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Léa : "Jamais aussi heureuse que quand j’organise de beaux voyages"

La life de Léa, l'agent de voyages (pas si) blonde


Formations en ligne, e-learning, mooc, cuisine... Notre Léa, pas si blonde, affronte le confinement. Mais le résultat est là, Léa s'ennuie ! Vivement le retour à l'organisation de beaux voyages, à dégoter les dernières dispos et à dépatouiller les collègues dans l'embarras.


Rédigé par le Lundi 20 Avril 2020

Léa : "Si vous savez lire entre les lignes et décoder quels signaux faibles, vous pouvez résumer en quelques mots ce que j’essaie de transmettre avec mes mots. Concrètement, si vous traduisez mon post par "Léa s’emmerde", vous avez tout juste." - Dessin : Raf
Léa : "Si vous savez lire entre les lignes et décoder quels signaux faibles, vous pouvez résumer en quelques mots ce que j’essaie de transmettre avec mes mots. Concrètement, si vous traduisez mon post par "Léa s’emmerde", vous avez tout juste." - Dessin : Raf
L’autre jour, j’évoquais avec vous comment, du 16 au 23 mars, j’ai organisé et coordonné les retours précipités, voire chaotiques de l’ensemble des clients "tourisme" de Big-Boss Voyage en vacances sur les 5 continents.

De son côté, mon adorable collègue Sonia faisait de même avec nos clients "affaires". Elle avait un nombre de dossiers à traiter bien plus important que moi, mais la plupart du temps, ils étaient plus faciles à traiter.

C’est là qu’on s’aperçoit que nos clients affaires séjournent en général à moins de 50 kilomètres d’un aéroport international, alors que nos clients "tourisme" vont quand même dans des endroits improbables et terriblement isolés.

A nous deux, nous avons fait rentrer près de 600 pax en un temps record et pour la première fois depuis fort longtemps, le programme "oùkisson" (c’est ainsi qu’on appelle le logiciel qui géolocalise en temps réel tous nos clients en voyage) affiche un imperturbable écran blanc.

Pendant ce temps-là, Big-Boss et Isa essayaient tant bien que mal de colmater des brèches, mais plus sérieusement, ils assistaient à l’écroulement de la société qu’ils avaient portée à bout de bras depuis 25 ans. Les jours qui ont suivi cette semaine folle, je crois que j’ai juste dormi.

Après 8 jours épuisants, j’avais besoin de me calmer, puis de recharger les batteries.

Merci à la tisane et surtout, merci à l’Homme-de-ma-vie d’avoir su alléger ma charge mentale : cette semaine d’activité intense presque 24/24 m’a transformée en une espèce de robot à faire des billets échangés et des EMD.

Il me fallait quelques jours de répit avant de redevenir l’épouse délicieuse, la mère parfaite, l’amie sincère, la bloggeuse pétillante et la cuisinière inventive que j’ai toujours été.

Réinventer une life

Et maintenant, quel rôle endosser ?

L’Homme n’a plus le droit de travailler (il est kiné, donc vous imaginez bien que dans le cadre de son activité professionnelle, il ne peut pas appliquer de mesures-barrières, ni maintenir une distanciation respectable) et moi, je n’ai rien à vendre jusqu’à nouvel ordre.

Depuis que nos activités professionnelles sont respectivement à zéro (pour lui) et à pas grand-chose (pour moi), on doit se réinventer une life.

Se réinventer essentiellement une life personnelle, hein… pas une life pro !

La Caisse nationale d'Assurance maladie CNAM (travaille sur un projet d’arrêté qui encadrerait la mise en œuvre du télé-soin pour les kinésithérapeutes. "Cet outil permettra de reprendre la surveillance, l’évaluation à distance de l’état fonctionnel du patient et l’adaptation de programme d’auto-rééducation. Le télé-soin n’a pas vocation à se substituer à l’exercice de la kinésithérapie" (tu m’étonnes…).

Quant à moi, à part traîner sur les banques d’images de l’agence pour trouver de quoi alimenter le compte Instagram de Big Boss Voyage, je ne vois pas trop ce que je peux faire.

Big-Boss a le téléphone de l’agence depuis 3 semaines et il nous dit qu’il se "débrouille très bien tout seul".

"Reprendrons-nous un jour le chemin de l’agence ?"

S’il arrive à faire tout seul le job de 11 personnes alors qu’il n’est pas spécialement reconnu comme un technicien hors pair, c’est que ses journées ne doivent pas être éprouvantes…

Chaque lundi matin, on a quand même une espèce de brunch virtuel sur Zoom pour "maintenir le contact au sein de l’équipe".

Isa nous fait une espèce de revue de presse de ce qui l’a interpellée pendant la semaine précédente et Big-Boss s’emballe sur des grandes théories fantasmagoriques à propos du "tourisme de demain". De temps en temps, je fais "han han" pour faire croire que je m’intéresse à ce qu’il raconte.

Avec les filles, on se fait aussi de longues conversations en tête-à-tête ou à 4. Le premier sujet, ça a été "reprendrons-nous un jour le chemin de l’agence ?". Ben franchement, on manque d’arguments !

Isa et Sonia ont lancé il y a quelques années une production sur la France qui rencontre un petit succès, mais ça risque d’être un peu léger pour nous occuper.

Du coup, l’Homme et moi sommes pleinement investis dans le développement psychomoteur et les activités d’éveil de notre Petit Prince (heureusement que la huitième merveille du monde est là, sa présence nous empêche de nous transformer en zombies) et nous nous partageons moult activités créatrices : l’Homme s’est improvisé peintre et attend l’ouverture des magasins de bricolage pour devenir menuisier (comme quoi, il sait faire plein de trucs de ses mains).

"Léa s’emmerde"

De mon côté, entre deux séances de yoga sur YouTube, je fais des expériences culinaires créatives et originales.

Je m’attache à peaufiner mes playlists Spotify dont l’audace est unanimement reconnue mais le goût systématiquement contesté, nettoie l’intérieur de mes placards au vinaigre blanc (et réorganise mes rangements) et prends soin de mes jardinières d’aromates (note pour les provinciaux : c’est ce que vous appelez « jardin » chez vous, mais chez moi, ça tient sur un rebord de fenêtre).

Je me suis aussi emballée dans la formation : je suis en parallèle plusieurs programmes d’e-learning organisés par des Offices de tourisme, des webinars de chaines hôtelières et de compagnies de croisière, et je redécouvre des vieux formats Amadeus oubliés que j’ai exhumés de formations du début du siècle.

J’ai aussi vainement tenté de suivre des MOOC sur le marketing ou les secrets des meilleurs vendeurs mais je me suis vite découragée.

Comme on est en mode "survivaliste", j’ai aussi coupé les cheveux de l’homme (jetons un voile pudique sur le résultat de cette expérience extrême qui l’oblige à sortir affublé d’une casquette depuis 3 semaines).

Si vous savez lire entre les lignes et décoder les signaux faibles, vous pouvez résumer en quelques mots ce que j’essaie de transmettre avec mes mots.

Concrètement, si vous traduisez mon post par "Léa s’emmerde", vous avez tout juste.

Je ne suis jamais aussi heureuse que quand j’organise de beaux voyages, jongle avec les dernières dispos pour "faire des miracles", reçois des éloges de mes clients ravis ou aide mes collègues dans l’embarras.

Depuis un mois, tout ça me manque plus que je ne l’aurais jamais imaginé. Je suis tellement motivée à retourner à l’agence pour "reprendre une activité normale" que je crois que je vais personnellement m’investir dans la recherche d’un vaccin contre le Covid 19.

Retrouvez la semaine prochaine dans TourMaG (si elle n’est pas morte d’ennui entre temps), un nouvel épisode du confinement de Léa)

Pour lire les épisodes précédents : cliquez ici

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Tags : lea, leaconfinee, léa
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