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Thomas Cook : l'APST a-t-elle failli à son devoir de contrôle ?

Nous avons posé la question aux pros du secteur


Avec la faillite de Thomas Cook, certains s'interrogent sur les capacités de contrôle de l'APST sur ses adhérents. L'Association n'aurait-elle pas été assez regardante ? Les avis sont partagés sur une question qui revient inlassablement à chaque sinistre.


Rédigé par Céline Eymery et Dominique Gobert le Mardi 22 Octobre 2019

Thomas Cook : l'APST a-t-elle failli à son devoir de contrôle ?
C'est une question qui revient à chaque sinistre important... et qui se pose une nouvelle fois avec la défaillance de Thomas Cook.

L'APST (Association Professionnelle de Solidarité) a-t-elle failli à son devoir de contrôle ?

Ce sinistre va coûter cher : entre 40 M€ au mieux, et 50 M€ au pire.

Lire : Exclusif (Dossier Thomas Cook) : le sinistre coûtera entre... 40 M€ et 50 M€ à l'APST !

"Tout le monde pourra toujours critiquer les décisions qui sont prises", remarque Alain Hamon, président du Groupe LeVacon qui s'exprime en son nom.

"L'APST avait une lettre d'intention de garantie de la maison-mère, mais qui aurait pu penser que c'est la holding qui allait mettre la clé sous la porte ?"

Une analyse partagée par Laurent Abitbol, président du groupe Marietton. "Lorsque Thomas Cook est revenu à l'APST il y a 5 ans, je l'aurais accepté aussi.

Personne ne pensait que le Groupe allait déposer le bilan et surtout pas les tour-opérateurs fournisseurs qui ont travaillé avec Thomas Cook ou encore les agences qui revendaient Jet tours... Tout le monde a continué à travailler avec eux.
"

"Et si on faisait un contrôle strict de toutes les agences en difficulté, il ne resterait que 10% des agences garanties...", ajoute un patron de mini-réseau de l'Ouest de la France, qui souhaite rester anonyme.

C’est vrai, reconnait un autre intervenant. Le modèle, qui a bien résisté au temps, est cependant un peu dépassé.

"Nous ne sommes plus au temps où chacun se connaissait et que le « copinage » aplanissait bien des difficultés. Lorsque Fram a failli, nous sommes passés à deux doigts de la catastrophe.

Peut-être que l’APST devrait se doter d’une cellule externe, indépendante et apte à jauger de la solvabilité de ses adhérents. La défaillance de Thomas Cook pourrait ouvrir une piste."

Vers une hausse des primes ?

Pour d'autres en revanche, la lettre d'intention de la maison-mère laissée en garantie n'a aucun intérêt. "Cette lettre, c'est du vent", nous confie un observateur.

"C'est très très light", concède un autre patron de réseau qui poursuit : "il semble que Thomas Cook ait bénéficié de facilités alors que de petites agences doivent donner pour certaines des cautions personnelles".

Y aurait-il, en effet, deux poids, deux mesures ?

Pour René-Marc Chikli, président du SETO, ceux qui critiquent l'APST se tirent "une balle dans le pied". "Qu'ils aillent voir chez les autres garants. C'est une faillite qui va marquer le secteur, à tel point que cela va non seulement impacter l'APST mais aussi les autres organismes de garantie.

A un moment donné, il faut être solidaire pour trouver une solution ensemble. Quand on a une association de solidarité, cela signifie aussi qu'il faudra payer demain..."


"L'APST est complètement dans son rôle", ajoute un patron de mini-réseau, "c'est une caisse de solidarité, elle encaisse et parfois elle doit décaisser..."

Des acteurs importants se posent des questions

Mais ce que craignent les adhérents, c'est une hausse des primes. D'ailleurs dans cette perspective, plusieurs gros acteurs du tourisme garantis par l'APST se seraient rapprochés d'autres garants. Atradius nous le confirme.

"Plusieurs de leurs clients (clients de l'APST, ndlr) s’interrogent, notamment des opérateurs importants qui se posent des questions sur une hausse éventuelle de leurs tarifs.

Ces acteurs sont en train de regarder le marché, et nous sentons un effet accélérateur avec la faillite de Thomas Cook",
explique Marc Cambourakis, directeur caution France d'Atradius.

"Ces interrogations sont présentes depuis quelques années dans le secteur, et nous avons été surpris de constater que l'APST ne suivaient pas les mêmes règles prudentielles que les autres acteurs du marché".

Pour ce dernier, l'APST n'aura pas d'autre choix que de reconstituer ses fonds propres, soit en vendant des actifs, soit en augmentant les primes des clients actuels et notamment des structures les plus importantes.

Si, dans les discours, tout le monde s'entend pour jouer la carte de la solidarité... personne ne sait quel en sera le prix.

Ce que confirment encore plusieurs « décideurs » du secteur. Mais il serait irresponsable de « vendre » les actifs de l’APST et notamment cet immeuble de l’avenue Carnot qui permet, au contraire, de faire face à la crise qui s’annonce et qui sera très certainement beaucoup plus forte que prévue.

En revanche, c’est très clair, chacun devra remettre son obole au pot. C’est la solidarité, tant que les instances gouvernementales, c’est-à-dire Bercy, ne donneront pas leur avis. Éclairé… ou pas, telle est la question !

A lire aussi : l'interview d'Alix Philipon et Emmanuel Toromanof, respectivement Présidente et Secrétaire général de l'APST - Exclusif (Dossier Thomas Cook) : le sinistre coûtera entre... 40 M€ et 50 M€ à l'APST !

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Tags : apst, Thomas Cook
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Commentaires

1.Posté par mille sabords le 23/10/2019 11:15 | Alerter
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Le sinistre THOMAS COOK est d'origine bancaire, la Royal Bank of Scotland a refusé de capitaliser au profit de produits financiers dont elle s'est goinfrée... Et les autres banques ont tourné le dos, quitte à laisser liquider une société qui pouvait encore retrouver son souffle et s"adapter au net.
On doit gérer une situation de crise grave dans notre profession concernant la garantie financière, qui n'est pas terminée, mais qui était prévisible depuis le changement du quantum de la garantie financière devenu illimité .. LA EST LE VRAI PROBLEME.
Imposer une garantie illimitée aux agences de voyages n'a aucun sens pour des voyages loisirs non indispensables à la vie courante alors que celle des banquiers à qui vous confiez votre argent est toujours limitée à 100 000 euros idem pour le toit de votre maison ( 100 0000 euros pour les agences immobilières) .
Les conséquences de cette garantie financière illimitée sont disproportionnées , l'APST en sent les premiers effets et les agences verront leurs cotisations changer ... C'est visible comme un nez au milieu de la figure!.

Ce qui était inéluctable est donc arrivé via THOMAS COOK...Pas une mince affaire...!

Méfiez vous des banquiers, ce ne sont pas vos amis même s'ils vous le laissent croire en vous accompagnant dans votre exploitation. Ce sont des financiers, le profit immédiat à tout prix est leur crédo . Ils peuvent vous laisser tomber en 60 jours sans avoir à se justifier après vous avoir pressé comme un citron des années durant ( Cf/ code monétaire et financier ) ...
Le lobbying bancaire est puissant...Très puissant.
N'oubliez pas que les banques se sont retirées immédiatement de " la garantie financière" lorsque la Directive Européenne a imposé une garantie illimitée aux agences de voyages ( en 2017) . On peut aussi se poser la question, pourquoi Bruxelles n' impose pas à IATA une garantie financière identique à celle des agences de voyages malgré les défaillances de deux compagnies aériennes françaises en 2019 ( donc européennes. ..) ??
Nous sommes dans un contexte " pot de terre" contre " pot de fer", nous n'avons pas au gouvernement ni dans notre profession d 'interlocuteurs valables pour faire prendre conscience de la réalité du terrain aux dirigeants de ce monde; notre lobbying est mauvais franchement mauvais.
La défiance des banques est grande vis à vis du secteur Tourisme en 2019, il n'est pas exclus qu' elles laissent certains d'entre nous au bord de la route du jour au lendemain dans un pareil contexte de défiance.
Prenez les devants, anticipez, l' onde de choc n 'est pas terminée...certains fournisseurs sont sur le carreau sans aucun recours..
Courage à tous.

2.Posté par Idress le 23/10/2019 12:46 | Alerter
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@milles sabords

Bonjour

La garantie que le métier appelle de ses voeux n'est pas compatible avec l'esprit du libre-commerce, imposé par l'UE. D'autant plus que IATA est une structure supranationale, qui ne saurait recevoir des ordres des États. Faut pas rêver, le patron de IATA aurait été mort de rire si il vous lisait.

L'UE n'est pas un État, c'est une filiale du mondialisme faconné par l'État profond US (le vrai pouvoir économique)

Bonne journee Milles sabords


Idress

3.Posté par mille sabords le 23/10/2019 18:55 | Alerter
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réponse à Idress :votre remarque signifie que l'ensemble de la profession doit faire tordre de rire IATA... Tandis que l'ECTAA l'a assignée pour abus de position dominante , il s'agit d'un autre sujet néanmoins soulevé en Europe .
Dans l'association IATA en Europe sont présentent les cies nationales des états européens; dans ce cadre BRUXELLES peut parfaitement exiger que certaines compagnies européennes membres IATA disposent d'une garantie financière pour couvrir les défaillances des cies aériennes en Eu.rope .pour éviter un nouveau fiasco préjudiciable pour le tourisme en général.
Votre remarque démontre une fois de plus que IATA est très puissante et continuera à imposer ses diktas à la profession ..(?)

4.Posté par Idress le 24/10/2019 09:41 | Alerter
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@millesabords

Oui, exactement....vous pouvez parler de diktat.

Bruxelles n'exigera rien, ils se retrancheront en vous disant que le libre-échange est la règle.

Idress

PS- pardonnez moi de vous avoir contredit, cher mille sabords

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