
Rencontre avec Julien Buot, Antoine Richard et Julie Geoffroy, les cadres d'ATR - Crédit photo : ATR
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Depuis quelques semaines (ou mois), les communiqués de presse et l’actualité autour du tourisme durable se sont taris.
Alors que, durant la crise sanitaire, une grande partie de l’industrie avait amorcé un virage vert par souci de bonne conscience, elle semble avoir tiré le frein à main, négociant aujourd’hui un lacet serré.
La situation est telle que pour certains, nous assistons véritablement à un backlash écologique.
"Ce sentiment est entretenu par certains médias, les pouvoirs publics, les politiques ou encore les syndicats professionnels. Ce n’est toutefois pas le cas dans notre secteur. Il existe un véritable décalage entre ceux qui parlent fort - et qui ont intérêt à ce retour en arrière - et la réalité du terrain.
Les voyageurs et les citoyens sont conscients de l’importance d’agir. Il existe une majorité silencieuse à laquelle il faut donner la parole.
Et je dois dire que nous avons aussi notre part de responsabilité : par pudeur, nous n’avons pas suffisamment communiqué ces derniers mois, tout simplement parce que nous changeons d’échelle," recontextualise Julien Buot, le directeur d'Agir pour un Tourisme Responsable (ATR).
Il faut bien dire que la scène médiatique est actuellement monopolisée, au niveau national et politique, par un climatoscepticisme que l’élection de Donald Trump a totalement décomplexé.
Tourisme durable : "Nous sommes victimes de greenhushing"

"Beaucoup d’acteurs sont accusés de greenwashing. Finalement, nous-mêmes, ainsi que de nombreuses entreprises du secteur, sommes victimes de greenhushing - ou écochuchotement - alors que nous avons de nombreuses actions et histoires à raconter.
Nous faisons beaucoup de choses, mais cela reste trop méconnu"," reconnait le directeur d'ATR.
A lire : Réchauffement climatique : "le changement viendra des entreprises, pas des politiques !"
En l'espace de trois ans, sous la présidence d'Antoine Richard, le nombre de membres a presque doublé, passant de 60 à plus d'une centaine. L'association a dû s’ouvrir et aussi démontrer qu'elle n'était pas une "secte" réservée aux "Khmer verts", comme certains qualifient les écologistes.
"Notre responsabilité, c’est de réconcilier deux mondes : ceux qui parlent de quatre vols par vie, et ceux qui prennent quatre vols par an.
Notre travail, c’est de créer un pont entre ces deux univers. Faire dialoguer Hourrail avec Air France - j’exagère à peine. Nous jouons un rôle de médiateur." Voilà ce qui définit en quelque sorte le travail d'ATR.
Et pour réconcilier tous ces mondes, les équipes doivent se démultiplier et aller à la rencontre d’un nombre croissant d’acteurs.
L’association est allée chercher au-delà des simples tour-opérateurs d’aventure, en s’ouvrant à la distribution, aux réceptifs à l’étranger, mais aussi en France. Après avoir franchi le cap des 100, l’objectif suivant est d’atteindre 200 adhérents à l’horizon 2030.
Une ligne d'arrivée qui peut paraitre lointaine, même si quelques pierres ont déjà été semées au bord du chemin, notamment avec la signature de 9 des 20 membres de l’Office.
"Contrairement à ce que pourrait suggérer le contexte général, nous recevons de plus en plus de sollicitations, et de toutes sortes.
L’adhésion de ces nouveaux membres et de l’ESCAET constituent un signal fort. Il s’agit là des voyages de jeunes et des futurs professionnels : en somme, le tourisme de demain.
Cela signifie aussi que les programmes de formation des dirigeants et des salariés en devenir évolueront sous le prisme d’un voyage plus responsable," se félicite Julie Geoffroy, la nouvelle animatrice réseau d'ATR.
ATR : "Le mot responsable est un peu chargé"
Si le tableau semble tout vert, une ombre vient assombrir le bilan : le départ de Voyageurs du Monde.
Le groupe dirigé par Jean-François Rial a décidé de claquer la porte d’un projet dont il a pourtant été l’un des instigateurs, via Terres d’Aventure.
Jean-François Rial a remis en cause un financement jugé trop dépendant de ses tour-opérateurs, tout en estimant que le label profitait surtout aux autres membres.
Pour les équipes d'ATR, circulez, il n’y a rien à voir. "C’est du réchauffé, le sujet ne date pas d’aujourd’hui. Voyageurs du Monde est devenu un grand Groupe ; il doit désormais harmoniser ses labels et ses actions à l’échelle internationale.
Ensuite, d’autres acteurs phares peuvent guider le secteur, comme Altaï ou Decathlon Travel," recadre Antoine Richard, refermant ainsi la page "gossip".
Les autres membres disposent désormais d’un peu plus d’espace pour prendre la parole et faire avancer certains sujets. Chamina Voyages reste d’ailleurs toujours membre d’ATR.
Depuis deux ans, l’association s’est éloignée du discours centré sur la seule décarbonation, sans doute trop anxiogène pour une industrie dont la croissance reste étroitement liée aux émissions, pour mettre davantage l’accent sur son impact social et positif à destination.
"Le mot "responsable" est un peu chargé, il peut effrayer. Dans nos formations destinées aux professionnels, nous essayons de le rendre attractif. D’ailleurs, il ne faut pas le mettre en gras partout, mais plutôt démontrer son bénéfice pour le client.
Qui dit tourisme responsable, dit meilleures expériences et, in fine, un voyage plus qualitatif," poursuit Julien Buot.
Le groupe dirigé par Jean-François Rial a décidé de claquer la porte d’un projet dont il a pourtant été l’un des instigateurs, via Terres d’Aventure.
Jean-François Rial a remis en cause un financement jugé trop dépendant de ses tour-opérateurs, tout en estimant que le label profitait surtout aux autres membres.
Pour les équipes d'ATR, circulez, il n’y a rien à voir. "C’est du réchauffé, le sujet ne date pas d’aujourd’hui. Voyageurs du Monde est devenu un grand Groupe ; il doit désormais harmoniser ses labels et ses actions à l’échelle internationale.
Ensuite, d’autres acteurs phares peuvent guider le secteur, comme Altaï ou Decathlon Travel," recadre Antoine Richard, refermant ainsi la page "gossip".
Les autres membres disposent désormais d’un peu plus d’espace pour prendre la parole et faire avancer certains sujets. Chamina Voyages reste d’ailleurs toujours membre d’ATR.
Depuis deux ans, l’association s’est éloignée du discours centré sur la seule décarbonation, sans doute trop anxiogène pour une industrie dont la croissance reste étroitement liée aux émissions, pour mettre davantage l’accent sur son impact social et positif à destination.
"Le mot "responsable" est un peu chargé, il peut effrayer. Dans nos formations destinées aux professionnels, nous essayons de le rendre attractif. D’ailleurs, il ne faut pas le mettre en gras partout, mais plutôt démontrer son bénéfice pour le client.
Qui dit tourisme responsable, dit meilleures expériences et, in fine, un voyage plus qualitatif," poursuit Julien Buot.
"Nous devons démontrer l'impact social du voyage !"
D'ailleurs, du 3 au 5 novembre 2025, le séminaire de l’association sera consacré à l’impact des séjours à destination, un thème cher au président de l'association.
À la fin de l'événement, moment clé et fédérateur de l’année, un livret sera remis aux membres présents afin de lister les actions à mettre en œuvre une fois de retour au bureau.
"Démontrer l’impact social du tourisme est une excellente opportunité pour les acteurs de mettre en avant leur savoir-faire et leur utilité," explique Julien Buot.
Pour ATR, le tourisme doit donc se défaire de cette boucle infernale et communiquer sur ce qu’il fait de bien (quand il sait le faire) : répartir les richesses et les flux sur un territoire.
"Les problèmes de flux touristiques viennent de personnes qui se rendent au mauvais endroit au mauvais moment, et qui bien souvent ne confient plus l’organisation de leurs vacances à des professionnels. Il ne s’agit pas d’éviter les sites surfréquentés, mais d’y aller à d’autres périodes de l’année," poursuit le directeur d'ATR.
Mais, comme souvent, par humilité ou faute de savoir comment valoriser leurs actions, les adhérents de l'association ne communiquent pas, alors qu’ils sont bien engagés dans cette démarche.
Le voyagiste Double Sens, par exemple, dirigé par Antoine Richard, a développé des outils d’analyse d’impact très précis, tandis que Kappa Club a fait de même, allant jusqu’à établir des indicateurs de performance croisant des données économiques, sociales et environnementales.
"Pour chaque circuit vendu, nous sommes en mesure d’indiquer aux clients le nombre d’emplois générés ainsi que les revenus supplémentaires et complémentaires versés aux familles d’accueil.
Quand nous avons lancé cette initiative, tout le monde protestait. Ils avaient l’impression que nous les dérangions. Nous savons désormais que 15% de notre chiffre d’affaires va directement aux familles d’accueil. Je peux vous dire que tout le monde est très fier de ces résultats.
Alors oui, il faut collecter des données, et cela prend du temps, mais nous devons être fiers d’annoncer le nombre d’emplois créés et les revenus générés localement.
Nous ne devons plus nous cacher derrière de simples incantations : nous sommes créateurs d’emplois et acteurs de l’économie de la paix. Nous devons le démontrer," affirme Antoine Richard.
À la fin de l'événement, moment clé et fédérateur de l’année, un livret sera remis aux membres présents afin de lister les actions à mettre en œuvre une fois de retour au bureau.
"Démontrer l’impact social du tourisme est une excellente opportunité pour les acteurs de mettre en avant leur savoir-faire et leur utilité," explique Julien Buot.
Pour ATR, le tourisme doit donc se défaire de cette boucle infernale et communiquer sur ce qu’il fait de bien (quand il sait le faire) : répartir les richesses et les flux sur un territoire.
"Les problèmes de flux touristiques viennent de personnes qui se rendent au mauvais endroit au mauvais moment, et qui bien souvent ne confient plus l’organisation de leurs vacances à des professionnels. Il ne s’agit pas d’éviter les sites surfréquentés, mais d’y aller à d’autres périodes de l’année," poursuit le directeur d'ATR.
Mais, comme souvent, par humilité ou faute de savoir comment valoriser leurs actions, les adhérents de l'association ne communiquent pas, alors qu’ils sont bien engagés dans cette démarche.
Le voyagiste Double Sens, par exemple, dirigé par Antoine Richard, a développé des outils d’analyse d’impact très précis, tandis que Kappa Club a fait de même, allant jusqu’à établir des indicateurs de performance croisant des données économiques, sociales et environnementales.
"Pour chaque circuit vendu, nous sommes en mesure d’indiquer aux clients le nombre d’emplois générés ainsi que les revenus supplémentaires et complémentaires versés aux familles d’accueil.
Quand nous avons lancé cette initiative, tout le monde protestait. Ils avaient l’impression que nous les dérangions. Nous savons désormais que 15% de notre chiffre d’affaires va directement aux familles d’accueil. Je peux vous dire que tout le monde est très fier de ces résultats.
Alors oui, il faut collecter des données, et cela prend du temps, mais nous devons être fiers d’annoncer le nombre d’emplois créés et les revenus générés localement.
Nous ne devons plus nous cacher derrière de simples incantations : nous sommes créateurs d’emplois et acteurs de l’économie de la paix. Nous devons le démontrer," affirme Antoine Richard.
Le label ATR sera rebaptisé Travel Life by ATR
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Pour reprendre le contrôle de leur récit et sortir du "tourisme bashing", les adhérents seront accompagnés sur un sujet devenu désormais central.
"Nous allons nous entourer d’experts pour contribuer à des projets de mécénat environnemental, car cela reste une partie de la solution.
Contrairement à certains acteurs pour qui la compensation sert avant tout à se donner bonne conscience, le problème est souvent abordé à l’envers. Il faut d’abord comprendre, évaluer, réduire, puis contribuer.
À une époque, on parlait de compensation carbone - un terme que nous avons tenté de sauver - mais qui était trop galvaudé et polémique," souligne Julien Buot.
A lire en complément : Greenwashing à l’insu de son plein gré : comment l’éviter ?
Désormais, ATR propose d’effectuer des dons à des ONG triées sur le volet, qui contribuent à la restauration des écosystèmes et génèrent des co-bénéfices sociaux, partout dans le monde.
À l’image des Entreprises du Voyage, l’association souhaite fournir de véritables boîtes à outils aux acteurs, quelle que soit la thématique, afin de les armer face à un monde en constante mutation.
"Nous travaillons avec Travel Life, qui était au départ un label hôtelier créé par des tour-opérateurs britanniques pour structurer leurs fournisseurs.
Nous venons de basculer sur leur méthodologie. Non seulement c’est devenu une marque internationale, mais en plus, Travel Life, Clef Verte et d’autres labels sérieux viennent de fonder une alliance des certifications du tourisme durable.
Ce n’est pas tout : ce groupement discute actuellement avec la Commission européenne à propos de la directive Green Claim, pour établir les conditions de communication afin d’éviter le greenwashing," détaille le directeur.
Le label ATR sera ainsi rebaptisé Travel Life by ATR.
Les professionnels ne doivent pas s’attendre à des changements majeurs, puisque la version précédente s’alignait déjà sur les critères de la certification britannique.
Et pour ceux qui pensent que le tourisme responsable n’était qu’un phénomène de mode, ATR et ses équipes vous donnent rendez-vous à l’IFTM Top Resa, sur le Village des initiatives durables.
"Nous allons nous entourer d’experts pour contribuer à des projets de mécénat environnemental, car cela reste une partie de la solution.
Contrairement à certains acteurs pour qui la compensation sert avant tout à se donner bonne conscience, le problème est souvent abordé à l’envers. Il faut d’abord comprendre, évaluer, réduire, puis contribuer.
À une époque, on parlait de compensation carbone - un terme que nous avons tenté de sauver - mais qui était trop galvaudé et polémique," souligne Julien Buot.
A lire en complément : Greenwashing à l’insu de son plein gré : comment l’éviter ?
Désormais, ATR propose d’effectuer des dons à des ONG triées sur le volet, qui contribuent à la restauration des écosystèmes et génèrent des co-bénéfices sociaux, partout dans le monde.
À l’image des Entreprises du Voyage, l’association souhaite fournir de véritables boîtes à outils aux acteurs, quelle que soit la thématique, afin de les armer face à un monde en constante mutation.
"Nous travaillons avec Travel Life, qui était au départ un label hôtelier créé par des tour-opérateurs britanniques pour structurer leurs fournisseurs.
Nous venons de basculer sur leur méthodologie. Non seulement c’est devenu une marque internationale, mais en plus, Travel Life, Clef Verte et d’autres labels sérieux viennent de fonder une alliance des certifications du tourisme durable.
Ce n’est pas tout : ce groupement discute actuellement avec la Commission européenne à propos de la directive Green Claim, pour établir les conditions de communication afin d’éviter le greenwashing," détaille le directeur.
Le label ATR sera ainsi rebaptisé Travel Life by ATR.
Les professionnels ne doivent pas s’attendre à des changements majeurs, puisque la version précédente s’alignait déjà sur les critères de la certification britannique.
Et pour ceux qui pensent que le tourisme responsable n’était qu’un phénomène de mode, ATR et ses équipes vous donnent rendez-vous à l’IFTM Top Resa, sur le Village des initiatives durables.