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Ryanair prend des mesures pour calmer le ras-le-bol de ses pilotes

la low cost veut « capitaliser » sur les jeunes pilotes


Le nouveau Directeur des Opérations de Ryanair, Michael Hickey, entré en fonction le 1er février 2014, semble prendre au sérieux le ras-le-bol des pilotes de la compagnie. Pour calmer les esprits et les inciter à rester, il met en place une série de mesures. Il les présente dans un mémo diffusé en interne en avril 2014.


Rédigé par Pierre Coronas le Lundi 26 Mai 2014

La direction de Ryanair se préoccupe de la grogne de ses pilotes et prend des mesures pour les calmer - Photo DR
La direction de Ryanair se préoccupe de la grogne de ses pilotes et prend des mesures pour les calmer - Photo DR
Les temps changent chez Ryanair.

Si jusqu'à présent Michael O'Leary, le Président-Directeur général (PDG) de la compagnie ne faisait officiellement pas grand cas des velléités de départ de certains de ses pilotes, il semblerait que le sujet commence à être pris au sérieux en interne.

C'est ce que laisse entendre un mémo adressé par Michael Hickey - nommé Directeur des Opérations du groupe en février 2014 - à l'ensemble des pilotes de Ryanair le 11 avril 2014 et dont TourMaG.com a eu connaissance.

Il y explique que pendant 3 mois, il a fait le tour des diverses bases du transporteur pour s'entretenir avec eux et recueillir leurs doléances. A la suite de quoi, il a pris la décision de mettre en place certaines mesures.

Elles concernent principalement les « cadets » de la compagnie qui lui ont fait part de "problèmes à propos de la stabilité de leurs revenus en hiver et des coûts liés à la procédure pour devenir commandant de bord ou aux transferts de bases", écrit le Directeur des Opérations.

10 € supplémentaires par heure de vol

Ceux qui suivent le programme pour monter en grade et ainsi devenir commandant de bord depuis le 1er mai 2014 peuvent bénéficier de 10 euros supplémentaires par heure de vol (« scheduled block hour » dans le texte, Ndlr). Une mesure plafonnée à 1 000 heures et donc 10 000 euros.

Cette augmentation, même si elle reste modeste, devrait être bien accueillie par les jeunes pilotes de la compagnie à bas-coûts étant donné leur taux d'endettement.

Après avoir payé leur formation, ils doivent eux-même financer leur entraînement pour pouvoir piloter les avions de Ryanair. Certains se retrouvent rapidement avec des sommes qui peuvent atteindre plusieurs milliers d'euros à rembourser.

Michael Hickey annonce par ailleurs que pour prétendre à devenir commandant de bord, les pilotes doivent, entre autres critères, avoir effectué un total de 2 400 heures de vol (2 900 jusqu'à présent) dont 500 chez Ryanair. Il faut également qu'ils opèrent sur la compagnie depuis au moins un an et disposent de 1 500 heures de vol sur un appareil certifié JAR25.

A titre de comparaison, chez Air France, le minimum réglementaire est de 1 500 heures de vols. "Mais il faut bien plus dans les faits : entre 5 000 et 8 000 heures de vol" précise un attaché de presse du transporteur français. Celui-ci demande par ailleurs 4 ans d'ancienneté en tant que co-pilote au sein de ses effectifs et 2 500 heures sur JAR25.

Chez Corsair, ce sont 5 000 heures de vol minimum, dont 2 000 sur des vols de la compagnie, qui sont nécessaires.

La direction de Ryanair espère certainement ainsi fidéliser ses cadets pour qu'ils continuent à travailler pour elle une fois devenus commandants de bord. N'oublions pas que Ryanair a commandé 175 Boeing B737-800 en juin 2013. Il serait dommage de manquer de pilotes pour les faire voler !

Des revenus toute l'année

Pour remédier au problème de l'instabilité des revenus, le Directeur des Opérations propose une mesure facultative pour les co-pilotes.

Testée jusqu'en mars 2015, elle consiste à évaluer les revenus annuels des officiers et leur verser un douzième de cette somme chaque mois avec une éventuelle correction en fin d'année en cas de trop-perçu ou de manque.

Cette option permet à ses bénéficiaires de lisser leurs gains sur l'année. Elle limite les effets des longues périodes hivernales pendant lesquelles une partie des avions de Ryanair n'opère pas et où ils ne sont donc pas payés. Car, les « indépendants » ne sont pas rémunérés quand ils ne volent pas.

Cette mesure ne concerne a priori que les co-pilotes. Les PNC (personnel navigant commercial) et les commandants de bord en sont exclus. Ce qui restreint la hausse des charges pour la compagnie et contribue, là aussi, à « capitaliser » sur les jeunes pilotes.

Le Directeur des Opérations conclut d'ailleurs son mémo en assurant qu'il "étudie la possibilité d'offrir des contrats salariés supplémentaires". Mais, il ne promet rien et informe ses destinataires que "plus de détails [leur] seront fournis dans de prochaines mises à jour."

Nomination de 3 chefs de bases régionales

Alors qu'une enquête du Ryanair Pilot Group (RPG) a révélé, jeudi 22 mai 2014, que 72 % des pilotes de la compagnie envisagent de la quitter, ce document laisse penser que la direction donne de l'importance au phénomène.

Elle tente de calmer les esprits et stopper la fuite de ses pilotes vers des horizons sociaux plus confortables.

C'est pourquoi, elle a aussi récemment créé des postes de chefs de bases régionales (RBC). Trois pilotes, Chris Grube, R.A. et Andrew Elbert, jusqu'alors respectivement responsables des bases de Barcelone, Francfort et Düsseldorf, y sont nommés.

"Ils joueront un rôle significatif dans la poursuite de nos objectifs en matière de sécurité et dans notre recherche d'excellence opérationnelle face au nombre sans cesse croissant de nos bases", précise le mémo du nouveau Directeur des Opérations.

La direction de Ryanair paraît désormais comprendre qu'elle a tout intérêt à offrir plus de reconnaissance à son personnel si elle veut obtenir la paix sociale. Sollicitée pour préciser ces informations, elle nous a répondu, par l'intermédiaire de Robin Kiely, Directeur de la Communication, qu'elle "ne commente pas les mémos internes".

Elle avait déjà annoncé une hausse de 10 % des salaires de certains de ses pilotes et de ses PNC début 2013, comme le détaille un article de MiroirSocial.com. Le processus est en marche. Mais les efforts consentis restent insuffisants.

Peut-être lui faudra-t-il bientôt faire de nouvelles concessions. Comme reconnaître les syndicats par exemple.

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