La case de l’Oncle Dom : Au revoir, Maître Yoda…

Maître Yoda pourquoi ?

Jean-Paul Chantraine est finalement resté passionné jusqu’au bout. Et, comme c’était un homme de passion, de convivialité et de partage, il n’a pas voulu que quiconque assiste à son départ.

Comme le répétaient ces Indiens des plaines des Etats-Unis, une destination qu’il aimait, « je ne veux pas que l’on me voie mourir » !

C’est réussi, mon vieux camarade de droite qui m’avait, au cours de quelques échanges entre deux clopes, appris tellement de choses. Trop peut-être, encore que trop n’est jamais assez…

J’attendais avec impatience ce traditionnel déjeuner de rentrée, chez Laurent, durant lequel et comme d’habitude, entre deux plats, nous aurions été deviser un moment sur la petite terrasse, histoire surtout de fumer une vieille clope.

Comme d’habitude aussi, d’un léger coup de coude sur mes pauvres os, pour me faire bien comprendre que nous étions complices, vous m’auriez livré vos réflexions toujours brillantes (parfois je ne suivais pas trop) sur la vie en général, la profession en particulier.

Le tout avec toujours beaucoup d’élégance, de grande diplomatie et, parfois un brin, pour ne pas dire un soupçon d’ironie.

J’avais tellement de choses à vous demander de m’apprendre…

Marrant, tous les souvenirs qui reviennent depuis toutes ces années. Jeune journaliste à l’époque, ce qui doit bien nous remonter à une bonne vingtaine d’années, vous me faisiez peur, malgré votre air amical, ce sourire engageant et vos yeux pétillants qui vous transperçaient l’âme… et parfois l’esprit.

En réalité, vous n’étiez que partage et convivialité, avide d’écouter mais j’ai bien eu l’impression que votre plaisir, c’était de partager avec ceux que vous aimiez les merveilles de notre environnement.

Et je crois bien que créer c’était aussi une passion que vous n’avez jamais reniée !

Je suis triste, maître Yoda, très triste. Moi qui déteste me lever tôt, c’est mon vieux pote Jean-François Rial qui a contribué à sécher mes yeux ce matin de bonne heure, lorsque nous nous sommes parlés au téléphone.

Il m’a raconté qu’un jour de discussion avec lui, il vous avait confié avoir du mal à se lever tôt ! « Je suis comme toi, aviez-vous répondu, le matin, il me faut beaucoup de temps pour passer du stade anima au stade social » !

Stade social auquel, avec cette lucidité et ce sens aigu de l’anticipation, vous avez largement contribué, particulièrement dans votre engagement vers les populations de ces contrées lointaines que vous aimiez et que vous avez voulu faire découvrir à vos voyageurs.

Et, bien évidemment envers votre œuvre, Asia, laquelle, j’en suis rassuré maintenant, continuera à vivre et à croître… sous votre œil bienveillant où que vous soyez. Avec une pensée particulière pour Brigitte, votre épouse et vos deux garçons, que je ne connais pas, mais que j’embrasse affectueusement.

Car, comme vous, Maître Yoda est toujours vivant. Il suffit juste de le vouloir.

Et, comme je ne vois plus rien de ce que j’écris (il parait qu’un mec ça ne pleure pas, ce qui est une énorme connerie), je laisse à Jean-François Rial, mon ami complice, le soin de terminer cet édito que j’aurais aimé ne jamais avoir à écrire !

A lire : Hommage de Jean-François Rial à "un tonton du tourisme"