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Climat : au revoir la neige, bienvenue à la montagne !

Le réchauffement oui mais...


Il y a deux ans, les dirigeants du monde entier ratifiaient un accord sur le climat, lors de la COP 21 à Paris. Deux ans plus tard, TourMaG.com vous propose une semaine spéciale autour des enjeux climatiques dans le secteur du tourisme. Le deuxième volet aborde la perception du réchauffement climatique par les professionnels du tourisme des massifs montagneux.


Rédigé par Romain Pommier le Mercredi 13 Décembre 2017

Crédit photo : Pixabay, libre pour usage commercial
Crédit photo : Pixabay, libre pour usage commercial
La neige tombe depuis quelques semaines, comme rarement ces dernières années.

Et malgré les prévisions alarmistes communiquées par l'ingénieur de Météo France M. Goetz sur TourMaG.com, les professionnels de tourisme dans les montagnes françaises se montrent plutôt dubitatifs.

"Les deux dernières années ont été terribles d'un point de vu climatique. Nous confie Jean-Yves Rémy le directeur général de La Belle Montagne.

Après la véritable question est de savoir ce qui est structurel, de ce qui ne l'est pas ?" Les récentes précipitations vont dans ce sens de lecture des aléas climatiques.

Dans l'ensemble les professionnels se montrent moins pessimistes que les climatologues. "Il y a une part d'aléatoire dans les chutes de neige" pour Jean-Marie Martin PDG de la SEM Valloire.

Dans l'ensemble le réchauffement climatique apparaît comme une expression bannie par des chefs d'entreprise avec une vision court-termiste.

"On ne s'engage pas sur des cycles de 50 ans, mais plutôt 20 ans" contrairement aux climatologues selon Stéphane Lerendu, le directeur de la montagne de Pierre et Vacances.

Et le directeur de poursuivre "on a déjà eu des saisons sans neige dans les années 1990, c'est un phénomène séquentiel. Puis quand on dit qu'il n'y a plus de neige, je m'inscris en faux. On a eu énormément de neige, le problème étant qu'elle arrive plus tard."

Une constatation commune, entre les professionnels de la montagne et les études du centre de la neige. Puisque ces dernières révèlent que la durée de l'hiver a été réduite d'un mois en l'espace de 50 ans, mais pas seulement.

Face à une baisse de l'enneigement qui s'est accélérée depuis l'avènement du nouveau siècle (voir interview de Daniel Goetz), et même si le réchauffement n'en serait pas la cause principale, les stations ont réagi.

Entre la volonté de conserver la poule aux œufs d'or qu'est la neige, et l'envie de plaire à une clientèle de plus en plus adepte de l'esprit zapping, les montagnes françaises s'adaptent.



La technologie pour remédier au bon vouloir du ciel

Face aux changements climatiques et un enneigement aléatoire, le fatalisme n'est pas de mise.

En 2016, Laurent Wauquiez président du conseil régional d'Auvergne-Rhône-Alpes a débloqué une enveloppe de 30 M€ pour équiper les stations de canons à neige dernière génération.

Les responsables des stations se sont engouffrés dans cet appel d'air, afin de maintenir un enneigement capable de "sécuriser le produit neige, ce fut notre premier réflexe" d'après le DG de La Belle Montagne.

Et pour cela à Valloire, près de 350 canons crachent de la poudreuse artificielle chaque année.

"Nous avons investi cette année encore 5 millions d'euros, cela nous permet de couvrir 50% du domaine skiable en l'espace de 100 heures. En cas de températures positives, on peut produire !" s'enthousiasme Jean-Marie Martin PDG de la SEM Valloire.

Bruno Clément le directeur de l'office de tourisme des Saisies de poursuivre "nous avons maintenant des technologies GPS fixés sur les dameuses, nous permettant de connaître le niveau de l'enneigement, et donc d'optimiser la couche de neige.

Il faut savoir que nous sommes capables d'ouvrir une piste avec seulement 10 cm de poudreuse.
" Et même si selon, M. Goetz l'enneigement que nous connaissons actuellement ne pourra pas être maintenu plus de 20 ans grâce à la neige artificielle, il est un autre combat à mener pour les stations : la gestion de l'eau.

En effet, le réchauffement climatique ne se caractérise pas seulement par une augmentation des températures, mais aussi par un appauvrissement des réserves en eau.

Et les montagnes françaises ont pu le constater ces dernières années, notamment dans les Alpes du Sud, où le précieux liquide tant à se tarir.

Pour produire de la neige artificielle, deux variables sont nécessaires : avoir de l'eau et des températures basses. En cas de manquement de l'une ou l'autre des deux conditions, il n'est plus possible de tapisser les pistes de blanc. Et pour cela, les responsables investissent pour éviter le gaspillage, et réduire leurs consommations en eau.

Mais face à l'inéluctable, et l'absence de neige lors des dernières vacances de Noël, les professionnels ont revu petit à petit leur copie.

"L'expérience neige comme principal argument de vente"

Lorsque la neige n'est pas aux rendez-vous que proposer aux skieurs ?

"Dans ce cas présent, toute la station se mobilise, pour répondre à des conditions ne répondant pas aux attentes de la clientèle, explique Jean-Marie Martin.

Nous sommes une petite station, nous voulons créer de l'échange entre les habitants et les touristes. Je pense que les personnes ne viennent plus seulement pour consommer, de façon non-réfléchie, ils veulent de l'humain."

Le directeur du cabinet ID-Tourism, Guillaume Cromer va dans ce sens "il faut absolument arrêter de penser neige, et plutôt penser montagne. Les professionnels ne doivent plus s'adapter à la clientèle, mais à la nature. Nous devons amorcer la sortie du tout ski.". Et sans doute s'inspirer de ce que font, nos voisins européens notamment, en Autriche.

"Pour le Club Med, la montagne est l'avenir du tourisme, car il est un dépaysement à porter de main, argumente Sylvain Rabuel le directeur général Europe et Afrique du Club Med.

Elle est la destination nature par excellence, nous prévoyons une montée en puissance dans les 20 prochaines années." Alors que les citadins ressentent de plus en plus les effets de la pollution, les zones montagneuses apparaissent comme des îlots non affectés par les nappes de particules fines.

Stéphane Lerendu de PIerre & Vacances va dans le même sens : "ces vacances doivent devenir une expérience globale, en pratiquant des activités inhabituelles. Les personnes doivent exprimer et vivre autre chose que le ski."

Moins de ski mais plus de sportifs

Et alors que les centres aquatiques fleurissent, les activités toujours plus atypiques sont proposées, les stations diversifient leur clientèle. Des nationalités nouvelles font leur apparition sur les pistes, et les sportifs sont devenus une cible prioritaire, notamment ceux de haut-niveau.

A l'image des Saisies ayant ouvert la salle hypoxique, permettant de recréer les effets des altitudes extrêmes. "Nous avons eu des membres de l'équipe cycliste d'Ag2r, un alpiniste avant son départ pour le Népal, et cet hiver nous allons ouvrir le centre aux touristes" explique Bruno Clément.



Les stations voisines s'évertuent à garantir les meilleures conditions afin d'attirer les sportifs de haut-niveau tels que les équipes professionnelles de football (Tignes avec l'équipe de France), de cyclisme ou comme à La Plagne, avec "les étoiles du sport".

Il est bien loin le temps béni du ski, qui semble être de moins en moins une priorité, avec pour preuve des journées de pratique déclinant un peu partout. Les dirigeants des stations changent peu à peu leurs discours.

Et lorsque les températures grimpent, les pentes se transforment en descentes pour VTT "avec les vélos électriques nous connaissons un véritablement boom"s'enthousiasme le P-DG de Valloire. L'avancée technologique démocratique cette pratique permettant de faire vivre et amortir les investissements colossaux passés dans les remontées.

La clientèle a comme le climat fortement évoluée ces dernières années.

A mesure que la neige se fait de plus en plus rare, l'esprit montagne ressort autour de ses habitants, sa gastronomie, et ses paysages. Pour Guillaume Cromer "la montagne a plein de valeurs à mettre en avant, mais il faut le faire maintenant !"

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