Salon du Bourget 2025 : entre décarbonation, recrutement et pluie de commandes

C’est le plus grand rassemblement mondial de l’aéronautique et de l’espace et cela commence ce lundi à Paris-Le Bourget.

Organisée depuis 115 ans par la SIAE, filiale du Groupement des industries françaises de l’aéronautique et du spatial (GIFAS), cette 55ᵉ édition s’annonce, selon les organisateurs, exceptionnelle à plusieurs titres : près de 2 400 exposants issus de 48 pays, 70 hectares de surface, plus de 300 000 visiteurs et 300 délégations officielles attendues.

Elle offre sept jours d’immersion au cœur de l’innovation aéronautique et spatiale : quatre journées réservées aux professionnels, suivies de trois jours ouverts au grand public. Annulé en 2021 pendant le Covid, le salon qui se tient tous les deux ans avait renoué avec le public en 2023 et retrouvé tout son éclat, en pleine reprise du transport aérien.

En 2025, cette reprise se confirme dans un contexte bien installé désormais : une accélération de la demande et des impératifs quant à l’environnement.

C’est dorénavant un enjeu fondamental pour cette industrie et ce secteur que de communiquer le plus efficacement possible sur son engagement à se décarboner.

À cet égard, et au sein du salon, le Paris Air Lab revient encore plus fort cette année avec une expérience encore plus immersive, pédagogique et interactive, promettent les organisateurs.

Sera dévoilée cette année comment l’innovation, la recherche et les technologies émergentes (IA, réalité virtuelle, cybersécurité, etc.) accompagnent la transition écologique de la filière, vers un transport aérien plus durable.

Une illustration, selon un communiqué du GIFAS, « de la réponse d’un écosystème mobilisé pour relever les défis de la décarbonation, de la souveraineté technologique et de la transformation industrielle. »

Autre enjeu majeur pour le secteur : améliorer son attractivité pour attirer les demandeurs d’emploi, et particulièrement les jeunes, alors que partout dans les filières, les besoins sont importants pour faire face à la demande.

Le salon devrait être encore cette année une super agence pour la formation, l’emploi et la promotion de l’aérien.

Car, loin des idées reçues concernant un rejet du secteur, la très sérieuse Chaire Pégase de l’économie et management du transport aérien et de l’aérospatial, dirigée par Paul Chiambaretto, a démontré dans une étude parue au mois de mai que si les jeunes n’envisagent pas une carrière dans l’aérien, c’est en majorité parce qu’ils n’y ont jamais pensé ou n’ont tout simplement pas particulièrement prêté attention à ce secteur.

Il y aura donc cette année, au salon, un engagement fort des professionnels pour l’attractivité et les talents.

L’Avion des Métiers revient pour sa 6ᵉ édition avec un espace de 3 000 m² dédié aux jeunes, proposant des démonstrations, des simulateurs et la présence de professionnels et d’écoles mobilisés pour faire naître des vocations.

Aussi, l’opération « L’Aéro Recrute », qui réunit 150 entreprises porteuses d’offres identifiées, propose un nouveau lieu phare : la Terrasse de l’Aéro, conçue comme un espace d’orientation, d’inspiration et de coaching.

L’association Aérométiers, l’organisme de référence dédié à la promotion des métiers et des formations des secteurs aéronautiques, sera présente elle aussi dans l’Avion des Métiers pour informer sur les métiers et les formations de l’industrie aéronautique et spatiale, du transport aérien et de l’aéroportuaire.

Les visiteurs pourront également découvrir les métiers en réalité virtuelle grâce à un dispositif réalisé en partenariat avec son partenaire AKTO, et tester leurs connaissances avec des quiz sur tablettes : « Défi Planet’Air », sur les métiers de l’aviation bas carbone, et « Féminisons les métiers de l’aéronautique ».

Air France mettra également en place un important dispositif pour informer les jeunes et capter les talents.

Cette année encore, la compagnie française proposera de très nombreux postes et a communiqué à TourMaG.com les informations suivantes : pour la maintenance aéronautique (mécaniciens, techniciens et ingénieurs, avec ou sans expérience), plus de 400 recrutements sont prévus pour garantir le bon fonctionnement de la flotte.

Air France prévoit aussi près de 250 recrutements de pilotes, dont une partie via sa filière Cadets, permettant à un large éventail de profils – jeunes diplômés, étudiants en filière scientifique ou personnes en reconversion professionnelle – d’accéder à ce métier.

En informatique et data, plus de 100 recrutements sont prévus, soulignant l’importance stratégique du numérique pour l’avenir de la compagnie.
80 postes seront aussi à pourvoir pour soutenir l’activité opérationnelle.

Enfin, et pour accompagner les nouvelles générations, près de 1 000 alternants rejoindront la compagnie pour être formés aux métiers de demain. Durant les journées ouvertes au public, des conférences « métiers » (pilotes, ingénieurs, mécaniciens…) seront proposées sur le stand d’Air France Industries.

Le Salon est aussi traditionnellement le lieu où les compagnies (ou les grands loueurs d’avions) font leurs annonces de commandes.

Malgré les incertitudes géopolitiques et les difficultés persistantes dans les chaînes d’approvisionnement, l’heure est encore au dimensionnement et à la consolidation des plans de flotte. Dans les coulisses de l’ouverture ce matin, le chiffre de 700 voire 800 avions circule, incluant, en plus des commandes fermes, les protocoles d’accord, les lettres d’intention et les options.

Le Moyen-Orient pourrait de nouveau se faire remarquer avec, après les belles commandes remportées par Boeing, un retour de balancier vers Airbus avec des A350 et des A320 du côté des compagnies du Golfe.

Tiens tiens, on a cru voir l’autre jour à Hambourg, chez Airbus, un A321 XLR servant à des tests en vol, aux couleurs de Riyadh Air, la nouvelle compagnie du Golfe qui devrait commencer ses opérations dans quelques mois… L’avion pourrait peut-être pointer son nez au Bourget.

Riyadh Air a déjà commandé 60 A320neo. Une nouvelle commande est-elle dans l’air parisien ? Les Indiens d’Air India ou d’IndiGo devaient probablement, et également, confirmer des dizaines d’options déjà enregistrées, mais la catastrophe du 787 d'Air India survenue jeudi dernier incitera probablement ces compagnies à rester silencieuses.

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Idem pour Royal Air Maroc, dont on attendait une confirmation de commande de 24 Boeing 787. Les grandes compagnies US telles qu’American et Delta pourraient, elles aussi, commander des avions long-courriers supplémentaires.

En Asie, AirAsia pourrait faire une commande d’une centaine d’appareils auprès d’Airbus. Enfin, on surveillera ce qui se passe du côté de la Chine.

Le pays est très durement touché par la guerre commerciale que lui a déclarée le président américain, malgré de récents assouplissements.
Selon de nombreux spécialistes, le gouvernement chinois, propriétaire des principales compagnies aériennes du pays, pourrait dans les jours qui viennent déclencher un achat massif — entre 300 et 500 avions — dont Airbus serait le grand bénéficiaire.

Même si l’annonce n’intervient pas durant le Salon du Bourget, cette hypothèse est sérieuse et pourrait se concrétiser le mois prochain, lorsque la Chine accueillera plusieurs dirigeants européens lors d’un sommet marquant les 50 ans de la relation entre l’Union européenne et Pékin.

On verra également si les projets controversés de nouvelles augmentations des droits de douane voulues par Donald Trump auront des conséquences.

Déjà taxées à 10 %, les importations aux États-Unis d’avions et de pièces détachées font bondir les constructeurs, aussi bien Airbus que Boeing, dont on se demande si l’administration Trump est bien au courant que le constructeur américain importe en grande majorité les éléments et composants nécessaires à la fabrication de ses avions.

Et Pékin de faire récemment la leçon au gouvernement américain : « Aucun pays ni aucune région ne devrait tenter de soutenir le développement de son industrie aéronautique nationale en supprimant les concurrents étrangers. »