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Voyage : le secteur va-t-il pouvoir sauver l'été ? [ABO]

Des voyants basculent dans le rouge pour le secteur du voyage


Lors du dernier grand raout du tourisme au Maroc, René-Marc Chikli, le président du SETO, avait prévenu : tout reste à faire pour sauver l’été. Près d’un mois après le congrès des Entreprises du Voyage, la tendance demeure négative. Les réservations pour juin s’effondrent par rapport à 2024, une année pourtant déjà affaiblie par les Jeux olympiques. Certains tour-opérateurs dégainent même les promotions bien avant l’heure…


Rédigé par le Vendredi 13 Juin 2025

A quelques semaines des vacances estivales, les tour-opérateurs naviguent à vue. Certains ont même commencé à dégainer les promos - DepositPhotos.com, VitalikRadko
A quelques semaines des vacances estivales, les tour-opérateurs naviguent à vue. Certains ont même commencé à dégainer les promos - DepositPhotos.com, VitalikRadko
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Il y a un mois, René-Marc Chikli a fait souffler un léger vent froid à Taghazout.

Alors que 400 professionnels du voyage s’étaient réunis pour échanger et profiter des douces températures marocaines, le président du SETO a rappelé que la saison estivale restait à construire.

Selon les tour-opérateurs, les réservations affichaient une baisse de 20 à 25%. Nous étions alors à la mi-mai.

Lire aussi : Eté 2025 : "Les mois les plus importants en termes de marges sont en retard"

Un mois plus tard, la situation n’a guère évolué. Le retard semble même s’aggraver. Depuis quelques jours, dans les sièges sociaux comme dans les agences, l’atonie du marché alimente toutes les conversations.

"Ce début du mois de juin est catastrophique. En observant les chiffres de la plupart des acteurs, la baisse atteint les deux chiffres par rapport à la même période l’an dernier - une année déjà plombée par les JO.

Nous espérions un bon mois de juin. Mais il n’y a aucun effet de rattrapage, c’est incompréhensible. L’activité tourne au ralenti, sans explication claire,
" nous explique un fournisseur de l'industrie touristique.

Et les échos ne sont pas plus rassurants, tant du côté de la distribution que de la production.


"Nous serons bientôt début juillet et plongés dans le flou le plus total"

Dans l’aérien, le marché accuserait, lui, une perte de 20% sur les douze premiers jours du mois.

Le moment est d’autant plus critique que cette période est charnière pour de nombreux acteurs.

Alors que les précédents exercices ont été vigoureux, parfois même historiques, le début d’année 2025 n’a pas été flamboyant et l’été arrive vite, très vite.... trop vite !

"La semaine prochaine, nous entamons déjà la troisième de juin. À partir de là, les Français se serrent la ceinture et réservent beaucoup moins. J’exagère un peu, mais c’est pour illustrer à quel point un redémarrage du marché dès lundi prochain paraît improbable.

Dans un battement de cil, nous serons début juillet et plongés dans le flou le plus total,
" poursuit notre observateur.

Ainsi, au lieu de se refaire une santé, les producteurs creusent leur déficit et le retard continue de s’accumuler.

Tout repose désormais sur les prochaines semaines, à l’approche du coup d’envoi officiel des vacances d’été, prévu le 5 juillet 2025, même si certains collégiens, toutefois, seront libérés une dizaine de jours plus tôt.

Du côté du SETO, qui publiera ses chiffres actualisés la semaine prochaine, il n’est pas encore question d’enterrer l’été, ni même le mois de juin. René-Marc Chikli, sur le départ, ne rapporte pas d’alertes majeures.

"Les derniers chiffres n’étaient pas catastrophiques, mais je n’ai pas encore les plus récents.

Avril a été compliqué, et si les mois suivants le sont aussi, 2025 ne sera pas l’année du Pérou. Tout est une question de positionnement. Regardez la Tunisie, elle s’en sort très bien.

Quant à une éventuelle baisse des prix, je n’y crois pas trop. Cela fait des années qu’on évite les promotions estivales. Mieux vaut rendre les stocks que vendre à perte,
" nous explique le patron du syndicat.

Les tour-opérateurs dégainent les promos sur l’été !

En l’absence de dynamique, certains n’ont pas attendu que les Parisiens soient en manque de vitamine D pour dégainer les panneaux avec des réductions écrites au marqueur rouge.

"L’activité est plutôt calme en agences, c’est dommage car nous avions très bien démarré l’année. C’est aussi ce que me rapportent de nombreux confrères, nous partage Tiphaine Heem-Fihey, la gérante de Kit Voyages.

Je pense qu’il faudra attendre la fin juin pour y voir plus clair, même si on sent bien que les TO sont sous pression. Nous recevons beaucoup de promotions," ajoute-t-elle.

Dans la distribution, la situation parait moins alarmante. Chez Prêt à Partir, Périer Voyages et d'autres points de ventes que nous avons interrogés, la dynamique n'est pas terrible, sans être catastrophique.

Les chiffres sont similaires à ceux de 2024, ce qui semble être moins le cas pour les TO.

Certains ont sorti les ardoises pour baisser les prix, dans le sillage de TUI. "J’ai échangé avec différents dirigeants cette semaine, même ceux de plateformes en ligne : les réservations restent timides. Nous ne connaissons pas la raison précise de ce coup d’arrêt.

Nous ne sommes pas encore inquiets, mais nous espérons un réveil du marché. Les TO ont beaucoup de stocks,
" nous confie Selatt Erdogan, le directeur commercial de Mondial Tourisme. Nous, nous lançons des promos dès la semaine prochaine.

Tour-opérateurs et distributeurs confrontés à une activité “très irrégulière”

De son côté, Boomerang reconnaît que mai n’a pas été bon, pas plus que début juin.

Un léger frémissement serait toutefois perceptible depuis 4 ou 5 jours, suffisant pour tempérer le pessimisme ambiant. Le ton n’est pas amer, bien au contraire.

D’abord, depuis un an, juin est devenu le mois affichant le plus de départs clients, devant septembre. Tandis qu'août s’impose comme le deuxième mois le plus dynamique, selon les ventes enregistrées après le 1er avril 2025.

Ce qui pousse Philippe Sangouard à déclarer que la saison estivale est lancée. "Il y a dix jours encore, je n’aurais pas tenu ce discours, après un mois de mai particulièrement difficile.

Nous redoutions une grande braderie et des marges sacrifiées. Finalement, ce n’est pas vraiment le cas, à l’exception de quelques promos ciblées. Nos principales inquiétudes concernaient août, car juillet s’en sort plutôt bien.

Même si les prises de commandes sont erratiques, août comble peu à peu son retard. Ce ne sont pas des familles, mais des couples et des opportunistes qui réservent,
" estime celui qui est en charge de relancer Jet tours.

Pour l’instant, pas de raison de tirer la sonnette d’alarme.

Le printemps a offert aux Français de nombreux ponts, période peu propice aux réservations, mais idéale pour nourrir des envies d’évasion. Tout pourrait se décanter très prochainement.

"Après un mois d’avril stable, mai a été très décevant. Nous avons tenté plusieurs actions, en vain. Juin, lui, redémarre, nous confirme Franck Autret, le directeur des agences du Groupe Salaün Holidays.

Notre activité TO est très dynamique. En distribution, juillet est au niveau de l’an dernier, mais août accuse un retard de -25%. Il faut se battre, les clients ne viennent plus d’eux-mêmes. Nous devons les relancer constamment.

À ce rythme, nous ne ferons pas mieux que 2024. Nous naviguons à vue. L’activité est très irrégulière,
" poursuit-il.

"Le premier concurrent des voyages à l'étranger reste la France"

Et pendant que tout le monde s’interroge, peu avancent des explications convaincantes.

Il y a bien la situation au Proche-Orient, en Ukraine, ou encore les frasques du Président américain, toujours prompt à monopoliser l’actualité. Mais le contexte géopolitique n’explique pas tout, si ce n’est la baisse des ventes vers les États-Unis.

"Les agences de voyages font beaucoup de phoning auprès de leurs clients. Dans mes reportings, ni la géopolitique, ni la politique intérieure n’apparaissent comme les principaux freins. Les projets existent, mais ne se concrétisent pas à court terme. Les délais de décision s’allongent considérablement," poursuit le dirigeant breton.

À la sortie de la crise sanitaire, les voyageurs ont vu les prix flamber. Les étiquettes ont valsé dans les agences. Les tarifs des billets d’avion, sur toutes les distances, ont explosé. Et cette inflation persistante reste, selon les professionnels, le principal frein à l’achat.

"Le premier concurrent des voyages à l’étranger, c’est la France. Et dans le même temps, les destinations européennes et de proximité montent en puissance.

Mais chaque année, les prix aériens et terrestres y augmentent un peu plus. À un moment, nous atteignons un plafond de verre tarifaire. Et quand cela arrive, les clients ne répondent plus.

Il faudra un électrochoc pour que les destinations comprennent qu’il y a un seuil à ne pas franchir,
" conclut Philippe Sangouard.


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