Tunisie carte d'identité, passeport : ce qui pourrait changer

C'est une information tombée il y a 48 heures qui donne des sueurs froides aux agences et tour-opérateurs qui ont des clients en partance pour la Tunisie. Elle concerne la possibilité de visiter la Tunisie avec une carte d'identité.

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Selon un communiqué officiel de l'aéroport de Tunis-Carthage, en lien avec le Ministère du Tourisme tunisien, la tolérance pour les touristes européens d'entrer en Tunisie via cet aéroport sans passeport, mais avec la Carte Nationale d'Identité (CNI) a été exceptionnellement prorogée jusqu'au 31 octobre 2023, mais avec certaines conditions.

"L’entrée doit se faire dans le cadre de groupes touristiques constitués de 5 individus au minimum sur les vols réguliers et ce, à condition de présenter :

1. La carte d’identité.

2. Les reçus de réservation et de paiement auprès des agences de voyages (voucher) pour un séjour de 6 nuitées au minimum.

3. Un billet d'avion (aller/retour)."

Jusqu'ici, la tolérance pour les touristes européens d'entrer en Tunisie sans passeport mais avec la seule CNI ne comportait que deux conditions : être en possession d'une carte d'identité valide, d'un voucher et d'un billet d'avion aller-retour et faire partie d'un groupe d'au moins 10 personnes.

Désormais ce seuil est tombé à 5 personnes. Mais ce qui inquiète les professionnels du tourisme c'est notamment l'ajout d'une durée minimum de 6 nuits sur place.

Comme nous l'explique un responsable d'un tour-opérateur spécialiste de la destination, "avec cette règle des 6 nuits, tous nos clients sur les week-ends de printemps, courts séjour et ponts en mai vont être directement impactés".

Une inquiétude partagée par Hakim Tounsi, directeur d'Authentique Tunisie : "Les tour-opérateurs et les agences vont devoir recontacter tous leurs clients pour savoir s'ils sont en possession d'une CNI ou d'un passeport. Cela va poser des problèmes pour les week-ends prolongés".

Le Syndicat des Entreprises du Tour-opérating (SETO) suit de près le dossier.

René-Marc Chikli, Président du syndicat, est en lien étroit avec le Ministre du tourisme Tunisien Moez Belhassine.

"Le Ministère est extrêmement mobilisé", assure le président du SETO. "Nous sommes en contact avec les autorités et avec le Syndicat des hôteliers tunisiens pour faire bouger les lignes.

Quelques personnes se sont faites refoulées. Nous avons moins de cas que quand le seuil était à 10 personnes et nous ne sommes pas sur des volumes importants", affirme René-Marc Chikli, qui reste serein.

Pour Hakim Tounsi, "la situation est très floue". Il attend "un éclaircissement de la Police de l'Air et des Frontières pour savoir si l'aéroport de Tunis-Carthage est le seul concerné".

"Le Ministre nous a confirmé que seul l'aéroport de Tunis était concerné", répond le représentant du SETO. "Et la mesure vise essentiellement les vols réguliers plutôt que les vols charters".

"Sur les aéroports de Monastir et Djerba, nous n'avons aucun problème", confirme à son tour un voyagiste.

Le SETO demande aux autorités tunisiennes de maintenir la tolérance pour les voyageurs munis d'une carte d'identité en se limitant "à une notion de voyage à forfait pour les TO membres du SETO".

En attendant une communication officielle de la part des autorités, les agences de voyages sont inquiètes.

Dans le groupe Facebook Helpdesk Officiel des Pros du Tourisme plusieurs professionnels témoignent.

"90/100 de nos clients voyagent avec une CNI... En effet c'est la douche froide", écrit une agent de voyages.

"Plusieurs départs pour les vacances scolaires d'avril et clients sans passeport.... La journée va être longue", ajoute un autre membre.

"Perso on acceptait les CNI et on a jamais eu de soucis, au contraire ça permettait de caser les clients quand le budget bloquait. Franchement ils se tirent une balle dans le pied, surtout d’annoncer ça quand les ventes été sont déjà en partie faites," peut-on également lire.

D'autres préfèrent jouer la carte de la sécurité, tant cette tolérance pour la CNI est un sujet qui revient régulièrement sur la table : "ça fait des années que je demande le passeport pour la Tunisie, donc je garde mon discours."

Sur son site, le Ministère de l'Europe et des affaires Etrangères (MEAE) prévient dans sa rubrique "conseils aux voyageurs" que voyager avec sa carte nationale d'identité valide accompagnée du carnet de voyage délivré par une agence reste une tolérance pour les voyages de groupe.

Le Quai d'Orsay ajoute que "cette tolérance n’est pas toujours appliquée et les voyageurs s’exposent à un éventuel refus d’entrée sur le territoire". Le MEAE conseille donc de voyager avec un passeport en cours de validité.

Si la mesure était maintenue, ce serait un véritable coup dur pour les TO français et les opérateurs du tourisme tunisiens.

En effet, la Tunisie reprend de très belles couleurs dans les carnets de commandes. Avec la hausse des prix sur plusieurs destinations soleil, la Tunisie pourrait apparaître comme une destination refuge pour certains budgets.

Au micro de TourMaG sur le salon du Ditex, Adel Mhenni, responsable des relations publiques pour l'Office national du tourisme tunisien ne s'en cachait pas : l'été 2023 s'annonce déjà "full" au niveau des réservations et la destination vise le million de touristes contre 800 000 en 2022.

"Ca repart à fond", résume René-Marc Chikli avant de lancer : "et puis si la France ne mettait pas autant de temps à délivrer les passeports, il n'y aurait pas de sujet !"

Avant la pandémie la fréquentation touristique française augmentait régulièrement - près de 800 000 visiteurs en 2018, 900 000 en 2019. La Tunisie avait enregistré une année record en 2010 avec 1 400 000 visiteurs français.