de fréquentation"

Si le satisfecit est global, il contraste avec quelques retours du terrain.

De nombreux patrons d'Offices de tourisme ont pris la parole pour s'inquiéter d'une activité touristique moindre, voire même largement amputée durant la saison estivale.

L'inflation serait-elle l'arbre qui cache la forêt des mauvais chiffres des vacances ? Le gouvernement cacherait-il une baisse de la fréquentation grâce à des recettes plus importantes ?

"C'est révélateur d'un état d'esprit. Je n'ai pas dit que l'été a été parfait dans toutes les régions, je pense à la Corse ou à d'autres.

Ainsi, dans certains coins du sud, les gens râlent, avec des baisses de 15 ou 20%, puis en Bretagne, la hausse est de +31%. Le tourisme est plus homogène.

Le touriste est un consommateur, au regard des prix pratiqués, même dans les catégories favorisées. Et les Français ont dit stop.

Il est possible d'avoir en même temps un ressenti assez juste de restaurateurs faisant part d'une baisse de fréquentation et de recettes, mais globalement le tourisme en hausse, et les pratiques ont changé.

Pour répondre à la question de TourMaG.com sur les conséquences des mutations sur l'activité touristique dans le sud, je vais vous répondre que nous partons plus souvent, mais moins longtemps.

Mon intuition, c'est qu'il ne faut pas seulement raisonner sur la saison estivale. Nous allons devoir faire évoluer les offres : plus seulement concentrées sur juillet et août, plutôt à destination de la montagne, de l'arrière-pays, plus durables, sur d'autres périodes, etc.

Cette mutation ne signifie pas la baisse de la fréquentation, mais une autre fréquentation, étalée sur le temps,
" a conclu quelque peu agacée, Olivia Grégoire, lasse d'un auditoire cherchant à nuancer son bilan dithyrambique.

Romain Pommier Publié par Romain Pommier Journaliste - TourMaG.com
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Commentaires

1.Posté par Yves Brossard le 30/08/2023 12:39 | Alerter
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Quid des résultats des industries touristiques des Outre-mer ?

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