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Antoine Richard (ATR) : Sur le carbone, "il s'agit juste d'y aller, de se lancer"

Interview croisée de Julien Buot et Antoine Richard


ATR prépare le départ de Vincent Fonvieille et se dote d’un nouveau coprésident, Antoine Richard. Dans le même temps, l’association assoit sa légitimité sur le climat et lance de nouveaux projets. L'occasion pour son nouveau président Antoine Richard et son directeur Julien Buot de nous en dire plus. Interview croisée.


Rédigé par le Mardi 17 Mai 2022

Les voyageurs de Double Sens sont en immersion au village de Markheda (Rajasthan) et financent l'achat de chèvres pour diversifier les revenus du village - Crédits : Double Sens
Les voyageurs de Double Sens sont en immersion au village de Markheda (Rajasthan) et financent l'achat de chèvres pour diversifier les revenus du village - Crédits : Double Sens
Il y a deux ans, Aurélien Seux, cofondateur de Double Sens et depuis parti vers de nouvelles aventures nous disait : « On a une certaine légitimité dans le milieu. (...) On fait partie des spécialistes du tourisme équitable, c’est reconnu, mais ça n’est que le début d’une histoire !

On s’apprête à se déployer, à démocratiser notre approche avec des valeurs fortes »
. Il faut croire qu’il avait du flair car aujourd’hui, Double Sens s’investit pleinement et durablement au sein d’Agir pour un Tourisme Responsable (ATR).

L’association s’apprête à ouvrir de nouvelles routes, et annonce un nouveau duo à sa tête. Vincent Fonvieille, fondateur de la Balaguère et président d’ATR, s’apprête à passer le flambeau à Antoine Richard, cofondateur de Double Sens. Le duo assurera une coprésidence quelque temps.

Julien Buot, directeur d’ATR et Antoine Richard nous en disent plus sur ce changement de gouvernance.

"J'ai envie de me faire porte-parole" - Antoine Richard

TourMaG.com - Pourquoi ce changement de gouvernance, et pourquoi Antoine Richard ?

Julien Buot :
Vincent (Fonvieille, fondateur de la Balaguère, ndlr) n'est plus aux manettes d'un tour-opérateur, et c'était la première motivation. Et puis il faut du changement, pas trop souvent bien sûr, mais il en faut, c'est important.

Double-Sens, c'est un sacré symbole, ils ont été les premiers, justement avec la Balaguère, à être labellisés, et peut être aussi le premier membre à s'être saisi de la question des 100% de contribution carbone. Ils sont aussi membres ATD - personnellement je milite pour la double appartenance, les deux réseaux étant complémentaires.

Antoine Richard : En effet, Double-Sens est labellisé ATR depuis 2016, pour nous, c'était le signe d'un engagement fort. Nous étions déjà engagés dans une démarche sociale et économique ; avec le label, nous sommes allés vers l'écologie pour couvrir toutes les branches du développement durable.

Mais depuis quelques mois, je sens que j'ai besoin de m'engager au-delà de mon entreprise. C'est primordial d'aller plus loin et de le faire maintenant. J'ai eu envie de cet engagement fort pour mobiliser les gens. J'ai envie de me faire porte-parole. Je ressens l'envie d'embarquer les autres avec moi dans cette démarche.

Pour moi, c'est beaucoup de responsabilités, mais le binôme avec Vincent m'a décidé : il a toujours été très inspirant.

"Non, ça n'est pas compliqué" - Antoine Richard

TourMaG.com - La contribution carbone, c'est le gros sujet d'ATR ?

Antoine Richard :
J'ai simplement envie de dire aux labellisés, aux futurs labellisés, aux autres TO que c'est possible. Ça n'est pas si compliqué. Il s'agit juste d'y aller, de se lancer. On a un engagement fort sur le carbone et à ce sujet les freins sont toujours les mêmes : "c'est trop compliqué, c'est trop cher, c'est trop long".

Moi, je veux leur dire : non, ça n'est pas compliqué. Il faut mesurer, se faire accompagner, trouver les bons projets pour la contribution carbone, mobiliser ses équipes, ses partenaires, que chacun se l'approprie... Il faut juste amorcer la mise en mouvement. Et de toute façon, c'est un faux problème, parce qu'il faudra bien le faire.

Julien Buot : L'an dernier à Granville nous avons voulu accélérer le calendrier climat parce que c'est un sujet urgent. Désormais, nos labellisés doivent être à 100 % de contribution carbone pour 2023.

Oui, c'est demain mais c'est possible, si on se regroupe on peut aller plus loin. On mutualise et ça règle la question des prix, on fait de la pédagogie en interne, on échange sur le choix : quel projet de contribution carbone correspond le mieux à quel membre etc.

On a aussi mis en place un calculateur carbone. C'est l'outil de Voyageurs du Monde qui le met à la disposition des membres d'ATR. Il est très efficace : simple d'utilisation et exigeant. Mais voilà, on a déjà beaucoup travaillé dessus, il faut éviter de s'enfermer dans le sujet climat.

"Sortons du mono-sujet climat" - Julien Buot

TourMaG.com - Quels sont les prochains sujets dont ATR compte s'emparer ?

Julien Buot :
Le climat c'est un gros sujet, on a fait un vrai pas, on est crédible mais sortons du mono-sujet "climat". Ça n'est qu'un des indicateurs parmi les 16 que compte le label ATR. Il y a aussi des critères sociaux et économiques, qui couvre tout ce qu'est le développement durable. On parle aussi de relation client, de sensibilisation des voyageurs.

Ça passe, par exemple par les fiches destination qu'on est en train de mettre en place. L'idée, c'est de prolonger la charte éthique en allant plus vers les questions concernant les populations locales. On a déjà fait la Tanzanie, 15 autres vont arriver d'ici l'été et il y en aura 50 avant la fin de l'année. En deux versions : l'une pour les pros, détaillée, et l'autre plus généraliste et grand public.

Antoine Richard : Je suis à 200% d'accord avec le constat de Julien. Il était important que les choses soient claires à propos du climat, et s'engager concrètement sur la question du carbone. Et en effet, après s'être concentrés sur ce critère primordial ces dernières années, il fallait qu'on se tourne du côté des impacts locaux et économiques. S'intéresser un peu plus aux autres impacts, pour aller vers des solutions plus globales.

TourMaG.com - D'ailleurs il y a une certaine logique à ce que vous, fondateur de Double Sens preniez la suite justement à ce moment clé, c'est un hasard ?

Antoine Richard :
C'est un hasard, oui ! Même si je ne crois pas au hasard, mais ça n'était pas décidé en tout cas ! C'est vrai que j'arrive au bon moment. Plusieurs personnes m'ont fait la remarque : "ça tombe bien que ce soit toi à ce moment-là" ... Il faut croire que je suis le bon bonhomme au bon moment, en toute modestie (rire) Disons plutôt que je représente le bon TO au bon moment ! Il y a un besoin chez ATR auquel Double Sens peut répondre.

La question sociale est le cœur de Double Sens, on a une expérience et une connaissance à apporter sur ces sujets. Je n'en ai pas parlé avec Vincent, mais je dois avouer que c'est à Granville, sur ces problématiques locales que l'idée a germé au fond de moi, j'ai envie de porter ce sujet-là.

"impliquer les consommateurs" - Julien Buot

TourMaG.com - ATR s'adresse beaucoup aux pros, mais moins au grand public, ça fait partie des préoccupations ?

Antoine Richard :
C'est évident qu'il va nous falloir travailler avec les voyageurs. Ils sont trop peu à connaître ATR. Bien sûr, ça évolue, avec la charte du voyageur qu'on distribue, ça bouge, certains reconnaissent le label. Mais il y a un gros travail à faire pour être reconnu. Je pense que les fiches destination vont être porteuses mais il faudra aller plus loin.

Julien Buot : Oui c'est peut-être le moment d'impliquer les consommateurs. C'est une question sur laquelle on doit se pencher : quelle place donner aux clients ? Il faut qu'on prenne la parole, qu'on se fasse entendre.

En ce moment, je trouve qu'il y a une certaine cacophonie sur la question. Des acteurs peut-être moins légitimes s'emparent du sujet, parfois on est dans le greenwashing, ou l'opportunisme. Mais ça veut dire quelque chose. Il y a une attente des voyageurs sur la question, il faut mieux nous positionner, ça peut être une stratégie de conquête.

ATR-E

TourMaG.com - Il y a aussi dans les cartons un projet européen porté par ATR ?

Julien Buot :
C'est un sujet dont on reparlera bientôt, mais oui, on y travaille. ATR est le chef de fil d'un projet soutenu par Erasmus + (un programme de la Commission européenne autour de l'éducation, la formation, la jeunesse et le sport, ndlr). Le projet s'appelle ATR-E et sera coconstruit par différents acteurs reconnus du tourisme responsable en Europe.

Il y aura la Grèce avec MKP (une ong devenue réceptif notamment pour la Balaguère), l'Espagne avec KOAN (un bureau d'étude qui accompagne les voyagistes et collectivités), l'Italie et l'AITR (ce sont ceux qui nous ressemblent le plus), la Belgique avec l'UPAV (qui représente les agences de voyages wallones) Et enfin Travel Pro Formation pour la France.

On revient sur les thématiques du climat et des voyages bas-carbone. Il s'agit de travailler sur l'éducation pour adulte autour de trois publics : la création d'un MOOC pour les TO et notamment les chefs de production, une application pour les prestataires et agences réceptives (ça peut être un chauffeur de bus, un guide...), et un jeu sur le voyage bas-carbone pour les voyageurs via les agences de voyage.

"J'ai envie d'y croie, il faut y croire" - Antoine Richard

TourMaG.com - Dernière question plus personnelle : Antoine Richard, quel est votre regard sur le tourisme responsable, est-ce qu'il y a une prise de conscience chez les professionnels ?

Antoine Richard :
Chez Double Sens, on a intégré ATR parce qu'il y a cette notion d'ouverture et de progrès : on est conscient qu'on doit toujours progresser. Nous, le développement durable fait partie de notre ADN on est forcément plus avancés que d'autres, mais c'est bien de voir que chacun veut progresser.

Il faut embarquer un maximum de gens dans une démarche peut-être moins radicale pour ne pas perdre du monde, créer un mouvement et mettre en action. Bien sûr, c'est plus compliqué pour les grosses structures, mais en même temps ils ont aussi plus d'impact. Si on a réussi à faire des choses bien à un petit niveau, on peut changer les choses aussi pour les plus gros, on doit les accompagner.

Il y a une prise de conscience. Globalement, dans le secteur, c'est une question que la majorité se pose. J'ai envie d'y croire, il faut y croire, je veux y croire. Il y a des choses à faire.

Les Césars du Voyage Responsable

Rappelons que TourMaG et le Petit Futé organisent "Les Césars du Voyage Responsable".

Forts d’une audience mensuelle de plusieurs millions d’internautes, les deux titres assureront la promotion BtoBtoC des projets candidats.

Cet événement débutera en septembre 2022 avec la phase des votes qui durera jusqu'en février 2023.

La cérémonie des Césars du Voyage Responsable, quant à elle, aura lieu en mars 2023.

Si vous souhaitez candidater, prenez rendez-vous ci-dessous avec Fabien da Luz, DG associé de TourMaG.com.

A lire aussi : Césars du Voyage Responsable : “Il y a une urgence à agir dans notre métier…”



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